par Ottokar » 27 Oct 2022, 16:07
Révo Perm pense que, fort des citations de Lénine (Gramsci est cité ailleurs) contre les dérives syndicales apolitiques de russes de 1900-1903, il faut que le parti révolutionnaire s'investisse dans toutes les luttes, écolo, féministes, culturelles, etc. Ils ont raison et en oublient, car il y a les commerçants, les agriculteurs, les cadres, la science, les arts, les urbanistes, les... et les... Ils oublient "juste" de préciser que les tâches d'un parti ne sont pas les mêmes quand on est 50, 500, 5000, 50 000 ou 500 000. Ou que même petit, on représente un courant qui grossit partout et représente l'espoir des opprimés comme le courant socialiste, disons entre 1880 et 1914 ou comme le courant trotskyste actuel, un courant archi-minoritaire.
Donc, prendre en charge toutes les luttes, oui, mais dire qu'on le fait quand on est petit à ce point c'est au moins de la vantardise. Ils ne peuvent d'ailleurs pas les prendre toutes en charge : par exemple, les anti-racistes des comités Adama sont-ils dans RESF, prennent-ils en charge les salariés sans papiers ou laissent-ils faire la CGT et quelques autres ?
Par ailleurs, leur intervention dans le mouvement ouvrier consiste essentiellement, au-delà des exagérations (il y a urgence, jamais la situation n'a, etc.) à regrouper ceux qu'ils influencent et à baptiser cela "comité de luttes", futur comité de grève. Quand il n'y a ni lutte ni grève, cela veut dire construire un appareil concurrent des syndicats, pas un vrai comité qui serait l'émanation des grévistes.
C'est un vieux débat, qui rappelle effectivement ceux des années 70. Le NPA est parti dans une autre direction et LO n'arrive pas à les influencer. Il faudrait être la force dominante, pour ne pas dire hégémonique de façon évidente dans le mouvement, et encore... ! Puisqu'ils sont convaincus que c'est ce qu'il faut faire, et que ces expériences ne sont même pas discutées sérieusement, qu'aucun bilan n'est tiré, il est inévitable qu'ils essaient de faire ce qu'ils croient juste.
Ce n'est pas propre aux trotskystes, les staliniens ou les socialistes ont eux aussi connu l'éclatement quand et là où ils étaient petits. J'ai discuté au rassemblement pour la CGT Poissy avec un bon camarade de Voix Prolétarienne (un groupe de 50 mao, assez ouvrier, avec lequel on a pu collaborer localement) qui m'a dit qu'ils s'étaient coupé en deux il y a peu, entre des toujours admirateurs de la GRCP (grande révolution culturelle prolétarienne) et des staliniens pur jus admirant la RDA. Comme quoi...