Poutou un ralliement qui vient de loin

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Poutou un ralliement qui vient de loin

Message par artza » 22 Avr 2022, 09:25

Pour les éventuels jeunes passants sur ce forum qui s'étonne du ralliement de Poutou à Mélenchon, je ne peux que conseiller d'aller fouiller dans le passé du courant politique dont Poutou ne se revendique pas explicitement...

Les soutiens, ralliements, appels au vote de politiques de "Front populaire" (lire Trotsky ) ne sont pas l'exception, mais plutôt une règle de conduite régulièrement répétée depuis en gros 1978, bien qu'il y eut des précédents bien plus anciens.
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Re: Poutou un ralliement qui vient de loin

Message par Sinoue » 22 Avr 2022, 12:49

Pourquoi 1978? As-tu des renseignements sur ce ralliement précisément?
Sinoue
 
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Re: Poutou un ralliement qui vient de loin

Message par Cyrano » 22 Avr 2022, 14:07

artza: "Pour les éventuels jeunes passants sur ce forum qui s'étonne du ralliement de Poutou à Mélenchon"
bin? Les p'tits vieux aussi. De quel ralliement de Poutou à Mélenchon est-il question?
Cyrano
 
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Re: Poutou un ralliement qui vient de loin

Message par com_71 » 22 Avr 2022, 18:12

Sinoue a écrit :Pourquoi 1978? As-tu des renseignements sur ce ralliement précisément?


On peut citer la campagne de la LCR pour les législatives de 1978 :
lutte de classe a écrit :La politique électorale de la LCR

La LCR, dont les candidats à ces élections se sont présentés avec l'OCT et les CCA sous l'étiquette commune « Pour le socialisme, le pouvoir aux travailleurs », a totalement axé sa campagne sur le thème de l'« Unité ouvrière », et l'Appel, lancé le 5 mars, à la veille du premier tour, par le Comité Central de la LCR, en est bien significatif.

« Au premier tour », - déclare d'emblée cet Appel - « vous pouvez désavouer la politique de division du Parti Socialiste et du Parti Communiste » et un peu plus loin : « En faisant ce choix (voter pour les candidatures « Pour le socialisme, le pouvoir aux travaileurs » ), vous opposerez à la division votre volonté d'unité, pour que ça change pour de bon ». L' « Unité ouvrière », prônée par la LCR n'était donc rien d'autre que l'Union retrouvée entre le Parti Communiste et le Parti Socialiste, la réconciliation et l'alliance électorale entre Mitterrand et Marchais.

Pas un mot dans cet Appel lancé aux travailleurs, sur l'enjeu réel de la fausse querelle dans la gauche ; pas un mot surtout, sur le rôle que Mitterrand et Marchais s'apprêtaient à jouer au gouvernement, au cas - et il était considéré comme très probable - où les urnes les y auraient portés.

En guise de seules critiques formulées dans ce texte aux dirigeants communistes et socialistes, la dénonciation du compromis avec le « groupuscule bourgeois » des radicaux de gauche, et celle de la timidité du programme revendicatif.

Malgré l'étiquette « Pour le socialisme, le pouvoir aux travailleurs », la LCR n'a finalement milité durant toute cette campagne qu'en faveur de l'union et de la victoire électorale des partis de gauche. Dès avant le premier tour d'ailleurs, et c'est bien significatif, elle dépensait plus d'ardeur et d'insistance à appeler à voter au second tour pour les « candidats ouvriers », et ceux-ci à se désister mutuellement pour les mieux placés d'entre eux, qu'elle n'en mettait à appeler à voter dès le premier tour pour ses propres candidats.

La LCR a en quelque sorte démissionné ; elle s'est refusé, même sous forme d'axes de campagne partiels, à critiquer vraiment les dirigeants de gauche, à dire clairement aux travailleurs que ces dirigeants des « partis ouvriers » s'apprêtaient à mener au gouvernement la politique de la bourgeoisie, c'est-à-dire même avec d'autres mots, la même politique que la droite.

La LCR n'a pas contribué à ouvrir, pour les travailleurs, la perspective d'une politique autonome, et, dans ces conditions d'ailleurs, sa politique était condamnée à l'impuissance et à l'inefficacité, en cas de victoire électorale de l'union de la gauche, comme dans le cas contraire.

Si une réelle poussée à gauche s'était manifestée, et avait entraîné sur sa lancée une réelle radicalisation de l'électorat populaire, ce n'est probablement pas sur les candidatures LCR qu'elle se serait cristallisée, tant celles-ci ne sont apparues que comme des soutiens - timidement critiques - du PC et du PS.

Et aujourd'hui, après la défaite électorale de la gauche, la LCR se trouve dans la situation dérisoire d'en appeler encore à une unité PC-PS plus chimérique encore que jamais.

Et ce n'est pas un hasard si dès le lendemain du 19 mars, la LCR n'a pas consacré tous ses efforts à redonner le moral à ceux des travailleurs qui l'avaient perdu, à leur expliquer que la défaite électorale de la gauche n'en était pas une pour eux et que, de toutes façons, ils auraient eu à lutter exactement de la même façon, si ce n'est dans des conditions morales pires, contre un gouvernement de gauche, qu'ils ne doivent le faire contre un gouvernement de droite.

Mais pour dire cette vérité-là aux travailleurs, dès le 20 mars, il aurait fallu l'avoir crue et dite avant, ce que n'a pas fait la LCR, conduite ainsi aujourd'hui à se lamenter sur la pseudo « trahison » des Rocard et des Marchais.

https://mensuel.lutte-ouvriere.org//doc ... a-campagne
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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