Indexer salaires et retraites sur l'inflation...

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Indexer salaires et retraites sur l'inflation...

Message par Cyrano » 30 Août 2022, 08:01

Il faudrait indexer les salaires, les retraites, les aides sociales, etc. sur les prix.
Mais au fait, eh! En Belgique, les salaires, pensions, etc. sont indexés sur les prix depuis pas mal de temps. Avec l'inflation actuelle (plus forte qu'en France) les salaires sont donc augmentés (dans le public un peu mieux augmentés que dans le privé).
Ça ne serait donc pas si horrible pour les patrons de France et l'état de valider cette demande.
Si y'a des belges qui lisent et peuvent apporter des précisions…
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Re: Indexer salaires et retraites sur l'inflation...

Message par Zorglub » 30 Août 2022, 18:34

Les plus anciens confirmeront mais il y avait une indexation des salaires, très retardataire, qui existait aussi en France dans les années 70, non ?
Et la meilleure était en Italie.
Un article de la LDC rouge de 1984 : https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-1978-1986/article/italie-attaques-patronales-et
('pas lu).
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Re: Indexer salaires et retraites sur l'inflation...

Message par Cyrano » 31 Août 2022, 07:11

Au milieu des années 1970, l'inflation y allait fort: pratiquement 14% en 1974. Le salaire minimum avait été augmenté 5 fois dans la même année. Je ne me souviens pas de l'indexation des salaires.
Ça ne devait pas être très satisfaisant comme indexation car en 1974 il y avait eu une grande grève des PTT durant plusieurs semaines, une grève initiée dans les centres de tri - j'y étais. Puis la CGT avait décrété la reprise. Bref, la routine.
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Re: Indexer salaires et retraites sur l'inflation...

Message par com_71 » 31 Août 2022, 08:03

Je me rappelle avoir découvert l'indexation... lors de sa suppression... Il y avait l'effet retard, et le problème des clauses d'indexation...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Indexer salaires et retraites sur l'inflation...

Message par Cyrano » 31 Août 2022, 09:45

Je me rappelle avoir découvert l'indexation... lors de sa suppression...

:)
Ah oui, voilà!
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Re: Indexer salaires et retraites sur l'inflation...

Message par Cyrano » 31 Août 2022, 12:08

Mais qui qu'a donc supprimé cette indexation?!
Bon, OK, si on indexe un salaire de merde, on peut indexer, indexer, mais on reste avec un salaire de merde malgré les pourcentages appliqués. C'est ainsi que les esprits distraits découvraient l'indexation lors de sa suppression ;)
Ça ne peut être qu'un gouvernement pas vraiment ami des travailleurs qui a fait ça ? Vraisemblablement un gouvernement de droite, genre Michel Debré, Georges Pompidou, Michel Sardou, etc.
C'était au début des années 1980, en 1982 ou 1983. Qui donc qui gouvernait?
Faut pas chercher à lire la Lutte Ouvrière, ils sont forcément contre la désindexation... Lisons plutôt un article dans Le Monde, plus impartial:
https://blogs.alternatives-economiques. ... monde-1994

Au fait, que disait l'Huma, le journal cher à Gayraud, pour cette perte de l'indexation?
Cyrano
 
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Re: Indexer salaires et retraites sur l'inflation...

Message par Gayraud de Mazars » 31 Août 2022, 16:03

Salut camarades

Cyrano a écrit :Au fait, que disait l'Huma, le journal cher à Gayraud, pour cette perte de l'indexation?


En 1983, le PCF était encore au gouvernement, jusqu'en juillet 1984, alors les critiques durent être très adoucies jusque dans l'Humanité à l'époque !

Dans un article Salaire, prix, profit, une bataille sans précédent, publié le Vendredi 3 Juin 2022, par Jean-Christophe le Duigou dans l'Humanité, j'ai pu lire :

https://www.humanite.fr/social-eco/sala ... nt-752845#

[...] Le point de départ se situe en 1982. Le gouvernement Mauroy-Delors met fin à l’indexation des salaires sur les prix, mesure qui a coïncidé avec le début d’une longue croissance du prix des actifs. Les ménages modestes, douloureusement affectés par une austérité sans précédent étaient censés retrouver dans la baisse des prix des produits de consommation ce qu’ils avaient perdu en salaires. Un marché de dupes ! La politique de stabilisation de la monnaie dont se prévalait le capitalisme financiarisé cachait de fait un gonflement spéculatif sans précédent du prix des actifs financiers et de l’immobilier. Les « bulles financières » se sont succédé, bulle internet, bulle immobilière…L’appétit de profit augmentant en proportion du gonflement de la Bourse, les financiers ont imposé un partage de la valeur ajoutée défavorable aux salariés afin de s’assurer la valorisation de cette immense accumulation.[...]


OPA sur les salaires
Publié le Jeudi 19 Avril 1990

Extraits :

La désindexation des salaires sur les prix, initiée par le gouvernement Mauroy en 1983, et poursuivie depuis par ses successeurs, Fabius, Chirac et Rocard, «représente un transfert annuel d'environ 20 milliards [francs] des ménages vers les entreprises». C'est ce que révèle une étude («Insee première», numéro 59) publiée hier par l'Institut national de la statistique qui va d'ailleurs constituer un sacré pavé dans la mare du différent salarial qui oppose notamment l'ensemble des organisations de fonctionnaires au gouvernement.


Rien de bien nouveau... Alors que se profile le mouvement de grève du 29 septembre 2020 à l'appel de la FSU, CGT, Solidaire !

Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: Indexer salaires et retraites sur l'inflation...

Message par Ottokar » 31 Août 2022, 19:25

Typique de leur part, reconnaître les conneries, et encore, à demi mot, 50 ans après pour mieux les refaire aujourd'hui ! Bande de faux culs
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Re: Indexer salaires et retraites sur l'inflation...

Message par Cyrano » 31 Août 2022, 21:00

Zorglub: Les plus anciens confirmeront mais il y avait une indexation des salaires, très retardataire, qui existait aussi en France dans les années 70, non ?
1. Tu sais c'qu'ils te disent les plus anciens? Pourquoi les plus anciens…
2. Franchement, Zorglub, je ne me souvenais pas de ça, une indexation des salaires. Ça ne semblait pas aider beaucoup les salariés quand on voit que com_71 se souvient «avoir découvert l'indexation... lors de sa suppression».

J'ai cherché pour 1982 et début 1983 où apparaissait le mot "index". J'ai trouvé quelques trucs dans la revue Lutte de Classe. Bizarrement, je n'ai pas trouvé le mot "index" dans Lutte ouvrière de 1982 et 1983. J'ai peut-être mal cherché? Si y'a mieux...

Lutte de classe n°96 - septembre 1982 :
L'heure n'était déjà plus aux mesures sociales mais aux sacrifices. Le gouvernement entend démontrer qu'il saurait faire payer les travailleurs et Mauroy précisait le 21 mai devant les militants d'entreprise du Parti Socialiste : « les hausses nominales excessives de revenus et de salaires entretiennent l'inflation et privent notre économie des moyens de créer des emplois. Le gouvernement est décidé à agir pour modérer davantage l'évolution des salaires » […]
Et le 13 juin, Pierre Mauroy explicitait ce que signifiait cette deuxième phase : c'était le blocage des salaires. Le gouvernement prenait une mesure anti-ouvrière que Barre lui-même n'aurait pas osé prendre. Les patrons obtenaient un blocage complet des salaires jusqu'au 31 octobre. Les augmentations prévues pendant cette période (nombreuses sont celles qui sont habituellement prévues début juillet ou au 1 er octobre) resteront dans les trésoreries des entreprises. (Cela fait 3, 4, 5 %, voire plus d'économisés sur des mois). Or, un seul pour cent de la masse salariale totale représente 13 milliards : c'est dire qu'en bloquant ainsi l'ensemble des salaires sur plusieurs mois, c'est plusieurs dizaines de milliards dont le gouvernement laisse la disposition aux patrons.
Évidemment, cela n'a pas empêché ces derniers de protester vigoureusement contre le blocage des prix. Alors, le gouvernement en a débloqué bon nombre : entre juin et août, la liste s'est allongée toutes les semaines. Mais cela ne suffit pas encore aux patrons, ils voudraient des prix libres et des salaires bloqués. Et finalement, c'est bien vers cela que le gouvernement s'achemine en se prononçant contre toute indexation des salaires. « II ne faut plus indexer les salaires sur les prix car cela entraîne l'inflation » , a déclaré Mauroy au Club de la Presse d'Europe 1 début septembre. […]
Ainsi, le gouvernement s'emploie à faire accepter par les travailleurs, après la sortie du blocage, une baisse continue de leur pouvoir d'achat.

Lutte de classe n°97 - novembre 1982 :
Oh, bien sûr, au tout début, il y a eu quelques mesures en faveur des salariés, gouvernement de gauche oblige. II y a eu une augmentation des allocations familiales. II y a eu un petit coup de pouce sur le SMIC... accompagné de réduction de cotisations sociales pour les patrons mis en situation de l'appliquer. II y a eu la réduction à 39 heures de la semaine de travail... pour laquelle il a néanmoins fallu se battre pour qu'elle ne s'accompagne pas d'une réduction de salaire. II y a eu la cinquième semaine de congés payés... récupérée en partie sur les ponts et sur les jours d'ancienneté. II y a eu la retraite à 60 ans... mais on ne sait trop sur quelles bases financières et en attendant, avec une amputation de la pension des préretraités de 60 à 65 ans par l'instauration d'une cotisation à la Sécurité sociale.
Mais là s'est bornée « l'avancée sociale » selon l'expression chère au PCF. Et nous sommes entrés depuis le mois de juin dernier, dans une phase où le gouvernement oeuvre ouvertement à faire reculer le niveau de vie des travailleurs. La pièce maîtresse de sa politique est le blocage des salaires. II devait être provisoire et limité à un délai de quatre mois. II est maintenant relayé par une vigoureuse incitation gouvernementale - exemple à l'appui dans le secteur public - à ne pas rattraper le pouvoir d'achat et à supprimer toute indexation sur les prix. […]
II est vrai qu'en ce qui concerne le blocage des salaires, la masse des travailleurs n'a pas réalisé immédiatement, ni au même moment ce qu'il impliquait. Au début, bon nombre de travailleurs pensaient que le blocage ne durerait que quatre mois et qu'à la sortie, non seulement le retard serait rattrapé, mais que les indexations - qui soit existaient de fait, soit résultaient de conventions ou d'accords - continueraient à jouer et ajusteraient à nouveau approximativement les salaires au niveau des prix. II est certain qu'une fraction des travailleurs n'a réalisé qu'à la mi octobre, en entendant Mauroy et le ministre du Travail Auroux déclarer que l'échelle mobile était illégale. Mais si les travailleurs n'ont entendu que ce qu'ils voulaient bien entendre, n'est-ce pas parce que tout ce qui leur semblait possible de faire, c'était d'espérer, malgré tout ?


Et il faut croire que la fin de l'indexation était dans l'air du temps. Y'a un article intitulé "Belgique : La grève trahie par les syndicats" dans Lutte de classe n°105 - octobre 1983 :
Le cinquième gouvernement Martens, coalition des Chrétiens Sociaux et des Libéraux, avait déjà réussi à imposer des mesures draconiennes ayant conduit, depuis décembre 1981, à une baisse considérable du pouvoir d'achat des travailleurs. II avait demandé des pouvoirs spéciaux au Parlement pour prendre des mesures supprimant l'indexation des salaires sur les prix et pour augmenter les cotisations sociales et supprimer des emplois dans le but, disait-il, de réduire les coûts de production. Ce qui, d'après les chiffres syndicaux cités par le quotidien Le Soir du 2 septembre 1983, s'est traduit en 1982 par une perte cumulée, équivalente en moyenne à un mois de salaire, et à deux mois pour 1983.
Cyrano
 
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Re: Indexer salaires et retraites sur l'inflation...

Message par Zorglub » 31 Août 2022, 21:27

1. ils me disent que j'en serai bientôt un. Et qu'on est toujours plus ancien qu'un autre. :mrgreen: Je tire cela d'un copain ayant été salarié dans les années 70 ou 80, donc en effet pas les plus anciens mais des plus anciens. Mais c'est nébuleux et pour cause, je n'en avais pas ensuite entendu parler.
2. le message de com aurait pu être un titre d'article du journal

Merci pour ces trouvailles.
Zorglub
 
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