a écrit :Extrêmes Par Pierre MARCELLE
lundi 01 mars 2004
A défaut d'une alternative à la barbarie plus pateline du tout du gouvernement Raffarin et à trois semaines d'un scrutin régional incertain, le PS ne semble en quête que d'un bouc émissaire pour faire une diversion à ses sondages aléatoires. Que les électeurs potentiels des listes LO-LCR lui demandent de leur dire «quelque chose de gauche», le voilà qui ressort le gri-gri de la présidentielle 2002: selon l'évangile d'alors, ne pas voter Chirac au second tour, c'était voter Le Pen. Deux ans ont passé. Cette colonne ne suffirait pas à recenser les méfaits d'une politique que Le Pen ne renierait pas, mais le vieux chantage est à nouveau à l'affiche ; les mêmes anathèmes insultent l'électeur, qui prétendent par avance le culpabiliser en diabolisant ses doutes. Au sein même du PS ou à sa périphérie, des voix susurrent que voter à l'extrême gauche, ce sera voter pour l'extrême droite. Ainsi, le bureau national de la CFDT invite-t-il chacun à «combattre tous les partis extrémistes, de quelque bord (...) qu'ils soient» (Libération du 26 février). Comme si, entre extrême gauche et droite extrême, le commun dénominateur «extrême» avait aboli la différence abyssale qu'il y a entre l'interdiction des licenciements de l'une et la suppression de l'impôt sur le revenu de l'autre. Ce vicieux renvoi dos à dos du couple Laguillier-Besancenot et du borgne Le Pen nourrit et pourrit tout le débat public. En son nom, tel qui regarda la législation sur le voile comme contre-productive fut supposé agent d'un islam forcément terroriste, et qui n'approuva pas la censure du comique Dieudonné est soupçonné faire partie de son fan-club forcément antisémite. A cette aune, on supposera que qui n'aura pas signé avec les Inrockuptibles la pétition des intelligents est forcément un imbécile. Ces stigmatisations sont des leurres qui, à gauche, condamnent tout accord et verrouillent tout débat. Celui du second tour des régionales reste pourtant à ouvrir. Pour ce faire, on suggérera au PS de déposer un peu ses gousses d'ail et ses crucifix, et d'avancer enfin des propositions.