proposition loi citoyenne

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Aumance » 23 Oct 2004, 14:21

[FONT=Times]
Le ministre de la santé Ph. Douste Blazy , doit présenter, le 26 novembre prochain, un projet de loi sur la fin de vie, à partir des conclusions d'une mission parlementaire proposant un droit à "laisser mourir" ;

Parallèlement, l'association "Faut qu'on s'active", dont le slogan est " Râler, c'est bien, agir c'est mieux " a élaboré une proposition d'initiative populaire pour une loi "Vincent Humbert" , en concurrence avec celle du ministre !

la proposition de l'association de soutien à Madame Humbert va plus loin, ignorant les tabous, et évoquant la possibilité d'une aide active du personnel médical dans un cadre précis ;

une pétition est par ailleurs disponible sur le site de l'association que je vous invite à visiter :
http://www.fautquonsactive.com

Que pensez-vous d'une éventuelle loi relative à l'euthanasie active ? quelles réserves émettez-vous ?
Aumance : la rivière dont la source est au pied de l'arbre
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Message par Valiere » 24 Oct 2004, 08:29

Je suis pour mais il faut prendre des précautions et n'être pratiqué qu'avec l'accord des patients et pour des maladies évolutives incurables.
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Message par ravine chien » 24 Oct 2004, 11:31

Je ne suis pas un spécialiste, mes propos sont donc à prendre avec prudence.
En ce qui concerne la loi proposée par le gouvernement, il me semble qu'il ne s'agit que de la légalisation de pratiques effectives dans les hopitaux. A savoir, les médecins ne s'acharnent pas à maintenir artificiellement un patient en vie, si il n'y a pas d'espoir de guérison. Pour cette loi, des questions se posent: qui décide? Est-ce le seul critère(espoir de guérison) que l'équipe médicale prendra en considération (et non pas le coût, la place...)?
Pour la loi "Vincent Humbert", je n'en sais rien, mais je suis à priori pour ce qui soulage les malades comme les familles.
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Message par Valiere » 24 Oct 2004, 14:44

Il faudrait qu'il y ait accord du médecin et accord du patient ou de la famille et que cela soit assez encadré pour éviter les dérives.
Mais avant tout le droit de choisir de mourir est un droit qui doit être reconnu.
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Message par titi » 25 Oct 2004, 18:20

tant que l'héritage existe, je suis contre toute loi réglementant l'euthanasie, cela me parait beaucoup trop dangereux à mettre en place ; déjà la "liberté d'appréciation" laissée aux médecins, si elle est inévitable, reste dangereuse face à certaines pressions familiales

j'ai vu trop de familles déchirées pour des histoires de fric, alors si en plus la vie d'un proche est en jeu...

et l'argument du "cout" de maintenir en vie quelqu'un est hélas aussi qqchose qui risque de peser dans la décision

bref, dans notre société pourrie, je préfère pas de loi sur ce sujet (sauf la loi "c'est interdit dans tous les cas")



notez qu'à titre individuel, je préfererais crever que vivre comme un légume
titi
 
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Message par Valiere » 25 Oct 2004, 22:02

a écrit :j'ai vu trop de familles déchirées pour des histoires de fric, alors si en plus la vie d'un proche est en jeu...


oui Titi mais la fin évolutive, pénible de ses parents et surtout douloureuse, dégradante à leurs yeux c'est dur, très dur à voir et ces yeux qui vous disent : Pourquoi? Fais quelque chose?
Une loi je ne sais plus mais au moins le droit pour le malade et lui seul de dire assez!
Valiere
 
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Message par mael.monnier » 26 Oct 2004, 16:48

[quote=" (Aumance @ samedi 23 octobre 2004 à 15:21"]
Que pensez-vous d'une éventuelle loi relative à l'euthanasie active ? quelles réserves émettez-vous ?
Pour moi, c'est une question d'humanisme. Est-il humain de maintenir en vie une personne qui souffre de manière atroce malgré sa volonté (et donc refuser une euthanasie passive) ? Est-il humain de refuser de donner la mort à une personne souffrant gravement psychologiquement et/ou physiologiquement (c'est-à-dire refuser une euthanasie active) ? Pour la moi la réponse est non, et cela devrait être un devoir pour la société que d'abréger les souffrances d'une personne qui le demande. Un droit à l'euthanasie devrait donc être institué et inscrit dans les Droits de l'Homme. Gandhi écrivait en son temps : «Si mon enfant était atteint d'une atroce souffrance et qu'il n'existat aucun remède pour alléger sa douleur, je considérerais comme mon devoir de lui donner la mort.»

Toutefois, ce droit à l'euthanasie, s'il est mis en place, devra bien évidemment faire l'objet d'un encadrement très strict. La personne qui souhaite ainsi mourir devra tout d'abord être consciente de son choix et devra être parfaitement éclairée quant à son état médical et quant à l'évolution possible de sa maladie. Comme le dit Valière c'est le malade seul qui doit décider, il faudra donc que cette personne soit protégée de son entourage familial dont certains membres peuvent avoir intérêt à sa mort, ainsi que d'éventuelles pressions de la société (avec des peines sévères vis-à-vis des contrevenants afin de le décourager). La suppression de l'héritage peut certes diminuer voire éradiquer les intérêts dans l'entourage familial, mais cela accroîtra l'intérêt que pourrait avoir la société dans son ensemble. Pour moi, la suppression de l'héritage n'est donc pas une condition préalable à la mise en place du droit à l'euthanasie.

Au sujet de l'euthanasie et des souffrances qui peuvent être vécues avant la mort, on peut voir Johnny Got His Gun de Dalton Trumbo (film américain de 1971 qui relate l'histoire d'un jeune américain parti à la guerre de 14-18 et frappé par un obus lors d'une mission, un jeune qui se retrouvera sans bras ni jambes ni visage, aveugle, sourd et muet ; un jeune que l'on croiera incapable de penser - car son cerveau fut atteint - et que l'on maintiendra en vie dans un but médical ; voir un résumé et une description détaillée sur http://perso.club-internet.fr/pserve/Johnny.html) et également La ville est tranquille de Robert Guédiguian (2000) où parmi les personnages du film une ouvrière mettra fin aux jours de sa fille démolie par la drogue (voir le site du film sur http://www.diaphana.fr/ville/).
mael.monnier
 
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Message par com_71 » 29 Oct 2004, 18:54

(Valiere @ lundi 25 octobre 2004 à 23:02 a écrit : Une loi je ne sais plus mais au moins le droit pour le malade et lui seul de dire assez!
De quoi parles-tu ?
Le droit de dire n'est pas contesté, ni pour le malade, ni pour autrui.
Le malade a aussi droit au suicide et le droit de chercher à se faire aider.
Les proches, eux, n'ont pas le droit d'intervenir. Mais ils en ont généralement la possibilité. Tout doit-il être prévu par la loi ? Le risque : être déféré devant la justice, est-il si grand ? La mère de Vincent n'a pas été incarcérée mais il est clair pour tous qu'elle a transgressé un interdit.

Un article de Lutte Ouvrière paru en 2000 :
a écrit :Vers une légalisation de l'euthanasie ? On ne peut faire confiance à cette société

Un rapport du Comité national d'éthique (organisme qui a pour mission de conseiller le gouvernement sur les questions morales liées aux progrès de la science) vient de demander un aménagement de la loi afin de légaliser, dans certaines conditions, l'euthanasie active. Pour les membres de ce comité, il s'agit d'une part de réglementer des pratiques qui existent de manière clandestine dans certains services hospitaliers, d'autre part de réviser le code pénal pouvant s'appliquer lorsque cet acte résulte d'une décision prise dans l'intérêt réel du malade. Du coup, le vieux débat entre les partisans et les adversaires de cette pratique qui permet de donner la mort à une personne atteinte d'une maladie incurable ou d'un handicap irréversible et dégradant est relancé.

Parmi les adversaires d'une légalisation même limitée de l'euthanasie, les arguments les plus divers sont avancés. Ils vont du respect de la vie tel que le conçoit la hiérarchie catholique aux craintes toutes différentes de certains médecins, notamment de ceux qui exercent dans des unités de soins palliatifs.

Il est un fait qu'aujourd'hui la médecine a les moyens de soulager la douleur et d'accompagner les malades en fin de vie. D'un autre côté, certaines familles ou certains membres du personnel soignant peuvent redouter de voir un malade ou un proche sombrer dans la déchéance, voire faire l'objet d'un acharnement thérapeutique alors qu'on le sait incurable. Il est bien compréhensible que, devant le spectacle d'un de leurs proches souffrant terriblement et sans aucun espoir, certains réclament le droit de pouvoir abréger leurs souffrances et de leur permettre de mourir dans la dignité. Et c'est pour répondre à cette demande que le comité d'éthique essaie de faire modifier la loi.

Mais comme toujours dans cette société, il est bien difficile de régler par la loi une question qui est, d'abord, une difficile question humaine. Si la loi en vient à légitimer l'euthanasie active, on peut alors redouter des dérives. Car il est plus facile de procéder avec une piqûre qui met un terme à l'existence d'un malade que d'avoir à entretenir des services hospitaliers dans lesquels 20 ou 25 % des dépenses sont générées par des personnes âgées ou non, souvent atteintes de maladies incurables et pour beaucoup d'entre elles en phase terminale.

A l'heure où il est de bon ton dans les milieux gouvernementaux et patronaux de dénoncer la croissance des dépenses de santé et le prétendu déficit chronique de la Sécurité sociale, il y a donc un risque avec " l'exception d'euthanasie " : voir des considérations d'ordre économique primer sur des considérations de santé et de respect des malades.

Il suffit pour s'en convaincre de voir comment aujourd'hui le gouvernement programme des suppressions de lits, des fermetures de service et des réductions d'effectifs dans les hôpitaux, au mépris des besoins manifestes des malades et de la population. Qui nous garantit que demain, au nom des économies budgétaires, on ne pratiquera pas l'euthanasie sur des malades mentaux ou des vieillards, pour la seule raison qu'ils coûtent trop cher au système de santé ?

Alors, face à un tel choix, on ne peut faire aucune confiance à cette société qui, dans le domaine de la santé comme dans tous les autres, raisonne avec des critères de gestion et de rentabilité économique plutôt qu'avec des critères humains.

Roger MEYNIER
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Message par com_71 » 29 Oct 2004, 19:03

Une récente dépêche AFP
a écrit :vendredi 15 octobre 2004, 20h11
Fin de vie: plus de 30.000 signatures pour la "loi Vincent Humbert"

VILLEURBANNE (AFP) - La proposition d'initiative populaire pour une "Loi Vincent Humbert", du nom de ce jeune tétraplégique que sa mère a aidé à mourir, un projet qui permet une exception d'euthanasie, a recueilli plus de 30.000 signatures, a déclaré Mme Humbert, vendredi à Villeurbanne.
"On tient le bon rythme pour atteindre les 100.000 signatures avant le 26 novembre", date à laquelle doit être présenté le projet de loi concurrent élaboré par le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy, a expliqué Vincent Lena, magistrat et président de "Faut qu'on s'active!", une association qui soutien Mme Humbert.
Marie Humbert ouvrait à Villeurbanne un "tour de France" ponctué par de nombreuses conférences (29/10 à Marseille, 4/11 à Reims, 5/11 à Rouen, 18/11 à Lille...), afin de réunir les signatures manquantes.

M. Douste-Blazy doit présenter une proposition de loi sur la fin de vie, issue des conclusions d'une mission parlementaire et proposant d'aménager un droit à "laisser mourir", mais ce texte ne satisfait pas l'association.

"C'est une philosophie totalement différente", a estimé M. Léna. "Le texte du ministre ne parle que des mourants, ce que n'était pas Vincent, et de laisser mourir, alors que nous souhaitons une aide active de la part du personnel médical", a-t-il expliqué.

La proposition de loi Vincent Humbert, dont le texte est accessible sur l'internet (http://www.fautquonsactive.com), propose d'introduire une "exception d'euthanasie" strictement encadrée par le code pénal.

"Notre projet est plus restrictif que les législations en vigueur en Belgique et aux Pays-Bas", a assuré M. Léna.

"On risque de laisser passer une belle occasion. Il y a un an, personne ne voulait de loi, aujourd'hui tout le monde est d'accord pour dire qu'il en faut une. Mais il faut encore que l'on réduise le décalage entre ce que certaines familles vivent, et la frilosité de politiques qui se réfugient derrière des tabous", a-t-il poursuivi.
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