A propos de l'éphemeride

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Koceila » 16 Mai 2006, 17:12

Je voulais apporter quelques précisions:

1 Hadji ne veux pas dire "saint" mais pélererin et partir en "hadj" veux dire partir en pélerinage. En Afrique du nord, ce qui se rapproche le mieux de la dénomination "saint" c'est plutôt "sidi" qui ne veux pas dire "saint" d'ailleurs mais "seigneur" ou "monsieur". D'où le nom du cid qui est dérivé de l'arabe sidi.

2 Abd-El-Kader nétait pas bédoin mais bérbere, avant d'être sultan, il était aguellid (élu par toutes les tribus qu'il représentait); ceci dit, les bédoins sont les tribus originaires de la péninsule arabique, souvent nomades ou semi-sédentaires vivants dans les pays du proche-orient.

3 Le terme kabyle, vient de kbayle, veut dire "tribu" (en arabe) et cette dénomination est plutôt récente car se sont les français qui appeleront ainsi les tribus de langue bérbere vivant dans le constantinois, que la légende, tissée par les colons, voudra faire croire à une animosité profonde envers les bérberes de langue arabe.

4 Abd-El-Kader n'était pas le seul chef bérbere à s'opposer aux armées françaises, je voudrai citer l'exemple d'une femme d'une telle bravoure qu'elle fut élue pas les kabyles à la magistrature suprême: Nana Soummer (nana est un qualificatif que l'on donne par respect à une femme d'un grand charisme) qui a combattut les troupes françaises dès 1831 (erreur elle est née en 1830 et a commencé le combat en 1850 Koceila).
Koceila
 
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Message par Gaby » 16 Mai 2006, 17:21

(Koceila @ mardi 16 mai 2006 à 18:12 a écrit : (nana est un qualificatif que l'on donne par respect à une femme d'un grand charisme)
C'est intéressant ça. Et le mot de l'argot français alors, il vient de la prostituée de Zola ou de l'arabe finalement ?
Gaby
 
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Message par Koceila » 16 Mai 2006, 17:23

a écrit :Lalla Fatma N’SOUMER, héroïne du Djurdjura, est née dans un village proche de Ain El Hammam en 1830, quand a commencé l’occupation française. Son vrai nom est Fatma Sid Ahmed. Le surnom "N’Soumer" lui a été donné pour sa piété et sa force et aussi parce qu’elle a vécu dans le village de Soumer. Le père de Fatma était le chef d’une école coranique qui était liée avec la Zawyia Rahmaniya de Sidi Mohamed Ibn Abderrahmane Abu Qabrein. Très jeune, Fatma a mémorisé le Coran, simplement en écoutant les disciples de son père psalmodier les différentes sourates. Elle a été décrite comme très douée et possédant une mémoire stupéfiante. A la mort de son père, Fatma a dirigé l’école coranique avec son frère Si Mohand Tayeb. Elle s’occupait principalement des enfants et des pauvres. En plus de sa piété, sa sagesse et son intelligence remarquable, elle acquit une excellente réputation à travers les régions de Kabylie. Fatma avait seulement 16 ans lors de l’occupation de la Kabylie par les soldats français. La Kabylie fut conquise, non sans violents combats, comme les autres régions. Mais l’insurrection, menée par Fatma, reste une des plus importante grâce à cette noble et brave combattante. Les Français l’ont surnommée "la Jeanne d’Arc du Djurdjura", une comparaison que la pieuse Fatma n’a pas acceptée. Armée d’une foi infaillible, elle s’est jetée dans les batailles sanglantes pour repousser l’ennemi. En 1854, à Oued Sebaou, Fatma, alors âgée de 24 ans, a donné à l’armée française une leçon de détermination et de courage, bien que celle-ci soit largement supérieur en nombre et matériel) Pendant cette fameuse bataille, menée par Mohamed El Amdjed Ibn Abdelmalek (surnommé Boubaghla), qui n’avait su enlever aux troupes françaises leur avantage, Fatma, à la tête d’une armée de femmes et d’hommes, a vaincu et mené son peuple à la victoire, victoire louangée à travers toute la Kabylie. Des mosquées, zawiyas et écoles coraniques s’élevait de retentissants chants pieux en l’honneur de héroïne du Djurdjura. Le Général Randon, qui n’accepte pas cette défaite, demande aux habitants d’Azazga de l’aider à trouver la cachette de Fatma N’Soumer "pour en finir avec sa légende et ses méfaits". La réponse faite à son émissaire fut : "Allez près de celui qui vous envoie et dites lui que nos oreilles n’entendent pas ce langage qui nous demande de trahir". A cette réponse, le Général Randon dit : "Puisqu’ils sont restés sourds à nos appels, je vais leur faire entendre le son des cannons". Fatma N’Soumer ne se rendit pas. Et même, après la prise d’Azazga par Randon et les féroces répressions de ses troupes, elle mobilise la population et livre plusieurs batailles. Elle appelle le peuple à "frapper pour l’Islam, la Patrie et la Liberté. Ce sont nos constantes et elles sont sacrées. Elles ne peuvent être l’objet de concessions ou de marchandages." Sa forte personnalité a eu une grande influence à travers toute la Kabylie, montrant le chemin par le sacrifice et la détermination de la population durant les batailles, spécialement celles d’Icherridene et Tachkrit, où les troupes ennemies subirent de graves défaites. Lors de la dernière victoire kabyle, le 18 juillet 1854, les pertes pour l’ennemi furent lourdes : 800 morts dont 56 officiers et 371 blessés. Finalement, Randon demande un cesser le feu, accepté par Fatma N’Soumer, une décision stratégique militaire et politique. Elle planifie d’utiliser cette période de cesser le feu pour réorganiser et renforcer ses troupes. Les champs sont labourés et semés, des fabriques d’armes émergent à travers tout le pays. Cependant ce cesser le feu, comme tous les précédents, n’est pas respecté par les Français. Après trois ans, en 1857, les Français ayant aussi réorganisé leur armée, lancent des attaques contre plusieurs grandes villes qu’ils gagnent. Fatma N’Soumer, après avoir appelé ses guerriers à la liberté, appelle la population pour un ultime effort. Ce fut la façon d’occuper trois positions stratégiquement importantes. Entourée des femmes de la région, Lalla Fatma dirige l’attaque ? Cependant, la bataille fut perdue ... Cette même année, Fatma est arrêtée et emprisonnée dans les Issers, ensuite à Tablat. Les soldats français dépensent sa fortune, mise à la disposition de la zawiya des disciples de son frère. Sa riche bibliothèque, contenant une mine de travaux scientifiques et religieux, fut complètement détruite. Lalla Fatma N’Soumer meurt en 1863. L’épreuve de son incarcération, la frustration de n’avoir pu mener son peuple à la victoire et les insultes que celui-ci subit, la submerge, l’affecte et sa santé se détériore. Elle avait seulement 33 ans ...
Koceila
 
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Message par Koceila » 16 Mai 2006, 17:32

a écrit :C'est intéressant ça. Et le mot de l'argot français alors, il vient de la prostituée de Zola ou de l'arabe finalement ?


C'est possible car il ya énormément de mots dans la langue Française qui viennent de l'arabe ou du bérbere comme bougie, caïd ou alcool.

Nana est le qualificatif que l'on donne également à une grande soeur, et Dada c'est pour un grand frère...........
Koceila
 
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Message par Wapi » 16 Mai 2006, 23:28

Le Robert historique d'alain rey ne mentionne que la Nana de Zola comme origine de ce terme.

Bougie vient en effet du nom de la ville algérienne Bugaya, grande productrice de cire à cierges et à chandelles pendant le moyen-âge. A noter qu'en arabe, le mot bougie n'a rien à voir (sham'a).

Koceila, je n'ai pas trouvé "nana" dans le dictionnaire arabe de reig... j'ai pourtant cherché différentes orthographes possibles. Est-ce un mot berbère ou propre au dialecte algérien ? Merci.
Wapi
 
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Message par Koceila » 18 Mai 2006, 10:43

a écrit :Bougie vient en effet du nom de la ville algérienne Bugaya, grande productrice de cire à cierges et à chandelles pendant le moyen-âge. A noter qu'en arabe, le mot bougie n'a rien à voir (sham'a).


Quand la ville de Bougie fut fondée environ au 6eme siècle avant JC, les numides (peuplant tout l'est algérien et la Tunisie) l'on appelée "Bgayet" qui veut dire "regard" à cause de la forteresse (dont les ruines sont devenues un lieu de pélerinage "Imma Gouraya" car la montagne fait penser à une femme allongée Imma = Maman) qui surplombe la crique et le port, je pense, les Carthaginois ne tardèrent pas à mesurer l'importance stratégique de cette ville et en firent un comptoir de commerce, les Romains, concurrents des Carthaginois établirent un comptoire dans un village voisin qu'ils appelèrent "Saldae" qui deviendra par la suite le nom de tout l'ensemble. Quand les arabes arrivèrent en Afrique du Nord ils appelèrent cette ville "Bejaïa" dérivé de Bgayet ce qui ne veut rien dire en arabe, la traduction de Bejaïa est devenu Bougie en Français. Je ne sais pas si la bougie fut inventée à Bougie mais je sais qu'il existait une industrie de la cire et de la bougie dés l'antiquité et la bougie s'imposera au moyen-âge devant la lampe à l'huile, les chandelles fabriquées à Bougie étaient vendues dans toute l'Europe.

a écrit :Koceila, je n'ai pas trouvé "nana" dans le dictionnaire arabe de reig... j'ai pourtant cherché différentes orthographes possibles. Est-ce un mot berbère ou propre au dialecte algérien ? Merci.


"Nana" est un mot purement bérbere (du moins en Kabylie), il est utilisé comme marque de respect ou d'affection envers la soeur aînée d'une famille ou envers une personne de sexe féminin que l'on respecte et admire. l'équivalent masculin est "Dada". Je ne sais pas par contre si E Zola a emprunté ce mot au bérbere ou pas. Je sais qu'a cette époque les Français considéraient les femmes algériennes "comme ayant le "sang chaud" Propres mots d'E. Zola dans son livre "Thèrese Raquin"(préjugés de bas étages auxquels croyait E. Zola), Histoire d'une femme Algéro-Française qui trompe son mari et pousse son amant à l'assassiner. Je dirais que la psychologie du roman laisse à désirer.

Nota: j'ai corrigé quelques fautes d'orthographes, si vous entrouvez d'autres milles excuses! :emb:
Koceila
 
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Message par Wapi » 18 Mai 2006, 10:58

Et bien merci Koceila pour ces précisions berbérudites ! Je lis avec toujours beaucoup d'intêret tes interventions sur ces sujets. :wavey:
Wapi
 
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Message par Koceila » 18 Mai 2006, 11:04

A ton service! :wavey:
Koceila
 
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Message par Koceila » 18 Mai 2006, 12:31

Il est à noter aussi que Abd-El-Kader n'a jamais été sultan mais emir ou amir (qui est l'équivalent de commandant en arabe, d'où le terme d'amiral qui vient d'amir-al-rhâl: qui veut dire à peu prés: commandant de la flotte) :mf_bookread:
Koceila
 
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Message par Wapi » 18 Mai 2006, 12:33

C'est pas amir-al-bahr ? (prince de la mer ?)


[EDIT]

... je viens de vérifier dans le robert historique ... ce que j'aurai dû faire avant d'écrire ...

Alain Rey donne pour étymologie (avec un "peut-être" de réserve) : amir-al-a'ali (prince "très haut") ... ?


[/EDIT]
Wapi
 
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