Le Plan B blâme la LCR

Message par piemme » 15 Juil 2006, 18:10

a écrit :Les petits chaperons rouges de la LCR

Depuis 2002, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a noué avec les grands médias une idylle bouleversante. Comment un parti révolutionnaire se persuade-t-il que la presse bourgeoise est une presse amie ?

C'est le soir du Grand Soir. Le 5 septembre 2002, Olivier Besancenot participe à sa première émission de divertissement, « On a tout essayé », animée sur France 2 par le comique Laurent Ruquier. Un dialogue explosif s'engage entre le chroniqueur Jean-François Derec et le porte-parole de la LCR : « Première question : Je vais chercher une lettre recommandée. Vous devez me répondre :
a) C'est trop tôt, repassez à 15 heures ;
b C'est trop tard, il fallait venir hier ;
c) Désolé, c'est la pause, je suis en RTT ! »
Réponse du « facteur » (transcription intégrale) : « Sûrement pas la dernière. » Laurent Ruquier enchaîne en hurlant : « Bientôt, on ne dira plus : je prends mes RTT, mais plutôt je prends mes RRTT, c'est-à-dire mes réductions de réduction de temps de travail ! ha ! ha ! »

L'interview reprend. « Bon, deuxième question. Comme il y a une queue d'enfer pour peser mon paquet, je vais à une machine automatique, elle est :
a) hors-service ;
b elle ne rend plus la monnaie ;
c) la machine est en RTT ! » (Rires.)

À ce moment, chacun perçoit qu'un rien suffirait à faire basculer du côté de la révolution les masses chauffées à blanc par ce déluge de subversion. Gérard Miller tend alors au candidat de la LCR une coupe de champagne et une liasse de billets : « Est-ce que vous acceptez, juste pour l'émission, de crier : “Vive M. Raffarin !” ? » Réponse de Besancenot, dont la vigueur fait craindre un instant le déclenchement d'une émeute : « Non, mais je peux vous faire la bise... » Présent sur le plateau pendant 6 minutes et 30 secondes, « Olivier » a parlé 1 minute et 5 secondes. Au siège de la LCR, on pavoise. Besancenot reviendra chez Ruquier (11.2.03 et 19.1.05). Sans oublier de se rendre chez Thierry Ardisson (21.9.02).

La farce électorale
En 1969, Alain Krivine se présente à l'élection présidentielle pour dénoncer La Farce électorale (titre de l'ouvrage qu'il publie alors) et la censure gouvernementale des médias. En 2002, il n'est plus question de « farce » : la direction de la LCR affiche son tournant électoraliste en propulsant sur les plateaux le « facteur rouge de Neuilly », lequel s'abstient de critiquer les contremaîtres de l'information. Encore dirigé par ce pauvre Edwy Plenel, Le Monde célèbre la « Génération Besancenot » (11.4.02). Peu après, Arlette Chabot décerne à « Olivier » le prix de la « Révélation politique de l'année » – ex-æquo avec Raffarin et Sarkozy ! Cornaqués par Philippe Corcuff, « théoricien » de la « politique de la caresse » vis-à-vis des médias (1), les chefs de la LCR décident que la notoriété d'« Olivier » doit déborder les rives des émissions politiques et s'appuyer à la fois sur les magazines people et sur les talk-shows.

La publication, en février 2003, de Révolution ! (Flammarion), un abécédaire écrit à plusieurs mains mais signé de Besancenot et orné de sa seule photo, en fournit le prétexte. Prudemment, l'ouvrage débute par le mot « Amour », parce que « mes premières histoires d'amour, c'est dans les grèves lycéennes que je les ai connues », et précise que « tous les journalistes ne sont évidemment pas “des chiens de garde du capital (2)” ». Dans un article titré « Le gendre idéal est un trotskiste », le magazine Elle tire le bilan de la tournée d'autopromotion qui s'ensuit : « On ne peut pas dire qu'il refuse grand-chose aux journalistes, le camarade Olivier. Presque deux mois durant, médiatiquement parlant, il aura tout fait : écrasé quelques larmes chez Ardisson, invité des journalistes de la presse people à une matinée vélo pour suivre sa tournée, tchatché avec Jœy Starr chez Pascale Clark, joué les “Grosses têtes” chez Bouvard, et bien d'autres performances encore, au moins aussi osées que son meilleur coup de l'année, une interview croisée avec le jet-setteur Massimo Garcia » (5.5.03) Sans compter un entretien dans Gala (13.2.03) et un passage chez Daniela Lumbroso. Les téléspectateurs impatients d'entendre le candidat de la LCR évoquer l'emprise des industriels sur la presse, le rôle idéologique des médias dans l'imposition de la pensée de marché ou le statut de nabab des animateurs-producteurs peuvent aller se rhabiller.

Grand angle, grand public
Après la participation d'Olivier Besancenot aux « Grosses têtes », Alain Krivine a plaidé : « Même si Olivier n'aime pas ça, mieux vaut ne pas refuser ces émissions, sinon nous disparaîtrons » (L'Express 24.5.04). Passer aux « Grosses têtes » ou disparaître : bizarrement, cette alternative n'enthousiasme pas bien des militants de la LCR. L'un d'eux – aujourd'hui abonné au Plan B ? – interpelle « Olivier » : « Que vas-tu faire dans ces émissions télé plus ou moins débiles ? Quel intérêt de mettre ta photo en pleine page sur la couverture de ton bouquin ? Ce n'est pas ta tronche qui est à vendre » (Rouge, 13.2.03). À quoi Besancenot et son coach, François Sabado, rétorquent : « Après “Les grosses têtes”, il y a eu un bond dans les ventes du livre. Il faut qu'on ait toujours l'idée grand angle, grand public » (Rouge, 6.3.03).

Également adoptée par Arlette Laguiller et par José Bové, la ligne « grand angle, grand public » repose sur deux postulats. Premièrement, les milieux populaires seraient tellement dépolitisés que, pour rétablir le contact avec eux, les responsables politiques seraient contraints de jouer les vedettes dans des émissions de variétés. Deuxièmement, ces populations (prétendument) dépolitisées se mobiliseraient en faveur de l'extrême gauche en regardant une émission dont le principe repose précisément sur la dépolitisation. Ou en découvrant la contribution décisive à l'éducation populaire révolutionnaire livrée par Besancenot au magazine Rendez-vous (sous-titré « Mode ! Mode ! Mode ! ») : « J'achète mes fringues parce qu'elles me plaisent à moi » (15.2.06).

« Nous sommes conscients des dangers de cette “personnalisation” de la politique, qui a souvent pour conséquence de “dépolitiser” les personnes, admet Alain Krivine. Malheureusement, une petite organisation comme la nôtre n'a pas tellement d'autre choix pour faire passer un message » (Elle, 5.5.03). Pas d'autre choix ? Les partisans du « non » à la Constitution européenne n'ont-ils pas prouvé le contraire ?

Notes:
(1) Philippe Corcuff, « Politique de la caresse », Charlie Hebdo, 29.8.01.
(2) Lire « Trotskisme culturel », PLPL, n° 14, avril 2003.
piemme
 
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Message par com_71 » 15 Juil 2006, 18:29

Qui a commis cet article et où ?
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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com_71
 
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Message par piemme » 15 Juil 2006, 19:35

Le Plan B remplace depuis trois ou quatre mois le journal PLPL (et, c'est moins connu, le journal Fakir, un indépendant de Rennes, je crois) . La Plan B est rédigé, entre autres, par Serge Halimi et Pierre Rimbert (qui vient de sortir un bouquin sur le journal Libération, "De Sartre à Rothshild").
Je vous donne l'adresse du site, pour ceux que ça intéresse : http://www.leplanb.org/page.php?rubrique=accueil.
Pour les situer un peu plus, ils sont liés à Acrimed, qui se présente comme la "vitrine universitaire" du Plan B (ce sont eux qui s'amusent, par exemple, à planter Paoli sur France Inter et qui lui rappelent en direct ses ménages et ses connivences).
Encore un mot : ils se disent altermondialistes, et même s'ils ne manquent pas une occasion de critiquer Attac, ils y sont.
Enfin, on l'aura compris : les journalistes n'ont fait qu'interpréter le monde ; il s'agit maintenant de changer les journalistes !....
piemme
 
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Message par artza » 15 Juil 2006, 20:20

(piemme @ samedi 15 juillet 2006 à 20:10 a écrit : Presque deux mois durant, médiatiquement parlant, il aura tout fait : écrasé quelques larmes chez Ardisson,

Oui, c'est le jour ou Besancenot s'était cru malin de défier Cukierman du CRIF



"Pourriez-vous me dire en face que je suis antisémite".

C'était bien naïf, pas géné pour un rond Cukierman a dit "oui".

Le Plan B cite les larmes aux yeux de Besancenot mais ne dénonce pas la malhonnêteté de Cukierman et du coup ne prend pas position.

C'est ça du journalisme honnête?

Et après ça donne des leçons. :halalala:

Et quand la bonne presse tapait sur Arlette Laguillier et Lutte Ouvrière il disait quoi Le plan B ou son ancêtre PLPL. Il dénonçait les diffamations et les calomnies, mes genoux.

Serge Halimi avait trouvé le moyen dans son petit libelle bien banal "les chiens de garde" (si c'est une référence à Nizan tu parles d'un modèle) d'ajouter sa petite pierre et d'égratigner AL ,comme l'article ci-dessus qui au pasage en remet une petite couche sur AL qui n'est pas le sujet de l'article
artza
 
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Message par Crockette » 16 Juil 2006, 10:25

moi ce qui me gêne ds cet article :

1 oui c'est vrai Besancenot est médiatique et alors ?
2 oui c'est vrai la plupart de ces émissions sont débiles...peut on alors reprocher à OB d'en être responsable...bien sûr que non, et pour avoir écouté ces émissions, Ob passe deux ou trois messages même si c'est alterné par pas mal de quizz débils.
3 j'ai le souvenir de la participation d'AL sur Canal plus, ds le même genre d'émission, on a fait sur elle un portrait comique, ce qui ne l'a pas empêché de passer des messages politiques forts, même qu'elle a eu l'appui (passif) de pas mal des présentateurs du style "continuez à défendre vos idées etc" ou bien "oui Arlette toute jeune déjà vivait dans un 20 m2";

Durant cette émission, la jeunesse a pu voir et entendre le passé d'AL même si cela ne s'est pas fait au premier degré, et alors ?


De toute façon les gens garderont d'OB sa formidable prestation sur France 3, présenté par christine Ockrent. Ob était en face ni plus ni moins : de Montebourg, Duhamel (le député socialiste européen) et Mamère.
Il s'est pris des attaques croisés terribles du style "oui vous êtes avec LO alors qu'ils ont refusé de voter la taxe Tobin..".

OB les a renvoyés tous les trois ds les cordes (ou plutôt tous les deux car Montebourg était particulièrement poli avec OB) sans critiquer une seule fois LO.

Il a fini par répondre à Mamère très virulent avec lui : "oui les députés de la lcr et de lo ont voté contre le texte de la constitution européenne contrairement aux verts".
Vlà plutôt le genre d'intervention qui devrait marquer les esprits des sympathisants de LO.
Crockette
 

Message par Gaby » 16 Juil 2006, 19:06

(Crockette @ dimanche 16 juillet 2006 à 11:25 a écrit : Il s'est pris des attaques croisés terribles du style "oui vous êtes avec LO alors qu'ils ont refusé de voter la taxe Tobin..".
La LCR a voté comme LO. Et la question n'était pas de voter ou non la taxe Tobin.


(Crockette a écrit :Vlà plutôt le genre d'intervention qui devrait marquer les esprits des sympathisants de LO.

Pourquoi ? Il n'y a pas que cela.
Gaby
 
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Message par Barikad » 17 Juil 2006, 11:38

Deux inexactitudes dans le fil:

("Artza" a écrit :Et quand la bonne presse tapait sur Arlette Laguillier et Lutte Ouvrière il disait quoi Le plan B ou son ancêtre PLPL. Il dénonçait les diffamations et les calomnies, mes genoux.

Non, PLPL a defendu Arlette, je me souviens particulierement d'un article decortiquant la manière dont LO etait traitée par la presse

("Gaby" a écrit :La LCR a voté comme LO. Et la question n'était pas de voter ou non la taxe Tobin.

Pas tout à fait, la LCR s'est abstenue, LO a voté contre, mais ca n'a pas beaucup d'importance
Barikad
 
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