Un "remontage" de fil à l'occasion d'une visite d'une petite expo sur la vie et l’œuvre de Turing faite par l'Institut Poincaré et l'Inria faite avec le soutien notamment de Gilles Dowek, informaticien un peu connu (chercheur Iniria, participant au projet Coq, assistant de preuve dont on parlait précédemment).
Très bien, elle résume en une petite vingtaine de panneaux la vie et les apports. Brillant en sciences, brouillon dans le reste, il devient très tôt enseignant-chercheur au King's college.
Il était expliqué simplement ce qu'est une Machine de Turing et son article de 1936 sur le problème de la décision qui enfonce un clou planté par Gödel en 1931 avec ses théorèmes d'incomplétude en répondant par la négative à l'un des grands problèmes mathématiques posés par Hilbert, logicien anglais : tout n'est pas calculable, c'est-à-dire assimilable à un algorithme. Puis vient le test de Turing puis ses études sur la morphogenèse, la formation des êtres vivants à partir de procédés simples.
Ensuite, vient le décodage du code Enigma durant la guerre où il est au service du "chiffre" britannique.
Il est évidemment fait part de son destin tragique. Mais si l'expo signale que Brown, 1er ministre britannique précédent, avait présenté des excuses pour l'Etat sur le traitement qu'il lui fût infligé, elle omet de dire que Brown maintenait la position du jugement d'alors et qu'une pétition continue me semble-t-il pour que Turing soit réhabilité complètement.
L'expo veut enfin tordre le cou à ce qui serait une rumeur tenace sur le logo d'Apple qui serait une allusion à Turing. Selon elle, Jobs nomma sa société par un nom moins austère que les autres compagnies informatiques d'alors en hommage à Apple records, la productrice des Beatles. Un accord de l'époque stipulait d'ailleurs qu'Apple Computers ne devait pas se lancer dans la musique...
Le logo est devenu coloré avec la venue de l'Apple II qui pouvait afficher des couleurs à l'écran. Jobs (vous savez le rebelle, visionnaire etc.), quand on lui a demandé, a répondu que c'était fortuit mais que c'était bien heureux. J'ai néanmoins du mal à croire à une telle coïncidence, surtout que Jobs était quand même de ceux qui ont participé au Xerox Parc, un des berceaux de l'informatique moderne.
Je conseille au passage la BD Logicomix ainsi qu'un roman du même auteur, Apostolos Doxiadis, L'oncle Petros et la Conjecture de Goldbach.
Exposition sur demande