yannalan a écrit :(...) il y a une certaine panique à l'heure actuelle sur Astra Zeneca. Moi je l'ai eu en 1ere injection, après 2 semaines, ça va. Ma compagne hésite de plus en plus, je n'ai pas trop d'arguments, pour ou contre, en fait... Tu en penses quoi ?
Concernant le vaccin AstraZeneca, en l'état actuel des données ce qui est notable c'est d'abord son efficacité moindre que celle des vaccins Pfizer et Moderna concernant le risque de contracter la maladie ; malgré tout, cette efficacité reste importante pour prévenir les Covid-19 graves, et est encore largement suffisante pour contribuer à contrecarrer la pandémie en cours (tant que les variants sud-africain et brésilien restent marginaux), d'où son intérêt.
Il y a un vrai décalage entre la perception des effets secondaires de type thrombose, considérablement amplifiée par les médias, et le nombre réel de cas. Sur 34 millions d'injections AstraZeneca réalisées en Europe (Royaume-Uni inclus), il y a 222 cas de thromboses et le rapport bénéfice/risques est toujours considérablement en faveur du vaccin. Il y a à peu près autant de thromboses dans la population non vaccinée, mais ce qui suggère un lien avec le vaccin c'est que ces quelques vaccinés font des formes de thrombose ordinairement très rares dans la population générale. Ces thromboses semblent toucher davantage les femmes et sont survenues chez des patients relativement jeunes.
Pour l'instant, on ne sait pas expliquer ce phénomène. Des médecins ont suggéré que cela pourrait être lié à une mauvaise technique d'injection intramusculaire (pour une intramusculaire, après avoir piqué il faut commencer par tirer le piston de la seringue pour voir si du sang remonte, ce qui montrerait que l'on est dans un vaisseau et pas dans le muscle, et s'il n'y a pas de sang on peut injecter, sinon il faut essayer à côté). Une injection dans un vaisseau sanguin pourrait peut-être déclencher ces troubles rares de la coagulation. Mais ce n'est pas encore prouvé, et pourquoi cela serait-il plus fréquent chez les femmes et les sujets "jeunes" ?
On a là un vrai sujet : même si ce risque est extrêmement rare, pourquoi le faire courir aux personnes vaccinées si d'autres solutions existent ?
Sauf qu'on pourra dire que d'autres solutions existent uniquement quand les autres vaccins seront disponibles en quantités suffisantes, ce qui n'est pas encore le cas. Or, le danger de mourir de la Covid-19 est de très très loin supérieur à celui de faire une thrombose due au vaccin, en particulier pour les plus de 55 ans, et le risque de contamination est très élevé en ce moment.
On serait en situation "hors épidémie", avec une population majoritairement immunisée, une minorité de personnes encore à vacciner et des vaccins largement disponibles, alors on pourrait se permettre de limiter les risques même très minimes tout en maximisant l'efficacité et il n'y aurait donc plus de raison de choisir le vaccin AstraZeneca. Mais là, nous sommes en pleine pandémie et il y a toutes les raisons pour se faire vacciner même à l'AstraZeneca et éviter ainsi de prendre le risque de mourir étouffé.Après, tout dépend aussi de ton âge et de celui de ta compagne. Les rarissimes cas de thrombose ne sont survenus que chez des moins de 60 ans (et plutôt chez des moins de 55 ans, parfois chez des moins de 30) et cela a conduit à réserver l'AstraZeneca aux plus de 55 ans en France (et aux plus de 60 ans dans d'autres pays). Cela ne veut pas dire que ça ne pourrait pas arriver à un âge plus avancé, mais pour l'instant on ne l'a pas observé.
Les seuls patients qui ont reçu une 1ère dose d'AstraZeneca et pour lesquels on recommande de basculer sur du Pfizer ou Moderna pour la 2ème dose, sont donc seulement les patients de moins de 55 ans : les autorités sanitaires ont opté pour un autre risque, celui de l'incertitude d'un changement de vaccin. Mais si tu as plus de 55 (c'est le cas il me semble ?) et a fortiori plus de 60, alors il n'y a aucune raison de ne pas recevoir ta 2ème dose d'AstraZeneca.
C'est un fait que, en l'état actuel des connaissances, les vaccins Pfizer et Moderna semblent préférables, pas seulement pour les effets secondaires (ils en ont aussi, et peut-être plus que l'AstraZeneca, mais ce ne sont pas les mêmes effets), mais surtout pour leur efficacité qui est encore plus grande. Sauf que l'urgence de l'épidémie et la disponibilité insuffisante des vaccins à ARNm ne laisse pas trop le choix... En vaccinant avec l'AstraZeneca au lieu d'attendre qu'il y ait suffisamment de Pfizer et de Moderna, on évite de nombreux morts et aussi de nombreuses formes graves laissant des séquelles.
A noter que l'on regarde également de près les autres vaccins pour voir si de tels événements sont présents sans qu'on les ait repérés, et que le nouveau vaccin Janssen (Johnson & Johnson) qui est très proche de l'AstraZeneca dans sa conception (tout comme le Spoutnik V russe qui n'est pas disponible en France), est le plus susceptible d'avoir les mêmes effets.
Cette histoire d'AstraZeneca a déclenché une panique, mais c'est d'abord la conséquence de l'effet-loupe des grands médias sur le sujet, parce que cette vaccination suscite des questions chez chacun (même chez les journalistes) et aussi, que cela fait vendre du papier ou fait de l'audience. Les réactions excessives sur les vaccins sont généralement bien visibles dans les titres des articles, alors même que leur contenu est nettement plus nuancé. Un exemple bien typique (qui concerne en l'occurrence le vaccin Pfizer/BioNTech) pris dans le journal "20 minutes" du 24 mars :
Gros titre :
CORONAVIRUS : LA VACCINATION PFIZER-BIONTECH SUSPENDUE A MACAO ET HONG KONG
Et fin de l'article :
Selon les autorités, les flacons portant le numéro de lot 210102 présentaient un type d’emballage défectueux. Les communiqués des autorités des deux territoires n’ont pas précisé la nature de ces défauts mais ils soulignent que cela ne présente aucun risque sur le plan de la sécurité sanitaire.
Ainsi, au lieu d'être prudents et d'attendre un peu de voir ce que recouvre concrètement une "information", ces médias s'emparent avidement de la chose et contribuent à diffuser la panique et à déboussoler encore un peu plus la population.
* * * *
Petit rappel sur les vaccins autorisés :
Pfizer / BioNTech : vaccin à ARN messager (ARNm) encapsulé dans un lipide (le véhicule). Deux doses.
Moderna : vaccin à ARN messager encapsulé dans un lipide (le véhicule). Deux doses.
AstraZeneca : vaccin à ADN en inclusion dans un adénovirus de chimpanzé (le véhicule) auquel on a enlevé la capacité de se répliquer. Deux doses.
Janssen (Johnson & Johnson) : vaccin à ADN en inclusion dans un adénovirus humain (le véhicule) auquel on a enlevé la capacité de se répliquer. Une dose.
Et les prochains vaccins (s'ils réussissent leurs essais cliniques et obtiennent leur autorisation de mise sur le marché) :
CureVac : vaccin à ARNm encapsulé dans un lipide (le véhicule). Deux doses.
NovaVax : vaccin à protéine recombinante + un adjuvant pour booster l'immunité. Deux doses.
ValneVa : vaccin à virus inactivé. Deux doses.
Sanofi/GSK : vaccin à protéine recombinante + un adjuvant pour booster l'immunité. Probablement deux doses.
Sanofi/Translate Bio : vaccin à ARNm encapsulé dans un lipide (le véhicule). Probablement deux doses.
Vaccin russe Spoutnik V de l'institut Gamaleïa : vaccin à ADN en inclusion dans un adénovirus humain (le véhicule) auquel on a enlevé la capacité de se répliquer : deux doses, chacune utilisant un adénovirus humain différent pour limiter le risque de destruction du véhicule par le système immunitaire lors de la seconde injection. Astucieux ! Mais l'accès au "marché" d'Europe occidentale ou des Etats-Unis n'est pas garanti... (de même que celui des vaccins chinois et futurs vaccins cubains, vietnamiens ou iraniens)
Vaccins chinois de SinoVac et Sinopharm : vaccins à virus inactivé.
Les vaccins à ARNm, surtout Pfizer/BioNTech qui annonce de grosses augmentations de capacités, seront en mesure d'avoir des volumes suffisants pour que leurs coûts de production baissent considérablement et donc pourront théoriquement sans crainte pour leurs profits alimenter largement les pays pauvres... Mais le feront-ils ? Rien n'est moins sûr.
De même, les vaccins les plus tardifs arriveront à un moment où les pays développés seront largement vaccinés (si tout va bien), et devront en théorie se "contenter" des pays pauvres, mais en pratique ils chercheront plutôt à se repositionner comme 3ème injection (ou 2ème rappel) dans les pays développés à condition d'être parvenus à démontrer une efficacité sur les nouveaux variants du virus.