Là il dénonce la grosse ficelle qu'après avoir encensé les soignants, le gouvernement les voue aux gémonies. Pour être crédible, que Macron et demande l'obligation vaccinale des élus, dit-il en substance.
L'article, en plus d'être rationaliste et lucide sur l'hypocrisie en cours, réclame embauches et prime pour les soignants.
Obligation vaccinale : et les élus ?
Le Président de la République, Emmanuel Macron, doit lundi faire une annonce aux Français. Sujet : la pandémie de Covid-19 et les prochaines mesures à prendre face à la recrudescence des cas de contamination en raison, notamment, du variant Delta, plus contagieux. Alors que l’épidémie a fait plus de 110 000 morts en France, et que l’espoir de la voir se terminer est suspendu à une vaccination massive des populations, à l’échelle de la planète.
Dans l’attente de son allocution, le débat public tourne autour de l’obligation vaccinale pour les soignants. En particulier pour les moins biens payés et les plus au contact des malades d’entre eux, infirmiers et infirmières, aides-soignants, brancardiers. Hier encensés, très peu et mal récompensés de leur dévouement lorsqu’il fallait faire face aux vagues de patients en danger de mort, les voilà, comme le baudet de la fable de Jean de La Fontaine, accusés de tous les maux. La réticence de certains d’entre eux à la vaccination serait le risque numéro-1, la Haute Autorité de Santé et le Conseil Scientifique sur le coronavirus Sars-Cov-2 suggèrent de leur imposer la vaccination sous peine de ne plus pouvoir travailler et gagner, chichement, leur vie.
Justification sanitaire
Alors, le journaliste et citoyen que je suis ose une suggestion au Président de la République. Qu’il annonce, lundi, que tous les élus de la République seront soumis à l’obligation vaccinale, faute de quoi ils seront interdits de réunions publiques, de recevoir le public dans leurs permanences, de serrage de mains sur les marchés. La justification sanitaire de telles mesures est évidente. Par leurs fonctions, ils sont en contacts serrés avec de nombreuses personnes et donc sujets à se faire contaminer, et à répandre le virus. Mais, en outre, ils sont des personnages publics dont la responsabilité est voulue, par la quête du vote de l’électeur citoyen. A cette responsabilité doit donc correspondre… un comportement responsable.
Le message d’une telle obligation serait clair. La République demande aux soignants de protéger leurs patients d’un risque, donc, elle donne l’exemple. Et tout élu qui se déroberait à l’ouvrage de salut public devrait en subir la conséquence infamante par la publicité qui en serait faite (sauf dérogation médicalement justifiée).
Abstention massive
Après avoir annoncé une telle obligation, le Président de la République devrait l’étendre à de nombreuses fonctions professionnelles en contact serré avec le public. Enseignants, commerçants, guichetiers de banques, agents des services publics de transports… la liste est très longue. Ensuite, il pourrait alors demander, poliment, aux soignants de faire de même. Et ajouter que pour se faire pardonner la brutalité avec laquelle ils ont été traités ces dernières années, il va donner une prime de 200 € pour tous les soignants dont les salaires sont inférieurs à 1,5 fois le Smic.
Une telle mesure, loin de contribuer à la démagogie anti-élus – souvent portée par des… candidats aux élections comme ceux du Rassemblement National – serait à l’inverse de nature à en relever la réputation. Donner l’exemple par son comportement, c’est souvent ce que réclament les citoyens à leurs élus. Certains ont déjà répondu à cet appel. Mais pas tous. Certains ont même participé à la campagne anti-vaccins dont le résultat est évident : augmenter le nombre de morts de l’épidémie. Répondre à cet appel serait donc, pour le Président de la République, un bon moyen de répondre à l’abstention massive des dernières élections départementales et régionales.
Sylvestre Huet
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