Rino Della Negra, Footballeur et Partisan

Rino Della Negra, Footballeur et Partisan

Message par Gayraud de Mazars » 08 Jan 2022, 09:36

Salut camarades,

Pour un prix modique à commander sans doute, aussi pour les fans du Red Star !

Rino Della Negra, Footballeur et Partisan
246 pages - 10 €
Cahier iconographique de 24 pages

Les auteurs

Dimitri Manessis est docteur en histoire ; Jean Vigreux est professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bourgogne Franche-Comté.

https://editionslibertalia.com/catalogu ... t-partisan

A paraitre le 3 février 2022 !

Vie, mort et mémoire d’un jeune footballeur
du « groupe Manouchian »
« Vous n’avez réclamé ni la gloire ni les larmes [...]
Vous vous étiez servi simplement de vos armes. »

Sportif exceptionnel brisé à l’âge de 20 ans, alors qu’il venait d’être recruté par le prestigieux club du Red Star, Rino Della Negra n’a jamais pu exprimer tout son talent de footballeur. Réfractaire au STO, membre du groupe Manouchian (FTP-MOI), martyr de la liberté fusillé par les nazis au Mont-Valérien le 21 février 1944, le jeune résistant plaçait les valeurs d’antifascisme et de solidarité au-dessus de tout. Cette étude inédite et fort documentée, par deux historiens du mouvement social, analyse la vie et la mémoire d’une icône du football populaire et du combat émancipateur.

Loin d’une conception surannée de « l’identité nationale », la biographie de Rino Della Negra s’intègre dans l’histoire d’un pays qui a su accueillir l’étranger, se construire grâce aux échanges multiples, et dont les membres des FTP-MOI ont pu écrire l’une des pages les plus lumineuses.


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Footballeur et Partisan
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Re: Rino Della Negra, Footballeur et Partisan

Message par artza » 08 Jan 2022, 11:17

Pour lui rendre hommage l'article du 23 février 44 dans la lutte de classes n°25,"Défense du terrorisme".
artza
 
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Re: Rino Della Negra, Footballeur et Partisan

Message par Gayraud de Mazars » 08 Jan 2022, 15:32

Salut camarades,

Puisque le camarade Artza propose la lecture de "Défense des terroristes", autant le reposter car il est déjà sur le FALO, tant pis, je le remets dans son intégralité avec la source, en hommage aux fusillés, tel Rino Della Negra.

DEFENSE DES TERRORISTES
Lutte de Classes n°25
Organe du Groupe Communiste (IVe Internationale)
25 Février 1944

http://unioncommuniste.free.fr/annee-pa ... 250244.pdf

Vingt-quatre "terroristes" sélectionnés viennent d'être livrés à la publicité par la Gestapo, pour dégoûter de l'armée clandestine qui lutte contre l'impérialisme allemand, la "bonne société" et les petits-bourgeois conformistes. Regardez-les, disent les scribes de la Gestapo, ces faces "rusées et cruelles" de Juifs, de Polonais, d'Italiens, d'Espagnols communistes : ces gens prétendent juger du destin de la France !

Certes, d'après les prostitués de la presse bourgeoise ce sont les Doriot et les Goering aux faces bouffies, et tous les engraissés du régime de terreur bourgeois qui doivent décider du sort de la France...

Regardons-les bien, travailleurs : ces visages que le photographe et les commentaires des affiches veulent nous empêcher de voir sont des visages d'opprimés, des visages de travailleurs : ils sont notre propre visage. Comment ces têtes d'opprimés et d'exploités de plusieurs pays qui luttent à mort contre le régime capitaliste d'exploitation et de misère, ne feraient-elles pas écumer de rage les bourgeois gavés au marché noir et vautrés
dans les bras de prostituées qu'ils entretiennent avec le sang et la sueur des ouvriers ?

Regardons-les bien, camarades, ces têtes énergiques de jeunes qui bravent à leur "procès" les canailles galonnées chargées de les faire fusiller : leur courage doit servir d'exemple à tous les jeunes, à notre époque de guerres impérialistes et de guerres civiles.

"Ils ont des dizaines de crimes sur la conscience", profèrent leurs bourreaux, experts dans l'assassinat de milliers d'hommes en un seul jour, en une seule bataille...

"Ils ont suivi l'école du crime", clament les professeurs qui enseignent l'"art" de la tuerie à des milliers de jeunes de 16 ans arrachés à leurs familles contre leur gré...

"Ils ne sont pas la France", affirment les tortionnaires du peuple français qui n'ont pas assez de leur milice, de leur police, de leur garde-mobile, des bandes fascistes et des troupes d'occupation spéciales pour venir à bout des dizaines de milliers de réfractaires à la déportation et au travail pour la guerre impérialiste, et qui se gardent bien de publier les listes des jeunes gens qu'ils abattent par dizaines tous les jours.

"Ce sont des bandits", écrivent les journaux à solde, en exposant certains cas particulièrement suspects. Mais si l'activité de véritables bandits, parmi lesquels il ne faut pas oublier des bandits de la milice, de Doriot et de Déat, se poursuit impunément, n'est-ce pas là le résultat de l'anarchie croissante dans laquelle le capitalisme et la guerre ont jeté la société ?

LA CLASSE OUVRIERE EST RESOLUMENT POUR CEUX QUI ONT PRIS LES ARMES CONTRE LES BOURREAUX FRANCAIS ET ALLEMANDS QUI MARTYRISENT LES PEUPLES ; ELLE ACCUEILLE AVEC MEPRIS LES MANŒUVRES DE DIVERSION DE LA BOURGEOISIE.

Mais la classe ouvrière est inquiète ; elle ne comprend pas pourquoi des militants qui autrefois combattaient sans compromis la bourgeoisie de tous les pays, mènent actuellement leur lutte sous le drapeau tricolore et au bénéfice des armées de Washington, de Londres et d'Alger. Les ouvriers savent qu'ils n'ont rien à attendre d'une victoire d'armées capitalistes qui ne feraient que relever les armées allemandes dans leur rôle de gardes-chiourme pour maintenir le capitalisme. Ils savent que Roosevelt en Amérique et Churchill en Angleterre prennent contre la classe ouvrière les mêmes mesures que Hitler en Allemagne.

LE PROLETARIAT CHERCHE DES MILITANTS ET UN PARTI QUI LUTTENT DIRECTEMENT POUR SES INTERETS, pour son relèvement économique et culturel, pour ses conquêtes de juin 1936, conquêtes qui sont également odieuses et qui rencontreraient la même résistance de la part de tout gouvernement capitaliste, totalitaire ou parlementaire.

Servir la classe ouvrière, c'est lutter pour les Etats-Unis socialistes d'Europe, pour la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile pour le socialisme. Lutter pour le triomphe de soi-disant démocraties sur le fascisme, c'est renouveler la trahison de 1914 quand les partis socialistes de l'Entente se mirent du côté de leur bourgeoisie sous prétexte de vaincre le militarisme.

De même que la grande majorité des ouvriers socialistes comprirent la trahison de leurs chefs et passèrent à la IIIème Internationale de Lénine et de Trotsky pour accomplir leur devoir de classe, de même la grande majorité des ouvriers communistes doit cesser de s'accrocher aux restes pourris de ce qui fut autrefois la IIIème Internationale pour lutter avec les militants de la IVème Internationale, PARTI MONDIAL DE LA REVOLUTION SOCIALISTE.

Les militants combattants du PC restés fidèles à leur classe doivent se convaincre que le réveil de la classe ouvrière, par l'activité croissante de ses éléments les plus avancés et l'assaut de celle-ci contre le régime capitaliste, n'ont rien de commun avec la lutte sous le commandement des officiers réactionnaires de De Gaulle.

La IVème Internationale appelle les meilleurs militants de la classe ouvrière à serrer leurs rangs autour du drapeau rouge communiste, qui triomphera envers et contre tous de la barbarie capitaliste et de la guerre !


Fraternellement,
GdM
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Re: Rino Della Negra, Footballeur et Partisan

Message par Gayraud de Mazars » 11 Fév 2022, 08:12

Salut camarades,

Dimitri Manessis, Jean Vigreux, Rino Della Negra. Footballeur et partisan, Montreuil, Éditions Libertalia, édition poche, 2022, 242 pages, 10 €.
Un compte rendu de Christian Beuvain et Morgan Poggioli

https://dissidences.hypotheses.org/14816

Jean Vigreux1 et Dimitri Manessis2, deux historiens du communisme (le premier étant directeur de thèse du second) nous livrent ici une biographie de Rino Della Negra, jeune footballeur prodige et résistant des Francs-tireurs et partisans-Main-d’oeuvre immigrée (FTP-MOI), fusillé par les nazis le 21 février 1944 au Mont Valérien avec ses camarades du groupe Manouchian, devenus pour l’Histoire ceux de l’Affiche rouge. L’ouvrage, articulé autour de quatre chapitres, retrace le parcours de ce fils d’immigré italien, de son enfance à sa mort survenue à l’âge de 20 ans seulement.

Basé sur un important travail d’archives, tant publiques que privées, et sur des entretiens (dont ceux avec la belle-sœur de Rino Della Negra par exemple), cette « biographie renouvelée » (p.12) met d’abord en lumière l’ancrage local politique et social de la ville communiste (depuis 1935) d’Argenteuil – 70 000 habitants dans les années trente – et de sa « petite Italie ». Ce quartier de Mazzagrande, dans lequel Rino Della Negra grandit, regroupe les quelques 3 000 Italiens, majoritairement ouvriers, dont de nombreux antifascistes exilés. Si on ne lui connait aucun engagement dans quelque organisation politique avant-guerre, il n’en reste pas moins que sa condition d’ouvrier, son amitié avec plusieurs combattants des Brigades internationales partis en Espagne font de Rino un jeune français (naturalisé en 1938) d’origine italienne, marqué par la culture du Front populaire et une sociabilité antifasciste, forcément très palpable à Mazzagrande, véritable « cadre de politisation » (p. 20). Son premier « engagement », avant celui de la Résistance, réside dans le sport et le football en particulier, où sa maîtrise technique, comme ailier droit, lui permet de se faire remarquer par la presse sportive et par différents clubs populaires/ouvriers adhérents de la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT)3, jusqu’à se faire recruter par le Red Star.

C’est presque simultanément que Rino entre dans la clandestinité pour échapper au Service du travail obligatoire (STO), établi par le régime de Vichy par la loi du 16 février 1943. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, on apprend que Rino continuait à jouer officiellement sous son vrai nom au football alors qu’il était réfractaire au STO et menait des actions armées avec une fausse carte d’identité. Mais comment passe-t-on « de la clandestinité à la lutte armée ? » (p. 49), comment entrer en contact avec les FTP ? A ces questions essentielles, les auteurs n’apportent, pour le cas de Rino Della Negra, que des hypothèses. A savoir le rôle de « passeur » joué soit par d’anciens joueurs de football devenus eux-mêmes cadres FTP, par l’intermédiaire d’ex- des Brigades internationales ou par ses amis arméniens. Quoiqu’il en soit, une des nouveautés de l’ouvrage réside dans le renouvellement de nos connaissances sur les actions armées auxquelles Rino Della Negra a participé. Jusqu’ici limitées à trois ou quatre, elles se révèlent en fait plus nombreuses que l’on ne le pensait (quinze) car il a appartenu, sous le pseudonyme de Gilbert Royer, aux FTP d’Argenteuil, très actifs, avant d’être recruté par le 3e détachement italien des FTP-MOI, où, sous le nom de code Robin, il devient « un élément moteur » (p. 71). Sa chute, le 12 novembre 1943, est d’autant plus dramatique (il est blessé et arrêté lors d’une attaque de convoyeurs de fonds allemands) qu’à la différence des principaux membres des FTP-MOI de la région parisienne, lui était encore inconnu des policiers des tristement célèbres Brigades Spéciales. Celles-ci, qui mobilisaient depuis un mois deux cents inspecteurs affectés à la traque du « groupe Manouchian », ne l’avaient (toujours) pas repéré et encore moins « filé ». Cette traque permit d’abord l’arrestation du commissaire politique Joseph Dawidowitz, qui, outre le fait qu’il parla sous la torture, gardait dans sa planque, erreur incroyable et fatale, une liste d’effectifs des différents détachements (p. 77), puis ensuite, de filatures en recoupements4, permit d’arrêter presque tous les combattants, dont leurs chefs, Missak Manouchian et Joseph Epstein.

Vient ensuite le procès, du 15 au 18 février 1943, celui des vingt-quatre combattants, dont huit du 3e détachement italien, de l’Affiche rouge, à huis-clos, devant une cour martiale allemande de quatre membres, dont le Sturmbannführer SS Eckardt, qui a déjà de très nombreuses condamnations à morts de résistants, et qui reprendra son métier de juge en Allemagne fédérale après deux petites années de « dénazification » (p. 99)… Organisé par les nazis à grand renfort de propagande pour discréditer toute la Résistance, la pièce maitresse du procès est la fameuse affiche où Rino Della Negra ne figure pas. Les auteurs émettent plusieurs hypothèses sur son absence : soit sa beauté et son physique de sportif ne correspondaient pas aux « attendus » allemands sur les « tueurs judéo-bolcheviques apatrides » (p. 126), soit son passage à l’hôpital (pour soigner ses blessures) le « prive » de l’identification judicaire, à moins qu’à cause de son incarcération au Cherche midi, il n’ait pu figurer sur les photos du groupe, prises elles à Fresnes.

Rino Della Negra n’en est pas moins fusillé comme ses camarades, le 21 février 1944, au Mont Valérien et ses deux dernières lettres laissent à voir un jeune homme très attaché à sa famille, ses amis et ses coéquipiers de football (ceux d’Argenteuil et du Red Star). Il laisse aussi transparaître sa jeunesse (malgré les circonstances dramatiques) en invitant ses amis à « se prendre une cuite » en pensant à lui. Ce passage est d’ailleurs retiré des publications postérieures du PCF consacrées à l’Affiche rouge et à Rino Della Negra : occultation d’une vision trop « triviale » de personnages héroïsés ?

L’Humanité, 25 février 1945, page 2, encart annonçant l’hommage qui sera rendu au groupe « Manouchian-Boczov », au cimetière d’Ivry.
La perpétuation de son souvenir « se fond en grande partie dans le processus mémoriel des FTP-MOI » (p. 131) et suit les aléas politiques d’après-guerre jusqu’à nos jours – en particulier sous le surplomb des « logiques et enjeux de la guerre froide » (p. 143) – au même titre que tous ceux l’Affiche rouge, aussi bien au niveau local (Argenteuil, Vimy) que national. Et si Manouchian demeure le plus connu des résistants de la MOI, Rino Della Negra bénéficie depuis le début des années 2000 d’une ferveur originale, celle des supporters du Red Star. La tribune principale du stade Bauer (nom d’un médecin communiste et résistant) s’appelle en effet la tribune Rino Della Negra. Le tifo « Bauer Resistance » comprend le portrait de Rino et chaque année, les supporters participent à la commémoration de son exécution. Les auteurs abordent également la question de la représentation de cette histoire, dans le roman (Didier Daeninckx, Missak, 2009), bien que de façon trop succincte, et le cinéma, avec une place conséquente accordée au film de Frank Cassenti, L’Affiche rouge (1976) – ou le personnage de Rino Della Negra est interprété par Bruno La Brasca – mais un silence étonnant sur celui de Robert Guédiguian, L’Armée du crime (2009), à moins que l’absence dans le scénario de Rino Della Negra n’explique cet « oubli »5.

L’ouvrage se conclut par une bibliographie fournie6, ainsi qu’un recueil de photos et d’archives permettant de mesurer la pratique intensive du sport de Rino Della Negra et les derniers moments de sa vie (archives de police et lettres d’adieu). Regrettons pourtant l’absence d’index. D’une lecture facile, ce récit en format poche se dévore littéralement. Ce format court présente néanmoins une limite, les auteurs passant parfois un peu vite sur certains éléments. Ainsi, on aurait aimé en savoir davantage sur ses amis partis en Espagne, en particulier sur Tonino Simonazzi que l’on retrouve sur plusieurs photos ; ce qui aurait renforcé la thèse des auteurs selon laquelle Rino Della Negra, non encarté, n’en est pas pour autant apolitique. A propos de la défense de Rino à son procès – qui dit être entré aux FTP pour échapper au STO et continuer à jouer au foot – défense reprise à l’envi par la presse collaborationniste, les auteurs auraient sans doute pu/dû expliciter cette « stratégie ». En effet (et cela est vrai pour le procès de l’Affiche rouge comme pour d’autres procès de résistants), si certains accusés assument pleinement leurs actes – à l’instar de Marcel Rayman – d’autres les minimisent espérant échapper à la mort même s’ils savent très bien depuis les Procès du Palais Bourbon7 et de la Chimie8 qu’ils ont peu de chance de bénéficier de la clémence d’une cour martiale allemande.

Pour conclure, Rino Della Negra. Footballeur et partisan est un ouvrage passionnant qui propose une nouvelle biographie de ce jeune résistant, mais n’oublie pas de rappeler, au fil de cette enquête au cœur des archives, des souvenirs et de la mémoire, que la pratique historienne doit éviter les écueils d’une « dérive néopositiviste » ou d’une « démarche monolithique », au détriment de la complexité et de questions non (encore) résolues.

1https://dissidences.hypotheses.org/13963 et https://dissidences.hypotheses.org/13961
2https://dissidences.hypotheses.org/13954
3La FSGT est créée, dans la dynamique du Front populaire, lors d’un congrès (23/24 décembre 1934) réunissant les organisations socialistes et communistes du sport ouvrier. Lire Nicolas Ksiss, Hervé Brezot, La FSGT du sport rouge au sport populaire, Paris, La Ville brûle, 2014.
4Romain Slocombe, dans son roman policier extrêmement bien documenté, La Gestapo Sadorski (Points-Seuil, 2021), consacré principalement à cette traque aux détachements parisiens de la FTP-MOI à l’automne 1943 (après l’exécution du colonel SS Julius Ritter, responsable du STO, le 28 septembre), a bien saisi le travail de ces policiers collaborateurs : « L’inspecteur (…) sort son stylo et une enveloppe, se met à dessiner sur celle-ci des cercles, des triangles, des noms et prénoms, des flèches reliant les uns aux autres et surtout beaucoup de points d’interrogation. » (p. 255). Rino Della Negra apparaît lors d’une action (p. 381), puis sous son pseudonyme de Robin, dans la dénonciation de Dawidowitz (p. 385) et lors de l’attaque du convoyeur de fonds (p. 472).
5Lors de la sortie du film, Jean Vigreux fait une recension de L’Armée du crime dans Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n° 106, 2010/2, p. 252-254.
6A laquelle on rajoutera cependant les souvenirs d’un responsable FTP-MOI, Louis Gronowski-Brunot, Le Dernier grand soir. Un Juif de Pologne, Paris, Seuil, 1980.
7Eric Alary, Un procès sous l’Occupation au Palais Bourbon : mars 1942, Paris, La Documentation française, 2000.
8André Kirschen, Le procès de la Chimie, Paris, L’Harmattan, 2003.


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Re: Rino Della Negra, Footballeur et Partisan

Message par Gayraud de Mazars » 11 Fév 2022, 08:25

Salut camarades,

Bon article du Canard Enchainé !

Canard Enchainé 9 février 2022jpg.jpg
Rino Della Negra
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Re: Rino Della Negra, Footballeur et Partisan

Message par Gayraud de Mazars » 18 Fév 2022, 10:53

Salut camarades,

"Une étoile rouge ne meurt jamais" ! L'événement de cette fin de semaine c'est l'hommage à Rino Della Negra ! Rendez-vous ce samedi 19 février 2022 dès 14h au stade Bauer pour la présentation du livre de Dimitri Manessis et Jean Vigreux, avec les auteurs de Rino Della Negra, footballeur et partisan !

Rino Della Negra, footballeur et partisan
Commémoration - Le jeune espoir du Red Star Football Club s’engage au sein de la Résistance, aux FTP-MOI. Arrêté lors d’une opération armée, il est fusillé le 21 février 1944 aux côtés de Manouchian et de ses camarades de l’Affiche rouge.
Publié le Vendredi 18 Février 2022 dans L'Humanité

https://www.humanite.fr/histoire/ftp-mo ... san-738826

Rino Della Negra.jpg
Footballeur et Partisan !
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Membre de plusieurs clubs omnisports de la banlieue parisienne, cet ouvrier métallurgiste va finalement jeter son dévolu sur le ballon rond. Archives de la famille Della Negra

Au matin du 21 février 1944, parmi les Francs-tireurs et partisans de la main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) qui s’écroulent au fort du Mont-Valérien sous les balles allemandes se trouve un footballeur : Rino Della Negra. C’est un jeune homme de 20 ans qui tombe aux côtés de ses camarades de la désormais fameuse Affiche rouge.

Aujourd’hui, le nom de Rino Della Negra s’arbore, se scande et se chante dans le stade Bauer, antre du Red Star FC. Le jeune partisan fut un footballeur de talent, et l’un des espoirs de ce club historique de la région parisienne. À partir d’archives nouvelles et variées, l’enquête biographique, mais aussi sociopolitique permet de retracer l’histoire d’un jeune d’origine italienne marqué par le Front populaire et la guerre.

Rino est né dans le Nord, à Vimy, en 1923. La famille Della Negra, originaire du Frioul, en Italie, se déplace au gré des embauches du père, briquetier. C’est à Argenteuil qu’ils se fixent finalement. Cet environnement participe à la formation et la socialisation du jeune Rino. Par ses amis, d’abord. Il se lie d’une forte amitié avec la famille Simonazzi, par exemple, qui est attachée au Parti communiste. Car les affinités communautaires sont aussi politiques et l’antifascisme structure le milieu des émigrés italiens.

Ce grand sportif va se révéler un combattant de choc

Parmi ses proches, plusieurs s’engagent dans les Brigades internationales, ce corps de volontaires étrangers venus au secours de la République espagnole, attaquée par un soulèvement militaire que soutiennent l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. C’est l’engagement « à la vie à la mort » de jeunes gens désireux de rendre les coups infligés en Italie. Par le sport, ensuite. Car ce jeune ouvrier métallurgiste est surtout un grand sportif. Membre de plusieurs clubs omnisports de la banlieue parisienne, athlète, il court le 100 mètres en 11 secondes 49. Mais c’est le football qui a sa préférence. Il fait la fierté de plusieurs clubs, que ce soit dans le sport d’entreprise, avec l’équipe des usines Chausson, où il travaille, ou au sein de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT). Au mois de janvier 1943, Rino est réquisitionné pour le service du travail obligatoire (STO).
Réfractaire, il va alors plonger dans la clandestinité. C’est là qu’il entre en contact avec la Résistance. Rejoignant d’abord les FTP de la région parisienne, il intègre ensuite le « 3e détachement italien » des FTP-MOI. S’ensuivent des mois d’une rare intensité où Rino va se révéler comme un combattant de choc. S’attaquant aux troupes allemandes aussi bien qu’aux éléments collaborationnistes, français ou italiens, le jeune résistant participe, aux côtés de ses camarades, à plus d’une quinzaine d’actions armées. Et c’est justement au cours de cette période que, sous son vrai nom, il est repéré puis recruté par le Red Star ! Équipe reléguée au statut d’amateur, certes, puisque les clubs « pros » ont été démantelés par la politique sportive vichyste, mais ô combien prestigieuse.

Les travées de bauer font vivre son souvenir

Mais la traque impitoyable des brigades spéciales de la police française fait que l’étau se resserre autour des FTP-MOI de la région parisienne. Le 12 novembre 1943, c’est la chute. Rino Della Negra et sept de ses camarades attaquent un transport de fonds allemand. Bien vite les combattants se retrouvent pris au piège. La police est partout, et la fusillade éclate. Rino tente de s’échapper, mais, blessé par des tirs, il s’effondre. Fait prisonnier, il est transporté à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière puis « interrogé » par la police française, puis par la SS. La suite est tristement connue : c’est la parodie de procès du groupe de résistants conduits par Missak Manouchian dit de « l’Affiche rouge », du nom de cet objet de propagande nazie visant à détourner la population française d’éléments étrangers « criminels ». Détourné de son but initial, il devint un des symboles de la Résistance.
Dès la Libération, le PCF et les organisations de sa « galaxie » célèbrent et perpétuent la ­mémoire des membres du « groupe Manouchian » et des FTP-MOI. Les années suivantes voient la mémoire de Rino se localiser, d’abord à Argenteuil, puis à Saint-Ouen. Au début des années 2000, les efforts conjugués d’un historien, Claude Dewaele, et des supporteurs du Red Star font revenir le souvenir du jeune espoir dans les tribunes du club mythique. Le 22 février 2004, une plaque rendant hommage à Rino Della Negra est apposée au stade Bauer. À partir de cette date, la commémoration du combattant de l’ombre est devenue un élément annuel incontournable des supporters de l’étoile rouge. La tribune Première Est du stade Bauer est désormais communément appelée « tribune Rino Della Negra ». Tifos, écharpes, tee-shirts et autocollants mettent régulièrement en valeur l’ancien espoir, faisant vivre au présent la mémoire et les valeurs du footballeur partisan.

Dimitri Manessis et Jean Vigreux auteurs de Rino Della Negra, footballeur et partisan, Libertalia, 239 pages, 10 euros


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Re: Rino Della Negra, Footballeur et Partisan

Message par Gayraud de Mazars » 01 Mars 2022, 18:37

Salut camarades,

Rino en pleine lucarne !
Publié par Ville de Tremblay, le 1 mars 2022

https://tremblay-contact.fr/2022/03/01/ ... e-lucarne/

Rino-della-negra-7-1024x576.jpg
D. Manessis et l'écharpe Rino du Red Star !
Rino-della-negra-7-1024x576.jpg (80.61 Kio) Consulté 1416 fois


"Une conférence autour du livre Rino Della Negra, Footballeur et partisan par l’un de ses coauteurs – Dimitri Manessis – s’est tenue jeudi 24 février à la Maison des sports. Soit l’évocation d’un ailier droit du Red Star de Saint-Ouen, membre du Groupe Manouchian devenu une icône de la Résistance après son exécution par les nazis à l’âge de 20 ans… Un vrai moment d’éducation populaire partagé avec les jeunes du Tremblay Football Club !" [...]

Fraternellement,
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Re: Rino Della Negra, Footballeur et Partisan

Message par artza » 01 Mars 2022, 19:18

Petit rappel, le Red star n'est en rien un club d'origine ouvrière.

A sa fondation fin 19ème, l'étoile rouge n'existait pas.

Basé à St-Ouen son public était plus populaire que le Racing au Parc des princes, on suppose.

La régénération du mouvement ouvrier passera-t-elle par le supportage du Red star ?
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Re: Rino Della Negra, Footballeur et Partisan

Message par com_71 » 01 Mars 2022, 21:42

Ça ne me rajeunit pas, des deux seuls matchs de foot auxquels j'ai assisté, l'un était avec le Red Star, entraîné par Jean Prouff, donc en 58 ou 59. (L'autre était le match de Coupe de France à Colombes, Havre Athlétic Club - FC Sochaux-Montbéliard, le 3 mai 1959.)
C'était la rubrique nostalgie...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Rino Della Negra, Footballeur et Partisan

Message par artza » 14 Mars 2022, 08:46

Finalement ce petit livre ne nous apprend pas grand chose sur Della Negra .
A commencé par rien de "politique".

Une enfance en banlieue parisienne dans une famille ouvrière venue d'Italie .

Ce qui est montré par contre c'est la présence d'un parti communiste et d'orga. de toutes sortes entre autre sportives et de jeunes qu'il anime et influence, souvent plus humainement que politiquement.
C'est dans ce milieu chaleureux , populaire, sympathique qu'évolue le jeune Della Negra jusqu'à la déclaration de guerre ...

Réfractaire au STO il rejoindra les FTP-MOI ...

Le bouquin nous en apprend beaucoup plus sur les auteurs que sur leur héros.

Intéressant à la marge la comparaison du résultat, le bilan des actions terroristes relaté dans des rapports de police française ou allemande et les rapports de la résistance.
En gros deux blessés légers peuvent devenir deux morts.
artza
 
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Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

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