La guerre en Ukraine

Dans le monde...

Re: Crise ukrainienne

Message par com_71 » 22 Mars 2022, 23:19

Démission d'une journaliste russe en poste à Paris :
https://fr.news.yahoo.com/russie-journa ... 24316.html

"...vous condamnez un grand pays, où habitent 140 millions d'habitants, à la pauvreté et à la destruction. Oui, nous savons qui est à blâmer pour cela, mais l'Occident a aussi sa part de responsabilité."
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Crise ukrainienne

Message par Kéox2 » 23 Mars 2022, 22:39

"Le prologue d’une guerre généralisée ?"... Un article signé Georges Kaldy dans la LO du 24 mars 2022.
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Re: Crise ukrainienne

Message par com_71 » 24 Mars 2022, 10:35

Un article du Monde, du 23/03/2022, peu suspect de partialité anti-ukrainienne, sur le régiment Azov :
Qui sont les soldats du régiment Azov, accusés d’être les « néonazis » de l’armée ukrainienne ?

Des photos des membres de ce groupe militaire sont très partagées dans le but de montrer que l’armée ukrainienne est « infestée de néonazis ». Ils sont pourtant peu représentatifs des forces armées du pays.

Par Romain Geoffroy

C’est devenu un argument majeur des prorusses pour défendre la guerre en Ukraine : l’armée de Kiev serait infestée de néonazis. Alors que le président russe, Vladimir Poutine, a justifié son invasion par une volonté de « dénazification » de l’Ukraine, de nombreux internautes partagent ces dernières semaines des photos de soldats ukrainiens avec des symboles nazis : ceux du régiment Azov. Ils affirment que, en soutenant l’Ukraine militairement, les pays occidentaux armeraient ainsi des ultranationalistes.

Quelles sont les origines de ce régiment Azov qui se bat aujourd’hui contre l’invasion russe dans plusieurs villes du pays ? Quels sont ses liens avec le reste des forces armées ukrainiennes ? Les soldats qui le composent doivent-ils tous êtres étiquetés « néonazis » ?

A l’origine, un bataillon de volontaires néonazis pour combattre les prorusses du Donbass

Quand la guerre éclate dans le Donbass en avril 2014, l’armée ukrainienne est désorganisée et le gouvernement craint de perdre le contrôle de ce territoire au profit de la Russie, comme ce fut le cas le mois précédent en Crimée. Pour contrer les séparatistes prorusses, le gouvernement autorise des bataillons de volontaires indépendants de l’armée à combattre. Plusieurs formations armées d’extrême droite apparaissent.

Parmi elles, on trouve le « Corps noir », qui prendra rapidement le nom de « bataillon Azov » en référence à la mer qui borde la Crimée et le sud-est de l’Ukraine. Il s’agit d’une unité d’une centaine de volontaires aux idées nationalistes et néonazies, dont certains sont « issus du hooliganisme et du paramilitaire », explique Adrien Nonjon, chercheur à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), spécialiste de l’extrême droite et du nationalisme ukrainien.

Originaire de Kharkiv, le fondateur du bataillon, Andreï Biletski, dirige alors le parti xénophobe, antisémite et raciste Assemblée sociale-nationale (SNA). Azov va utiliser la même symbolique inspirée du nazisme que celle du SNA. Son emblème, un wolfsangel (« crochet de loup ») inversé, rappelle beaucoup l’emblème de la 2e division allemande SS « Das Reich ». Autre symbole du mysticisme nazi, un « soleil noir » représentant un svastika arrondi à plusieurs rayons est aussi incorporé un temps sur le logo du bataillon.

Sur Internet, les références assumées au IIIe Reich par certains membres du groupe sont documentées. Des photos sont régulièrement partagées par des militants prorusses souhaitant décrédibiliser l’armée ukrainienne, comme celle – remontant au moins à 2017 – où un homme pose, Kalachnikov au bras, devant plusieurs drapeaux, dont un d’Azov et un nazi aux couleurs ukrainiennes. Une autre, remontant au moins à 2015 selon Libération, montre un groupe d’hommes en pantalon treillis autour d’un portrait d’Adolf Hitler, dont l’un est vêtu d’un tee-shirt Azov.

En juin 2014, les hommes du bataillon Azov participent au combat qui permet aux forces ukrainiennes de reprendre le contrôle de Marioupol, la grande ville portuaire de l’oblast de Donetsk, dans l’est du pays. Cette victoire contre les séparatistes prorusses appuyés par Moscou forge d’eux une image héroïque aux yeux de la population ukrainienne.

Un régiment de la garde nationale depuis novembre 2014

L’accord de Minsk I, en septembre 2014, prévoit notamment de « procéder au retrait du territoire ukrainien des formations armées et du matériel militaire illicites, ainsi que des combattants irréguliers et des mercenaires ».

Les bataillons ont alors le choix entre rejoindre la garde nationale ukrainienne ou se dissoudre. En novembre 2014, le bataillon Azov devient officiellement un régiment de la garde nationale, sous la tutelle du ministère de l’intérieur ukrainien.

« Cela leur a permis de se légitimer, de recruter plus largement et d’obtenir des armes modernes. C’est devenu une unité d’élite de la garde nationale », retrace Adrien Nonjon. Des Ukrainiens sont séduits, des combattants étrangers (des Géorgiens, des Russes, des Biélorusses et même quelques Français) viennent grossir les rangs d’un régiment qui passe d’une centaine de soldats à sa création à près de 2 500 à la fin de 2017, selon une enquête du magazine allemand Spiegel. Ses soldats sont réputés durs, et certains crimes de guerre dans le Donbass (tortures, viols) leur ont été attribués en 2016 par des rapports des Nations unies ainsi que d’Amnesty International et Human Rights Watch.

De nombreux volontaires s’engagent dans le régiment Azov sans pour autant être militants d’extrême droite. « [Le] rejoindre (…) n’était qu’un moyen de se battre pour leur pays de la façon qu’ils jugeaient la plus efficace, écrivait, en 2016, Viatcheslav Likhatchev, historien et expert en sciences politiques, dans une note de l’Institut français des relations internationales. Cependant, toutes les nouvelles recrues étaient endoctrinées aux idées d’extrême droite, souvent xénophobes. »

Pour Michael Colborne, chercheur et journaliste pour le site d’enquête Bellingcat et auteur d’un livre publié en 2022 (en anglais) sur « le mouvement Azov », seule une minorité des soldats du régiment sont aujourd’hui portés par des idées d’extrême droite ou néonazies. En 2015, un porte-parole de la brigade, Andriy Diachenko, affirmait au site du quotidien américain USA Today que « seuls 10 % à 20 % des membres du groupe [étaient] nazis ».

Cette minorité constitue le noyau du régiment et continue ses provocations à la haine raciale, comme récemment lorsque des soldats se sont filmés enduisant de graisse de porc leurs balles destinées aux militaires tchétchènes musulmans qui aident la Russie.

Malgré cela, « ce n’est pas une milice qui peut faire tout ce qu’elle veut, rappelle Michael Colborne. Elle n’est pas indépendante et doit répondre aux ordres de l’Etat ukrainien ». Comme le souligne Adrien Nonjon, « l’objet de leur intégration au sein de la garde nationale a été justement d’empêcher que ces bataillons se retournent contre l’Etat ».

Un parti d’extrême droite fondé avec des vétérans du régiment Azov

Le fondateur du régiment, le suprémaciste blanc Andreï Biletski, tente d’exploiter la popularité d’Azov sur le terrain politique. Aux élections législatives de 2014, il décroche un siège de député.

En 2016, il fonde le parti d’extrême droite Corps national avec des vétérans du régiment. « C’est un mouvement national révolutionnaire d’extrême droite prônant une troisième voie, estimant que l’Ukraine ne doit se ranger ni du côté de l’Eurasie, ni [du côté] de l’Occident, décrit Adrien Nonjon. Il met en avant un nationalisme soldatique selon lequel la guerre est le meilleur moyen pour que la nation parachève sa solidification. »

Dans son article de 2016, l’historien ukrainien Viatcheslav Likhatchev écrivait : « Azov est l’exemple le plus éclatant de la légalisation, voire de l’héroïsation, de l’ultranationalisme dans le discours public ukrainien. »

En 2017, des proches de Corps national et des vétérans du régiment Azov ont également créé une « milice nationale », qui veut « lutter contre la criminalité de rue, le trafic de drogue et l’alcoolisme public, selon un article du Guardian.

Une extrême droite quasi inexistante aux élections

Mais tous ces efforts pour transformer la popularité d’un régiment en bulletins de vote semblent avoir échoué. Lors des législatives de 2019, Andreï Biletski perd son mandat de député. L’alliance entre les partis ultranationalistes Svoboda, Secteur droit et Corps national n’obtient que 2 % des voix.

« Azov a grandi trop vite pour se constituer une base solide, estime Adrien Nonjon. Le milieu nationaliste ukrainien est extrêmement divisé et Corps national n’a pas su adapter son programme aux problèmes des Ukrainiens. Du fait de la menace russe, on peut aussi considérer que tous les partis ukrainiens sont aujourd’hui nationalistes, pour la défense de leur nation. »

Bien que la galaxie constituée autour d’Azov ait connu un échec dans les urnes, Michael Colborne souligne que des ultranationalistes comme Andreï Biletski ont réussi à s’intégrer et à être normalisés dans le paysage politique ukrainien. De par sa grande liberté de parole et sa capacité à multiplier ses branches (militaire, politique…), Azov a également bénéficié d’une forte popularité au sein des mouvements d’ultradroite occidentaux. Des néonazis américains, norvégiens et même français se sont ainsi rendus en Ukraine pour rencontrer ses membres.

Un régiment qui représente moins de 2 % des forces armées ukrainiennes

Difficile de dire précisément combien de personnes compte actuellement le régiment Azov. Michael Colborne estimait ce chiffre à 2 000 avant la guerre avec la Russie. Adrien Nonjon avance plutôt un chiffre situé entre 3 000 et 5 000 membres (avec les réservistes).

Le conflit en cours rend l’évaluation beaucoup plus difficile en raison des recrutements massifs auprès de la population. De plus, « l’Etat ukrainien et le régiment entretiennent délibérément le flou sur les effectifs exacts car il s’agit d’une information militaire hautement stratégique », rappelle le chercheur de l’Inalco.

Selon l’International Institute for Strategic Studies, l’Ukraine comptait au total, au début de cette année, 196 000 soldats et 60 000 membres de la garde nationale. Le régiment ne représenterait donc pas plus de 2 % des forces armées du pays.


https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/ar ... 55770.html
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Re: Crise ukrainienne

Message par com_71 » 26 Mars 2022, 00:02

Les forces de la liberté et de la démocratie en action :
https://www.amusingplanet.com/2016/05/t ... death.html
Traduction automatique du texte :
L'autoroute de la mort

Il y a vingt-cinq ans, l'un des massacres les plus brutaux de l'histoire de la guerre s'est produit en Irak, le long de l'autoroute 80, à environ 32 km à l'ouest de la ville de Koweït. Dans la nuit du 26 au 27 février 1991, des milliers de soldats et de civils irakiens se retiraient à Bagdad, après l'annonce d'un cessez-le-feu, lorsque le président George Bush a ordonné à ses forces de massacrer l'armée irakienne en retraite. Les avions de combat des forces de la coalition ont foncé sur le convoi non armé et ont désactivé les véhicules à l'avant et à l'arrière, de sorte qu'ils ne pouvaient pas s'échapper. Puis, vague après vague, des avions ont pilonné les véhicules piégés pendant des heures. Une fois le carnage terminé, quelque 2 000 véhicules irakiens mutilés et les corps calcinés et démembrés de dizaines de milliers de soldats irakiens gisaient sur des kilomètres le long de ce que l'on a appelé « l'autoroute de la mort ». Plusieurs centaines d'autres jonchent le long d'une autre route, l'autoroute 8, qui mène à Bassorah. Les scènes de dévastation sur ces deux routes sont devenues certaines des images les plus reconnaissables de la guerre du Golfe.

La veille, Bagdad avait fait annoncer à la radio que le ministre irakien des Affaires étrangères avait accepté la proposition de cessez-le-feu soviétique et avait ordonné à toutes les troupes irakiennes de se retirer du Koweït conformément à la résolution 660 de l'ONU. Le président Bush avait cependant refusé d'y croire et avait répondu que « il n'y avait aucune preuve suggérant que l'armée irakienne se retire. En fait, les unités irakiennes continuent de se battre... Nous continuons à poursuivre la guerre.

Le lendemain, le président irakien avait lui-même annoncé à la radio que le retrait avait bien commencé sur deux autoroutes et s'achèverait ce jour-là, ce à quoi Bush avait réagi en qualifiant l'annonce de Hussein d'« indignation » et de « cruelle supercherie ».

Plutôt que d'accepter l'offre de l'Irak de se rendre et de quitter le champ de bataille, risquant ainsi un règlement qui pourrait ne pas être favorable aux États-Unis, Bush et les stratèges militaires américains ont simplement décidé de tuer autant d'Irakiens que possible.

Le bombardement a commencé vers minuit. Au début, des jets américains et canadiens ont bombardé les extrémités avant et arrière du convoi pour l'empêcher d'avancer ou de reculer, puis ont attaqué le convoi piégé par des bombardements répétés. Le commandant en chef du Commandement central des États-Unis avait reçu l'instruction de l'administration Bush de "ne laisser personne ni quoi que ce soit sortir de Koweït City". Par conséquent, tout véhicule qui déviait de l'autoroute était suivi, chassé et détruit individuellement. Même les soldats irakiens désarmés qui se sont rendus ont été fauchés par des coups de feu. Pas un seul Irakien n'a survécu.

« Les cabines des camions ont été tellement bombardées qu'elles ont été enfoncées dans le sol, et il est impossible de voir si elles contiennent ou non des chauffeurs. Les pare-brise ont fondu et d'énormes chars ont été réduits en éclats », a écrit la journaliste libano-américaine Joyce Chediac .

"Le massacre des soldats irakiens qui se retirent viole les Conventions de Genève de 1949, article commun III, qui interdit le meurtre de soldats hors combat", a écrit Joyce Chediac. « Les troupes irakiennes n'ont pas été chassées du Koweït par les troupes américaines comme le prétend l'administration Bush. Ils ne reculaient pas pour se regrouper et se battre à nouveau. En fait, ils se retiraient, ils rentraient chez eux.

« Attaquer les soldats qui rentrent chez eux dans ces circonstances est un crime de guerre », a ajouté Chédiac.

"Même au Vietnam, je n'ai rien vu de tel. C'est pathétique", a déclaré le major Bob Nugent, un officier du renseignement de l'armée.

"L'aspect le plus troublant de l'incident était le secret impliqué", a écrit Malcom Lagauche . "Lorsque Newsday a dévoilé l'histoire, beaucoup ont été pris par surprise. Selon des membres des commissions des forces armées de la Chambre des représentants et du Sénat des États-Unis, le Pentagone avait caché les détails de l'agression aux commissions.

Les médias ont également reçu une histoire différente. Les commandants américains sur le terrain ont tenté de montrer que les forces irakiennes ne se retiraient pas volontairement mais étaient repoussées du champ de bataille.

Quatre ans plus tard, le général Norman Schwarzkopf tenta de justifier ce qui s'était passé sur l'autoroute de la mort :

"La première raison pour laquelle nous avons bombardé l'autoroute venant du nord du Koweït est qu'il y avait beaucoup d'équipement militaire sur cette autoroute, et j'avais donné l'ordre à tous mes commandants que je voulais chaque pièce d'équipement irakien que nous pourrions éventuellement détruire. . Deuxièmement, il ne s'agissait pas d'un groupe d'innocents essayant simplement de traverser la frontière vers l'Irak. C'était un groupe de violeurs, d'assassins et de voyous qui avaient violé et pillé le centre-ville de Koweït et essayaient maintenant de sortir du pays avant d'être arrêtés.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Crise ukrainienne

Message par Gayraud de Mazars » 26 Mars 2022, 19:44

Salut camarades,

Ci - joint un article important il me semble de Jean - Jacques Marie...

L’Ukraine hier et aujourd’hui
par Jean-Jacques Marie
Publié le 16 mars 2022 sur le site des CMO (Cahiers du Mouvement Ouvrier)

https://cahiersdumouvementouvrier.org/l ... ujourdhui/

Un mélange inextricable de mythe et de réalité

L’histoire de la nation ukrainienne mélange de façon parfois inextricable mythe et réalité. Les historiens ukrainiens font souvent remonter l’histoire de l’Ukraine à la fin du Xe siècle après Jésus-Christ. Lorsque la Rada dont les deux tiers des députés appartiennent au PC ukrainien votent le 24 août 1991 pour l’indépendance de l’Ukraine par 346 voix, contre 1 et 3 abstentions la résolution fait allusion à une tradition étatique millénaire. Ainsi le billet de un hryvna porte le portrait de Volodimir (Vladimir) le Grand, le prince de Kiev, qui à la fin du Xe siècle après JC unifia sous son sceptre toute une série de tribus slaves païennes et leur imposa le christianisme orthodoxe et dont l’empire portait le nom de Rous.

Le billet de deux hryvnas comporte le portrait de son fils Iaroslav le sage qui régna à la fin de la première moitié du XIe siècle. Le billet de 5 hryvnas comporte le portrait de Bogdan Khmelnitski, le chef cosaque qui, au milieu du XVIIe siècle organisa l’insurrection des cosaques contre la domination polonaise et signa avec le tsar russe un accord plaçant les territoires qu’il contrôlait sous la protection de la Russie. La statue de Bogdan Khmelnitsky a beau se dresser en plein centre de Kiev l’idée d’une nation ukrainienne était étrangère à ce chef cosaque comme à l’ataman cosaque Mazeppa qui au début du XVIIIe siècle se dressa contre Pierre le Grand pour secouer sa tutelle et fut battu avec Charles XII de Suède à Poltava.

Pourtant l’idée d’une nation ukrainienne n’est apparue qu’au début du XIXe siècle, et l’ensemble des territoires sur lesquels vivent des Ukrainiens n’ont été rassemblés pour la première fois au sein d’un ensemble géographique unique qu’en 1945 dans la République socialiste soviétique d’Ukraine qui n’avait que des attributs formels d’un état indépendant. Et l’Ukraine n’existera comme état formellement indépendant qu’à partir de décembre 1991 lors de la dissolution de l’Union soviétique signée par Boris Eltsine et les représentants de l’Ukraine et de la Biélorussie.

Le terme d’Ukraine( Ukraina) apparaît lui à la fin du XVIe siècle à la fin de l’occupation mongole quand les royaumes de Lituanie et de Pologne fusionnent en un royaume de Lituanie et de Pologne, dominé par l’aristocratie polonaise, au sein duquel sont intégrés l’essentiel des territoires jadis soumis aux princes de Kiev. Ukraina signifie : «le territoire frontalier». Ses habitants sont désignés sous le vocable de roussinskie traduit en français par ruthène. Le terme d’Ukraine désigne alors une entité territoriale et non une identité nationale même embryonnaire. Ce territoire frontalier, confronté aux incursions des Tatares installés en Crimée depuis le XIVe siècle va donner naissance à une formation sociale particulière : celle des cosaques, paysans libres et armés (le mot cosaque vient d’un mot turc qui veut dire homme libre) qui assurent la défense de ses territoires contre les incursions tatares. Au lendemain de la révolte cosaque de Khmelnitsky, qui d’abord dressée contre les nobles polonais s’était muée en mouvement social de paysans libres contre les grands propriétaires fonciers polonais et en guerre de religion d’orthodoxes contre les catholiques et les juifs, Khmelnitski crée un éphémère état autonome ukrainien cosaque. Mais «ukrainien» dans cet intitulé a un sens essentiellement géographique même s’il regroupe des populations slaves parlant des dialectes très voisins issus du vieux slave ou slavon. Le contenu est celui de «cosaque». Par le traité de Pereeslav, signé en 1654, cet état autonome cosaque se place sous la protection de la Russie et perd toute autonomie après la défaite de Mazeppa. Les autorités russes qualifient cet état de petite-Russie et ses habitants de petits-russes. Au moment, en 1659, où se forme le royaume unifié de Lituanie et de Pologne dominé par l’Eglise catholique alors que la vieille Rous a adopté l’orthodoxie byzantine, se constitue sous la pression du clergé polonais une Eglise gréco-catholique dite Uniate qui observe les rites orthodoxes mais reconnaît l’autorité du Vatican, Eglise qui s’implantera surtout en Ukraine occidentale, en Galicie et jouera un rôle important tout au long de l’histoire de l’Ukraine.

Cette indifférenciation du contenu national est une réalité générale jusqu’à la fin du XVIIIe siècle lorsque la Révolution française puis le développement du capitalisme et la formation de bourgeoisies nationales donneront une vive impulsion à l’idée de nation.

Une idée nationale tardive

L’Ukraine restera longtemps en dehors de ce processus pour deux raisons : c’est une terre divisée entre plusieurs royaumes (La Pologne, la Russie et la Roumanie puis après les trois partages de la Pologne en 1775, 1793 et 1795, la Russie, l’Autriche -Hongrie et la Roumanie). En 1783, l’année où elle arrache la Crimée à l’Empire ottoman, Catherine II interdit aux paysans qui constituent l’écrasante majorité des Ukrainiens de quitter les terres seigneuriales; cette population paysanne, réduite à l’état de servage jusqu’au début des années 1860 dans la partie très majoritaire de l’Ukraine intégrée à l’Empire russe, reste en dehors du développement de l’industrialisation. Les paysans serfs de par leur condition sociale ne peuvent développer de conscience nationale puisque le serf est un objet vendable à merci qualifié d’ « âme ». Après l’abolition du servage ces paysans rejettent les lourdes indemnités qu’ils doivent payer à leurs anciens maîtres et ont une soif inextinguible de terre que l’abolition du servage n’a fait qu’accroître tant les lopins qui leur étaient attribués étaient misérables (de 1 à 3 hectares pour des familles nombreuses).

L’idée nationale ukrainienne qui se forme au début du XIXe siècle concerne donc surtout de maigres couches urbanisées, une petite intelligentsia symbolisée par l’écrivain et peintre Taras Chevtchenko, fondateur d’une langue ukrainienne littéraire, dont la modeste naissance inquiète fort le tsar Nicolas Ier qui exile Chevtchenko et lui interdit d’écrire en ukrainien et même de peindre. Cette intelligentsia publie des revues littéraires et historiques en ukrainien à diffusion modeste pour promouvoir une langue ukrainienne alors éclatée en dialectes voisins parlés par des paysans, alors que l’intelligentsia parle russe. Ainsi l’ukrainien Gogol écrit toute son œuvre en russe. Même en Galicie autrichienne où la monarchie de cet empire multinational se montre plus libérale, le nationalisme ukrainien est encore balbutiant et beaucoup plus marqué par l’influence du clergé uniate. Cette réalité poussera Rosa Luxemburg à affirmer que la question ukrainienne était l’invention d’une poignée d’intellectuels et n’avait aucune réalité historique.

Les conséquences de la Révolution russe

Au lendemain de février 1917 se développe en Ukraine une aspiration à l’autonomie au sein d’une république confédérée. Les partis démocratiques ukrainiens créent une Rada centrale qui ignore l’aspiration des paysans à se partager les terres des grands propriétaires terriens. Au lendemain d’octobre la Rada centrale proclame la République populaire ukrainienne que les Allemands et les Autrichiens reconnaissent à Brest Litovsk pour signer avec elle une paix séparée. Mais ils ont besoin de mettre la main sur les ressources agricoles du pays pour nourrir les populations affamées de leurs deux empires. Ils renversent donc le gouvernement et installent un ataman Skoropadsky. La guerre civile qui ravage l’Ukraine pendant plus de trois ans et dresse les uns contre les autres les blancs commandés par Anton Denikine, qui veulent restaurer la Russie une et indivisible, et là où ils s’installent reprennent les terres aux paysans et interdisent l’emploi de l’ukrainien, les nationalistes ukrainiens commandés par Petlioura, l’Armée rouge bolchevique et les bandes de paysans insurgées dits les verts dont la plus connue est l’armée de l’anarchiste paysan Makhno. L’Armée rouge contrôle l’Ukraine à la fin de 1920… Les blancs de Denikine et les nationalistes de Petlioura déchaînent les plus vastes pogromes antijuifs de la période prénazie, auxquels se livrent parfois les groupes anarchistes paysans de Makhno et la Cavalerie Rouge de Boudionny qui comprend des cosaques.

Au lendemain de la première guerre mondiale et de la paix de Riga signée entre l’URSS et la Pologne en 1921, les Ukrainiens sont divisés entre cinq états : l’URSS (qui en rassemble près des 4/5 e), la Pologne, la Tchécoslovaquie, Roumanie et la Hongrie. La victoire des bolcheviks débouche sur la création d’une République socialiste soviétique d’Ukraine où les bolcheviks mènent dès 1923 une politique dite d’ukraïnisation poursuivie jusqu’au début des années 30. Lénine développe des positions «fédéralistes» (opposées aux positions centralistes staliniennes) favorables à l’autodétermination. Aujourd’hui les maidanistes détruisent les statues… sans savoir que c’est sous son impulsion que la langue ukrainienne a été enseignée comme jamais auparavant ni ailleurs dans les territoires ukrainiens sous occupations polonaise ou roumaine.

L’ukraïnisation

Tous les employés de l’Etat doivent sous peine de licenciement apprendre l’ukrainien dans un délai d’un an. L’enseignement et les publications en ukrainien sont systématiquement développés. En 1926, le nouveau secrétaire du PC ukrainien Kaganovitch, exige que tout l’appareil de l’Etat soit ukraïnisé. Toutes ces mesures aboutissent à ce qu’ en 1927, 70 % des actes officiels sont rédigés en ukrainien contre 20% en 1925; en réponse à un sondage 39,8 % des employés de l’Etat affirment connaître bien l’ukrainien, 31,7 % de façon satisfaisante (ce qui est sans doute exagéré). Plus certain : en 1929, 83 % des écoles primaires et 66 % des écoles dites moyennes ou collèges délivraient leur enseignement en ukrainien. En 1932, 88 % des publications périodiques et 77 % des livres publiés en Ukraine l’étaient en ukrainien. La même politique était appliquée vis-à-vis des juifs vivant nombreux en Ukraine avec le développement d’écoles et de publications en yiddish au même rythme. L’historien canadien d’origine ukrainienne Serguei Ekeltchik conclut de ces faits : « le pouvoir soviétique a contribué à l’achèvement du processus de formation d’une nation ukrainienne ».

La bureaucratie soviétique s’en inquiète, Staline, en 1932, met fin à la politique d’ukraïnisation (comme au développement du yiddish). Coïncidence, l’hiver 1932-1933 est marqué en Ukraine par une famine terrible, la conjonction des deux événements débouche en 1933 sur le suicide de Nicolas Skrypnik dirigeant du PC ukrainien favorable à l’ukraïnisation et de l’écrivain Khvylevoï, grand défenseur et promoteur de la culture et de la littérature ukrainienne. Une politique de russification se met lentement en place.

En mars 1939, après avoir dépecé la Tchécoslovaquie et mis la main sur sa province de Ruthénie autonome Hitler lance un projet de Grande Ukraine dirigé contre l’URSS, qu’il abandonne dès qu’il décide de se rapprocher de Staline. En avril 1939 Trotsky écrit : « La question ukrainienne est destinée à jouer dans un avenir proche un rôle énorme dans la vie de l’Europe » et se prononce pour l’indépendance de l’Ukraine et pour la création d’une République socialiste d’Ukraine contre la dictature de la bureaucratie stalinienne.

En septembre 1939, l’URSS envahit la Pologne et conquiert la Galicie, puis en 1940, conquiert deux territoires roumains habités par des ukrainiens, la Bessarabie du sud et le Bukovine du nord.

L’été 1941, la paysannerie ukrainienne accueille d’abord avec sympathie les soldats de la Wehrmacht qui comporte deux bataillons ukrainiens (galiciens) formés sous l’égide de l’OUN-Bandera, l’autre branche de l’OUN, de Melnik, s’engageant dans une collaboration plus systématique avec l’occupant, avec le concours du Comité Central Ukrainien installé à Cracovie. Les nationalistes de l’OUN, dirigés par Stepan Bandera, proclament même à Lvov (Lviv), une éphémère république ukrainienne «indépendante» sous sa protection, Stetsko devient chef de ce gouvernement indépendantiste proclamé le 30 juin à Lwow (en polonais). En même temps que la proclamation de cet «Etat» ukrainien explicitement dévoué à Adolf Hitler, les premiers pogromes se déchaînent «spontanément» à Lwow et ailleurs, à l’instigation des nazis et avant que les « Einsatzgruppen » n’interviennent pour l’extermination systématique des juifs, tsiganes pour ce qu’ils sont, et des communistes pour ce qu’ils représentent.

L’OUN-Melnik, soutenue par l’Eglise uniate, participe à la création, le 28 avril 1943, de la Division Waffen SS «Galitchina» (Galiziens) qui convergera plus tard (début 1945), avec d’autres formations nazies, dans une éphémère «Armée Nationale Ukrainienne» (UNA) dont la plupart des combattants, anciens SS, se rendront aux Alliés anglo-américains qui les aideront à émigrer au Canada.

Mais les nazis, désireux de réduire les Ukrainiens en esclavage liquident aussitôt cet Etat fantoche et jettent en prison son chef autoproclamé Stetsko et Bandera qu’ils libéreront à la fin de 1944. L’OUN crée alors une armée insurrectionnelle l’UPA dont les maquis se battent d’abord modérément contre la Wehrmacht puis se battront farouchement contre l’Armée rouge dès que celle-ci entamera sa marche en avant au printemps 1943.

Les combattants de l’UPA ont poursuivi la lutte contre la soviétisation jusqu’en 1950 (et de petits groupes jusqu’en 1954) tandis que les SS et autres collaborateurs nazis de l’OUN ont reflué avec les troupes allemandes en 1944 ou se sont rendus aux Anglo-Américains, de façon à pouvoir rejoindre la Diaspora des Amériques et d’Australie. L’OUN n’est pas le mouvement national ukrainien mais seulement son aile radicale, d’idéologie fasciste, fondée en 1929. Elle a été formée en Galicie (sous régime polonais) sur la base d’un programme dit du «nationalisme intégral», elle est longtemps restée un phénomène «galicien», mais de nos jours la plupart des nationalistes ukrainiens se réclament de son héritage tout en soulignant la conversion ultérieure de l’OUN aux «idéaux démocratiques».

Compagnon d’armes de Bandera et consacré comme lui «héros national» au lendemain de la révolution orange de 2004, Roman Choukevitch commande successivement un bataillon ukrainien de la Wehrmacht, 1941, un bataillon de police «Schutzmannshaft 201» affecté à la répression des partisans en Biélorussie, 1941-42, puis l’Armée des Insurgés (OUN-UPA) fondée par lui et «au nom de Bandera» en octobre 1943. L’OUN dans son ensemble, l’OUN-Bandera et l’UPA en particulier, participent au génocide nazi. L’UPA exterminent les civils polonais en Volhynie en 1943. Si elle combat prioritairement l’Armée Rouge, les partisans et les armées polonaises, l’UPA se heurte également aux occupants nazis, non par divergence sur les buts du IIIème Reich d’anéantir le judéobolchévisme, mais en raison du refus d’Hitler d’accéder aux demandes d’état indépendant (sous protectorat nazi). Ces demandes, encouragées avant-guerre par certains cercles nazis – notamment Alfred Rosenberg et l’Abwehr – étaient évidemment incompatibles avec le « General Ostplan » de Berlin qui était de coloniser l’URSS et d’éliminer physiquement ou de réduire en esclavage les « Untermenschen », Ukrainiens compris.

Le nationalisme russe stalinien

Au lendemain de la victoire sur les nazis Staline développe un nationalisme russe qui va marquer de plus en plus la nomenklatura et dont le nationalisme affiché de Poutine est un héritage. Ce nationalisme russe débouche sur un antisémitisme de plus en plus brutal à partir de 1949 et sur une politique accélérée de russification en Ukraine. Khrouchtchev évoquant la déportation de cinq des quelque douze peuples déportés par Staline entre 1937 et 1944 déclarera dans son rapport secret de février 1956 au XXème congrès du PCUS : « Les Ukrainiens n’ont évité ce sort que parce qu’ils étaient trop nombreux et qu’il n’y avait pas d’endroit où les déporter. Sinon ils auraient été déportés eux aussi ». Cette plaisanterie qui fait rire le congrès reflète de façon caricaturale l’aversion de Staline pour toute affirmation nationale des Ukrainiens.

En 1945 la défaite de l’Axe et des gouvernements liés à Berlin permet à l’URSS de consolider ces conquêtes territoriales : pour la première fois dans l’histoire l’ensemble des territoires majoritairement peuplés d’Ukrainiens sont rassemblés dans une République ukrainienne dotée d’attributs de souveraineté purement formels, (l’Ukraine a un représentant à l’ONU et un ministre des affaires étrangères). Mais les maquis nationalistes de l’UPA tiennent de nombreux villages jusqu’au début des années 50 comme en Lituanie.

La guerre a ravagé l’Ukraine, détruit ses grandes villes et la majorité de ses villages, de ses fermes, de ses usines. Un jour de l’été 1945, Khrouchtchev descend dans son village natal où il découvre un spectacle désolant qu’il décrira devant le Comité central en 1957. « Ils n’avaient pas de chevaux, pas de charrettes, pas de pain. (…) Ils ne veulent pas travailler dans le kolkhoze. Pour leur travail ils ne reçoivent que des nèfles. »

De 1945 à la chute de l’URSS, l’Ukraine est soumise à une politique de russification aggravée par le combat impitoyable contre les maquis de Bandera qui mobilisent des milliers d’hommes et bénéficient dans l’Ukraine occidentale de la complicité d’une bonne partie de la population paysanne. Un bref moment sous l’impulsion de Beria, conscient de l’ampleur de la crise économique, sociale et politique qui ravage l’URSS à la mort de Staline, le Kremlin tentera de desserrer un peu l’étreinte. Le 26 mai 1953, Beria fait adopter par le présidium une décision qui souligne les échecs de la répression dans les provinces occidentales de l’Ukraine . De 1944 à 1952, souligne-t-il, plus d’un demi million d’habitants en ont été victimes ; 203 000 d’entre eux ont été déportés et 153 000 abattus. La russification a été brutale : sur 311 cadres dirigeants, seuls 18 sont originaires de la région où l’enseignement supérieur est donné presque exclusivement en russe. La résolution affirme « l’usage stupide des répressions ne fait que susciter le mécontentement de la population et nuit à la lutte contre les nationalistes bourgeois ». Le présidium remplace au poste de premier secrétaire du PC ukrainien, le russe Melnikov par son adjoint ukrainien, Kiritchenko, et nomme l’ écrivain officiel nul mais ukrainien, Alexandre Korneitchouk, 1er vice président du conseil des ministres d’Ukraine. Il ordonne qu’il soit « radicalement mis fin aux actes arbitraires et illégaux accomplis par certains cadres à l’encontre de la population ».

Cette brève embellie est suspendue après l’arrestation de Beria en juin 1953 puis son exécution en décembre. De Khrouchtchev à Brejnev, la russification de l’Ukraine se poursuit et les tentatives d’intellectuels ukrainiens de défendre la culture ukrainienne, même les plus modestes, sont brutalement réprimées.

L’indépendance et le pillage de l’Ukraine

La chute de l’URSS débouche sur son explosion. Le 24 aout 1991 l’ancien secrétaire à l’idéologie du PC ukrainien Kravtchouk fait voter l’indépendance de l’Ukraine par 346 pour, 1 contre et 3 abstentions. Le 30 août la Rada interdit le PC ukrainien.

Les anciens dirigeants de l’Ukraine soviétique (les dirigeants du PCUS et les directeurs d’entreprise) restent aux manettes du pouvoir; comme les oligarques russes ils organisent un pillage grandiose du pays et revendent aux pays occidentaux au prix du marché mondial le gaz vendu par la Russie à bas prix. Ils provoquent un désastre social en 1992, l’inflation est de 2500 % en 1993, elle est de 100 % par mois. En 1995, les 3/4 de la population vivent officiellement en dessous du seuil de pauvreté.

Dès lors l’Ukraine est l’un des champions du monde du pillage et de la corruption ; elle obtient en 2009 de Transparency International la médaille de pays le plus corrompu du monde. La politique et le business sont mélangés ; des hommes d’affaires se présentent aux élections pour défendre leur propre business ou fabriquent des partis fantômes à cette fin. Exemple en 2002, l’oligarque Victor Pintchouk épouse la fille de Koutchma, Hélène. En 2009 sa fortune se monte à 2,2 milliards de dollars.

Un autre exemple est éclairant dans la mesure même où il n’est que le plus complet de toute une galerie… Pavel Lazarenko, premier ministre de mai 1996 à juillet 1997, conjugue ses activités de premier ministre avec le business dans l’énergie (gaz) en étroite collaboration avec la future étoile filante Ioulia Timochenko et les communications. Il transfère les centaines de millions de dollars qu’il vole sur des banques américaines, suisses et des Caraïbes. Koutchma, lui-même très corrompu, s’en débarrasse en juillet 1997. Lazarenko s’enfuit en Suisse avec un passeport panaméen. Arrêté un bref moment, en 1999, il s’enfuit aux Etats-Unis où il est condamné et emprisonné pour blanchiment d’argent. Les Lazarenko se comptent par dizaines…

En 2004 à la veille de la fin de son mandat Koutchma vend en hâte toute une série d’entreprises à des proches à des prix très concurrentiels. Ainsi il vend la plus grande usine métallurgique du pays, Krivorojstal à son gendre Pintchouk et à Rinat Akhmetov pour 800 millions de dollars soit le sixième de sa valeur réelle. En octobre 2005, Mittal Steel rachètera l’entreprise aux deux compères pour 4,8 milliards de dollars.

La corruption du personnel politique ukrainien est abyssale. Ianoukovitch le président renversé en 2014 a dans sa jeunesse été condamné deux fois, une fois pour vol, une seconde fois pour houliganisme. Il prétendra plus tard avoir obtenu des diplômes achetés selon une coutume très répandue en Union soviétique où les tarifs étaient connus de tous. Il est célèbre pour son inculture autant que pour son avidité. Les rares fois où il doit remplir un document par écrit il multiplie les fautes d’orthographes. Ainsi il se prétend professeur mais écrit le mot avec deux f et un seul s. Propriétaire d’une luxueuse villa bâtie sur un terrain de 130 hectares dans la banlieue de Kiev, il est à la tête d’un clan mafieux dont son fils, Olexeï est l’un des maillons. Le clan Ianoukovitch a ponctionné l’Ukraine de 7 à 10 milliards par an. La fortune de son fils est estimée à 550 millions de dollars. Président de la corporation Management Assets Compagny (MAKO) sise à Donetsk, possède plusieurs holdings en Ukraine, en Suisse et aux Pays Bas, vend le charbon par l’intermédiaire d’une société à Genève. Ses entreprises depuis 2010 gagnent systématiquement les appels d’offre par les pouvoirs ukrainiens. Il a pris sous sa coupe les services de l’administration fiscale, des douanes et des services de sécurité.

Son premier ministre Mykola Azarov, propriétaire d’un jet privé, partira se réfugier à Vienne, où réside son fils Olexandre, actif dans la construction d’hôtels de luxe, à la tête de LADA Holding Anstalt, basée en Autriche, maillon d ’un réseau complexe de sociétés dirigées par d’autres caciques du régime et présidée par un prête-nom américain, Vitali Zakhartchenko ministre de l’Intérieur en 2011, à la tête des services fiscaux en 2012, détenteur avec sa femme Liudmila de plusieurs sociétés commerciales notamment aux Pays-Bas, propriétaire d’une société d’assurances Start Polis. Scandale en 2013 : les services de police chargés des passeports exigeaient des demandeurs une assurance auprès de Start Polis.

La haine, suscitée dans le pays contre les bénéficiaires de ce véritable racket et un parlement toujours aussi – et presqu’uniquement – peuplé d’escrocs, dresse en 2004 la population habilement détournée vers la prétendue révolution orange ; cette haine est telle que Ioulia Timochenko nommée premier ministre par le nouveau président Victor Iouchtchenko annonce pour se rendre populaire une révision des privatisations antérieures. Elle sème la panique chez les oligarques et les banquiers étrangers qui gèrent les dépôts soigneusement délocalisés des oligarques pillards. Timochenko recule et ne révisera qu’à la marge quelques menues privatisations. Son gouvernement est bientôt touché par des scandales du même type que les privatisations à la Koutchma. Ainsi son ministre de la justice Roman Zvaritch qui, malgré son nom, est un ancien citoyen américain vote contre une loi concoctée entre Timochenko et Poutine, interdisant la revente en Europe par l’Ukraine au tarif mondial du gaz russe qu’elle achète à un tarif préférentiel, revente illégale qui est l’une des principales sources de trafic des oligarques ukrainiens et dont son épouse est une organisatrice.

Une autre pratique mafieuse juteuse consiste avec des certificats truqués obtenus auprès de fonctionnaires grassement rétribués à déclarer vendues à l’étranger des marchandises écoulées en Ukraine pour obtenir le remboursement de la TVA qui échappe ainsi presque totalement aux caisses de l’Etat.

Des partis-bandits

La vie politique ukrainienne est rythmée par la valse de partis tous liés à un clan du business où tout s’achète. Des députés monnayent leur changement de groupe parlementaire : le tarif varie de 5 millions à 7 millions de dollars… dans un pays où la majorité des retraités perçoivent moins de 200 euros par mois. C’est en tout cas le tarif que paie Ianoukovitch en 2006 quand il est premier ministre de Iouchtchenko…contre lequel il s’était présenté aux présidentielles qu’il avait perdues après avoir affirmé qu’il les avait gagnées grâce à un trafic des votes éhonté qui avait dressé contre lui des dizaines de milliers d’Ukrainiens.

Rien n’a changé après Maïdan dans ce kaléidoscope de partis virtuels mais gangrenés par la corruption où tout se vend et s’achète. Ainsi par exemple, aux élections municipales du 25 mai 2014 à Odessa, les deux concurrents qui s’affrontent sont aussi gangrenés l’un que l’autre : Edouard Gourvits (parti Oudar 32 % des voix) depuis les années 1990, plusieurs fois accusé de connivence avec les rebelles tchétchènes, les ultra nationalistes ukrainiens, de liens avec des bandes mafieuses, de corruption. La réputation de Guennadi Troukhanov (vainqueur du scrutin, avec 43,5% des voix, ancien député du parti des régions) n’est pas meilleure. On l’accuse d’avoir appartenu au monde criminel dans les années 1990 et d’être resté proche de certains pontes de la mafia.

Porochenko, propriétaire de la chaîne 5 è canal, a commencé dans les affaires en important des fèves de cacao puis a racheté des usines de chocolat pour former Roshen. Elu député en 1998, il pourrait être l’image parfaite de la girouette si les partis politiques ukrainiens étaient de vrais partis. Il rejoint d’abord le parti social-démocrate (qui n’a de social-démocrate que le nom) du président mafieux Koutchma, puis en 2000, il crée Solidarité qui intègre le Parti des régions de Ianoukovitch la même année. Dès 2001 il entre dans Notre Ukraine, le bloc de Iouchtchenko, qui sera le parrain de ses filles. Président du conseil de la banque nationale, il devient ministre des affaires étrangères en octobre 2009 jusqu’au printemps 2010. Il entre au gouvernement du Parti des régions, devenant quelques mois le ministre du développement économique de Ianoukovitch.

L’intervention des Etats-Unis

Dès la moitié des années 90 les dirigeants des Etats-Unis ont saisi l’importance géopolitique de l’Ukraine, même s’ils appuient sur le président russe d’alors, Boris Eltsine, qui, flanqué de conseillers américains privatise à tout va. Dans Foreign affairs, en 1994, Zbigniew Brzezinski, l’ancien conseiller de Jimmy Carter, écrit : « Sans Ukraine la Russie cesse d’être un empire. » A la fin des années 90, l’Ukraine est le troisième pays du monde à bénéficier de l’aide financière américaine derrière Israël et l’Egypte. Cette lune de miel s’interrompt un moment au début de 2003 lorsque Bush apprend que Koutchma a vendu à l’Irak pour cent millions de dollars d’armes et a promis de lui vendre le système de radar Koltchouga (cotte de mailles) permettant de repérer les bombardiers américains dits indétectables.

Zbigniew Brzezinski, pour qui l’Ukraine est un enjeu stratégique, définit en 1997 un programme de démantèlement de la Russie en trois états-croupion la Russie d’Europe, de la République de Sibérie et de la République d’Extrême-Orient. Ce démantèlement prolongerait la dislocation de l’Union et devrait s’accompagner d’un rattachement de l’Ukraine à l’OTAN et d’une subordination totale des anciennes républiques soviétiques périphériques aux Etats-Unis et à leurs multinationales. Brzezinski affirmait ainsi «la Russie devra se résigner à l’inévitable, c’est-à-dire la poursuite de l’élargissement de l’OTAN (…) jusque dans l’espace ex-soviétique. » Il prône « un système politique décentralisé et une économie libre de marché » permettant de « libérer le potentiel créatif du peuple russe et les énormes réserves de ressources naturelles de la Russie » ainsi ouvertes aux multinationales américaines (Foreign Affairs,9/10/1997).

Les Etats-Unis s’engagent donc dans le soutien à la révolution orange en 2004 qui surfe sur la protestation de la masse de la population contre la corruption du système de Koutchma et sa tentative de truquer les élections présidentielles pour faire élire son candidat, Victor Ianoukovitch. Leur candidat au pouvoir Victor Iouchtchenko avait épousé en 1998 une citoyenne américaine d’origine ukrainienne, Catherine Tchoumatchenko, ex-fonctionnaire du Département d’Etat. Entouré de conseillers américains, Iouchtchenko engage comme conseiller spécial Boris Nemtsov, l’homme qui avait déclaré en 1997 : « Nous devons mettre en œuvre une série de mesures impopulaires douloureuses (…) et en finir avec les innombrables avantages sociaux».

Lors des élections législatives en Ukraine en 2005 Le Monde publie un article intitulé : « Les conseillers américains au cœur de la campagne » Le républicain affiché Paul Manafort, chef du cabinet de lobbying Black, Manafort, Stone and kelly, a été invité à Kiev au début de 2005 par l’oligarque Rinat Akhmetov pour s’occuper de la campagne du Parti des régions de Ianoukovitch pour 150.000 à 200.000 dollars par mois. L’ancien responsable de la communication auprès de Bill Clinton Joe Lockhart travaille auprès du bloc Ioulia Timochenko (BLouT) et Stan Anderson lobbyiste de Washington dirige un groupe de travail pour Notre Ukraine, le parti de Iouchtchenko. Tous, selon Le Monde «refusent de s’exprimer».

Le Monde des 27-28 février 2005 décrit la noria d’institutions américaines présentes au Kirghizistan lors de la «révolution des citrons» qui renversa le président Askat Akaiev : «A la veille du scrutin on trouvait déployé à Bichkek tout l’arsenal des fondations américaines qui ont soutenu les oppositions en Serbie, en Géorgie et en Ukraine, notamment le National Democratic Institute (…) tout ce que le Kirghizistan compte comme société civile est financé par des fondations ou par des aides directes occidentales, en premier lieu le programme étatique américain USaid» : C’est une politique générale dans les Etats issus de la chute de l’URSS : ainsi les Etats-Unis placeront à la tête de la politique estonienne un de leurs anciens sujets … de pointe : Toomas Hendrik Ilves, né en 1953 à Stockholm où ses parents avaient émigré en 1944, avant de partir en 1956 pour les Etats-Unis; en 1984 il est embauché à Radio free Europe, la radio antisoviétique installée à Munich, il devient directeur du service estonien de Free Europe jusqu’en 1993, date à laquelle il rentre en Estonie; nommé ambassadeur d’Estonie aux Etats—Unis, il renonce à sa nationalité américaine. Nommé en 1996 ministre des Affaires étrangères, il organise la mise en place de la diplomatie estonienne, tout entière focalisée sur l’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN. Elu ensuite député européen, il devient président de l’Estonie en 2006.

Les Etats-Unis placeront aussi à la présidence de la Lituanie par deux fois (de février 1998 à février 2003 puis de juillet 2004 à juillet 2009) leur ancien fonctionnaire Valdas Adamkus. Né en Lituanie, Adamkus avait servi dans la Wehrmacht en 1944, l’avait suivie dans sa retraite en Allemagne, avait émigré aux Etats-Unis en 1949, y avait servi dans les services de renseignements de l’armée américaine, avait adhéré au parti républicain, et avait été nommé par Reagan en 1981 à un poste de l’administration fédérale qu’il conservera jusqu’à sa retraite en 1997. Il part aussitôt dans son ancien pays dont, bien que jusqu’alors inconnu, il devient président avec une rapidité fulgurante… qui en dit long sur les vertus persuasives des conseillers américains. Un peu plus tard Washington placera à Pristina, à la tête du Kossovo prétendument indépendant, sa personne de confiance, Atifete Jahjaga, une policière trentenaire éduquée aux Etats-Unis.

Or l’Ukraine est devenue un enjeu entre la Russie et les Etats-Unis via l’Union européenne (UE), Ianoukovitch s’était engagé à signer un accord d’association avec l’UE qui lui promettait un prêt de 610 millions de dollars en contrepartie de mesures économiques et sociales drastiques que reprendra le FMI (doublement du prix du gaz, réduction puis suppression des dotations gouvernementales aux mines du Donbass, etc.). Ianoukovitch craint une explosion sociale et lorsque Poutine lui propose un prêt de 15 milliards de dollars sans ces contreparties il saute sur l’occasion. Ses adversaires, utilisant son discrédit dans la population et ouvertement soutenus par l’UE et de l’Occident sautent sur l’occasion : ils organisent l’occupation de la place de l’Indépendance où des hommes politiques américains et européens viennent haranguer la foule, encadrée en particulier par les néo-nazis de Svoboda et de Pravy Sektor qui forment la force de frappe de la prétendue «révolution» , et assomment des militants syndicalistes; le gouvernement Ianoukovitch sans aucun appui dans la population s’effondre en quelques jours. Les néo-nazis entrent dans le premier gouvernement «révolutionnaire». Trop voyants, surtout après le massacre de pro-russes à Odessa, dans la maison des syndicats incendiée par leurs soins, ils seront écartés du gouvernement formé par Porochenko après l’élection présidentielle du 25 mai 2014.

Nombre d’hommes politiques américains, dont John Mac Cain, se sont manifestés sur le Maidan en décembre janvier 2013/février 2014; selon la secrétaire d’Etat adjointe des Etats-Unis, Victoria Nuland les Américains ont dépensé 5 milliards de dollars pour «démocratiser» l’Ukraine c’est-à-dire acheter les hommes de main nécessaires pour l’arrimer à l’Union européenne. Foreign Affairs affirme : «Les Etats-Unis et leurs alliés européens portent l’essentiel de la responsabilité de la crise. La clé du problème c’est l’élargissement de l’OTAN, élément majeur d’une stratégie plus vaste qui vise à retirer l’Ukraine de l’orbite russe », (9-10-2014).

Avant-dernier acte de cette intervention, Porochenko constitue au début de mars un nouveau gouvernement incluant une Américaine, un Géorgien et un Lituanien à des postes clés. Natalie Jaresko, une Américaine d’origine ukrainienne ayant travaillé pour le département d’Etat américain et pour un fonds d’investissement ukrainien financé par le Congrès des Etats-Unis, se retrouve ministre des Finances. Le Lituanien Aivaras Abromavicius, co-dirigeant d’un fonds d’investissement suédois, devient ministre de l’Economie, et le Géorgien Alexander Kvitachvili, ex-ministre de la Santé en Géorgie, ministre de la Santé. Porochenko a indiqué leur avoir octroyé la citoyenneté ukrainienne le matin même de leur nomination. Il avait proposé à Saakachvili l’ancien président de Géorgie installé par les Etats-Unis à ce poste en 2003, le poste de vice premier ministre, mais ce dernier devait prendre la nationalité ukrainienne. Il a refusé, se réservant pour des missions plus bénéfiques.

Ce gouvernement à poigne est chargé d’une mission par le FMI : triplement du prix du gaz, réduction de 15 % de certaines retraites, etc., « mesures très mal accueillies » selon le 1er ministre Arseni Iatseniouk. Début mars le gouvernement Porochenko, annonce que la moitié des entreprises demeurées aux mains de l’Etat pourraient être vendues courant 2015-2016, soit de 1.200 à 1.500. La ministre des Finances, l’ancienne fonctionnaire du Département d’Etat américain, Natalia Iaresko a déclaré : « Nous privatiserons tout ce qui peut l’être. Nous pensons commencer dès cette année. » L’institut d’économie et de prospective ukrainien souligne pourtant dans son rapport annuel « une dégradation des indicateurs financiers dans les entreprises privatisées. Sous couvert de privatisation, ces entreprises ont simplement été pillées et les capitaux se sont envolés », explique-t-il, redoutant que « certains oligarques n’entrent en guerre pour les entreprises restantes. » (Courrier-International 26/03—1er/04/2015).

La classe ouvrière ukrainienne est soumise à une surexploitation féroce par la couche bourgeoise dominante issue de la bureaucratie. En 2021, le salaire minimum en Ukraine est à peine au-dessus de 200 euros et dans certaines régions se situe en dessous, d’où une vague migratoire massive qui pousse les ouvriers et les ouvrières ukrainiennes à émigrer massivement de la Pologne à l’Espagne. Ainsi en 2020 un quart des trois millions de permis de séjour attribués par l’Union européenne ont été attribués à des Ukrainiens. Il faut ajouter à cela l’émigration clandestine organisée par des agences spécialisées dans la fourniture de main d’œuvre à bas prix. Ainsi les Ukrainiennes sont-elles très appréciées (et très mal payées) en Allemagne comme bonnes à tout faire.

En 2019, le rejet massif de la couche mafieuse des pillards au pouvoir et de son représentant Porochenko a abouti à l’élection de l’acteur Zelensky comme président de la République avec 73,2 % des voix. Mais il n’existe en Ukraine aucune force politique indépendante susceptible d’organiser la défense des exploités et cette élection n’ a pas changé grand-chose.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: Crise ukrainienne

Message par Plestin » 30 Mars 2022, 15:03

Une déclaration du Congrès de la FNIC-CGT (Fédération Nationale des Industries Chimiques - CGT) qui détonne un peu dans le paysage. Au-delà des mots sur "la paix et le désarmement", "le droit international" et "la dissolution de l'OTAN", grand classique du PCF, quelque chose d'un peu différent et des choses à mieux comprendre sur ce qu'il s'est passé en Italie :

MOTION DU 42ème CONGRES EXTRAORDINAIRE

"Le Congrès de la Fédération Nationale des Industries Chimiques CGT, réunissant 250 délégués de toute la France ainsi que des délégations internationales, salue avec force l'action et la lutte des travailleurs de l'aéroport de Pise avec l'USB (Union Syndicale de Base) qui ont refusé de charger une "aide humanitaire" pour l'Ukraine, qui était en fait une livraison d'armes.

C'est l'affrontement des classes dominantes qui crée la guerre.

C'est notre classe, celle des travailleurs, qui peut et doit stopper la guerre.

Le 31 mars prochain, sera organisée par l'USB à Gènes en Italie, une manifestation contre la guerre et contre les envois d'armes et de matériel militaire.

La FNIC-CGT, réunie en congrès, s'associe à cette action et appelle à ce qu'aucune arme ne soit fournie par la France pour alimenter la guerre.

Elle est disponible avec toutes les organisations de la CGT pour organiser une action commune et une riposte à cette violation du droit international.

GUERRE A LA GUERRE !

Assumons nos responsabilités.

Exigeons la dissolution de l'OTAN au service de la stratégie de domination de l'impérialisme.

NON à l'impérialisme !

OUI à la réponse aux besoins des travailleurs et des peuples.

OUI à la paix et au désarmement.



On aura peut-être des infos plus précises via les camarades italiens, qui sont du coin (Livourne-Pise) pour certains. Par contre, pour que la FNIC-CGT entraîne le reste de l'appareil CGT et notamment la Confédé dans le même genre d'appel, je pense que ce n'est pas gagné...
Plestin
 
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Re: Crise ukrainienne

Message par com_71 » 04 Avr 2022, 04:43

Un article de la LDC 115, d'août 2008, on ne peut plus actuel.
Lutte de Classe n°115 - octobre 2008 a écrit :Après le conflit Géorgie-Russie en Ossétie du Sud - Droits des peuples et guerre froide

...Certes, par la suite, Chévarnadzé participa à la constitution du GUAM, une alliance, patronnée par Washington, d'ex-républiques soviétiques (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie) qui veulent prendre du champ par rapport à Moscou. Mais il eut beau aussi avoir accepté, après le 11 septembre 2001, la proposition américaine de lui envoyer des « bérets verts » pour l'aider à lutter « contre le terrorisme », les États-Unis voyaient en lui sinon l'« homme de Moscou », en tout cas, un homme du passé soviétique.

Mais, il y avait assez de mécontentement dans le pays pour ébranler le président d'alors, et de jeunes ambitieux dans son entourage, dont un certain Saakachvili, pour rebattre les cartes. L'occasion en fut fournie, fin 2003, par ce que l'on appela « la révolution des roses ». Sur fond de mobilisation d'une population dramatiquement appauvrie, de larges secteurs de l'appareil étatique lâchèrent Chévarnadzé avec l'approbation discrète, mais très efficace, des États-Unis disant promouvoir ainsi le « développement de la démocratie » - une plaisanterie quand on sait que le « démocrate » Saakachvili « s'inscrit dans la longue tradition des dirigeants géorgiens forts tels Staline et Béria », comme le déclarait alors sa femme à la presse, et qu'il a ensuite fait emprisonner des dizaines d'opposants, au seul motif qu'ils dénonçaient ses fraudes électorales.

Côté « tradition » ou « démocratie », Saakachvili avait le profil idéal pour rassurer tant les privilégiés locaux que les milieux dirigeants occidentaux. Petit-fils d'un général soviétique, il faisait ses études en Ukraine dans les années où l'URSS sombrait. Puis, il les avait poursuivies à l'Ouest, et il était même devenu avocat aux États-Unis. Et après avoir épousé une Hollandaise, il était revenu au pays mener une carrière politique, dans l'ombre de Chévarnadzé, qui en fit un de ses ministres, puis contre lui. Un parcours fort représentatif de la nouvelle génération de dirigeants non russes de l'ex-URSS, formés à l'école de l'Occident, qui n'ont guère à rompre de liens personnels avec le passé soviétique, ni avec la Russie d'après 1991.
Saakachvili a maintes fois montré à quel point il a tissé des liens étroits avec les puissances occidentales, les États-Unis en particulier. Ces liens, il voudrait les sceller par une adhésion à l'Union européenne et surtout à l'OTAN. Mais même si ce point suscite des réticences du côté de la France, de l'Allemagne et de l'Italie (qui ont des raisons politiques et commerciales de ne pas froisser inutilement leur gros client russe et principal fournisseur de gaz), les puissances impérialistes ont affiché lors de la guerre du mois d'août, au moins dans un premier temps, un parti pris unanime pour un État qui, agresseur de l'Ossétie du Sud, foulait aux pieds les accords de non-agression qu'il avait signés sous l'égide de l'ONU ou de l'Europe.

L'ombre armée des États-Unis sur l'ex-URSS

Que les États-Unis aient formellement poussé ou pas la Géorgie à attaquer l'Ossétie du Sud, il est indiscutable qu'eux et leurs alliés (pays baltes, Pologne, Israël, Ukraine, etc.) ont massivement armé la Géorgie depuis la « révolution des roses ». En quatre ans, le budget militaire géorgien a été multiplié par dix. Rien qu'en 2007, il a presque doublé, au point de représenter le quart du budget total de l'État géorgien. C'est que cela a un coût de maintenir sur un pied de guerre le second plus nombreux contingent en Irak, après celui des États-Unis ! Et surtout, d'acheter aux marchands d'armes des centaines de chars, de missiles, de pièces d'artillerie, etc., du dernier cri, et de construire des bases militaires à la frontière nord du pays. Qui croira que tout cela n'avait pour but que de mater la toute petite Ossétie du Sud avec ses 35 000 habitants et ses 2 500 hommes en armes ? En fait, bien sûr, c'était la Russie qui était visée.

Toute la politique américaine dans la région allant, depuis des années, dans le sens d'une pression accrue sur la Russie, et même de son encerclement par l'OTAN, Saakachvili avait quelques raisons de penser qu'il serait soutenu par ses puissants parrains. Il l'a été, diplomatiquement. Cela lui a évité de voir sa capitale prise par les troupes russes. Mais, dans l'état actuel des choses, les protecteurs de la Géorgie n'ont finalement pas semblé prêts à aller plus loin. Ou plutôt, tout s'est passé comme s'ils avaient utilisé la Géorgie pour vérifier jusqu'où ils pouvaient aller contre la Russie.

Rendant compte de la réunion des ministres de la Défense de l'OTAN, mi-septembre à Londres, le quotidien Le Monde affirmait : « Calmer le jeu avec la Russie : tel est, selon plusieurs diplomates, le mot d'ordre qui prévaut au sein de l'Alliance atlantique depuis la fin du conflit géorgien du mois d'août ».

Était-ce un « jeu » quand, quelques jours avant l'attaque de la Géorgie, les États-Unis et elle organisaient des manoeuvres militaires conjointes, « Instant Response 2008 » ? Cela ressemblait plutôt à une répétition générale ! Et, à peine signé l'accord de cessez-le-feu du 12 août entre la Russie et la Géorgie, de quoi s'agissait-il quand un navire amiral de la flotte américaine de la Méditerranée faisait route vers le port de Poti, occupé par les troupes russes, pour y délivrer de l'aide décrite comme « alimentaire » ? Serait-ce pour acheter de la nourriture (dont une partie de sa population aurait d'ailleurs bien besoin) que Tbilissi vient encore d'accroître ses dépenses militaires ? Au même moment, qui plus est, la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice se rendait à Varsovie pour y recevoir solennellement l'accord de la Pologne à l'installation dans ce pays des fusées du « bouclier anti-missiles » américain. Mais même si les dirigeants américains prétendent ne viser que des États « voyous », Iran ou Corée du Nord, situés très, très loin de là... c'est aux frontières de la Russie qu'ils installent leurs fusées.

Une guerre froide qui n'a jamais pris fin

Lors du sommet de Bruxelles consacré à la crise du Caucase, Sarkozy, qui s'y exprimait en tant que président de l'Union européenne, s'était récrié : « Le retour des zones d'influence est inconcevable (...). Ne lançons pas une guerre froide comme cela, ne montrons pas nos biceps... »

C'est l'éternelle histoire du voleur qui crie « au voleur ! » Car tout un chacun peut constater que l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), créée en 1949 par les États-Unis en tant que bloc militaire du camp impérialiste dirigé contre l'Union soviétique, n'a été ni dissoute, ni mise en sommeil après la disparition de l'URSS. Elle s'est même agrandie depuis, puisqu'elle regroupe 26 États. Et elle discute d'en intégrer deux nouveaux aux portes même de la Russie : l'Ukraine et la Géorgie.

James Baker, secrétaire d'État de George Bush père, avait promis à Mikhaïl Gorbatchev, alors qu'il s'apprêtait à évacuer les troupes soviétiques d'Allemagne de l'Est, que jamais l'OTAN ne chercherait à pousser ses pions en ex-RDA. Vingt ans après, ce sont toutes les anciennes « Démocraties populaires » que l'OTAN a intégrées. Parmi elles, la Roumanie et la Bulgarie accueillent chacune quatre bases de l'OTAN, les plus grandes que l'OTAN ait nouvellement créées, avec 5 000 hommes chacune. Ainsi, non seulement les dirigeants américains n'ont pas tenu leur promesse de ne pas étendre leur zone d'influence (et de menace militaire) dans ce que l'URSS considérait comme son glacis protecteur européen, mais ils ont intégré au système militaire de l'OTAN les trois ex-républiques baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), à quelques centaines de kilomètres de Moscou, et quelques dizaines seulement de Saint-Pétersbourg !

Et ce n'est pas tout. En 2003, l'OTAN comptait 737 bases (hors États-Unis) dans cinquante pays différents. En 2007 elle a atteint le millier entre les bases qu'elle loue et celles qu'elle possède. Soit un tiers de bases en plus en quatre ans. Cette augmentation, pour l'essentiel, s'est faite sur tout le pourtour de ce qui avait été l'Union soviétique, en Asie centrale (en Ouzbékistan, au Tadjikistan, au Khirgizstan). Quant au Caucase ex-soviétique, les États-Unis cherchent à y prendre la succession de la Russie comme fournisseur d'aide militaire à l'Arménie, tout en concluant des accords militaires avec l'Azerbaïdjan. Et bien sûr, il y a la Géorgie, où le secrétaire général de l'OTAN vient de se rendre, en déclarant que « la voie de l'Alliance atlantique lui est grande ouverte », et où cela fait des années que des forces américaines se trouvent, en remplaçant les troupes russes au fur et à mesure qu'elles évacuent les anciennes bases soviétiques dans ce pays.

Ce que Sarkozy juge « inconcevable », ce n'est pas que la zone d'influence du bloc militaire emmené par les États-Unis existe et entoure toujours plus étroitement la Russie. C'est que la Russie, qui a toutes les raisons de se sentir visée, ait cherché, cet été, à mettre des limites à cette extension agressive.

En l'occurrence, Sarkozy et certains de ses compères européens, après avoir affiché leur alignement derrière Washington et son allié géorgien, ont cependant cherché à prendre quelque distance avec eux. C'est que, si l'impérialisme américain peut ne pas craindre de chercher toujours et partout à pousser son avantage au détriment de la Russie, qu'il voit comme une héritière lointaine de l'URSS malgré ce qu'elle est devenue, ne serait-ce que des raisons de voisinage incitent les États impérialistes européens à un peu plus de prudence.

L'Ossétie, la Géorgie, après tout, c'est l'Europe, même si ce sont ses confins sud-orientaux. Le « bouclier anti-missile » américain en Pologne et en Tchéquie, c'est encore plus près. Et puis, il y a ces « conflits gelés », disent les diplomates, dont tout le monde constate qu'il peuvent être réactivés à tout moment, comme entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud, y compris au risque d'entraîner le monde dans une escalade guerrière.

De tels conflits dits « gelés », il n'y en a pas que dans le Caucase : il en est d'autres plus proches encore du coeur de l'Europe. Ainsi, entre d'une part la république théoriquement ukrainienne de Crimée, mais russophone et abritant la flotte russe de la mer Noire, et d'autre part l'Ukraine, dont le président voudrait qu'elle adhère à l'OTAN, ce que la Russie a déclaré ne pas pouvoir admettre. Et, cet été, quand le président ukrainien, solidaire de la Géorgie, a voulu entraver l'appareillage des navires de guerre russes basés en Crimée, le Kremlin a clairement laissé entendre qu'il pourrait soutenir la population de Crimée dans son souhait d'être rattachée à la « mère-patrie ». En 1954, quand Khrouchtchev avait détaché la Crimée de la Russie pour la « donner » à l'Ukraine, ce geste n'avait alors qu'une portée symbolique puisqu'il s'agissait d'un même pays. Mais aujourd'hui que l'URSS a disparu, il pourrait avoir pour conséquence de déstabiliser toute la région. Et au-delà, car tout l'est et le sud de l'Ukraine sont peuplés de Russes et d'Ukrainiens russifiés, depuis des générations, qui pourraient être « invités » à leur tour à choisir entre les deux pays. Avec ce que cela impliquerait de bouleversements dans l'équilibre de l'Europe centrale et orientale, où la disparition de l'Union soviétique a laissé d'autres fortes minorités russes, souvent désormais discriminées, sur des territoires, jadis soviétiques, devenus indépendants de la Russie.

Et puis, il ne faudrait pas oublier un autre « conflit gelé », celui de Transnistrie - une république indépendantiste peuplée de russophones, où stationne depuis 1991 une armée russe, à l'est de la Moldavie, donc à proximité de l'Union européenne et de l'OTAN dont est membre la Roumanie, la grande soeur roumanophone de la Moldavie.

Il n'y a pas que dans le Caucase, on le voit, que l'éclatement de l'URSS a laissé de véritables bombes à retardement qui peuvent à tout moment exploser à la face des peuples. Les régimes nés sur les ruines de l'Union soviétique ont tous, et d'abord par leur politique nationaliste, une écrasante responsabilité dans la barbarie qui s'est mise en place en ex-URSS. Mais cette barbarie est encore aggravée par les rivalités des grandes puissances impérialistes, par leur soif d'étendre leurs zones d'influence, et en fait leur domination, quoi qu'il en coûte aux peuples.

L'URSS a disparu. Mais l'impérialisme, lui, reste bien vivant. Et la politique de l'impérialisme qui donne le « la » aux autres, l'impérialisme américain, reste fondamentalement la même qu'à la fin des années quarante, quand les États-Unis lançaient leur politique dite de « containment ». Ils déclenchèrent alors la « guerre froide » pour, disaient-ils, contenir la poussée communiste dans le monde. En fait, il y avait déjà des lustres que les chefs de la bureaucratie russe n'avaient plus rien de communiste, sauf l'étiquette. Depuis bientôt vingt ans, l'impérialisme n'a même plus ce prétexte. Mais il n'a pas fini, dans le Caucase ou ailleurs, de chercher à dresser les peuples les uns contre les autres, à faire que « les indigènes se taillent mutuellement en pièces » pour assurer la pérennité des profits des grands groupes capitalistes et de l'ordre mondial monstrueux qui leur est indispensable.

Avec la révolution d'Octobre 1917, les bolcheviks avaient montré la voie pour en finir avec cette barbarie. La porte qu'ils avaient alors ouverte sur un avenir socialiste, communiste, fraternel, débarrassé de l'exploitation, des guerres, des affrontements ethniques s'est refermée avec la bureaucratisation stalinienne. Mais, aujourd'hui comme hier, là reste la seule issue pour l'humanité.


Le 6 octobre 2008

https://mensuel.lutte-ouvriere.org//doc ... -russie-en
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Poutou et l'Ukraine

Message par spartacre » 05 Avr 2022, 00:08

Poutou interviewé sur LCI a propos de l Ukraine dit qu 'il faut envoyer des armes à l Ukraine pour qu ' elle puisse "se défendre" sans trop préciser qui envoie les armes et à qui parviennent-t-elles... sur les " sanctions " à l ' égard de la Russie ,il est plutôt pour, il n 'est pas très clair et ne dit pas nettement que ces sanctions puniront d 'abord la population ..toute sa position est ambigüe et traduit un certain embarras . Et surtout il ne met pas l 'accent suffisamment et de manière claire sur l 'impérialisme et le rôle de celui-ci en tant que facteur essentiel dans le contexte de cette guerre. Et il met dos à dos l "impérialisme russe" et l 'impérialisme occidental.....
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Re: Crise ukrainienne

Message par yannalan » 05 Avr 2022, 13:15

Pour apprécier l'ambiance, un article de RIA Novosti, l'agence officielle du Kremlin
https://ria.ru/20220403/ukraina-1781469605.html

Je vous mets la traduction automatique(un peu long, ça permet d'apprécier le délire)
Que doit faire la Russie avec l'Ukraine ?
En avril de l'année dernière, nous avons écrit sur l'inévitabilité de la dénazification de l'Ukraine. Nazi, Bandera Ukraine, un ennemi de la Russie et un outil de l'Occident pour détruire la Russie, nous n'en avons pas besoin. Aujourd'hui, la question de la dénazification est passée au plan pratique.
La dénazification est nécessaire lorsqu'une partie importante du peuple - très probablement la majorité - a été maîtrisée et entraînée dans le régime nazi dans sa politique. C'est-à-dire lorsque l'hypothèse "le peuple est bon - le gouvernement est mauvais" ne fonctionne pas. La reconnaissance de ce fait est à la base de la politique de dénazification, de toutes ses mesures, et le fait lui-même en est l'objet. L’Ukraine se trouve justement dans une telle situation. Le fait que l'électeur ukrainien ait voté pour la "paix de Porochenko" et la "paix de Zelensky" ne doit pas être trompeur - les Ukrainiens étaient assez satisfaits du chemin le plus court vers la paix à travers la guerre éclair, à laquelle les deux derniers présidents ukrainiens ont fait allusion de manière transparente lorsque ils ont été élus. C'est cette méthode « d'apaisement » des antifascistes internes - par la terreur totale - qui a été utilisée à Odessa , Kharkov , Dnepropetrovsk , Marioupol et d'autres villes russes. Et cela convenait parfaitement à l'homme ukrainien dans la rue. La dénazification est un ensemble de mesures par rapport à la masse nazifiée de la population, qui techniquement ne peut pas être soumise à une punition directe en tant que criminels de guerre. es nazis qui ont pris les armes doivent être détruits au maximum sur le champ de bataille. Aucune distinction significative ne doit être faite entre APUet les bataillons dits nationaux, ainsi que la défense territoriale qui rejoint ces deux types de formations militaires. Tous sont également impliqués dans une extrême cruauté contre la population civile, également coupables du génocide du peuple russe, ne respectent pas les lois et coutumes de la guerre. Les criminels de guerre et les nazis actifs devraient être punis de manière exemplaire et exponentielle. Il doit y avoir une lustration totale. Toutes les organisations qui se sont associées à la pratique du nazisme ont été liquidées et interdites. Cependant, en plus du sommet, une partie importante des masses, qui sont des nazis passifs, complices du nazisme, sont également coupables. Ils ont soutenu et se sont livrés au pouvoir nazi. Le juste châtiment de cette partie de la population n'est possible qu'en supportant les épreuves inévitables d'une juste guerre contre le système nazi, menées avec le plus grand soin et la plus grande discrétion à l'égard des civils. La dénazification supplémentaire de cette masse de la population consiste en une rééducation, qui est réalisée par la répression idéologique (suppression) des attitudes nazies et une censure stricte : non seulement dans la sphère politique, mais aussi nécessairement dans la sphère de la culture et de l'éducation. C'est par la culture et l'éducation que s'est préparée et réalisée une profonde nazification de masse de la population, garantie par la promesse des dividendes de la victoire du régime nazi surLa Russie , la propagande nazie, la violence et la terreur internes, ainsi qu'une guerre de huit ans avec les habitants du Donbass qui se sont rebellés contre le nazisme ukrainien . La dénazification ne peut être effectuée que par le gagnant, ce qui implique (1) son contrôle absolu sur le processus de dénazification et (2) le pouvoir d'assurer ce contrôle. A cet égard, un pays dénazifié ne peut être souverain. L'Etat dénazifiant - la Russie - ne peut procéder d'une approche libérale à l'égard de la dénazification. L'idéologie du dénazifiant ne peut être contestée par le coupable soumis à la dénazification. La reconnaissance par la Russie de la nécessité de dénazifier l'Ukraine signifie la reconnaissance de l'impossibilité du scénario de la Crimée pour l'Ukraine dans son ensemble. Pourtant, ce scénario était impossible en 2014 et dans le Donbass insoumis. Seulement huit années de résistance à la violence et à la terreur nazies ont conduit à la cohésion interne et à un refus massif conscient et sans ambiguïté de maintenir toute unité et connexion avec l'Ukraine,
Les termes de la dénazification ne peuvent en aucun cas être inférieurs à une génération, qui doit naître, grandir et arriver à maturité dans les conditions de la dénazification. La nazification de l'Ukraine s'est poursuivie pendant plus de 30 ans, commençant au moins en 1989, lorsque le nationalisme ukrainien a reçu des formes légales et légitimes d'expression politique et a conduit le mouvement pour « l'indépendance » vers le nazisme. La particularité de l'Ukraine moderne nazifiée réside dans l'amorphisme et l'ambivalence, qui permettent de déguiser le nazisme en désir d'"indépendance" et en voie "européenne" (occidentale, pro-américaine) de "développement" (en réalité - jusqu'à la dégradation), d'affirmer qu'en Ukraine « il n'y a pas de nazisme, seulement des dérives individuelles privées ». Après tout, il n'y a pas de parti nazi principal, pas de Fuhrer, pas de lois raciales à part entière (seulement leur version tronquée sous la forme de répressions contre la langue russe). En conséquence, il n'y a pas d'opposition et de résistance au régime. Cependant, tout ce qui précède ne fait pas du nazisme ukrainien une "version allégée" du nazisme allemand de la première moitié du XXe siècle. Au contraire, puisque le nazisme ukrainien est libre de ces cadres et restrictions de « genre » (essentiellement la technologie politique), il se déploie librement comme la base fondamentale de tout nazisme - en tant que racisme européen et, dans sa forme la plus développée, américain. Dès lors, la dénazification ne peut se faire dans un compromis, sur la base d'une formule du type « OTAN - non, UE - oui ». Le collectif occidental lui-même est le concepteur, la source et le commanditaire du nazisme ukrainien, tandis que les cadres occidentaux de Bandera et leur «mémoire historique» ne sont qu'un des outils de la nazification de l'Ukraine. L'ukronazisme ne représente pas moins, mais une plus grande menace pour le monde et la Russie, Le nom "Ukraine" ne peut apparemment pas être retenu comme titre d'une entité étatique entièrement dénazifiée dans un territoire libéré du régime nazi. Les républiques populaires nouvellement créées dans l'espace libéré du nazisme devraient et se développeront à partir de la pratique de l'autonomie économique et de la sécurité sociale, de la restauration et de la modernisation des systèmes de survie de la population.
En fait, leurs aspirations politiques ne peuvent être neutres - l'expiation de la culpabilité devant la Russie pour l'avoir traitée en ennemi ne peut être réalisée qu'en s'appuyant sur la Russie dans les processus de restauration, de renouveau et de développement. Aucun "Plan Marshall" ne devrait être autorisé pour ces territoires. Il ne peut y avoir de « neutralité » au sens idéologique et pratique, compatible avec la dénazification. Les cadres et les organisations qui sont l'instrument de la dénazification dans les républiques nouvellement dénazifiées ne peuvent que compter sur le soutien militaire et organisationnel direct de la Russie. La dénazification sera inévitablement aussi une désukrainisation - un rejet de l'inflation artificielle à grande échelle de la composante ethnique de l'auto-identification de la population des territoires de la Petite Russie historique et de la Nouvelle Russie, initiée par les autorités soviétiques. Instrument de la superpuissance communiste, après sa chute, l'ethnocentrisme artificiel n'est pas resté sans propriétaire. À ce titre officiel, il passa sous l'autorité d'une autre superpuissance (celle qui se tient au-dessus des États) — la superpuissance de l'Occident. Elle doit être rendue à ses frontières naturelles et privée de fonctionnalité politique. Contrairement, disons, à la Géorgie et aux pays baltes , l'Ukraine, comme l'histoire l'a montré, est impossible en tant qu'État-nation, et les tentatives d'en "construire" un conduisent naturellement au nazisme. L'ukrainisme est une construction anti-russe artificielle qui n'a pas son propre contenu civilisationnel, un élément subordonné d'une civilisation étrangère et étrangère. La débandérisation à elle seule ne suffira pas à la dénazification - l'élément Bandera n'est qu'un interprète et un écran, un déguisement pour le projet européen de l'Ukraine nazie, donc la dénazification de l'Ukraine est aussi son inévitable déseuropéanisation. L'élite Bandera doit être éliminée, sa rééducation est impossible. Le « marécage » social, qui l'a soutenu activement et passivement par l'action et l'inaction, doit survivre aux épreuves de la guerre et assimiler l'expérience comme une leçon historique et une expiation de sa culpabilité. Ceux qui n'ont pas soutenu le régime nazi, en ont souffert et la guerre déclenchée par lui dans le Donbass, doivent être consolidés et organisés, doivent devenir le pilier du nouveau gouvernement, sa verticale et horizontale. L'expérience historique montre que les tragédies et les drames de la guerre profitent aux peuples tentés et emportés par le rôle d'ennemi de la Russie. La dénazification comme objectif d'une opération militaire spéciale dans le cadre de cette opération elle-même est comprise comme une victoire militaire sur le régime de Kiev, la libération de territoires des partisans armés des nazis, l'élimination des nazis implacables, la capture de criminels de guerre, et la création de conditions systémiques pour la dénazification ultérieure en temps de paix. Ce dernier, à son tour, devrait commencer par l'organisation de l'autonomie locale, des organes de police et de défense, débarrassés des éléments nazis, lançant sur leur base les processus fondateurs de fondation d'un nouvel État républicain, intégrant cet État dans une coopération étroite avec le gouvernement russe. département pour la dénazification de l'Ukraine (nouvellement créé ou converti, disons, de Rossotrudnichestvo), avec l'adoption sous contrôle russe du cadre réglementaire républicain (législation) sur la dénazification, la définition des limites et du cadre pour l'application directe de la loi russe et La juridiction russe dans le territoire libéré dans le domaine de la dénazification, la création d'un tribunal pour crimes contre l'humanité dans l'ex-Ukraine. À cet égard, la Russie devrait agir en tant que gardienne des procès de Nuremberg. Tout ce qui précède signifie que pour atteindre les objectifs de dénazification, le soutien de la population est nécessaire, sa transition aux côtés de la Russie après la libération de la terreur, de la violence et de la pression idéologique du régime de Kiev, après le retrait de l'isolement informationnel . Bien sûr, il faudra un certain temps pour que les gens se remettent du choc des hostilités, pour être convaincus des intentions à long terme de la Russie - qu'"ils ne seront pas abandonnés". Il est impossible de prévoir à l'avance exactement dans quels territoires une telle masse de la population constituera une majorité indispensable. Il est peu probable que la "province catholique" (ouest de l'Ukraine faisant partie de cinq régions) fasse partie des territoires pro-russes. La ligne d'aliénation, cependant, sera trouvée empiriquement. Derrière elle restera hostile à la Russie, mais une Ukraine neutre et démilitarisée de force avec un nazisme formellement interdit. Les ennemis de la Russie iront là-bas. La garantie de la préservation de cette Ukraine résiduelle dans un état neutre devrait être la menace d'une poursuite immédiate de l'opération militaire en cas de non-respect des exigences énumérées. Cela nécessitera peut-être une présence militaire russe permanente sur son territoire. De la ligne d'exclusion à la frontière russe, il y aura un territoire d'intégration potentielle à la civilisation russe, qui est antifasciste dans sa nature interne. cela nécessiterait une présence militaire russe permanente sur son territoire. De la ligne d'exclusion à la frontière russe, il y aura un territoire d'intégration potentielle à la civilisation russe, qui est antifasciste dans sa nature interne. cela nécessiterait une présence militaire russe permanente sur son territoire. De la ligne d'exclusion à la frontière russe, il y aura un territoire d'intégration potentielle à la civilisation russe, qui est antifasciste dans sa nature interne. L'opération de dénazification de l'Ukraine, qui a commencé par une phase militaire, suivra la même logique d'étapes en temps de paix qu'une opération militaire. A chacun d'eux, il faudra réaliser des changements irréversibles, qui deviendront les résultats de l'étape correspondante. Dans ce cas, les étapes initiales nécessaires de dénazification peuvent être définies comme suit :
• —
liquidation des formations armées nazies (c'est-à-dire toutes les formations armées ukrainiennes, y compris les forces armées ukrainiennes), ainsi que de l'infrastructure militaire, informationnelle et éducative qui assure leur activité ;
• —
la formation d'organismes publics autonomes et de milices (défense et maintien de l'ordre) des territoires libérés, protégeant la population de la terreur des groupes nazis clandestins;
• —
installation de l'espace d'information russe ;
• —
le retrait du matériel éducatif et l'interdiction des programmes éducatifs à tous les niveaux contenant des directives idéologiques nazies ;
• —
des actions d'enquête de masse pour établir la responsabilité personnelle des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité, de la propagation de l'idéologie nazie et du soutien au régime nazi ;
• —
lustration, publication des noms de complices du régime nazi, les impliquant dans des travaux forcés pour restaurer les infrastructures détruites en punition des activités nazies (parmi ceux qui ne seront pas soumis à la peine de mort ou à l'emprisonnement) ;
• —
l'adoption au niveau local, sous la tutelle de la Russie, d'actes normatifs primaires de dénazification « par le bas », interdiction de tous types et formes de renouveau de l'idéologie nazie ;
• —
l'établissement de mémoriaux, de panneaux commémoratifs, de monuments aux victimes du nazisme ukrainien, perpétuant la mémoire des héros de la lutte contre celui-ci ;
• —
l'inclusion d'un complexe de normes antifascistes et de dénazification dans les constitutions des nouvelles républiques populaires ;
• —
création d'organismes permanents de dénazification pour une durée de 25 ans.
La Russie n'aura pas d'alliés dans la dénazification de l'Ukraine. Puisqu'il s'agit d'une entreprise purement russe. Et aussi parce que non seulement la version Bandera de l'Ukraine nazie sera éradiquée, mais aussi et surtout le totalitarisme occidental, les programmes imposés de dégradation et de désintégration civilisationnelle, les mécanismes d'assujettissement à la superpuissance de l'Occident et des États-Unis . Pour mettre en pratique le plan de dénazification de l'Ukraine, la Russie elle-même devra enfin se départir des illusions pro-européennes et pro-occidentales, se réaliser comme la dernière instance de protection et de préservation de ces valeurs de l' Europe historique (la vieille World) qui le méritaient et que l'Occident a finalement abandonné, perdant le combat pour lui-même. Cette lutte s'est poursuivie tout au long du XXe siècle et s'est exprimée dans la guerre mondiale et la révolution russe, inextricablement liées l'une à l'autre. La Russie a tout fait pour sauver l'Occident au XXe siècle. Elle a mis en œuvre le principal projet occidental, une alternative au capitalisme, qui a remporté les États-nations - un projet rouge socialiste. Elle a écrasé le nazisme allemand, monstrueux rejeton de la crise de la civilisation occidentale. Le dernier acte d'altruisme russe a été la main tendue de l'amitié de la Russie, pour laquelle la Russie a reçu un coup monstrueux dans les années 1990. Tout ce que la Russie a fait pour l'Occident, elle l'a fait à ses dépens, en faisant les plus grands sacrifices. L'Occident a finalement rejeté tous ces sacrifices, a dévalué la contribution de la Russie à la résolution de la crise occidentale et a décidé de se venger de la Russie pour l'aide qu'elle a fournie de manière désintéressée. De plus, la Russie suivra sa propre voie, sans se soucier du sort de l'Occident, en s'appuyant sur une autre partie de son héritage - le leadership dans le processus mondial de décolonisation.
Dans le cadre de ce processus, la Russie dispose d'un fort potentiel de partenariats et d'alliances avec des pays que l'Occident a opprimés pendant des siècles et qui ne remettront pas sous son joug. Sans le sacrifice et la lutte russes, ces pays n'auraient pas été libérés. La dénazification de l'Ukraine est en même temps sa décolonisation, que la population ukrainienne devra comprendre alors qu'elle commence à se libérer de l'ivresse, de la tentation et de la dépendance du soi-disant choix européen.
yannalan
 
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Re: La guerre en Ukraine

Message par com_71 » 05 Avr 2022, 15:12

Cet intéressant programme date du 3/4/2022, il est donc postérieur à la "réévaluation stratégique".
L'auteur Timofei Sergeitsev est producteur de films et ancien haut-cadre "réorganisateur" d'entreprises.
Sa présentation sur
https://www.livelib.ru/author/692003-timofej-sergejtsev
Timofey Nikolaevich Sergeytsev est un stratège politique russe, un représentant du mouvement méthodologique et un scénariste. Représente la tradition de «l'approche par l'activité» dans la pensée russe, proposée dans la première moitié des années 1950 par Alexander Zinoviev et développée par Georgy Shchedrovitsky et le Cercle méthodologique de Moscou. Timofey Sergeytsev est entré à l'Institut de physique et de technologie de Moscou en 1980 à la Faculté de physique générale et appliquée. En 1981, il tombe dans le champ d'activité de Georgy Shchedrovitsky, qu'il considère comme son professeur. Dans les années 1980-90. mené des "jeux d'activité organisationnelle" (ODI). De 1988 à 1992, il a été organisateur et directeur du Laboratoire de méthodologie de gestion à l'usine RAF (Jelgava, Lettonie). Collabore avec les technologues politiques russes Dmitry Kulikov et Iskander Valitov, pour lesquels il agit en tant qu'associé principal. activités de technologie politique. En 1995, T. Sergeytsev a amené Valery Galchenko, gouverneur de la région de Moscou, à la deuxième place aux élections. En 1996, il remporte la campagne électorale du maire de Novorossiysk, puis mène les campagnes électorales à Ussuriysk et Nakhodka. L'un des leaders des campagnes électorales en Ukraine : Viktor Pinchuk aux élections législatives (Dnepropetrovsk, 1998) ; Leonid Kuchma aux élections présidentielles (1999) ; Sergei Kasyanov aux élections parlementaires (région de Dnepropetrovsk, 2002) ; Arseni Iatseniouk aux élections présidentielles (2009) ; a conseillé Viktor Ianoukovitch lors des élections présidentielles (2004). En Russie : élections présidentielles en Oudmourtie (Nikolai Ganza, 2000), élections présidentielles en Iakoutie (Mikhail Nikolaev et Vyacheslav Shtyrov, 2001). Conseil aux entreprises et aux médias. En 1998-2000 Timofey Sergeytsev a conseillé les projets médiatiques et commerciaux de Viktor Pinchuk (réorganisation de la chaîne ICTV, réorganisation du groupe Interpipe, dans lequel il a été membre du conseil d'administration, mise en œuvre du projet Street Television pendant la campagne présidentielle de 1999. En 2008 - analyste en chef des avocats du conseil "Sergey Mirzoev et partenaires". Scénariste. Selon le scénario de Timofey Sergeytsev, le film "Match" a été tourné, basé sur un événement réel : un match à mort en 1942 à Kiev occupée par les nazis. Le film a acquis une notoriété pour le fait que, selon le scénario, les principaux personnages négatifs sont des Ukrainiens. Goskino a refusé d'accorder une licence de distribution au film pendant plusieurs semaines. Les premières démonstrations du film "Match" en Ukraine ont été perturbées par des représentants du VO "Svoboda" à Kiev et Zaporozhye
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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