fil "interventions de La Riposte"

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Zorglub » 17 Oct 2022, 18:47

La CGT doit tracer une perspective de lutte générale pour l’indexation des salaires sur le taux d’inflation, ce qui ouvrirait la voie à d’autres conquêtes sociales. La nationalisation de TotalEnergie ainsi que l’ensemble du secteur de l’énergie sous le contrôle démocratique des travailleurs serait un grand pas en avant. Ce serait également le meilleur moyen de planifier et d’opérer une décarbonation de l’économie, en retirant ce secteur des griffes des profiteurs capitalistes. Certes, la volonté des travailleurs à en découdre avec un système qui les opprime ne se commande pas sur mesure, mais tracer la perspective d’une nouvelle organisation sociale en brisant la mainmise des capitalistes sur l’économie est aujourd’hui plus indispensable que jamais.

La CGT devrait faire beaucoup de choses...
La nationalisation de TotalEnergies... par un Mitterrand aux petits pieds pour reprendre l'expression des copains.
Ce n'est pas une nationalisation qui "bris[e] la mainmise des capitalistes sur l'économie."
Zorglub
 
Message(s) : 967
Inscription : 27 Fév 2009, 01:26

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 19 Oct 2022, 18:48

Salut camarades,

Le régime iranien ébranlé par une mobilisation de masse
Le mercredi 19 octobre 2022
Article publié sur le site de La Riposte
Par La Riposte

https://www.lariposte.org/2022/10/le-re ... -de-masse/

Image

La femme, la vie, la liberté ! Tel est le mot d’ordre sous lequel un mouvement de masse de la jeunesse iranienne se mobilise contre le régime des Mollahs. Le mouvement a commencé après la mort de Mahsa Amini, une femme de 22 ans aux mains des forces de sécurité, le 16 septembre dernier. Les femmes sont la colonne vertébrale de cette lutte, qui dure maintenant depuis plusieurs semaines. Le régime est ébranlé. La mobilisation des travailleurs du secteur pétrolier, reliant leurs propres revendications à la dénonciation de l’assassinat de jeunes femmes par les forces de sécurité, est particulièrement dangereuse pour le pouvoir. La répression a été brutale. Au moins deux cents personnes ont été massacrées. En plus de ces victimes « officielles », dont le nom, l’adresse et l’âge sont connus, des centaines d’autres figurent dans des témoignages des participants au mouvement, surtout chez les Kurdes et les Baloutches. À la fin du mois de septembre, il semblerait que près d’une centaine de personnes ont été tuées par les forces de l’ordre lors d’une protestation contre le viol d’une jeune fille par un officier de la police.

Après quatre semaines de mobilisation, la révolte se poursuit dans une centaine de villes et une cinquantaine d’universités. Elle gagne désormais les lycées. Plusieurs vidéos en ligne montrent des femmes, souvent aux cheveux découverts, défiant et chassant les représentants du régime et des forces de répression, scandant « Foutez le camp ! Mort à la dictature ! À bas la République Islamique ! » Dans la rue, on se bat contre les agents du régime pour empêcher des arrestations. On stationne des voitures pour bloquer les routes et gêner l’intervention des forces de l’ordre. Des protestations spontanées éclatent sur les marchés, dans les quartiers, dans les transports. La jeunesse contourne le blocage du réseau internet par d’autres moyens de communication pour coordonner le combat et échanger des idées.

Certes, les puissances occidentales s’intéressent beaucoup à ce qui se passe en Iran. L’hypocrisie de leurs gouvernements est sans bornes. Ils fustigent le régime et dénoncent les impositions faites aux femmes. Mais le régime en Arabie Saoudite – dont la politique envers les femmes est beaucoup plus draconienne que celle du régime iranien – ne leur pose aucun problème ! En vérité, le recours aux forces du fondamentalisme islamique passe comme un fil conducteur à travers la politique étrangère des grandes puissances occidentales, et cela depuis des décennies, que ce soit dans leur soutien aux Frères Musulmans en Égypte et ailleurs, dans le soutien qu’ils accordaient à l’intervention des Talibans en Afghanistan, ou encore leur coopération avec Al-Qaïda en Syrie ou en Libye. Par ailleurs, après la chute de la monarchie iranienne pendant la révolution de 1978-1979, l’installation au pouvoir de l’Ayatollah Khomeini était pour les puissances occidentales un moyen de dérailler la révolution et empêcher une rupture avec le capitalisme. Aujourd’hui, un changement de régime pourrait convenir aux États-Unis et à l’Union Européenne, mais seulement à condition que le nouveau régime s’aligne sur leurs propres intérêts économiques, stratégiques et militaires, et que les travailleurs et la jeunesse soient exclus du pouvoir. Cependant, quand l’Ayatollah Khamenei accuse les États-Unis d’orchestrer ce qu’il qualifie d’« émeutes » en Iran, ce n’est qu’une fabrication mensongère pour semer la confusion.

Il est évident que les revendications de la jeunesse concernant la liberté et l’égalité des femmes sont incompatibles avec l’existence même de la République Islamique. Mais le régime ne partira pas de son gré. Il ne cessera d’exister que s’il est renversé par un mouvement d’en bas. Or, malgré le courage et la combativité de la jeunesse, elles ne pourront pas aboutir sans une intervention en masse de la part de la classe ouvrière iranienne. Les grèves dans le secteur pétrolier, l’industrie du sucre et quelques autres secteurs marquent le début d’une nouvelle étape dans le processus révolutionnaire et pourraient bien se généraliser. C’est sur cette question que repose le sort du régime. L’Etat dispose de moyens de répression impressionnants. Le régime dispose également de réserves sociales non négligeables. La lutte est engagée, mais son issue n’est pas encore décidée.

Si jamais le régime tombe, qu’est-ce qui prendrait sa place ? Une grève générale en Iran pourrait paralyser l’économie et l’appareil de l’État. Elle poserait la question du pouvoir, la question de qui – ou plus exactement de quelle classe sociale – doit prendre les commandes de la société. Cependant, poser la question ne signifie pas y apporter la réponse. Pour cela, au moins deux conditions sont nécessaires. Premièrement, celle de l’auto-organisation des travailleurs et de la jeunesse, pour permettre une coordination des luttes. Cette auto-organisation pourrait prendre la forme de shoras ou assemblées générales, qui font partie intégrante des traditions révolutionnaires du mouvement ouvrier iranien. Un mouvement massif et uni de ce type pourrait mener au renversement de la République Islamique et, par la convocation d’une Assemblée Constituante, jeter les bases d’une nouvelle organisation sociale et politique de la société iranienne, fondée sur la démocratie, le respect des droits de minorités nationales et l’égalité complète entre les sexes. Deuxièmement, il y a la question du programme économique et social du mouvement, qui ne devrait pas se limiter à des réformes dans le cadre du capitalisme, mais au contraire viser l’expropriation des exploiteurs capitalistes et la mise en place d’une gestion démocratique et socialiste de l’économie par le peuple lui-même. À défaut de l’émergence de ces conditions organisationnelle et programmatique au cours de la lutte, le régime despotique des Mollahs pourrait bien survivre à l’épreuve actuelle – ou alors céder la place à une nouvelle forme de tyrannie.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2487
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 16 Nov 2022, 20:32

Salut camarades,

Marc LAINE 1956 – 2022
16 novembre 2022,
Article publié sur le site de La Riposte
Par Gauthier HORDEL

https://www.lariposte.org/2022/11/marc-laine-1956-2022/

Marc Laine.jpg
"Les Nôtres" - La Riposte
Marc Laine.jpg (41.72 Kio) Consulté 7276 fois


Mardi 8 novembre, nous avons appris la mort de notre camarade Marc Lainé. Il était un authentique militant, combattant irréductible et dévoué à la classe ouvrière. Son expérience de la lutte remonte dès sa plus tendre enfance. En mai 1968, alors qu’il n’avait que 12 ans, il assiste aux grandes grèves et participe aux manifestations. C’est à partir de ce moment qu’il se forge une véritable conscience politique, observant la division de classe de la société et les inégalités inhérentes au système capitaliste. Pendant de longues années, il se tient à distance des organisations politiques et syndicales mais ses convictions sont inaltérables. Il rejoindra la CGT peu de temps après avoir intégré la société Thales en tant que monteur mécanicien. Très rapidement, il en devient la force motrice écumant les responsabilités syndicales au sein de Thales. Il se distingue par sa clairvoyance et son caractère trempé. Il ne se laissait jamais impressionné par les Hommes et leurs « grades ». Cependant, il était sensible à la force des idées et se laissait convaincre seulement s’il jugeait les idées justes et si elles faisaient progresser la cause des travailleurs.

Durant ces années de militantisme, il participera à construire et renforcer le syndicat. Il essayait d’utiliser toutes les occasions possibles pour élever la conscience de classe des salariés. Il menait la bataille des idées afin de les convaincre de lutter pour leur droit et arracher au capital la richesse octroyée sur leur dos. Il organisera de nombreuses luttes dans l’entreprise qui participera à construire sa réputation. Ses convictions et ses actions n’étaient pas du goût de certains mais tous pouvaient constater sa ferveur et l’honnêteté de son engagement dans un total désintérêt. Il est certain qu’il marquera les esprits de ses camarades, de ses amis, de ses collègues et de ses adversaires. Sa conscience révolutionnaire l’amena à étendre la lutte syndicale vers l’action politique. II rejoindra la Riposte puis le PCF. Son expérience, ses connaissances et sa clairvoyance faisaient qu’il avait une vision lucide de la situation et les organisations politiques. Son engagement au sein du PCF sera marqué par sa volonté de renforcer les idées du marxisme, seules selon lui capable de frayer un chemin vers le communisme. Pour lui, un monde juste était un monde débarrassé de l’exploitation capitaliste où régnerait la coopération et la démocratie ouvrière. Cette détermination à transformer le monde restera intacte jusqu’à son dernier souffle.

Marc était reconnu pour sa convivialité, sa gentillesse et son abnégation. Il avait des qualités humaines indéniables qui étaient perceptibles dans la vie quotidienne. Il était toujours à l’écoute, il soutenait et conseillait ses amis dans les moments difficiles de la vie. Sa disparition laisse place à une grande tristesse, mais il laisse derrière lui un héritage militant inestimable. Les idées qu’il a défendues sont toujours parmi nous. Il restera une source d’inspiration pour ses camarades de lutte. Le meilleur hommage que nous puissions lui rendre est de poursuivre la lutte pour les idées qui l’ont animé, l’émancipation du genre humain.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2487
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 21 Nov 2022, 16:09

Salut camarades,

Le comrade John Pickard est militant/vétéran de la gauche du Parti Travailliste, un ami depuis de longues années des idées marxistes et révolutionnaires de La Riposte... Nous l'avions accueilli en France, il y a quelques années, pour une série de réunions publiques et notamment à la Fête de L'Humanité.

Crise économique et sociale au Royaume-Uni.
Entretien avec John Pickard, Left Horizons / Parti Travailliste
Le lundi 21 novembre 2022,
Article publié sur le site de La Riposte

https://www.lariposte.org/2022/11/crise ... n-pickard/

Image

De longue date, le Royaume-Uni jouissait d’une réputation de stabilité gouvernementale. Et puis nous avons vu trois Premiers Ministres différents en l’espace de deux mois, sur fond de profondes divisions au sein du Parti Conservateur au pouvoir. Que s’est-il passé ?

Le Parti Conservateur est depuis longtemps l’un des partis de droite les plus solides en Europe. C’est le “parti naturel du gouvernement” depuis 200 ans. Ses chefs étaient des représentants par excellence du capitalisme britannique. Cependant, en raison du déclin prolongé du capitalisme britannique par rapport à ses rivaux – un déclin qui a commencé dès avant la Première Guerre mondiale et qui s’est accéléré après 1945 – ses représentants sont devenus de plus en plus myopes. Par ailleurs, la classe capitaliste elle-même est divisée. L’aile la plus « traditionnelle », s’appuyant sur l’industrie manufacturière, a perdu le contrôle du parti au profit des spéculateurs financiers qui voient tout en termes de bénéfices rapides et faciles. C’est cette partie de la classe dirigeante qui a soutenu la stratégie du Brexit, dont les conséquences économiques sont désastreuses. La Grande-Bretagne est désormais « le malade de l’Europe ». Dans un sens, on peut dire que la classe capitaliste a perdu le contrôle de son propre parti, qui est tombé entre les mains de charlatans politiques.

Que fera le gouvernement de Rushi Sunak ?

Il imposera de sérieuses réductions dans les dépenses publiques, entraînant une dégradation des services publics aux niveaux national, régional et municipal. Il augmentera certaines taxes, y compris des « taxes exceptionnelles » sur les entreprises réalisant des superprofits. C’est qu’il doit à tout prix stabiliser l’appareil gouvernemental et empêcher un effondrement complet de la base électorale du Parti Conservateur. À un moment donné, le Parti Travailliste avait 26 points d’avance dans les sondages. Sunak voudrait réduire cet écart avant les prochaines élections. Il aura du mal à remettre le gouvernement sur des bases plus solides. Déjà, l’un de ses ministres a été contraint de démissionner pour avoir harcelé et menacé des hauts fonctionnaires. L’administration va de crise en crise.

L’ensemble de l’Europe glisse progressivement dans une situation de « stagflation ». L’économie du Royaume-Uni semble être plus durement touchée que l’Europe continentale. Quelle est la profondeur de la crise économique et quelles en sont les conséquences pour les travailleurs ?

La stagflation est un phénomène international, mais selon la plupart des indicateurs économiques, le Royaume-Uni est plus touché que tous les pays du G7 et la plupart des pays du G20. Son économie est en récession et la Banque d’Angleterre prévoit au moins deux années de croissance négative. C’est en partie à cause de la folie du Brexit – ce qui est maintenant reconnue même par des journaux de droite anciennement pro-Brexit – et en partie à cause de la corruption et de la myopie des gouvernants. Depuis de nombreuses années, le patronat a misé sur une main-d’œuvre bon marché et un faible niveau d’investissements pour s’en sortir. Ce modèle est en train de s’effondrer actuellement.

Le mouvement syndical réagit en conséquence. Près de 2 millions de syndiqués ont voté ou sont sur le point de voter pour une action de grève, car l’inflation, qui frappe surtout les ménages à faible revenu, est supérieure à 10 %. Les loyers augmentent. Les taux d’intérêt augmentent. De tous les pays européens, c’est au Royaume-Uni que nous avons connu la plus forte augmentation du prix de l’énergie. Récemment, même l’association des infirmières, le Royal College of Nurses, qui n’est pas vraiment un syndicat et qui s’est toujours opposé aux actions militantes, a voté majoritairement en faveur d’une grève. Des professeurs d’université, des cheminots, des postiers et des dockers ont tous annoncé des grèves. Un demi-million d’enseignants vont se prononcer prochainement. La mobilisation actuelle des travailleurs est d’une ampleur inconnue dans le pays depuis les années 70.

Quelles devraient être les principales revendications du mouvement ouvrier britannique à l’heure actuelle ?

L’ensemble du mouvement ouvrier a exigé une élection générale immédiate. Cette exigence est juste. Nous avons eu deux nouveaux premiers ministres sans mandat. Il faut également revendiquer :

Une augmentation des salaires au moins égale à la hausse des prix depuis 12 mois et l’indexation de tous les salaires sur l’évolution future des prix.
Le gel de tous les loyers et l’interdiction des expulsions des familles en difficulté.
La remise dans le domaine public de tous les services publics qui ont été sous-traités à des entreprises privées : chemins de fer, services postaux, distribution d’énergie, etc.

Annulation de toutes les réductions programmées des dépenses sociales. Remise à niveau des budgets de l’éducation et des services de santé.
Pour un service national de santé entièrement public.
Si le Parti travailliste remporte les prochaines élections législatives, que devons-nous attendre de lui ?

La gauche du Parti exigera des mesures sérieuses dans l’intérêt des travailleurs, dans le sens des revendications listées ci-dessus. Le parti devrait défendre les travailleurs, pas les patrons. Cependant, ce programme ne serait pas réalisable sans remettre en cause le pouvoir des grands groupes capitalistes qui dominent l’économie. Il faut développer un plan de production démocratique pour mener à bien une politique radicale dans l’intérêt des travailleurs. C’est évident qu’un gouvernement travailliste serait soumis à une énorme pression de la part de la classe capitaliste pour imposer l’abandon des réformes sociales. La pression des grands groupes capitalistes et de l’ensemble de la classe dirigeante serait implacable. Le prochain gouvernement travailliste sera d’emblée un gouvernement de crise, sous la pression de forces sociales contradictoires. La seule façon de résister au sabotage capitaliste serait de mobiliser les travailleurs en masse.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2487
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par com_71 » 21 Nov 2022, 16:52

"L’ensemble du mouvement ouvrier a exigé une élection générale immédiate. Cette exigence est juste."
C'est déplorable ! Comment peut-on écrire une chose pareille en sachant qu'elle serait la politique anti-ouvrière d'un éventuel gouvernement travailliste.
Ce n'est pas sérieux.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6002
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 21 Nov 2022, 21:21

Salut camarades,

Comme chaque année La Riposte était présente avec son stand à la Fête de l'Humanité de Normandie ! L'intervention des travailleurs de Compin ont défrisé certains élu(e)s, dont des députés à la tribune ! Et c'est tant mieux !

La Riposte - En solidarité avec les travailleurs de Compin !

Intervention des travailleurs en lutte de Compin à la Fête de l’Humanité Normandie !

Intervention travailleurs Compin.jpg
Grève Compin
Intervention travailleurs Compin.jpg (19.31 Kio) Consulté 7043 fois


"Compin, c’est une boîte de 113 salariés qui fabrique des sièges pour les transports publics. L’actionnaire majoritaire, c’est un fonds d’investissement, Equistone. Dans la boite, il y a aussi des investissements publics puisque, BPI France, à hauteur de 8 % du capital.

Eh bien fin août, la direction a annoncé qu’elle voulait licencier 55 camarades et transférer la production en Pologne. Le PDG a dit : « Faut couper les branches mortes ». Exploiter une main-d’œuvre moins chère, c’est le but. Peut-être des camarades venus d’Ukraine, puisqu’une partie des ouvriers en Pologne vient d’Ukraine. Mais bref, Ukrainiens, Polonais, ou Français, du moment qu’on est bons à suer un maximum de profit, la direction ne fait pas la différence. Les patrons mettent les ouvriers en concurrence à l’échelle du monde entier. Il ne faut pas s’illusionner : la seule réponse valable c’est l’union des travailleurs par-delà les frontières. « Travailleurs de tous les pays unissez-vous ! », ça doit être notre boussole à la CGT.

A Compin, il n’y a pas de tradition de lutte. Alors, il a fallu construire la résistance. D’abord, trois manifestations entre septembre et octobre. Une action dont les collègues ont été très fiers, c’est la haie du déshonneur : la direction a dû passer entre deux rangées de plusieurs dizaines de camarades. La direction pouvait mesurer la colère. Mais elle ne bougeait pas. Elle maintenait les licenciements, et annonçait qu’elle ne donnerait rien de plus aux licenciés que ce qui est dans la loi.

Face au mépris, la grève a fini par s’imposer. C’est en fait la seule arme que nous avons pour faire pression sur le patron. La production a été interrompue en deux fois : d’abord fin octobre pendant trois jours, puis du 9 au 16 novembre. La première grève a mis une cinquantaine de camarades dans la bagarre. Avec à chaque fois un piquet devant l’usine. Du 9 au 16 novembre, nous étions 20 en grève. La direction a fait une grosse pression contre les grévistes et la CGT auprès des camarades non-grévistes. Mais la grève a quand même imposé une concession à la direction : elle a monté le supralégal à 8000 euros. Ce n'est pas grand-chose. Pour la vingtaine de grévistes, c’est des miettes, mais pour les non-grévistes c’est apparu comme un aboutissement qui devait clore le plan social. Voilà où on en est maintenant.

Ce que je voudrais dire, c’est qu’à 50 d’abord, à 20 ensuite, nous avons utilisé la bonne arme pour se faire entendre, la grève, mais aussi nous avons essayé, je dis bien essayé car ce n’est pas simple, qu’elle soit le plus dirigée, contrôlée par les grévistes. En fait, au piquet de grève, les décisions se prenaient ensemble. Nous avons essayé de faire vivre une sorte de démocratie ouvrière ; je ne dis pas que nous y sommes arrivés. Mais, c’est ce qui explique que des camarades dont c’était la première grève se sont engagés à fond. La grève c’est l’arme des travailleurs, la démocratie dans la lutte c’est le moyen de la faire vivre et de la rendre forte.

Les camarades de l’usine peuvent être fiers du combat que nous menons. Et sans le secours des « pouvoirs publics » bien sûr. Oh, le gouvernement a dit que Compin n’était pas dans les clous. Mais au final, comme toujours, il ne fait rien contre le patron pour empêcher les licenciements. Les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Pour empêcher 51, licenciements « il n’y aura pas de sauveur suprême », pour paraphraser le chant des travailleurs "L’Internationale".

La lutte que nous menons à Compin, elle est un tout petit poste avancé de l’offensive que les patrons mènent partout sur l’emploi et les salaires. Il ne faut pas se faire d’illusions : on entre dans une époque de crise du capitalisme, on entre dans une époque sinon de guerre, en tout cas de préparation à la guerre. En tant que militant de la CGT, je pense qu’il faut qu’on explique à nos camarades de travail que pour la paye, l’emploi, une vie digne, il faudra remettre en cause les pleins pouvoirs des patrons dans les usines, et ne jamais compter sur l’Etat français pour nous défendre.
Il faut préparer les travailleurs à une lutte générale.

Voilà, dans la période qui vient, la classe ouvrière aura besoin de bien comprendre quels sont les moyens à mettre en œuvre pour sauver sa peau, et de se préparer aux combats qui nous attendent. Evidemment à Compin, difficile de soulever des montagnes. Mais dans nos boites, moi je pense que l’on doit discuter avec les camarades du syndicat et les salariés de ce qui est vital pour nous en tant que travailleurs : sur les payes, il faudra imposer 200, 300, 400 euros d’augmentation et que plus un salaire ne soit en-dessous de 2 000 euros.

Et puisque les prix flambent, il faut les indexer sur les prix. Face au chômage, aux fermetures de boite, même à cause de la crise, il faut imposer la répartition du travail entre tous sans perte de salaire. Pour imposer cela, il faudra s’en prendre aux capitalistes, au secret des affaires, au secret commercial. Il faudra que les travailleurs en lutte mettent le nez dans les comptes des entreprises. Il faut expliquer autour de nous que les travailleurs devraient tout contrôler, depuis la production jusqu’aux rayons des supermarchés, pour vérifier l’évolution des prix justement. Il faut qu’on ait confiance dans les capacités des travailleurs à changer le rapport de force par leur lutte au point de contester aux capitalistes leur prétendue droit à s’enrichir sur notre dos.

A son origine, la CGT était révolutionnaire, pour « l’abolition du salariat » au sens de combattre l’exploitation capitaliste jusqu’à la révolution sociale."
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2487
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par com_71 » 21 Nov 2022, 22:50

L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6002
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par artza » 25 Nov 2022, 07:46

Beaucoup de bonnes choses dans cette allocution que des auditeurs du PCF ne doivent pas avoir l'occasion d'entendre souvent.

Malheureusement aucune allusion à ce qui se passe pour le syndicat CGT de PSA Poissy qui pourtant était affilié à la même fédération des métaux .

C'est regrettable, le propos en aurait été illustré, actualisé et renforcé.
artza
 
Message(s) : 2404
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 08 Déc 2022, 16:57

Salut camarades,

Boeing : Toujours plus de profit… au détriment de la sécurité aérienne.
8 décembre 2022La Riposte
Par Gauthier Hordel

https://www.lariposte.org/2022/12/boein ... -aerienne/

Image

En 2018 et 2019, Boeing a fait la « une » de l’actualité avec deux catastrophes successives impliquant des 737 MAX de la compagnie indonésienne Lion Air et puis d’Ethiopian Airlines. Le documentaire Downfall (Netflix) retrace l’histoire et les causes de ces événements tragiques, démontrant sans appel la responsabilité des dirigeants de Boeing.

Boeing était le fleuron de l’industrie aéronautique mondiale durant des dizaines d’années. Réputée pour sa capacité d’innovation et la fiabilité de ses appareils, faisaient la réputation, l’entreprise a été le leader mondial de l’industrie aéronautique, avec 10 000 appareils en service à travers le monde. Pendant des années, ingénieurs, techniciens et ouvriers étaient fiers d’arborer les couleurs d’une entreprise célèbre et prestigieuse. Seulement quatre mois ont séparé l’accident de Lion Air de celui d’Ethiopian Airlines. Dans les deux cas, les boîtes noires ont révélé qu’une sonde située sur l’avant de l’avion et permettant de mesurer l’angle d’inclinaison du nez de l’avion était défectueuse, enregistrant des valeurs erronées. Cette unique sonde est connectée à un système de correction automatique de trajectoire contrôlé par un logiciel dénommé MCAS. Pour l’accident indonésien, la boîte noire a également révélé un problème d’indication d’altitude. La correction automatique de vol a lutté contre ce qu’il pensait être un cabrage de l’avion et a fait piquer l’avion vers le bas. Or, il se trouve qu’en l’absence de données exactes d’altitude, le système ne comprend pas qu’il envoie l’avion, avec son personnel naviguant et ses passagers, dans une chute mortelle. Les pilotes recevaient une série d’alarmes contradictoires qu’ils n’ont pas eu le temps d’analyser. Ne comprenant pas la réaction de l’avion, ils n’ont pu le redresser. À cette époque, aucun pilote du 737 MAX n’avait connaissance de l’existence du MCAS et de la possibilité de le désactiver.

Ultérieurement, Boeing a dû reconnaître que les pilotes n’étaient pas informés que le 737 MAX disposait du système correction automatique de trajectoire MCAS et de la possibilité de le désactiver si nécessaire. Cependant, bien que les pilotes d’Ethiopian Airlines se soient retrouvés avec la même anomalie que les Indonésiens et qu’ils aient effectivement déconnecté le MCAS, ils n’ont pas réussi non plus à redresser l’avion. L’expertise a démontré qu’ils ne disposaient que de 10 secondes, une fois les alarmes enclenchées, pour comprendre que le problème venait d’un défaut de sonde envoyant des données erronées au MCAS et qui faisait plonger l’avion vers le bas. Toute la stratégie de Boeing lors de ces deux accidents a été de tenter de discréditer les pilotes afin de leur faire endosser la responsabilité des catastrophes. L’enquête menée par un journaliste du Wall Street Journal a révélé que derrière les affirmations calomnieuses de Boeing se cachait une autre réalité. L’entreprise est sérieusement concurrencée par Airbus depuis des années au point d’avoir perdu sa position de leader sur le marché de l’aviation civile et des gros-porteurs. Le 737 MAX devait aider Boeing à revenir à la première place en signant de nombreux contrats avec les compagnies aériennes.

Lorsqu’un constructeur met sur le marché un nouvel avion, il doit respecter des règles imposées par la FAA (Federal Aviation Administration), qui effectue une série de contrôles pour vérifier que l’appareil répond à des exigences bien précises. Parmi ces règles, il y a l’obligation de former les pilotes sur le nouvel appareil, grâce à des simulateurs de vol. Or, l’enquête a révélé que Boeing a dissimulé l’ampleur des changements pour faire passer le 737 MAX non comme un nouvel appareil, mais comme une simple modification du 737. De cette façon, Boeing est passé au travers de ses obligations qui lui ont permis d’éviter le développement de simulateurs et la formation des pilotes. Parmi les changements majeurs que Boeing a dissimulés, il y avait les nouveaux moteurs du 737 MAX, qui sont plus lourds que les anciens. Or, le fuselage du 737 n’a pas été modifié et les ingénieurs ont été obligés de placer les moteurs plus en avant. Cette nouvelle position engendrait un cabrage de l’avion vers l’avant. Le système MCAS a été implanté précisément pour corriger ce défaut. Habituellement et par mesure de sécurité, les avions sont équipés de deux sondes de mesures d’inclinaison, mais par souci d’économie il a été « imposé » aux ingénieurs d’en supprimer une.

Alors que Boeing a fondé sa réputation sur la qualité et la sécurité de ses avions, quelles sont les circonstances qui l’ont poussé à renoncer à la culture existante au sein de l’entreprise, au point de mettre la vie du personnel navigant et des passagers en danger ? Indéniablement, c’est la course au profit qui est responsable. En 1996, Boeing rachète l’entreprise McDonnell Douglas, qui était le quatrième constructeur aéronautique de l’époque. Selon les salariés de Boeing, c’est à partir de cette opération que la politique de l’entreprise commence à changer. Beaucoup d’entre eux rejettent la faute sur l’entreprise absorbée, qui aurait imposé des méthodes radicalement différentes. Désormais, les résultats à court terme, les rentrées d’argent rapide et la satisfaction des actionnaires sont devenus les objectifs principaux. Dans les années 80 et 90, l’économie se transforme. Les taux de profit du secteur industriel ralentissent, ce qui incite les investisseurs et les entreprises à se tourner vers le secteur financier. Celui-ci assure une rentabilité des investissements plus importante que le secteur productif, mais qui crée au passage des bulles spéculatives. Les entreprises du secteur industriel cherchent à créer de la valeur en jouant sur la valeur des actions pour assurer un rendement plus élevé. Le rachat de McDonnell Douglas par Boeing pour former un géant de l’aéronautique et attirer de nouveaux investisseurs est un des révélateurs de cette transformation économique. Par la suite, la qualité de construction des avions est passée au second plan, car elle génère des surcoûts. La productivité est augmentée et se fait au détriment de la rigueur nécessaire dans le processus de production des avions. Le management au sein de l’entreprise se transforme. L’innovation a pour seul objectif l’augmentation des profits. Les procédures réglementaires sont bâclées et les employés sont désorientés. Pour eux, Boeing n’est plus synonyme d’innovation, de qualité et de sécurité. L’entreprise est devenue une machine purement financière.

Les stratégies mises en œuvre par les entreprises démontrent que sous le capitalisme, le moteur de l’activité économique est la recherche de profit maximum. Depuis les années 70, nous vivons dans un système de crise permanente et de ralentissement économique plus ou moins prononcé. Dans ces conditions, tout ce qui fait obstacle aux profits est minutieusement détruit. Que ce soient les conquêtes sociales, la lutte contre le réchauffement climatique ou, comme ici, la qualité de construction des avions, elles ne sont plus qu’autant d’obstacles à la rentabilité à court terme. Les capitalistes agissent en toute impunité et les 347 morts de deux crashs n’ont que peu de valeur face à leurs intérêts. Le pouvoir économique de ce type d’entreprise est bien trop important. Les familles des victimes, ayant voulu faire reconnaître la culpabilité de Boeing, ont pu en faire l’expérience. Boeing a tout mis en œuvre pour remettre en service ses 737 MAX et éviter un procès. Tant que le capitalisme régnera, nous serons systématiquement soumis aux intérêts « supérieurs » de la classe dominante. C’est un exemple parmi tant d’autres de la nécessité de mettre un terme définitif à la propriété capitaliste des moyens de production.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2487
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 10 Déc 2022, 05:37

Salut camarades,

Chine : Grève chez Foxconn, vague de manifestations contre le régime.
Le jeudi 8 décembre 2022
Article publié sur le site de La Riposte
Par La Riposte

https://www.lariposte.org/2022/12/chine ... le-regime/

Image

Les grévistes de l’usine Foxconn de Zhengzhou, en Chine, en lutte pour une amélioration des salaires et des conditions de travail, ont dû faire face à la violence brutale de la police, qui frappait les grévistes avec des matraques métalliques. La grève, impliquant plus de 3000 employés, a paralysé certaines lignes de production. Les grévistes se sont défendus vaillamment contre les forces de l’ordre, comme en témoignent de nombreuses vidéos, dont la diffusion est désormais interdite en Chine.

Le régime dans l’usine est implacable. Les salariés font l’objet d’un harcèlement permanent de la part de la direction. Chaque équipe de travail doit respecter des cadences infernales et se voit imposer des quotas de production difficilement atteignable, au détriment de leur santé physique et mentale. Des « contrôleurs de qualité » guettent leurs moindres faits et gestes. Des règles très strictes sont imposées pour éviter des empreintes de doigts ou des égratignures sur les smartphones. Les produits jugés non conformes et retirés des chaînes de production sont déduits des quotas, donnant lieu à une perte de salaires. La tension est telle que des conflits violents éclatent périodiquement entre les salariés et les contrôleurs. Il arrive aussi que des agents de la sécurité agressent les employés, ce qui a provoqué une émeute dans une usine à Taiyuan (capitale de la province du Shanxi), quelques semaines avant la grève de Zhengzhou.

Le taux de croissance annuelle de la Chine a été de 6,7% en moyenne au cours des dix dernières années. Cependant, cette performance impressionnante s’est accompagnée de l’installation d’inégalités sociales flagrantes. Tandis que les familles des dirigeants du régime accumulent des fortunes immenses, soit par l’exploitation directe des travailleurs, soit par des opérations spéculatives, la vie devient de plus en plus difficile pour la masse de la population. La réduction importante de la « pauvreté absolue » – constamment mise en avant par les apologues du régime – peut difficilement cacher cette réalité.

Il y a une dégradation progressive des perspectives économiques du pays. Le taux de croissance du PIB chinois était de 14,2% en 2007. En 2018, elle n’était plus que de 6,6%, et après une remontée temporaire en 2021, la croissance du PIB pour 2022 sera sans doute de l’ordre de 3,5%, soit la croissance la plus faible en Chine depuis 50 ans. La monnaie chinoise est en perte de vitesse sur les marchés financiers. Face à la contraction de la demande, à l’inflation et à la hausse des taux d’intérêt à l’échelle mondiale, ses exportations sont en baisse. Ses importations, qui sont un indicateur du dynamisme de l’économie nationale, n’ont crû que de 0,3% entre septembre 2021 et septembre 2022. La tentative de brider le développement du secteur privé, dans lequel le régime voyait une menace pour sa stabilité, n’a fait qu’accentuer les difficultés économiques et mettre davantage en évidence le rôle prépondérant des investissements capitalistes dans l’économie nationale. En 2018, le secteur privé représentait 60% du PIB de la Chine, 60% des investissements et 90% des créations d’emplois. Le nombre de chômeurs augmente. Le taux de chômage dans les grands centres urbains se situe à environ 5,5%, mais chez les jeunes de 16 à 26, il est à près de 18%.

En parallèle avec la dégradation de la situation économique de la Chine sur le plan intérieur, le conflit avec les États-Unis a considérablement compliqué son expansion mondiale. La Chine est la deuxième puissance économique dans le monde. À 18 000 milliards de dollars en 2021, son PIB constitue 18,4% du PIB mondial, contre 11% en 2012, selon la Banque Mondiale. En occupant une place de plus en plus importante dans l’économie mondiale, la Chine constitue une menace pour les intérêts d’autres puissances mondiales. Son expansion ne peut être qu’au détriment des États-Unis et des puissances européennes. La France, par exemple, a cédé beaucoup de terrain économique et de pouvoir politique en Afrique à d’autres intervenants, dont, et en première place, la Chine. Pour les États-Unis, le besoin de contenir cette expansion est devenu un objectif prioritaire de sa stratégie internationale. D’où la guerre économique contre la Chine mise en place par Donald Trump et maintenue sous Joe Bidon.

Ce conflit a, bien sûr, une dimension militaire importante. Le « pivot stratégique » des États-Unis a effectué un transfert massif de ressources vers l’espace indopacifique. En 2011, Barak Obama a annoncé un changement important dans la stratégie internationale des États-Unis. Ce désengageant progressivement du Moyen-Orient, au moins 50% des forces navales américaines seraient désormais déployées en Asie centrale. Ensemble, la Chine et l’Inde représentent a moitié de la population mondiale et un tiers de son PIB. C’est un enjeu qui vaut beaucoup plus, du point de vue de l’impérialisme américain, que le sort de l’Irak ou de la Syrie. La Chine est effectivement cernée par une longue chaîne de bases militaires américaines, allant du Japon et des Philippines jusqu’à l’Australie et l’océan Indien. Les capacités militaires de la Chine montent en puissance, avec près de 300 navires de combat, mais pour l’heure l’avantage demeure largement du côté des États-Unis, dont la puissance maritime est plus de trois fois supérieure à celle de son adversaire. Cela signifie que les États-Unis pourraient potentiellement couper ou en tout cas sérieusement réduire les routes maritimes d’importation et d’exportation dont la viabilité économique de la Chine est largement dépendante. En conséquence, la marge de manœuvre de la Chine est relativement étroite.

Lors du récent congrès du PCC – orchestrée et étroitement contrôlée par le pouvoir – Xi Jinping et ses acolytes ont malgré tout affiché une confiance et un optimisme inébranlables. Cependant, si le régime est aussi fort qu’il prétend, pourquoi faut-il strictement interdire toute opposition directe de sa politique ? Pourquoi est-il formellement interdit de publier ne serait-ce que des photos des contestations du passé, comme celle de Tiananmen en 1989 ? Les médias, les réseaux sociaux et Internet sont sous surveillance permanente. Même Winnie the Pooh (Winne l’Ourson) est interdit en Chine, depuis que quelques internautes ont osé le comparer à Xi Jinping ! Clairement, derrière la façade de confiance officielle, le pouvoir chinois est profondément inquiet.

La grève chez Foxconn est révélatrice d’un contexte social et politique de plus en plus tendu. En plus des grèves sporadiques, qui entraînent souvent de lourdes conséquences pour les participants une fois qu’elles se terminent, des manifestations et des émeutes sont fréquentes. Le mécontentement concerne un large éventail d’injustices sociales : les répercussions sociales de la politique de « zéro covid », les bas salaires, le régime oppressant dans les entreprises, le chômage, le traitement discriminatoire des femmes dans le monde du travail, la discrimination contre les « migrants » issus des milieux ruraux, la persécution des Ouïghours, les conséquences terribles des avortements forcés, des stérilisations, de la séquestration des enfants et d’autres ramifications de la limitation autoritaires des naissances. Face à la combinaison d’un régime économique composé de capitalisme et – pour ce qui est du secteur « public » – d’entreprises d’État gérés selon des critères capitalistes, et d’un régime politique autoritaire et oppressant, il y a comme une lame de fond de ressentiment et d’opposition, exprimant une soif de liberté et de démocratie. La classe ouvrière et de la jeunesse chinoise sont un « géant endormi » qui commence enfin à se réveiller !

Lire aussi : https://www.lariposte.org/2020/06/la-ch ... on-au-pcf/


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2487
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

PrécédentSuivant

Retour vers Presse et communiqués

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 8 invité(s)