par Plestin » 06 Mars 2023, 10:32
Lutte Ouvrière sera présente lors de l'élection législative partielle du 26 mars 2023 dans la 1ère circonscription de l'Ariège (Foix, Tarascon-sur-Ariège, Varilhes, Lavelanet...) avec pour candidats Gisèle LAPEYRE, technicienne de laboratoire hospitalier, retraitée, et Daniel JUNCA, chauffeur retraité.
Gisèle LAPEYRE fut militante syndicale et politique au CHU de Rouen et un temps élue LO au Conseil régional de Haute-Normandie, avant de prendre sa retraite en Ariège, où elle était déjà candidate lors des deux scrutins législatifs précédents.
L'Ariège compte 2 circonscriptions ; en gros, la 1ère réunit toutes les parties montagnardes du département (frontalières de l'Espagne et de l'Andorre) ainsi que le piémont ; la seconde rassemble les parties de plus faible altitude et est centrée sur la ville de Pamiers. Principale exception : le secteur de Saint-Girons, à l'ouest du département, est déjà montagnard mais rattaché à la 2ème.
Foix est une petite commune de 9.500 habitants, l'une des plus petites préfectures de France, centre d'une agglomération de 12.300 habitants environ. C'est une ville surtout administrative et touristique mais elle accueille l'usine d'électronique automobile Vitesco Technologies (ex-Continental, ex-Bendix, ex-Rénix) qui emploie 360 personnes, dont une centaine a fait grève pour les salaires en novembre 2022. La même usine avait licencié 3 travailleurs combatifs en 2021, accusés d'avoir pris la parole de manière vindicative et dénigrante lors d'une journée d'échanges sur le thème Environnement-Sécurité-Hygiène organisée par la direction avec le groupe Veolia, l'un d'entre eux ayant qualifié Veolia d'entreprise "capitaliste" !
Les hautes vallées pyrénéennes sont équipées d'infrastructures hydroélectriques, dont la centrale d'Aston (près de l'Andorre) qui est la plus importante de toutes les Pyrénées. L'hydroélectricité a longtemps permis la présence d'activités d'électrométallurgie à Tarascon-sur-Ariège (3.000 habitants) et dans les environs, avec notamment certains sites de l'ex-groupe Péchiney (puis Alcan, puis Rio Tinto) qui employait 480 personnes dans les années 1980. Le site d'Auzat (fonderie d'aluminium) a fermé en 2003 et licencié 274 personnes. Un des tout derniers avatars de l'ex-site de Sabart, la société Sabart Aéro Tech, produisant des billettes d'aluminium pour l'aéronautique, a failli fermer en 2017 avant d'être reprise in extremis par le groupe chinois Hangzhou Jinjiang ; elle n'emploie plus qu'une vingtaine de personnes, la CGT locale dénonce le manque d'investissements qui fait ressembler le site davantage à un "tas de ferraille" qu'à une usine digne de ce nom et, ces derniers mois, la facture d'électricité de l'usine a été multipliée par 10 (malgré son origine hydroélectrique !) ce qui met le site en péril dans la mesure où en amont, le fournisseur Iberdrola augmente ses prix et en aval, les clients tels qu'Airbus, Boeing, Dassault ou Rolls Royce ne permettent pas à l'usine de répercuter ces hausses sur le prix de vente.
En aval de Tarascon, il subsiste aussi l'usine Praxair Electronics à Mercus-Garrabet, un autre petit bout rescapé de Péchiney, qui produit des alliages d'aluminium de très haute pureté pour les semi-conducteurs et les écrans plats, dont elle est le n°1 mondial. Elle emploie 40 personnes et a annoncé en 2021 l'embauche de 30 personnes supplémentaires (mais pas de nouvelles pour l'instant sur l'impact de la crise énergétique). Inversement, en amont, les Forges de Niaux (90 personnes, disques d'usure agricoles) quittent leur site historique de Niaux pour s'installer à Pamiers, dans la 2ème circonscription donc.
Plus haut dans la vallée de l'Ariège, le village de Luzenac (500 habitants) abrite l'usine de transformation et une partie de l'immense carrière de talc de Trimouns, l'une des plus grandes au monde, partagée avec les communes voisines ; elle génère à elle seule 10% de la production mondiale de talc. La Société des Talcs de Luzenac est passée sous le contrôle d'Alcan, puis Rio Tinto, puis Imerys depuis 2011. Elle compte un peu plus de 200 travailleurs permanents et une cinquantaine de saisonniers. En 2015, un affaissement de la falaise au-dessus du village a interrompu tout trafic routier et ferroviaire entre Foix et Luzenac pendant des mois ; une déviation routière a été créée mais la SNCF s'est montrée peu pressée pour mettre en place une alternative pour les usagers, laissés deux semaines sans solution avant que des navettes ne soient mises en place pendant la durée des travaux.
Au nord de la circonscription, la petite ville de Varilhes (3.500 habitants) annonce déjà la proximité de Pamiers avec des zones d'activité récentes. L'une d'elles a accueilli la petite usine MKAD, filiale commune des groupes Mécachrome et Aubert et Duval, sous-traitante d'Airbus, ouverte en 2015 à grands coups d'aides publiques pour usiner de grandes pièces en titane pour ce dernier ; elle n'employait que 50 personnes au lieu des 80 emplois promis ; mais en 2020, en pleine pandémie, elle annonçait sa fermeture après que le même Airbus ait décidé de passer aux pièces composites. Rachetée par les Ateliers de la Haute-Garonne (un fabricant de rivets aéronautiques) et transformée au dernier moment en usine de masques sanitaires, Auriol Masques-AHG Medical, en 2021, toujours grâce aux aides publiques, elle a repris 40 travailleurs et porté provisoirement son effectif à 180 personnes, jusqu'à ce que l'arrêt de l'obligation de porter un masque en mars 2022 bloque son développement et la conduise désormais à tourner au ralenti.
A l'est de la circonscription, une communauté de communes de 14.000 habitants incluant notamment les deux petites villes de Lavelanet (6.000 habitants) et Laroque-d'Olmes (2.300 habitants) est un berceau historique de l'industrie textile, notamment le travail de la laine qui côtoyait celui des peignes en corne. Les grandes entreprises historiques telles que Roudière-Textilia (du groupe Chargeurs de la famille Seydoux, usine qui a connu un bulletin LO) ou Michel Thierry ont employé des milliers de personnes mais ont presque totalement disparu, passant de 6.000 personnes en 1995 à moins de 600 en 2015 et encore moins aujourd'hui. Il subsiste surtout la société Sage Automotive Interiors avec 200 personnes à Laroque-d'Olmes, ex-Michel Thierry puis Johnson Controls puis Adient, dont la spécialisation sur les tissus pour l'automobile avait permis la survie jusqu'à la pandémie où la production de tissus pour masques a pris le relai ; Sage est le moteur d'un projet local dans les géofilets/géotextiles qui ranimerait un peu l'activité lainière. Juste en face de l'usine, l'arrivée de magasins Intermarché et LIDL a créé quelques dizaines d'emplois, au détriment de certains commerces.
En 2007, l'usine de recyclage Recycarbo, filiale du groupe Aurea, a été créée à Laroque-d'Olmes grâce à des aides publiques ; liquidée dès 2011, elle a laissé des terrains pollués et la dépollution à la charge de la collectivité, sans que le groupe Aurea ne mette la main à la poche.
En 2020, en pleine pandémie, le CHIVA (Centre Hospitalier Intercommunal des Vallées de l'Ariège) a fermé le service des urgences de Lavelanet pour concentrer les urgences sur les seuls hôpitaux de Foix et Pamiers. Même évolution en ce qui concerne les standardistes de l'hôpital de Foix, qui ont fait grève en janvier 2022, surchargés de travail après la reprise des activités du standard de Lavelanet qui a fermé. L'hôpital de Foix est régulièrement confronté à des suppressions de lits et des mesures visant à augmenter la "mobilité" du personnel. Le secteur de Lavelanet est également touché par les restructurations de La Poste, qui devaient se traduire en 2020 par une dégradation des conditions de rémunération des facteurs de Dreuilhe (qui passent de 20 mn de pause payée à 45 mn de pause sorties du temps de travail donc non payées) s'ajoutant à celle des conditions de travail ; une grève de 110 jours des facteurs, qui se sont aussi adressés à un autre centre de La Poste situé près de Pamiers, a permis de faire reculer en grande partie la direction en juillet 2021.
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L'élection législative de 2022 a été annulée suite à une erreur d'aiguillage de certains bulletins de vote du RN, quelques bureaux ayant reçu des bulletins de la 2ème circonscription au lieu de la 1ère, alors que l'écart entre la candidate macroniste arrivée 2ème et le candidat du RN arrivé 3ème n'était que de 8 voix, ce qui pourrait avoir privé le RN du 2ème tour face à la candidate LFI-NUPES qui a remporté l'élection face à la macroniste. C'est donc le mandat d'une députée LFI-NUPES qui est remis en cause.
Dans cette législative partielle, il y aura 7 candidats (c'est 3 de moins qu'au premier tour de juin 2022) :
- Bénédicte TAURINE, députée sortante, pour LFI-NUPES.
- Anne-Sophie TRIBOUT, candidate Renaissance (ex-LREM) donc macroniste, variante pro Edouard Philippe.
- Jean-Marc GARNIER, candidat RN.
- Martine FROGER, candidate PS dissidente (hors NUPES), en opposition avec le PS officiel qui soutient la candidate NUPES, s'inscrivant dans l'actuel rififi au sein du PS.
- François-Xavier JOSSINET, candidat Reconquête (zemmourien).
- Gisèle LAPEYRE, candidate LO.
- Robert CLARACO, nouveau candidat "divers", patron d'un cabinet de conseil pour les affaires et dont la suppléante a été candidate d'Union Essentielle ("remettre la démocratie au centre de la cité") aux régionales de 2021.
Ne sont pas candidats cette fois-ci, le Parti Animaliste, un régionaliste occitan et une divers gauche, qui étaient tous trois arrivés derrière LO en 2022 (la dernière n'ayant que 2 voix !), ainsi qu'un représentant des Patriotes (extrême-droite de Florian Philippot) arrivé légèrement devant.
En 2022, LO avait obtenu 1,34% et 420 voix. Auparavant, en 2017, alors qu'il y avait 11 candidats, LO avait obtenu 0,76% et 231 voix. Encore avant, en 2012 (10 candidats), LO avait obtenu 0,53% et 182 voix.
En général, l'abstention est plus forte lors d'une partielle.