a écrit :Le Courrier d'Algérie - 03 mar 2010
Petites foulées dans une grande misère: Diar Chams, la mal nommée
Des promesses, des attentes... puis des révoltes. À Diar Chams, le soleil ne semble pas jeter ses rayons. Les jours s’alternent et se ressemblent. Les dates d’échéances passent, et aucune promesse n’est tenue par les autorités. Encore une fois, les doléances de la population sont et seront remises aux calendes grecques. À Diar Chams, après les émeutes qui l’ont secoué, le calme revint quelques heures plus tard. Des adolescents ont mis le feu et bloqué la route. Située dans la commune d’El Mouradia, le quartier continue à sombrer dans la précarité. Pour s’y rendre, il suffit d’emprunter la route du Ravin de la Femme sauvage, qui relie Bir Mourad-Raïs à Ruisseau, puis, dévier à droite pour prendre une montée à travers une ruelle aux nids-de-poule juste une centaine de mètres après le ministère de la Communication.
Àpremière vue, la cité est identique à toutes ses voisines algéroises. Des constructions datant des années cinquante, allant jusqu’à 15 étages de haut, offrant une vue panoramique d’où l’habitant aperçoit des bâtisses luxueuses en verre nouvellement construites, notamment, la Caisse de garantie des marchés, le Crédit populaire d’Algérie et l’Agence de presse service. En bas de la cité, des baraques en parpaings ou en briques couvertes de zinc.
Aussitôt arrivés à la cage des escaliers menant vers l’entrée d’un des ghettos, une multitude d’hommes nous accoste. Après avoir découvert le but de la visite, ils nous avaient permis d’y entrer puisque les habitants se connaissent tous et personne ne passe inaperçue. Mourad, la quarantaine, célibataire et gardien de nuit a accepté notre escorte.
En empruntant les escaliers étroits et privés de toute lumière pour accéder au centre de la Cité, notre guide montre de l’index une petite porte au-dessous des escaliers, placée par un garçon de 15 ans pour faire sa maison. «Toutes les cages sont identiques», lance-t-il. Quelques mètres plus loin, on fait la découverte de la cité. Rêve ou réalité! Une cité infernale où la raison et la réalité s’entrechoquent. Pareille à une forteresse, des vieux murs de soutènement s’élèvent dans les airs, empêchent les rayons de soleil d’y pénétrer que lorsqu’il est au zénith.
Des ordures éparpillées çà et là, des eaux usées ruisselant dans tous les sens et même devant les portes des maisons sous le regard insensible des garçons en maillots de l’EN jouant au ballon. En face, des baraques provisoirement construites en parpaings ou en briques couvertes de zinc ou de carrosseries qui servent aussi d’habitations. Même les bacs poubelles ont été transformés en lieux d’habitations. Quelques pas devant, un vieux véhicule Van allemand immobile qu’on a pu reconnaître grâce à sa carrosserie et son sigle. Une autre Renault 4 couverte de nylon. Tous les moyens sont bons, pourvu qu’on trouve son intimité et un peu de tranquillité. Quant aux bâtiments, ils sont tous couverts de moisissure par l’effet de plusieurs fissures. Des gouttières arrachées ou brisées du haut jusqu’au bas. Des bouteilles ou sachets qui tombent.
Sur les balcons, le regard curieux des vielles dames plantées contre les vieilles balustrades qui dégoulinent. Notre source n’a pas manqué de souligner que les colonnes d’évacuation des eaux pluviales sont arrachées et défoncées afin de les utiliser pour conduire les eaux usées dans des regards, d’où provient une puanteur insupportable, offrant un sol pourri et boueux.
En hiver, les eaux qui proviennent des terrasses pénètrent dans les maisons s’indigne Fatma. Mourad a indiqué que ces baraques ne sont pas construites par des habitants venus d’ailleurs, mais par des adolescents de ce quartier. Il a déploré en outre que les enfants qui ont bloqué la rue, dimanche passé, dorment tous à la belle étoile. Deux autres habitants se mêlent à la discussion. Barbu, les yeux écarquillés, il criait d’une voix déchirante qui monte et descend selon l’idée qui l’alimente : « Durant le couvre-feu de la décennie noire, nous passons les nuits dehors». Puis il ajoute : «je préfère croupir dans les geôles que de survivre ici dans la ... avant de hocher la tête en silence. Interrogé sur l’insécurité et les agressions dans le quartier, un des jeunes répliques : « Des enfants de 9 ans qui rodent dehors à des heures tardives dans les nuits, qu’attendez-vous de leurs actes ?» s’indigne t-il. Puis, nous avons emprunté les escaliers étroits sous forme de labyrinthe dans une obscurité absolue en plein jour. Des portes placées dans tous les coins, à chaque mètre et de toutes les couleurs. Au premier étage, des briques mal posées dans tous les coins.Une femme témoignait de la misère quotidienne vécue par ces habitants. Des maisons dotées d’une chambre et d’une petite cuisine, d’autres d’une seule pièce. «Dès que mes 5 enfants arrivent de l’école, je sors prendre de l’air pour leur céder la place».Mourad intervient en interrompant la femme en déclarant que des centaines d’enfants du quartier ne sont pas scolarisés. «Ils préfèrent vendre des fruits et légumes pour gagner de l’argent».
Une femme prend part à la discussion à partir d’une fenêtre «en été, ces halls se remplissent. Toutes les familles de ces étages se regroupent comme dans une grande salle» Elle s’arrête un instant puis reprend : «Ils ont appris à vivre en l’absence de toute intimité». «Si je dors chez moi, ma tête est dans la cuisine et mes pieds aux toilette » lance Mourad. Aussi, dans une fête ou autre événement, les habitants sont obligés de prêter des pièces pour recevoir leurs invités et que ses parents ne viennent pas lui rendre visite clame la dame au foulard. «À l’Aïd, dès qu’ils entrent, ils sont embarrassés».
Puis, nous marchâmes droit vers des escaliers fermés par des habitants qui ont fait à la place des petites habitations. À ce sujet, Madjid dira que s’il y a une urgence ou un autre événement imprévisible, il faudrait des heures pour évacuer tous ces habitants. Fatma souligne que d’innombrables personnes ont été atteintes d’asthme généré par la puanteur dégagée par les eaux usées. Un étudiant nous invite chez lui.Hakim n’est plus gêné, au contraire, comme s’il veut montrer aux yeux du monde son état. Dés que la porte s’ouvrit, on aperçoit une minuscule cuisine. À droite, 6 lits superposés dans une pièce de 15 mètres carrés. Il faut avoir l’art et la manière pour arranger tous ces objets. Des toilettes collées à la cuisine, des chaussures, des assiettes au dessus du téléviseur, bref, un espace très réduit.
En sortant du bâtiment, nous nous dirigeâmes vers un groupe d’hommes dans l’espoir de receuillir quelques informations. Ils paraissaient tous quinquagénaires. En s’adossant au mur d’une caféteria, Karim 45 ans déplore les conditions qu’il vit. il raconte les nuits quand les membres de sa famille se mélangent dans une pièce. Avec une cigarette à la main, il préfère contrairement à ses frères dormir chez son copain. Toujours célibataire, il a regretté que chez lui, il ne puisse changer ses vêtements ou aller aux toilettes. «J’ai pas de maison pour me marier. Ils sont des centaines ici qui sont dans le même cas que moi». Il enchaîne. «Bientôt la retraite et pas de mariage. lance un autre».
Ils ont indiqué que les policiers étaient cléments avec les insurgés et cela en connaissance de cause.Face à l’indifférence des autorités, ils ne perdent pas espoir et attendent des jours meilleurs. Sofiane Habarek
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Boumerdes: Les citoyens de Cap Djinet bloquent la RN 24
Les citoyens de Cap Djinet, municipalité située à l’Est du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès, ont bloqué, hier mardi, la RN 24 pour manifester leur exaspération suite à l’absence prolongée d’eau potable. Approchée par nos soins, une source proche de l’APC nous dira : «Les raison de la colère des citoyens du chef-lieu de commune et ceux du village Ben-Ouali qui ont procédé à la fermeture de la RN 24, tire son origine de l’absence prolongé d’eau potable.» Les protestataires que nous avons abordés nous dirons pour leur part avec colère : «Cela fait plus de trois mois que nous n’avons pas d’eau potable. Cet état de fait qui a tout l’air de s’éterniser, nous irrite au plus haut degré.» Et à un citoyen d’ajouter avec un sourire narquois : «Je crois que dans notre pays la meilleure façon d’attirer l’attention des responsables, c’est de bloquer les routes et c’est ce que nous faisons pour obtenir nos droits les plus élémentaires.»
A. Massinissa