(jeug @ jeudi 10 septembre 2009 à 11:27 a écrit : (Vérié @ jeudi 10 septembre 2009 à 09:11 a écrit :Le développement des forces productives, c'est un fait objectif, assez facilement quantifiable (nombre de travailleurs, volumes de production, technologies, sciences etc) qui n'a rien à voir avec le fait de savoir si ces forces productives sont utilisées ou non dans l'intérêt de l'humanité.
Non, "ça n'a pas rien à voir". Au contraire.
Je pense qu'il y a mésentente sur ce qu'on entend par "dans l'intérêt de l'humanité".
Il ne s'agit pas de savoir si les biens produits le sont "dans l'intérêt de l'humanité" mais si le développement de leur production va dans un sens historique de cet intérêt.
Et au final, bien sûr que si que tout l'objectif de la question sur le développement ou non des forces productives est d'estimer si une organisation socialiste de la société qui se mettrait en place maintenant pourrait repartir des forces productives telles qu'elles existent actuellement, ou s'il lui faudrait faire l'impasse sur les dernières décénies.
Si on ne fait pas du marxisme de salon, on comprend "développement des forces productives" dans le sens de réutilisables par le socialisme (et encore fois, non pas les produits eux-mêmes, ne mélangeons pas tout ! mais leur forces productives).
Ton point de vue est pour le moins original et très bizarre et ne correspond pas du tout à celui des marxistes quand ils parlent de développement des forces productives - à part les Lambertistes, qui ne l'expriment d'ailleurs pas de cette façon...
Non pas que la question de savoir ce qui sera "réutilisable" soit sans interet. Mais je ne vois pas comment tu peux contester cette définition des forces productives :
tous les moyens de produire, à savoir les hommes (travailleurs), les machines, les matières premières, les technologies et sciences.Même si on produit pour une part des choses inutiles ou néfastes, il n'en reste pas moins que ces forces productives se sont développées ! (C'est le sujet de la discussion). A moins que tu considères que les moyens de produire de l'acier, des métaux spéciaux, des appareillages électroniques etc ne fassent pas partie des forces productives, pour la raison qu'on fabrique grâce à eux des tanks et des avions de guerre. Trostky par exemple, quand il vante le développement économique de l'URSS, compte notamment le nombre de tonnes d'acier et de charbon, mais aussi de chars produits...
Maintenant, si tu tiens à mesurer le développement des forces productives en fonction de ce qui sera "réutilisable sous le socialisme", ce developpement n'en reste pas moins réel et impressionnant ; et même dans le cadre du capitalisme, une grande partie des acquis scientifiques et technologiques élaborés à des fins militaires trouvent aussi des applications civiles utiles.
Donc, même en entrant dans ta façon bizarre de raisonner, on ne peut nier ce développement. Néanmoins, ton raisonnement n'est pas marxiste - ni de salon ni de terrain -, mais tout simplement moraliste. Pour les capitalistes, une bombe à fragmentation est une marchandise qui permet d'extraire de la plus value et d'accumuler le capital au même titre qu'un scanner médical.
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Derrière ce refus absurde d'accepter l'évidence du développement des forces productives, en dehors des "dogmatico-religieux" qui s'appuient sur telle ou telle citation vieille de 70 ans voire d'un siècle, il y a aussi l'idée que le capitalisme connaîtrait une phase "ascendante" et une phase "décadente", donc qu'il irait plus ou moins à l'agonie tout seul. Cette idée, qui s'apparente à une sorte de millénarisme, est fausse de A à Z. Si le capitalisme n'est pas abattu par la classe ouvrière à l'occasion de ses crises, il repart de plus belle - du moins c'est ce qui s'est passé après la seconde guerre mondiale. Evidemment, on peut imaginer une situation où, faute de révolution socialiste, il laisserait la place à la barbarie totale et permanente, après une guerre atomique par exemple, mais on entre dans le domaine de la SF...