Lutte de classes en Bolivie

Dans le monde...

Message par Vérié » 07 Août 2008, 10:09

Nouveaux affrontements en Bolivie.

Le 5 aout, un affrontement entre les mineurs de Huanuni et la police a fait 2 morts et 40 blessés par balles. De leur coté, les mineurs ont utilisé de la dynamite.

Il y a un article dans le Monde daté du 7 aout. Page 7. Article assez partial comme d'habitude.

Les mineurs revendiquent notamment que Morales tienne ses promesses sur les retraites, en particulier l'abrogation de la loi sur les retraites par capitalisation (qui a remplacé la retraite gérée par des fonds d'Etat.)

Cet affrontement, contrairement aux premiers affrontements de Huanuni, concerne donc des mineurs salariés organisés par la COB. La COB a appelé à la grève générale contre cette répression violente. A Oruro, centre minier, 10 000 mineurs ont manifesté pour demander la démission de Morales. Des blocages de route - forme de lutte traditionnelle - ont été organisés en divers endroits. Notamment, à El Alto, les manifestants ont encerclé l'aéroport, empechant Morales de prendre l'avion. (Ce dont Le Monde ne souffle mot...)

Cette répression violente du mouvement ouvrier intervient au moment où, face aux factieux de 7 provinces, dont la riche province pétrolifère de Santa Cruz, Morales remet en jeu par référendum son mandat présidentiel.

La LOR-CI, une des deux orgas trotskystes (avec le POR) qui interviennent en Bolivie, souligne la mansuétude de Morales face aux groupes fascistes et racistes qui sévissent notamment à Santa Cruz et la dureté de la répression contre les travailleurs. La LOR-CI dénonce la participation de groupes armés du MAS (parti de Morales) dans cette répression.

Morales, qui ne cesse de capituler devant la droite et l'extrême-droite, montre donc son vrai visage en faisant tirer sur les mineurs. Son vice président Garcia-Linera (ex-guerillero) accuse la COB d'être manipulé par les factieux de droite, selon un procédé bien connu.

Ces événements suffiront-ils pour que cesse la complaisance de divers gauchistes envers Morales ? (Par exemple le correspondant de Rouge Hervé do Alto)

En tout cas, notre solidarité doit aller aux mineurs et aux travailleurs boliviens.
Vive la lutte des mineurs ! Vive la grève générale contre la répression et la loi sur les retraites !
________________________
Précisions sur les retraites en Bolivie.
Extrait d'un interview de Roberto Chavez, secrétaire général de la FSTBM (syndicat des mineurs), quand la COB disait encore espérer que Morales tienne ses promesses.
a écrit :


AW : Quelle est la condition des mineurs boliviens, et que fait le gouvernement pour l’améliorer ?

R.C : La condition des travailleurs boliviens est incroyablement mauvaise. Leur travail est dur, dangereux, et entraîne de sérieux dommages pour la santé. Il suffit de rappeler que l’espérance de vie d’un mineur est de 40 à 45 ans. Nombreux sont ceux qui commencent à 15 ans. Après 30 années au fond, leur santé est ruinée.

Evo fait certaines bonnes choses. Il essaye par exemple de modifier la loi sur les retraites. Par le passé, un mineur pouvait prendre sa retraite à 50 ans, une femme à 45, ce qui est entièrement justifié par la dureté des conditions de travail dans les mines. Aujourd’hui, après avoir cotisé toute leur vie à une caisse de retraite, les mineurs ne touchent rien !

La loi actuelle fixe l’âge de la retraite à 70 ans. Cela signifie que la plupart des mineurs meurent avant la retraite. Et lorsqu’un mineur meurt avant d’avoir atteint l’âge de la retraite, ils disent à sa veuve : « Avant de toucher quelque chose, vous devez attendre l’année où votre mari aurait eu l’âge de la retraite. » J’espère que le gouvernement abolira cette injustice et introduira une nouvelle loi sur les retraites.


Vérié
 
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Message par Vérié » 08 Août 2008, 08:58

Article de l'Huma sur la Bolivie.

L'Huma n'évoque ni la grève générale lancée par la COB ni la violente répression contre les mineurs, mais s'en prend... à l'extrême-gauche ! Bref, L'Huma ne s'améliore pas... :ph34r:

Autre info que l'Huma ne donne pas : des groupes armés du MAS ont attaqué des sièges des syndicats de mineurs et d'enseignants.


a écrit :

Situation explosive en Bolivie
La Paz. Dans un climat de violences et de tensions, le président Evo Morales et les préfets des régions remettent en jeu leur mandat, le 10 août.
Pas de bruits de bottes mais les balles sifflent. La crise politique, qui secoue la Bolivie depuis plusieurs mois, devient explosive, à quatre jours des référendums révocatoires au cours desquels le président, Evo Morales, et son vice-président ainsi que les préfets des départements du pays remettent en jeu leur mandat. Mardi, à Trinidad dans le département de Beni (est), le véhicule officiel du ministre de la présidence, Juan Ramon Quintana, a été la cible de coups de feu. Ce dernier sortait justement d’une réunion avec les forces de l’ordre chargées de garantir la sécurité du chef de l’État qui était attendu dans cette ville pour l’ultime acte de campagne.

Cet événement s’inscrit dans une longue liste de tentatives de déstabilisation politique qui ont culminé en mai et juin derniers avec la tenue de référendums autonomistes illégaux organisés par les quatre préfets des riches départements de l’Est bolivien, dit de la Demi Lune (Santa Cruz, Pando, Beni et Tarija). Ces consultations ne visaient rien d’autre qu’à accélérer la partition du pays, en creusant davantage les fractures sociales, économiques et ethniques  : à l’Est, les Blancs et métis riches, souverains des principales ressources naturelles  ; à l’ouest, les Indiens, pauvres, et privés des retombées financières. Et par là même à isoler la partie occidentale pour mieux renverser le gouvernement de gauche d’Evo Morales. Ce n’est donc pas un hasard si l’attaque qui a visé l’un des principaux ministres s’est déroulée à Beni.

Pas plus que l’annulation de la session d’honneur du congrès célébrant le 183e anniversaire de l’Indépendance, qui devait se dérouler mardi à Sucre, en raison d’actes de violences. Pour cette même raison, les présidents argentin et vénézuélien, Cristina Fernandez et Hugo Chavez, ont annulé leur déplacement à Tarija où ils devaient signer, avec leur homologue bolivien, un partenariat énergétique d’importance. On devine sans mal que les troubles de ces derniers mois, orchestrés d’une part par l’opposition de droite et les comités civiques, et d’autre part, alimentés par les agissements d’une frange de l’extrême gauche, insatisfaite du rythme et de la profondeur des réformes gouvernementales, cherchent avant tout à empêcher la participation électorale de dimanche.

D’autant que, selon les dernières enquêtes, le président et le vice-président recueilleraient 54 % des intentions de vote tandis qu’au moins trois des huit préfets, qui se seront soumis malgré eux au vote populaire, seraient révoqués. Quant à Manfred Reyes Villa, préfet du département de Cochabamba, il a refusé tout bonnement de participer au scrutin en dépit du caractère obligatoire de la convocation, votée au Sénat avec les voix de Podemos, principale formation d’opposition.

Comme si cela ne suffisait pas, le recensement électoral, les pourcentages minimums requis pour la révocation, et des « doublons » sur les listes d’émargements ont également nourri un début de controverse. Les leaders des comités civiques ont remis une couche, en initiant, dimanche, une grève de la faim pour récupérer, disent-ils, « leurs ressources ». Une allusion grossière à l’impôt direct sur les hydrocarbures (IDH), principale réforme fiscale du gouvernement d’Evo Morales depuis la nationalisation du gaz et qui finance l’allocation scolaire « Jacinto », et la pension vieillesse « Dignidad ».

Il y a une semaine, le chef de l’État a simplement résumé ce qui se joue, le 10 août prochain dans les urnes : « La consolidation des nationalisations ou le retour des néolibéraux. »

Cathy Ceïbe
(Article paru dans l’Humanité du jeudi 7 août 2008)

Vérié
 
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Message par Vérié » 08 Août 2008, 11:08

Site de la LOR-CI

http://www.lorci.org

Site du POR, malheureusement pas à jour, alors qu'une de leurs militantes, dirigeante d'un syndicat d'enseignant à El Alto, semble jouer un role important en ce moment. Elle
est souvent citée dans la presse.

http://www.por-bolivia.galeon.com/

La plupart des journaux boliviens sur ce site. Un des plus intéressants est La Jornada électronique

http://www.latindex.com/prensa/bol.htm

Dans le journal de gauche argentin Pagina 12, il y a aussi pas mal d'infos sur la Bolivie
http://www.pagina12.com.ar/diario/principal/index.html


Tu peux trouver aussi plein d'autres sites sur le Net comme Econoticias (pas uniquement économique malgré le titre.)

Sinon, en ce moment, la tonalité de beaucoup d'articles de la presse de gauche-PC-gauchisante reste le soutien à Moralés avec une forte tendance "indianiste". Mais seul L'Huma et Morales (et ses ministres) osent s'en prendre à la COB et aux trotskystes.
___

Encore des précisions sur le conflit des retraites.
La loi sur les retraites par capitalisation, faisant une bonne place aux fonds de pensions, a été adoptée par le fameux Sanchez de Lozada dit "Goni" (chassé en 2003 par les mouvements populaires).

Morales s'était engagé à l'abroger. Mais il refuse une retraite par répartition pour TOUS les travailleurs. Le prétexte, c'est que, en raison de l'économie dite informelle, ça ferait perdre du fric au fisc, donc que ça couterait trop cher. Donc le projet ne prévoit que la suppression de deux fonds de pension et la retraite par répartition pour une partie des salariés. Et aussi une retraite minimum d'environ un quart du salaire minimum pour tous "le revenu de dignité", une misère vu le niveau du salaire minimum.


Le montant exact de cette "rente de dignité" pour les plus de 60 ans est de :
-18 euros par mois pour ceux qui n'ont rien du tout.
- 13,5 euros pour ceux qui ont un autre revenu quel qu'il soit.
Vérié
 
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Message par Vérié » 09 Août 2008, 10:20

RECUL OU MANOEUVRE DE MORALES ?

Morales vient de proposer à la COB de nouvelles négociations sur la loi sur les retraites.

Cette proposition survient à la veille du référendum de demain dimanche 10 aout sur la remise en cause du mandat de Morales et de son vice-président. Difficile donc de savoir s'il s'agit d'un recul ou d'une manoeuvre pour temporiser et ne perdre pas trop de suffrages de travailleurs.

De son côté la COB tiendra mardi au centre minier de Huanuni une réunion de dirigeants et de représentants de diverses entreprises et confédérations mardi prochain et annonce qu'elle radicalisera son action si Morales n'accepte pas son projet de retraite par répartition pour tous les salariés.

Plusieurs médias affirment que la pression "gauchiste" (izquierdista) est très forte au sein des syndicats et que des délégués ont été désignés avec des mandats impératifs sur la question des pensions. (Il ne s'agit pas nécessairement de la pression de militants d'EG organisés mais de la base ouvrière, notamment chez les mineurs.) La fait que cette conférence se tienne dans un bastion mineur combatif, victime de la répression violente récente, accroit cette pression de la base. Ce qui inquiète le MAS et les médias.
Vérié
 
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Message par Vérié » 11 Août 2008, 10:31

MORALES REELU

-Morales est reconduit dans ses fonctions présidentielles avec 63 % des voix (contre 57 % voici deux ans et demi).

-Ce succès est limité par le fait que, sur les 8 préfets de régions hostiles à Morales, qui eux aussi remettaient keur fonction en jeu par référendum, seuls deux sont battus : l'ex-militaire facho Reyes à Cochabamba et Paredes à La Paz.
Mais les autres sont réélus, notamment dans la région pétrolifère de Santa Cruz, la plus importante des régions dissidentes.

-Il est donc douteux que ce référendum règle les conflits.

-Morales, à son habitude, n'utilise pas ce succès pour mobiliser la population et frapper les oligarques. Il appelle l'opposition à la concertation et l'unité nationale.

COMPROMIS SUR LES RETRAITES AVEC LA COB
-Les dirigeants de la COB viennent de signer un compromis avec MOrales, au terme duquel la loi sur les retraites mise en place par Goni est abrogée.
Une nouvelle loi devra être négociée et adoptée dans les 45 jours.

-Il semble que Morales comme les dirigeants de la COB étaient pressés de trouver un compromis car ils redoutent l'assemblée de demain mardi, qui doit se tenir à Huanuni sous la pression des mineurs. (Cette assemblée de délégués semble maintenue pour le moment.)

-Une commission est nommée pour enquêter sur la fusillade qui a couté la vie à 4 mineurs et fait 40 blessés. (Méthode traditionnelle pour enterrer l'affaire et essayer de calmer la colère de smineurs.)
Vérié
 
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Message par Vérié » 12 Août 2008, 09:27

Dès le lendemain du référendum, on constate qu'il ne règle rien :

-A Cochabamba, le prefet (plutot équivalent de gouverneur) Manfredo Reyes (droite ultra) qui a été battu, en dépit d'une campagne couteuse financée par les oligarques, ne reconnait pas le scrutin et déclare qu'il restera en place... jusqu'à ce que la justice se prononce. Ce prefet est particulièrement hai par les ouvriers et paysans de la région contre qui il a lancé à plusieurs reprises la police locale et des groupes paramilitaires.

-A Oruro, le syndicat des enseignants (où les militants du POR sont influents) annonce qu'il ne reconnait pas l'accord signé entre les dirigeants de la COB et Morales sur les retraites. Le syndicat déclare qu'il ne sait pas dans quelles conditions cet accord a été signé, que cet accord est très flou et ne parle pas du retour à la retraite à 55 ans.

En conséquence, le syndicat des enseignants appelle à poursuivre la grève générale pour une nouvelle loi sur les retraites et appelle à une manif demain, qui partira de la maison des mineurs au lieu où se tiendra l'assemblée des délégués de la COB. (Cette assemblée semble avoir été décalée d'une journée.)

Pour l'instant, rien dans la presse sur les réactions des syndicats de mineurs à la signature de l'accord. La réunion de demain va donc être très importante.

-A noter, en plus des deux prefets réacs, le prefet pro Morales d'Oruro a été battu.
(Peut-etre en raison de la récente répression contre les mineurs. Ce qui pourrait indiquer que la population distingue Morales, qui a eu 73 % des voix dans la région, de son représentant régional...)
Vérié
 
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Message par Vérié » 13 Août 2008, 09:46

Rebondissements :

-Le préfet de Cochabamba annonce qu'il démissionne après avoir dit le contraire la veille. Il consacrera "tous ses efforts pour prouver la non validité du scrutin".
(Des groupes de militants et des syndicats avaient menacé de prendre la préfecture d'assaut si Manfredo Reyes ne partait pas. On se souvient que ouvriers et paysans avaient déjà occupé Cochabamba voici un an et qu'un éphémère Comité Révolutionnaire avait été proclamé dans cette ville.)

-Le préfet d'Oruro (pro Morales) serait finalement maintenu avec 52 % des voix.
De tous cotés, on dénonce des trucages.

MAGOUILLE DE LA COB
-L'assemblée de dirigeants syndicaux de la COB et de délégués élus, qui devait se tenir à Huanuni, a été déplacée au dernier moment (hier mardi) à La Paz. Prétexte : donner davantage d'ampleur à cette assemblée.

Il est permis de supposer que, après avoir signé avec Morales un accord sur la loi des retraites très contesté par la base, les dirigeants de la COB ont voulu éviter d'être soumis à la pression des mineurs de Huanuni. Peut-être aussi utiliser leurs troupes et cadres les plus fidèles de La Paz.

Pas trouvé pour le moment de réactions des syndicats et des trotskystes à cette magouille de dernière heure.
Vérié
 
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Message par Crockette » 13 Août 2008, 11:28

j'ai encore une fois l'impression que la politique de morales ressemble étrangement à celle de LULA ou du chili aussi, du socialisme libéral...à l'européenne, résultat les couches populaires tout en bas de l'échelle hésitent vraiment à soutenir sa politique...ce qui fait le jeux de la droite et des riches propriétaires, pour amorcer une scission du pays, non ??
Crockette
 

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