a écrit :La Quatrième Internationale 1940-1953
Le SI et le RCP britannique : un mauvais choix politique
Le Revolutionary Communist Party (RCP) fut créé en mars 1944 : c’était la première fois qu’une seule organisation se reclamant du trotskysme existait en Grande-Bretagne. Fort de 300 militants, le RCP a mené une agitation ouvrière exemplaire, notamment dans la métallurgie et dans les mines. (1)
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A la fin de la guerre, le Parti Travailliste comptait plus de 600.000 adhérents individuels, auxquels il faut ajouter plus de 4.000.000 d’adhérents syndicaux (autour de 60% des syndiqués). Lors de l’élection parlementaire qui suivit la fin de la guerre, à l’été 1945, les travaillistes obtinrent 46% des voix et la majorité absolue au parlement. Churchill, Premier Ministre conservateur incontesté pendant la guerre, fut balayé par le raz-de-marée travailliste.
Dès la fondation du RCP, une petite minorité préconisa un “entrisme” total au sein du Parti Travailliste. Animée par Gerry Healy et soutenue par Pierre Frank pendant son séjour en Grande-Bretagne, cette minorité s’opposa à la majorité regroupée autour de Jock Haston et Ted Grant.
Ils avancèrent une politique “fractionnelle” avec l’envoi d’un nombre de camarades au sein du Parti Travailliste — “à visage découvert” — et le maintien du RCP à l’extérieur. Ainsi, en 1946, 20% environ des militants du RCP étaient aussi militants du Parti Travailliste, diffusant un petit journal “The Militant”.
En même temps, le parti envoya des militants au sein de l’ILP (Independent Labour Party), petite organisation réformiste de gauche qui avait connue une évolution centriste pendant les années 30, et au sein du PC britannique (dans ce dernier cas, l’entrisme ne pouvait évidemment se faire ouvertement).
Pour Healy, l’entrée “partielle” au sein du Parti Travailliste n’était pas suffisante : il fallait y faire entrer tous les militants, et que le RCP disparaisse, pour ne pas “se couper des masses.”
Mais il n’était nullement question de mener une politique révolutionnaire à l’intérieur du parti : il fallait plutôt travailler clandestinement, sans se réclamer du trotskysme. A cette politique opportuniste se mêlaient des perspectives économiques et politiques encore plus catastrophistes que celles avancées par le SI et le CEI.
Healy ne perdra jamais ce goût qui caractérisera sa politique jusqu’à sa mort en 1986.
(Trouvé sur le site de pouvoir ouvrier)