par Ottokar » 17 Août 2005, 08:01
Bon cela dit même si ça ne se fait pas de le dire au moment de la mort de quelqu'un, je mettrai un petit bémol sur ses livres.
Sur la révolution et la guerre d'Espagne il a eu le mérite de parler des assassinats de trotskystes, poumistes ou anars, mais il parle du "Lénine espagnol" en parlant d'un socialo. Son livre sur le parti bolchévique, je ne crois pas que tout le monde s'y retrouverait dans ses analyses de la période Kroucthchev. Sur la révolution en Allemagne on a une impression formidable quand on le lit parce qu'on découvre tout sur 7 ou 800 pages, puis à travailler dessus on voit qu'il y a une masse de faits, mais des faits qu'il ne comprend pas toujours ; il ne donne pas les éléments qui permettraient de comprendre, de fixer une politique ou de comprendre celle qui a été menée, les erreurs commises ou pas, etc. bref d'apprendre. Son monumental Trotsky (1000 pages) est intéressant quand on a déjà lu Trotsky, Ma Vie en particulier. Il a moins de défauits, parce que c'est le produit du travail sur les Oeuvres et il se contente d'expliquer ce que Trotsky avait en tête à chaque moment. Bref quand c'est Trotsky qui le guide, le père Broué, il allait nettement mieux. Il y a sa biographie de Sédov. Et les Oeuvres, qu'il a eu le mérite de les publier. Mais ce que je lui reprocherai, c'est d'avoir TOUT publié, jusqu'à la moindre lettre ou télex du Vieux qui demande des nouvelles de la dactylo russe qu'on n'a pas encore embauchée ou ne se souvient plus où Nathalia a rangé ses chaussettes ! Si bien que ce n'est pas toujours maniable.
Bon, à boire et à manger, quoi. Il a eu le mérite de faire un travail qu'aucun camarade n'a pris le temps de faire et de nous donner des instruments utiles, ses livres. Et il s'est réclamé du trotskysme jusqu'à la fin de sa vie. Nous pouvons nous incliner sur sa mémoire et le remercier pour cela. Mais il n'était pas d'accord avec nous et ne nous a jamais spécialement ménagés. De mémoire, quand il y a eu la campagne de calomnies "LO-secte" il ne s'en est pas démarqué, alors qu'il nous connaissait par coeur, qu'il connaissait nos adresses, nos militants et nos dirigeants, qu'il est venu je ne sais combien de fois aux fêtes, qu'on a fait vivre ses maisons d'éditions, etc.
Paix à ses cendres. Et je continuerai à lire ses livres et m'en servir. Mais sans perdre mon oeil critique...
PS : je ne connaissais pas le texte de l'entre-deux tours de 2002, sur le vote Chirac. Il avait encore des réflexes et de la ressource !