par Front Unique » 21 Juil 2010, 23:00
Informations Ouvrières N° 107 semaine du 22 au 28 Juillet 2010
L'EDITO PAR DANIEL GLUCKSTEIN
Autre chose est le mouvement qui mûrit …
Que les milliardaires fréquentent les ministres, qu’ils se rendent des services réciproques, et que, de temps à autre, surgissent affaires et scandales… rien de nouveau sous le soleil de la Ve République.
Ce qui est nouveau, c’est que des informations en principe confidentielles, des procès-verbaux d’audition chez un juge ou par la police se retrouvent dans les heures qui suivent diffusés sur les médias.
Et cela systématiquement !
Sans précédent à cette échelle, la crise frappe aux plus hauts sommets de l’Etat.
Qui cherche à déstabiliser qui ?
Et pourquoi ?
Pourtant, aux sommets de l’Etat, tous sont d’accord pour frapper la classe ouvrière, faire passer les mesures de rigueur dictées par l’Union européenne et le FMI, « économiser » 100 milliards d’euros et tenter d’enchaîner les syndicats à ces plans anti-ouvriers.
Tous sont d’accord… Oui, mais voilà : depuis des mois, grandit dans la classe ouvrière un mouvement puissant qui cherche à bloquer la contre-réforme sur les retraites.
Il y a eu le 15 juin, il y a eu le 24 juin…
D’un côté, à Washington, à Bruxelles, on s’impatiente des tergiversations du gouvernement Sarkozy et du mal qu’il éprouve à passer en force.
D’un autre côté, dans les usines, les bureaux, les services et dans les organisations syndicales, monte l’exigence : retrait !
Surgit « l’affaire Woerth ».
Sous la Ve République, tout converge sur la clé de voûte des institutions, le président de la République.
Celui-ci est confronté à un dilemme : se défaire de Woerth, c’est mettre en danger la contre-réforme des retraites et le régime lui-même; ne pas s’en défaire, c’est concentrer encore plus sur le sommet de l’exécutif.
Où ce régime et ce gouvernement déstabilisés peuvent-ils escompter un appui ?
« Nicolas Sarkozy a été élu pour cinq ans, cette assemblée a été élue pour cinq ans. Elle doit aller jusqu’au bout de son mandat », déclare François Hollande (PS).
Jusqu’au bout de son mandat… jusqu’au bout de la contre-réforme des retraites ?
Ce 20 juillet, les parlementaires socialistes déposent en commission des amendements au projet Woerth.
Leur porte-parole, Marisol Touraine, déclare : « Nous espérons un large soutien »... y compris du gouvernement ! (Les Echos)
Il faudrait donc amender la contre-réforme ?
De son côté, Pierre Laurent (PCF) revendique « l’abandon du projet de réforme des retraites » et que le dossier soit « enlevé à Woerth ».
Enlevé à Woerth… pour être donné à qui ?
Enlevé à Woerth… donc pas abandonné ?
Plus le temps passe, plus s’approche la date du 7 septembre, où la loi doit être soumise au Parlement, plus les travailleurs sont fondés à considérer comme intolérable que les dirigeants du PS, du PCF, s’obstinent à refuser de dire clairement et nettement « retrait ».
Plus que jamais, tout se concentre sur l’exigence avancée par la lettre ouverte dont le Parti ouvrier indépendant a pris l’initiative (lire ci-contre).
Car rien n’est joué.
Une chose sont les déclarations au sommet, autre chose est le mouvement qui mûrit.
Lucide, l’éditorialiste des Echos écrit ce 20 juillet : « Si péril il y a, il vient moins de l’hémicycle que de la rue, de cette manifestation syndicale unitaire du 7 septembre, dont les responsables de la majorité craignent qu’elle n’agrège les ressentiments. »
Les ressentiments ?
Non.
L’exigence commune : retrait !
Daniel GLUCKSTEIN secretaire national du POI