Informations ouvrières n° 2 semaine du 26 juin au 2 juillet
Référendum : qui est pour ? Et pourquoi ?
Faut-il un référendum sur le traité de Lisbonne ? Pour Sarkozy et le
gouvernement, la question ne se pose même pas. Au lendemain du non irlandais,
s'est tenu le « sommet » des 27 chefs d'Etat et de gouvernement. La décision y a été prise de poursuivre le processus de ratification. Sarkozy- qui préside l'Union
européenne à partir du ler juillet - a quatre mois pour trouver une «solution ». Pas
question non plus de référendum du côté du PS. Ses dirigeants n'ont-ils pas jugé
«regrettable ». le vote irlandais ?
Plus surprenant: les opposants officiels au nouveau traité contournent, eux aussi,
la question. Francis Wurtz (PCF) préside le groupe Gauche unitaire européenne au
Parlement européen. Pour lui, le traité de Lisbonne est « caduc » (1). Donc, pas
besoin de référendum pour s'opposer ? De leur côté, la LCR de Besancenot, Attac et d'autres associations signent un communiqué commun. II y est question d'«
exigences et propositions alternatives » pour montrer « qu'une autre Europe est
possible ». Pas un mot, dans ce communiqué, sur les traités européens. Une « autre Europe »... en gardant Maastricht, Amsterdam, Nice? Une « autre Europe »... sans référendum pour bloquer le traité de Lisbonne ?
Quatre mois nous séparent du prochain sommet européen. La présidence française
veut en profiter pour préparer un coup de force annulant le non irlandais. Faut-il
laisser faire ? Le Parti ouvrier indépendant propose une autre voie: exiger la
convocation d'un référendum ici et maintenant! Le peuple français veut pouvoir
dire avec le peuple irlandais : non au traité de Lisbonne et à l'Union européenne!
L'IFOP publie ce 22 juin un sondage sur un éventuel référendum sur le traité de
Lisbonne: 53 % de Français voteraient non. Parmi eux: 72 % des ouvriers et 63 %
des employés.
Faut-il s'en étonner ? Chaque attaque contre la classe ouvrière trouve son origine
dans l'Union européenne, ses traités, ses directives. La dernière en date ? Le plan
de démantèlement de la Sécurité sociale rendu public ce 22 juin (lire p. 4). Il est
justifié par le retour au déficit zéro. C'est le traité de Maastricht qui inscrit les
comptes de la Sécu dans les limites des 3 % de déficit. C'est le traité de Lisbonne qui fixe l'exigence du déficit zéro. Ce sont les «lignes directrices » et autres directives qui enjoignent d'« alléger » les charges patronales. D'où les 200 milliards d'euros d'exonérations offerts aux patrons depuis 1991, seule source du prétendu déficit.
La Sécu menacée de disparaître... Et il ne faudrait pas de référendum pour arrêter
la machine infernale ? Les ouvriers et employés veulent voter non contre le traité
de Lisbonne. Ils savent pourquoi.
Unité à tous les niveaux, pour un référendum pour dire non! C'est ce que propose le POI, sans préalable ni condition. Déjà, comme on le lira dans ce journal, des
militants et responsables d'autres organisations ont répondu positivement à cette
proposition. Il s'agit maintenant de déployer une campagne de masse. Il s'agit
d'aider le peuple à s'ouvrir une issue conforme à la démocratie. Référendum pour
bloquer l'adoption du traité de Lisbonne! C'est le premier pas pour-comme l'ont
formulé les marins-pêcheurs - dire: « Stop à la dictature de l'Union européenne!»
Daniel Glückstein