par Puig Antich » 05 Déc 2006, 00:04
En fait, si on regarde ce qui s'est passé un peu partout dans le monde, des groupes d'étudiants ont toujours constitué une part du noyau des révolutionnaires dans la société. C'est particulièrement vrai dans les pays semi-coloniaux ou semi-féodaux, dans lesquels il faut briser un cadre étriqué à la fois pour donner des perspectives à la classe ouvrière, et aussi au développement capitaliste. Dans ces cas là, les étudiants jouent souvent le rôle d'avant-garde, de vivier dans lequel peut se recruter les révolutionnaires socialistes, comme les populistes bourgeois qui vont chercher à s'appuyer sur les masses pauvres en général, et la paysannerie en particulier.
Dans les pays impérialistes ou en URSS, les étudiants se sont ouvert à certaines périodes à la théorie marxiste, et leur place dans la société les a porté à adopter un point de vue critique sur le monde capitaliste ou/et le monde stalinien. La faiblesse des appareils, incapables de canaliser la pensée critique dans la jeunesse tandis qu'ils se concentraient à museler la classe ouvrière, a pu y jouer. C'est dans les années 60/70 notamment que cela s'est le plus manifesté.
Aujourd'hui, même si en chiffres relatifs il est de plus en plus difficile effectivement d'accéder à l'enseignement supérieur pour les enfants des classes populaires - et ce le sera d'autant plus tant que n'aura pas été brisé l'offensive des gouvernements des différents pays contre le droit aux études -, en chiffres absolus et en terme de réalité sociale pour les individus concernés, on peut parler d'un véritable précariat étudiant, bien plus lié parce qu'il est salarié à la classe ouvrière qu'il ne l'était en 1968 - même si le morcellement et la "tertiarisation" de la production compense assez ce phénomène en soi dangereux pour la bourgeoisie.
Enfin, pour prouver celà, on peut évoquer les défaites assez sympathiques infligées aux projets du CIP dans les années 90, et du CPE plus récemment, en partie grace aux étudiants.
Biensûr, dans ces victoires la jeunesse lycéenne, et en particulier la jeunesse en formation manuelle, a joué un rôle central qui ne s'est pas traduit par leur organisation indépendante des appareils, ne serait-ce que formellement par un véritable poids des lycéens - surtout du technique - dans les coordinations nationales. Celà témoigne dans un certain sens de ce que tu dis Sterd : l'esprit "encadrement" d'une partie des étudiants, mais aussi c'est le fait de la politique des appareils de gauche, et de la faible implantation des révolutionnaires dans la jeunesse prolétarienne.