Dispersion d'une conférence du MEDEF.

Message par Sterd » 04 Déc 2006, 20:38

(Wapi @ lundi 4 décembre 2006 à 17:36 a écrit : Ton raisonnement me semblerait plus juste si tu ne ciblais que les étudiants de bac + 3  et plus.

Je n'ai pas de raisonnement à proprement parler sur cette question. Mon seul propos est de dire que les cadres (au sens large) de la société bourgeoise se recrutent pour leur écrasante majorité dans les milieux diplomés. Même si il y en a qui ratent, même s'il y en a pour qui c'est dur. On peut dire que globalement ces gens sont formés a devenir l'élite de la société. Il est donc illusoire de croire que dans leur majorité ces gens soient naturellement portés vers la contestation sociale, bien au contraire. Même si il existe des exceptions, dont je suis et dont un bon nombre doivent fréquenter ce forum.
Il ne m'étonne donc pas de voir que quand un groupe de gauchos agressent un groupe de fachos, des étudiants puissent se mettre à défendre les fafs. Il serait fort surprenant que la société bourgeoise pourrissante puisse former des élites qui soient autre chose que son reflet.
Sterd
 
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Message par Puig Antich » 05 Déc 2006, 00:04

En fait, si on regarde ce qui s'est passé un peu partout dans le monde, des groupes d'étudiants ont toujours constitué une part du noyau des révolutionnaires dans la société. C'est particulièrement vrai dans les pays semi-coloniaux ou semi-féodaux, dans lesquels il faut briser un cadre étriqué à la fois pour donner des perspectives à la classe ouvrière, et aussi au développement capitaliste. Dans ces cas là, les étudiants jouent souvent le rôle d'avant-garde, de vivier dans lequel peut se recruter les révolutionnaires socialistes, comme les populistes bourgeois qui vont chercher à s'appuyer sur les masses pauvres en général, et la paysannerie en particulier.

Dans les pays impérialistes ou en URSS, les étudiants se sont ouvert à certaines périodes à la théorie marxiste, et leur place dans la société les a porté à adopter un point de vue critique sur le monde capitaliste ou/et le monde stalinien. La faiblesse des appareils, incapables de canaliser la pensée critique dans la jeunesse tandis qu'ils se concentraient à museler la classe ouvrière, a pu y jouer. C'est dans les années 60/70 notamment que cela s'est le plus manifesté.

Aujourd'hui, même si en chiffres relatifs il est de plus en plus difficile effectivement d'accéder à l'enseignement supérieur pour les enfants des classes populaires - et ce le sera d'autant plus tant que n'aura pas été brisé l'offensive des gouvernements des différents pays contre le droit aux études -, en chiffres absolus et en terme de réalité sociale pour les individus concernés, on peut parler d'un véritable précariat étudiant, bien plus lié parce qu'il est salarié à la classe ouvrière qu'il ne l'était en 1968 - même si le morcellement et la "tertiarisation" de la production compense assez ce phénomène en soi dangereux pour la bourgeoisie.

Enfin, pour prouver celà, on peut évoquer les défaites assez sympathiques infligées aux projets du CIP dans les années 90, et du CPE plus récemment, en partie grace aux étudiants.

Biensûr, dans ces victoires la jeunesse lycéenne, et en particulier la jeunesse en formation manuelle, a joué un rôle central qui ne s'est pas traduit par leur organisation indépendante des appareils, ne serait-ce que formellement par un véritable poids des lycéens - surtout du technique - dans les coordinations nationales. Celà témoigne dans un certain sens de ce que tu dis Sterd : l'esprit "encadrement" d'une partie des étudiants, mais aussi c'est le fait de la politique des appareils de gauche, et de la faible implantation des révolutionnaires dans la jeunesse prolétarienne.
Puig Antich
 
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Message par azadi » 05 Déc 2006, 12:41

a écrit :En fait, si on regarde ce qui s'est passé un peu partout dans le monde, des groupes d'étudiants ont toujours constitué une part du noyau des révolutionnaires dans la société.


Seuls les travailleurs sont révolutionnaires : le communisme c'est l'appropriation du mode de production par les travailleurs, que peuvent y faire les étudiants là dedans ? Quand des idéologues intellectuels se substitue au prolétariat cela aboutit à une dictature sur le prolétariat, et malheureusement pas à la dictature du prolétariat ...


a écrit :dans lesquels il faut briser un cadre étriqué à la fois pour donner des perspectives à la classe ouvrière,


On n'a pas besoin des étudiants pour élargir notre conscience de classe, merci bien :17: ...

... et puis la génération 68 des étudiants "révolutionnaires" on a vu ce que ça a donné (des bons patrons :whistling_notes: ).
azadi
 
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Message par Puig Antich » 05 Déc 2006, 15:16

a écrit :
Seuls les travailleurs sont révolutionnaires : le communisme c'est l'appropriation du mode de production par les travailleurs, que peuvent y faire les étudiants là dedans ? Quand des idéologues intellectuels se substitue au prolétariat cela aboutit à une dictature sur le prolétariat, et malheureusement pas à la dictature du prolétariat ...



Il me semble pas que Lénine ou Rosa Luxembourg étaient des travailleurs manuels. Mais, biensûr, quand les idéologues se substituent au prolétariat, ça abouti à ce que tu dis, et personne n'a dit que la classe ouvrière n'est pas la seule classe révolutionnaire de la société.

a écrit :... et puis la génération 68 des étudiants "révolutionnaires" on a vu ce que ça a donné (des bons patrons).


Oui. Justement, ils étaient moins liés matériellement à la classe des travailleurs qu'aujourd'hui. En 68 et dans ses suites, d'aprés ce que j'ai pu en lire, la théorie majoritaire chez les étudiants gauchistes étaient qu'une nouvelle avant-garde allait se substituer à la classe ouvrière (nationalistes du tiers-monde, étudiants, etc.) - c'est peut-être plus vrai aux USA et en Allemagne qu'en France ; mais moins vrai pour l'Italie - ; et d'autre part les éléments de mobilisation d'une partie des étudiants étaient une réaction à une réforme sélective à l'université. Finalement, les mobilisations plus récentes autour du contrat de travail reflètent un lien plus fort avec la perspective de la classe ouvrière. Aprés, sur 68, il est faux de dire que les figures du mouvement étudiant sont tous passés dans le camp de la bourgeoisie ; comme il serait faux de dire inversement qu'aucun travailleur ne passe dans le camp de la bourgeoisie en s'intégrant aux appareils de gauche.
Puig Antich
 
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