Sur la génétique

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Barnabé » 29 Jan 2004, 17:37

Je viens de relire "Ni Dieu, ni gène" de Jean-Jacques Kupiec et Pierre Sonigo. En gros pour ceux qui ne l'auraient pas lu (et je le recommande) il s'agit d'une critique des théories classiques de la génétique qui se posant comme une théorie de l'information et de la communication entre les cellules retombe selon les auteurs dans une conception platonicienne et antimatérialiste.
Eux développent au contraire une théorie du fonctionnement cellulaire qui est une forme de prolongation de la théorie darwinienne de l'évolution des espèce et où le comportement des cellules (expression de tel ou tel caractère) ne serait pas une réponse à un message, mais serait la combinaison d'un fonctionnement jusqu'à un certain point aléatoire de l'ADN (je ne développe pas mais eux propose un mécanisme détaillé) et de la selection par l'adaptation au milieu nutritif des cellules.
Autant je n'ai pas d'opinion tranchée sur la théorie proposée, autant la critique qui est fait de la génétique, comme science qui serait basée sur une information omniprésente dans les cellule s'exprimant en réponse à des signaux plus ou moins mystérieux, me paraît a priori assez juste.
Barnabé
 
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Message par Nadia » 29 Jan 2004, 18:08

Pas très bien compris leur théorie, ni ce qu'ils critiquent.

C'est certain que les cellules n'utilisent pas toutes les mêmes gènes, une fois qu'elles sont spécialisées dans une "fonction" dans l'organisme. Un cellule de la rate pourra sécréter de la bile lors de la digestion, mais à moins de lui taper dessus, elle ne fabriquera pas d'os. Comment précisément ces "fonctions" sont contrôlées est effectivement pour moi un peu mystérieux, j'en sais rien. L'"information et la communication" entre cellules se fait par des molécules chimiques, entre autres par des hormones (les hormones sont bien pratiques pour "communiquer" une information à une cellule éloignée, l'hormone se déplaçant dans le sang jusqu'à "tomber" sur la bonne cellule et en modifier le fonctionnement).
Nadia
 
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Message par Barnabé » 30 Jan 2004, 00:16

a écrit : C'est certain que les cellules n'utilisent pas toutes les mêmes gènes, une fois qu'elles sont spécialisées dans une "fonction" dans l'organisme. Un cellule de la rate pourra sécréter de la bile lors de la digestion, mais à moins de lui taper dessus, elle ne fabriquera pas d'os.

Déjà ça, ça pose un problème, comment se fait la spécialisation. Selon les auteurs de ni D ni G, la génétique telle qu'elle s'énonce actuellement n'offre pas de réponse satisfaisante à cela.
a écrit :
Comment précisément ces "fonctions" sont contrôlées est effectivement pour moi un peu mystérieux, j'en sais rien.

Ben justement d'après eux toutes les théories actuelles basées sur la génétique (par exemple l'idée d'inhibiteurs spécifiques mais malheureusement introuvables) ne sont pas satisfaisante.
a écrit :
L'"information et la communication" entre cellules se fait par des molécules chimiques, entre autres par des hormones (les hormones sont bien pratiques pour "communiquer" une information à une cellule éloignée, l'hormone se déplaçant dans le sang jusqu'à "tomber" sur la bonne cellule et en modifier le fonctionnement).

Ca non plus n'a pas l'air de fonctionner, en tout cas ça n'est pas suffisant.
Et puis leur critique se pose aussi sur le plan philosophique. L'idée que le fonctionnement de chaque cellule soit l'expression, le reflet d'un code génétique qui leur préexiste, et que tous les mécanismes de transmission implique des récepteurs spécifiques (sur le modèle de la clé et de la serrure, il y a toujours pile la bonne clé pour la bonne sérrure au bon endroit), risque de mener droit à l'idéalisme et au finalisme le plus basique (les cellules agissant selon le plan préétabli de l'organisme).
Cette critique (au moins de l'interprétation classique de la génétique, sur les mécanisme je ne m'y connait pas assez mais ils argumentent quand même pas mal) me parait juste. Quant à ce qu'ils propose comme altérnative, c'est l'extension du darwinisme au fonctionnement cellulaire, et leur manière de poser les chose à au moins la qualité de ne pas tomber dans le relativisme et le hasard absolu.
Barnabé
 
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Message par Barnabé » 30 Jan 2004, 00:22

Exemple de ce que disent les auteurs ici :
Extraits:

a écrit :
Jean-Jacques Kupiec : Tout d'abord et pour aller à l'essentiel, probablement que oui. La génétique n'est plus aujourd'hui une théorie scientifique, c'est une idéologie. Elle permet de justifier l'ordre social et c'est là sa force. Il s'agit d'un problème particulier à la génétique car elle traite de l'homme. Il faut bien voir que la génétique est d'une certaine manière infirmée depuis 70 ans. Tout ce qui remet en cause la génétique - par exemple l'impossibilité d'associer un caractère héréditaire à un gène - avait déjà été décrit dans les années trente, notamment par Thomas Morgan. Sans rentrer dans le détail, on est depuis dans une fuite en avant technologique, il n'y a plus vraiment de théorie mais persistance d'un discours génétique. Ainsi, en génétique, la pratique scientifique n'est pas identique à celle développée dans les autres sciences physiques, comme l'illustre l'absence de remise en cause systématique du modèle. Pour des questionnements moindres que ceux qu'a connus la génétique dans les années trente, les physiciens ont remisé trente six fois leurs modèles théoriques. En biologie, cela ne se fait pas. Le discours biologique a donc vraiment une fonction idéologique très forte dans la société. Là je fais allusion à tous les discours socio-biologiques, darwinisme social, . Aujourd'hui on ne sait plus ce qu'est un gène ! Et on le sait encore moins depuis le séquençage du génome. Le gène n'est plus défini par rapport à une théorie sur l'hérédité, mais empiriquement : un gène, c'est un morceau d'ADN qui code pour une protéine. Mais cette définition ne permet plus de comprendre la transmissimn des caractères héréditaires.

Pierre Sonigo : En biologie aujourd'hui il n'y a plus de fondement théorique. Le modèle est la description avec des flèches, ce qui permet de dire par exemple que telle séquence est à la fois activatrice et répresseur, qu'il n'y a pas de déterminisme génétique mais que tel gène détermine le taux de X dans l'organisme. A l'extrême, s'il y a un bras, c'est parce qu'il y a le gène du bras. On repousse l'explication dans le gène du bras. Mais, après séquençage du gène en question, on n'en sait pas plus. Il a y eu ce 'coup' là avec le gène de l' oeil, et puis finalement le gène de l' oeil on le trouve aussi dans le doigt, le gène du doigt on le trouve dans le pied, bref on ne sait plus qui est quoi.
[...]
Jean-Jacques Kupiec : La cause profonde, c'est que ceux qui ont démarré la biologie moléculaire, principalement des physiciens, ont oublié la physique : 'la biologie n'a pas encore fait sa révolution copernicienne'. La génétique reprend des modes de pensée très anciens, idéalistes et pré-coperniciens, qui sont une version moléculaire de la métaphysique d'Aristote. Le point central de la métaphysique d'Aristote est la notion d'espèce, le concept de spécificité. La révolution copernicienne s'est faite en renonçant à ce concept. Si on reste dans une méta-biologie de la spécificité, c'est finalement parce que le système d'Aristote serait adéquat à la biologie ? Pour nous la raison est ailleurs. Remettre en cause la notion d'espèce est à la limite faisable pour les objets physiques. Mais avec la biologie, on se rapproche de l'homme. Remettre en cause cette notion d'espèce devient alors difficile : on a l'impression que c'est notre propre identité humaine qui est menacée. Cela explique aussi pourquoi le rapport à la méthode scientifique telle qu'elle fonctionne dans les sciences physiques, cet aller-retour permanent entre l'expérimentation et la théorie, ne fonctionne pas ou mal en biologie et pourquoi il n'y a pas de grande loi scientifique dans ce domaine. Dernier point, la génétique est un discours facile qui donne l'impression d'expliquer ce que sont les gens. On le voit dans les médias notamment : le bruit perdure bien qu'infirmé scientifiquement.
[...]
Jean-Jacques Kupiec : L'enjeu est la question du finalisme. En biologie, on a du mal à se débarrasser de la cause finale parce qu'on a beaucoup de mal à penser n'être pas la finalité de l'ontogénèse. Pour Pierre et moi, l'on est le résultat d'un processus dont on n'est pas a priori le but. Pour arriver à penser cela, il faut un nouveau décentrement par rapport à nous-mêmes.




Sinon il y a le site de JJ Kupiec
Barnabé
 
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Message par Nadia » 30 Jan 2004, 09:12

Et moi je trouve ça planant. Comprends rien. Et pas un seul fait précis. Un peut comme si on envoyait bouler le tableau de Mendeleev pour la raison que plus personne ne le conteste et qu'en plus il est trop simple pour un esprit shadockien.
Nadia
 
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Message par Barnabé » 30 Jan 2004, 13:59

Pour des faits précis, il y a quelques articles sur le site (le plus détaillé est en anglais), sinon le bouquin est très argumenté scientifiquement (mais je l'ai prêté donc je ne peux pas faire de citation pour l'instant).
Barnabé
 
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