en raison de mon "scientisme" invétéré je commence par le meilleur...
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28/03 2006
[center]Des nanoparticules pour décontaminer l'environnement[/center]
Par Damien Jayat
Journaliste scientifique
Certains matériaux issus des nanotechnologies ont un potentiel de décontamination de milieux pollués. Par exemple, des membranes céramiques chimiquement modifiées peuvent traiter des effluents ou des boues contaminés par des substances toxiques. Revers de la médaille, l’introduction de nanoparticules dans l’environnement à des fins de décontamination, ou fortuitement, peut engendrer elle-même une pollution dont les risques écologiques sont mal cernés. Jean-Yves Bottero fait ici le point sur ces deux aspects des liens entre nanotechnologies et environnement. Directeur de recherche au CNRS, il dirige l’équipe de Physico-Chimie des Interfaces au Centre d’Enseignement et de Recherche en Géosciences de l’Environnement (CEREGE) de l'université Paul Cézanne d'Aix-en-Provence.
Nanoparticules de germanium sur des nanofils d'oxyde de zinc.
© Zhengwei Pan/ORNL
Deux des particules développées par votre laboratoire, l’Alumoxane et le Ferroxane, ont fait l’objet d’un dépôt de brevet en 2001 et en 2003. Quelles innovations apportent-elles ?
L’Alumoxane et le Ferroxane sont des nanoparticules à base d’oxyde d’aluminium ou de fer utilisées comme matériau de base pour la fabrication de membranes de filtration ou de céramiques. Elles sont obtenues en cassant un oxy-hydroxyde métallique de synthèse à l’aide d’acide acétique. En multipliant les étapes de cassage, on obtient des billes de quelques nanomètres de diamètre. Celles-ci peuvent ensuite être soudées les unes aux autres par déshydratation à haute température (900–1100 °C) pour former une céramique. Les espaces entre les billes forment des pores dont on contrôle le diamètre en jouant sur la taille des billes, et on obtient au final une membrane de nano-filtration (1).
L’Alumoxane et le Ferroxane ont été mises au point en collaboration avec l’équipe du Pr. Mark Wiesner, du Department of Civil and Environmental Engineering (CEVE) à l’Université Rice de Houston (Texas), avec qui nous travaillons depuis vingt ans. Les particules ont notamment été développées par Jérôme Rose, un chargé de recherche CNRS de notre laboratoire qui a effectué un séjour post-doctoral là-bas en 1997. Les particules sont fabriquées grâce à une approche top-down, soit du plus grand vers le plus petit : on disloque progressivement des particules dont la taille est au départ micrométrique. Ce procédé est tout à fait original par rapport aux procédés classiques, de type bottom-up (du plus petit vers le plus grand), où des ions métalliques sont assemblés pour construire peu à peu le produit recherché. Le procédé bottom-up passe par la formation d’un gel, étape nécessitant le recours à des solvants organiques souvent toxiques. Il est donc peu recommandable lorsqu’on souhaite développer une « chimie verte » par le biais des nanotechnologies. La technique de fabrication de l’Alumoxane et du Ferroxane ne nécessite que de l’eau et de l’acide acétique, solvant peu coûteux et surtout non toxique. Elle s’intègre donc mieux dans une approche technologique à visée environnementale (2).
Quelles nouvelles fonctionnalités possèdent les nanomembranes pour le traitement de l’eau ?
A partir des billes d’Alumoxane et de Ferroxane nous pouvons fabriquer des membranes dont la porosité n’excède pas quelques dizaines de nanomètres. A cette échelle, deux nouvelles fonctionnalités apparaissent. La première est directement liée à la taille des pores. Les membranes de nanofiltration sont en effet capables d’arrêter la grande majorité des agents pathogènes : agrégats de métaux toxiques, bactéries, mais aussi les virus qui constituent aujourd’hui un souci majeur dans le domaine du traitement des eaux.
Image en fausses couleurs d'une nanoparticule de rutile, un oxyde de titane.
© NIST
La deuxième fonctionnalité des membranes de nanofiltration est liée au fait que, les pores étant petits, tout composé présent dans le milieu à filtrer a de grandes chances d’entrer en contact avec la surface de la membrane.
Cela peut être exploité de deux manières : d’une part, les contaminants métalliques peuvent être adsorbés sur la membrane puis récupérés par un lavage ultérieur ; d’autre part, en fournissant à la surface de la membrane des propriétés catalytiques, certains contaminants peuvent être convertis en composés non toxiques dès l’étape de filtration. Par exemple, il existe sur le marché des nanoparticules d’oxydes de titane (TiO2) incorporées à des membranes et dégradant des pesticides. Les deux fonctionnalités innovantes des nanomembranes permettent finalement de filtrer l’eau plus efficacement, en moins d’étapes et avec rétention ou dégradation de davantage d’agents indésirables.
Les phénomènes d’adsorption ou de catalyse ont majoritairement lieu à la surface des particules. Il semble que cette « activité de surface » soit un paramètre très important pour les nanoparticules. Pourquoi ?
D’une manière générale, c’est en effet à la surface des particules que l’on observe la plupart des interactions avec les éléments extérieurs. Par exemple, ce sont les charges électriques situées à la surface qui, en se repoussant ou s’attirant, influent sur la coagulation et l’agglomération de petites particules.
Dans le cas des nanoparticules, la proportion d’atomes en contact direct avec le milieu extérieur (20 à 40 %) est plus important que dans des particules de plus grandes tailles (moins de 5 %). Davantage d’atomes sont donc impliqués dans les réactions chimiques ou dans la rétention par adsorption. Ce phénomène rend les nanoparticules bien plus rentables que les microparticules, puisque la même masse de particules contient une plus grande proportion d’éléments réactifs. A cela s’ajoutent deux autres phénomènes : d’abord, la surface d’une nanoparticule est plus accessible (en termes cinétiques) que celle d’une microparticule ; la réaction y est donc plus rapide. De plus, l’énergie d’interaction entre la surface d’une nanoparticule et son environnement est élevée et conduit à une déformation de cette surface, une « amorphisation » qui augmente la mobilité et la réactivité de la particule. La majorité des avantages des nanoparticules sont donc liés à l’activité de leur surface. Voilà pourquoi celle-ci est un paramètre fondamental.
Parmi les composés contre lesquels vous développez des moyens de décontamination, figure notamment l’arsenic. Pourquoi cet élément, et quel type de particules envisagez-vous d’utiliser pour l’éliminer ?
L’arsenic (As) est un élément très toxique qui contamine naturellement les eaux, rendant leur consommation dangereuse. La contamination peut aussi provenir d’activités humaines, si bien que l’on trouve des risques sanitaires liés à l’arsenic dans les pays en voie de développement comme dans les pays industrialisés.
Au Bangladesh, par exemple, la contamination est d’origine naturelle et provient des dépôts sédimentaires du Gange et du Brahmapoutre. Dans ce pays, entre 30 et 70 millions de personnes sont contaminées par l’arsenic. On rencontre également une pollution des eaux dans certaines régions des Etats-Unis, où l’arsenic a été utilisé pendant de nombreuses années comme pesticide. Ainsi, alors que l’OMS fixe une norme de 10 µg/litre pour ce composé, la législation américaine la maintient à 50 µg/litre afin d’éviter une coûteuse décontamination des eaux.
La France a elle aussi son lot de contamination, avec par exemple le site de Salsigne (Aude) où une mine d’or a produit des déchets riches en arsenic. On a observé que le taux de cancers dans les villages autour du site est supérieur à la moyenne nationale…
Les nanoparticules que nous étudions pour éliminer l’arsenic, essentiellement des oxydes de fer (Fe2O3), sont développées dans le cadre de la thèse de Mélanie Auffan en collaboration avec l’équipe de Jean-Pierre Jolivet, de l’Université Paris 6 (Laboratoire de Chimie de la Matière Condensée, LCMC, UMR 7574 CNRS). L’une d’elles, la maghémite, possède en son centre une cavité dont la taille est parfaitement adaptée à celle d’un atome d’arsenic. On peut ainsi adsorber cinq à six de ces atomes par nm2 de maghémite. C’est énorme : sur une maghémite de taille micronique on adsorbe en moyenne moins de deux atomes par nm2. De plus, l’arsenic est en forte interaction avec la maghémite car il est lié en moyenne à six atomes de fer. Enfin, la maghémite étant naturellement magnétique elle est facilement concentrée puis éliminée du milieu après traitement.
La forte affinité de la maghémite pour l’arsenic ne risque-t-elle pas de poser problème pour la régénération des particules après leur extraction du milieu ?
La question du retraitement des nanoparticules doit effectivement être prise en compte avec beaucoup d’attention. Dans le cas de la maghémite, nous avons montré la possibilité d’une désorption partielle de l’arsenic par un traitement acide. Après neutralisation par de la chaux, la solution devient une « boue » qui peut être stockée, incinérée (avec retraitement des cendres) ou retraitée directement. On peut aussi envisager de ne pas régénérer et d’utiliser chaque fois des nanoparticules neuves. Dans tous les cas, les principaux objectifs fixés, à savoir l’extraction et la concentration des polluants, seraient atteints.
En définitive, les choix entre les différentes filières de retraitement seront dictés par des questions de coûts et de bilan de pollution : on ne peut pas décontaminer au moyen de techniques qui introduisent plus de pollution qu’elles n’en retirent ! Cependant, les filières ne peuvent pas encore être comparées avec précision car le procédé n’en est qu’à ses débuts. Aujourd’hui, les recherches portent essentiellement sur la structure, les propriétés et les effets biologiques des nanoparticules.
Comment réalisez-vous vos études structurales à l'échelle nanométrique ?
Nous utilisons la spectroscopie d’absorption de rayons X. Cette technique permet d’étudier des particules à l’échelle atomique avec une grande précision, dans des situations où la diffraction de rayons X sur des particules cristallisées ne peut être analysée. La spectroscopie d’absorption de rayons X utilise l’énergie d’électrons circulant à la vitesse de la lumière dans un synchrotron (un accélérateur circulaire de particules). La trajectoire circulaire des électrons entraîne la transformation d’une partie de leur énergie cinétique en énergie lumineuse, émise dans une large gamme de longueurs d’onde. On peut alors étudier l’absorption de cette énergie lumineuse par un type d’atome donné, chaque atome absorbant à une longueur d’onde (et donc une énergie) spécifique. L’énergie absorbée permet l’arrachement d’un des électrons les plus proches du noyau de l’atome considéré et induit un signal détectable qui dépend de la longueur d’onde du rayonnement incident.
Le signal (absorption vs énergie incidente) présente deux parties. La première, appelée XANES (X-ray Absorption Near Edge Structure), donne des informations sur l’atome étudié, son état d’oxydation et sa coordinence (symétrie). La deuxième partie du spectre est liée au fait qu’une fois arraché à l’atome en question l’électron interagit avec d’autres atomes situés dans un rayon de 4 à 5 angströms (1 Å = 10-10 m). Ces interactions sont mises en évidence par des oscillations du signal, appelées EXAFS (Extended X-ray Absorption Fine Structure), qui fournissent des informations complémentaires sur la nature, le nombre et la distance des atomes voisins, avec une précision de quelques centièmes d’angströms !
Les informations issues du couplage entre XANES et EXAFS nous ont permis d’une part de montrer que l’arsenic se fixait au centre de la particule de maghémite et qu’il était partiellement oxydé, d’autre part de déterminer la géométrie globale des interactions entre la maghémite et l’arsenic. C’est ainsi que nous avons pu identifier une particule possédant une grande affinité pour cet élément.
A cette approche structurale, vous avez choisi d’associer des tests de toxicité des nanoparticules. Quels sont les principaux résultats obtenus sur ce sujet ?
Les tests d’impacts biologiques (thèse de Mélanie Auffan) sont réalisés en collaboration avec l’équipe de Jean-Pierre Jolivet et plusieurs autres laboratoires du CEA de Saclay (Antoine Thil) et de Cadarache (Thierry Heulin, Wafa Achouack), de l’université de Montpellier (Bénédicte Prelot) et de l’université Aix-Marseille II (Alain Botta). Ce projet, unique en France par son aspect pluridisciplinaire, est dirigé par Jérôme Rose et financé par l’Institut des Sciences de l’Univers du CNRS et plus particulièrement le programme ECCO (ECosphère COntinentale). Nous étudions principalement les effets des nanoparticules d’oxyde de cérium (CeO2), de maghémite et plus récemment des C60 (fullerènes) sur des bactéries et des cellules humaines (3).
Molécule de fullerène
© Nick Wilson
Nous avons montré qu’en présence de cérium, des bactéries du genre Escherichia coli ont un taux de survie plus faible. Nous avons mis en évidence grâce à la technique XANES que 30 à 40 % des ions Ce4+ adsorbés à la surface des bactéries étaient réduits en Ce3+, ce qui cause probablement un stress oxydant dont nous ignorons encore les effets exacts. Il pourrait perturber la chaîne respiratoire bactérienne, située dans la membrane cellulaire, mais cette hypothèse reste à confirmer expérimentalement.
Administré à des cellules humaines (fibroblastes), le cérium est également réduit mais il n’a aucun effet biologique notable. En revanche, les particules de maghémite pénètrent dans les fibroblastes par endocytose et sont stockées sous forme de vésicules. Nous avons observé un ralentissement du métabolisme des fibroblastes (jusqu’à 20 %) mais aucune mort cellulaire. Dans la suite de l’étude, nous allons tenter de déterminer les mécanismes responsables des effets observés sur les bactéries et les fibroblastes et analyser en détails les effets cytotoxiques et génotoxiques des nanoparticules.
Les particules de maghémite ont un effet sur les fibroblastes mais celles de cérium n’en ont aucun. Ces résultats semblent indiquer que la toxicité des nanoparticules ne peut être étudiée qu’au cas par cas…
Exactement. Tout d’abord, le risque en termes de santé humaine est lié à la pénétration des nanoparticules dans l’organisme ou les cellules. Il est donc plus élevé lorsque les particules sont sous forme d’aérosols (en suspension dans l’air) ou si elles sont injectées dans l’organisme, lors d’usages médicaux par exemple.
Les particules que nous étudions sont utilisées en solutions aqueuses, sans risque de transmission par voie aérienne. Dans le cas de bactéries en contact avec le cérium, nous avons de plus montré que la pénétration n’était pas obligatoire pour induire un effet biologique. Mais le plus important à nos yeux est que chaque particule a un effet différent sur chaque type cellulaire, et qu’un même type cellulaire réagit spécifiquement à la présence de chaque espèce de particule. Des particules de même taille et de même forme (cérium et maghémite) ont des effets différents sur les fibroblastes humains, ce qui signifie que l’impact biologique est avant tout une question de chimie entre la particule et sa « cible » biologique. Dans un premier temps, il faut donc considérer chaque couple « particule - cible » séparément, et analyser leurs interactions pour prévoir et maîtriser une éventuelle toxicité. Après cette étape, nous pourrons peut-être dégager des règles générales.
En attendant, nos résultats montrent que les nanoparticules doivent être considérées comme tout autre objet biologique ou chimique : au cas par cas. On ne peut pas les rejeter en bloc a priori.
La prise en compte des risques potentiels des nanoparticules est assez récente, notamment en France, bien que la technologie existe depuis plusieurs années. Selon vous, pourquoi un tel délai a-t-il été nécessaire ?
Précisons d’abord que les nanotechnologies sont encore plus anciennes qu’on a tendance à le croire. Si le terme n’est apparu qu’au milieu des années 1990, les nanoparticules sont utilisées depuis longtemps, dans les cosmétiques ou les médicaments par exemple. Lors de mes études de thèse, j’ai synthétisé puis étudié les propriétés de surface de particules d’Al13 de taille nanométrique (1,3 nm exactement). Nous les appelions alors « colloïdes », « coagulats » ou « polycations », mais c’étaient en réalité des nanoparticules.
Nanoparticules de cérium sur le point d'être captées par un fibroblate pulmonaire (microscopie életronique)
© Ludwig Limbach et al., Chemistry and Applied Biosciences, École polytechnique fédérale de Zurich.
Pour ce qui est de la gestion des risques, il est vrai que lorsque nous avons commencé à travailler conjointement sur la structure, l’activité et la toxicité potentielle des particules nous avons soulevé peu d’enthousiasme chez la plupart de nos collègues. Nous avons parfois été jugés opportunistes ou simplement attachés à des questions inutiles d’un point de vue scientifique. De plus, en France certains ont longtemps pensé les nanotechnologies incapables de fournir des applications réellement innovantes ailleurs que dans le domaine de la physique. Ainsi, lorsqu’en 2001 nous avons créé avec l’Université Rice le réseau I-CENTR (International Consortium for Environment and Nanotechnology Research), nous avons été très peu suivis.
Depuis, les choses ont un peu changé, notamment grâce à la publication des premiers textes officiels nationaux et européens. La prise de conscience des institutions européennes s’est inspirée de celle, plus ancienne, qui a eu lieu aux Etats-Unis. Le Vieux Continent a fini par s’atteler à la tâche, bien qu’avec un retard certain, et l’aspect « toxicité » des nanotechnologies est aujourd’hui un objet d’étude à part entière. L’éveil de la conscience citoyenne à ce genre de questions, qui s’est opéré suite aux affaires de la vache folle, de l’amiante et des OGM, a également influencé l’intérêt porté aux risques. Enfin, les médias ont joué un rôle important en relayant régulièrement les innovations et les dangers supposés des nanotechnologies.
La toxicité des nanoparticules est donc passée en quelques années de l’état « sans intérêt » à celui de « sujet d’actualité prioritaire ». A ceci près que les études consacrées au développement technique et aux risques liés aux nanoparticules continuent de faire l’objet d’appels d’offres différents, adressés respectivement aux physiciens et aux biologistes. Et la rencontre entre les deux domaines, que nous essayons de mettre en place dans notre laboratoire, est encore délicate.
Quelles difficultés rencontre-t-on lorsqu’on met en place de tels sujets transversaux ?
D’abord, les réticences de la communauté scientifique. En France les disciplines scientifiques sont cloisonnées, et on considère avec suspicion un biologiste qui veut acquérir des compétences en mathématiques, ou un physico-chimiste qui souhaite s’ouvrir vers la pharmacologie. La formation par spécialités ne favorise pas la collaboration puisqu’au final on ne comprend plus ce que fait l’autre, et ni pourquoi ni comment il le fait. Le vocabulaire, les méthodes, les manières de penser sont différentes et quasiment incompatibles au premier abord. Aux Etats-Unis, une telle vision de la formation n’existe plus depuis longtemps et tout étudiant peut acquérir des savoir-faire dans une large gamme de disciplines.
Le système français entraîne donc l’isolement de disciplines qui ne communiquent pas avec les autres dans un double souci (illusoire, à mon sens) d’efficacité et de facilité. Aujourd’hui, certains appels d’offres tentent de briser les barrières, mais nous ne sommes qu’au début du processus.
Lorsque l’on parvient malgré tout à mettre en place un projet de recherche transversal, la première difficulté est donc de comprendre l’autre. Par exemple, en discutant avec les biologistes, nous nous sommes rendus compte qu’ils étaient avant tout intéressés par les conditions de croissance des cellules testées, alors que les paramètres les plus importants nous semblaient être ceux liés à la stabilité et aux modifications structurales des nanoparticules. Il a fallu plusieurs mois avant que nous nous comprenions et nous entendions sur des méthodes, des protocoles et des objectifs communs.
Mais une fois la barrière franchie, une fois rendue possible l’étude des mêmes échantillons sous des angles différents, le travail a fourni des informations tout à fait valides, notamment lors des tests biologiques dont nous avons parlé tout à l’heure. Nous pouvons maintenant envisager de décrire à la fois la structure, l’activité, l’intérêt environnemental, les risques biologiques et les mécanismes exacts de ces risques (lorsqu’ils existent) de chacune de nos particules. Cette étude transversale, et au cas par cas, permet d’éviter tout amalgame simplificateur entre nanotechnologies et risques pour la santé humaine, ce qui constitue un de nos principaux objectifs.
Références
(1) M.M. Cortalezzi et al. (2003) Ceramic membranes derived from ferroxane nanoparticles: a new route for the fabrication of iron oxide ultrafiltration membranes, J. Memb. Sci. 227: 207-217.
(2) J. Rose et al. (2002) Synthesis and Characterization of Carboxylate-FeOOH Nanoparticles (Ferroxanes) and Ferroxane-Derived Ceramics, Chem. Mater. 14(2): 621-628.
(3) J. Labille et al., "Affinity of C60 fullerenes with water", Fullerene Nanotubes and Carbon Nanostructures, à paraître.
M. Auffan et al., "Transport and transformation of iron oxide nanoparticles in normal human fibroblasts : a physico-chemical and toxicological study", Environmental Science and Technology, à paraître.
A. Thill et al., "Adsorption of CeO2 nanoparticles on Escherishia coli. Assessement of nanoparticle localisation and cytotoxicity", Environmental Science and Technology, à paraître.
Voir http://www.insu.cnrs.fr/pj/document/601.pdf