le thon qui bloquait le port de Marseille

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 30 Août 2006, 11:09

a écrit :

[center]Les fermes à thon rouge, voie rapide vers l'extinction de l'espèce[/center]
Ouerdya Aït-Abdelmalek

AFP

Carthagène, Espagne


Les fermes à thon rouge, qui se sont développées à la fin des années 1990 en Méditerranée, constituent «une autoroute» vers l'effondrement du stock disponible de cette espèce, dénonce Greenpeace qui appelle à leur contrôle.

Selon l'organisation écologiste, on en trouve désormais dans onze pays dont l'Espagne, pays historique, la Croatie, le Portugal, la Turquie... La France y a récemment renoncé.

«Les intérêts financiers sont énormes», explique François Provost, chargé de la campagne Océans pour Greenpeace France.

Le thon engraissé dans les fermes est principalement destiné au marché japonais où un kilo de ce poisson se négocie 100 dollars, voire plus de 500 dollars «pour des thons de qualité exceptionnelle», rapporte l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer).

Mais ce juteux commerce peut prendre fin aussi vite qu'il a débuté en raison du non-respect des quotas de pêche, affirment Greenpeace et le Fonds mondial pour la nature (WWF), qui prédisent un effondrement brusque de la population de thon rouge en Méditerranée. L'Ifremer, organisme public, juge cette hypothèse plausible «dans un futur proche».

En effet, les thons engraissés dans les fermes ne proviennent pas de l'aquaculture, cette espèce ne se reproduisant pas en captivité. Il s'agit de spécimens sauvages capturés en mer.

La pêche a lieu en juin-juillet au moment où les thons se rassemblent dans trois zones connues (Baléares, Sicile, nord de l'Égypte) pour se reproduire.

Facilement détectables, ils sont transférés vers les fermes dans des cages remorquées à très faible vitesse pour éviter leur surmortalité. Là, ils sont gavés de sept à huit mois pour atteindre le taux de lipide adéquat au goût des Japonais.

L'Ifremer évoque une véritable intégration industrielle de cette pêche avec, en amont de puissantes flottilles de thoniers-senneurs opérant en joint-venture avec les fermes, et en aval les circuits de distribution et de transformation du thon.

Tous ces équipements nécessitent d'énormes investissements. Des groupes japonais et australiens ont mis la main à la poche et Greenpeace affirme que l'Union européenne a accordé 34 millions d'euros de subventions à cette pêche depuis 1997.

Selon des chiffres de mai 2006, émanant de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA ou ICCAT en anglais), ces fermes ont une capacité de production de 50 000 tonnes.

Pourtant le quota de pêche est fixé par les autorités à 32 000 tonnes par an, dont plus de la moitié pour la France, l'Espagne et l'Italie réunies, le reste se répartissant entre huit autres pays et un petit contingent ouvert à d'«autres».

Selon l'Ifremer, ce quota est supérieur au potentiel de production actuel du stock, évalué à environ 25 000 tonnes par l'organisme public qui estime par ailleurs le volume des captures de thon rouge «autour de 50 000 tonnes par an» depuis une décennie. Et la plus grande partie est désormais destinée aux fermes et non plus aux marchés locaux.

Toutefois ces données restent peu fiables, regrette l'Ifremer, car elles dépendent des déclarations des pêcheurs qui, eux, jugent que «la ressource n'est pas en danger».

canardos
 
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Message par canardos » 12 Sep 2006, 20:05

a écrit :

[center]La rareté du poisson encourage les prises illégales[/center]

LE MONDE | 12.09.06 |


Enjeu environnemental contre enjeu économique. Si la bataille a été aussi rude, fin août à Marseille, c'est qu'écologistes et thoniers avaient à l'esprit la réunion de la Commission internationale pour les thonidés de l'Atlantique, prévue en Croatie, fin novembre. C'est là que seront attribués les quotas des prochaines années.

Alors que les scientifiques considèrent que le stock de thon rouge en Méditerranée n'a jamais été aussi bas, les thoniers redoutent la décision d'une baisse de leurs quotas. Il est principalement reproché aux Français la surcapacité de leur flotte. Comme leurs voisins, ils ont réalisé de lourds investissements dans les années 1990 pour ce marché porteur. "La flotte est encore rentable, mais pour combien de temps ?", interroge Hubert Carré, directeur du Comité national des pêches et de l'élevage marin.

Selon les déclarations des pêcheurs, en 2005, 8 000 tonnes de thon rouge ont été capturées, pour 6 000 autorisées. La France ne cache pas qu'elle dépasse son quota, mais le secteur souffre d'une opacité croissante. Les navires européens se regroupent pour pêcher le thon, mettant leur capture en commun, et celles-ci sont, désormais, destinées en majorité aux fermes d'aquaculture. Deux éléments qui rendent impossibles les vérifications. "Plus vous réglementez, plus vous limitez l'accès, plus vous faites la part belle à la pêche illégale parce qu'il y a une demande à satisfaire", résume M. Carré qui regrette que les autorités supranationales soient aussi démunies.

Sur ce marché, il existe de fait une forte pression de la pêche illégale. Les prix élevés auxquels se négocie le thon au Japon, incitant à la surcapacité des flottes, constituent une réelle menace, estime l'Ifremer. En outre, "en Méditerranée orientale, les navires entrent par le Canal de Suez, pêchent, livrent leurs captures à des cargo-surgélateurs, puis repartent sans avoir approché aucun Etat riverain", explique Stephan Beaucher, de Greenpeace.

La Méditerranée n'est pas le seul lieu où s'illustrent les pêcheurs illégaux. Les "pirates" sévissent surtout dans l'océan Pacifique et les zones australes. La communauté internationale tente, avec difficulté, de lutter contre ce fléau, qui persiste parce la pratique reste payante.

Dans un rapport de décembre 2005, intitulé "Pourquoi la pêche pirate perdure", l'OCDE pointait, outre le manque de réglementation internationale et de contrôles, le déséquilibre mondial entre la capacité et les possibilités de pêche. Un problème qui entretient le phénomène : "A mesure que les stocks se raréfient, en partie du fait de la pêche illégale, les quotas des navires respectant les règles rétrécissent. Les opérateurs légaux peuvent alors être tentés de se tourner vers la pêche illégale", expliquaient les experts de l'OCDE.

Pour la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation, combattre la capacité excédentaire et la pêche illicite est le double enjeu pour que s'installe une pêche durable. Un objectif qui ferait coexister souci environnemental et emploi.

canardos
 
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Message par canardos » 11 Oct 2006, 06:56

dans Futura Sciences:

a écrit :

[center]Le scandale du Thon Rouge : les scientifiques haussent le ton[/center]

Source : WWF, le 10/10/2006
« Il y a de plus en plus de preuves qui montrent que la pêche au thon rouge en méditerranée échappe à tout contrôle » a déclaré le WWF, l'association de protection de la nature. Ce constat intervient alors que des scientifiques du monde entier sont réunis en ce moment à Madrid pour discuter de la situation de la pêche.

Les scientifiques - qui se concertaient à Madrid pour donner un avis indépendant à l'ICCAT - ont découvert que la flotte française avait dépassé de plus de 50% les quotas de captures de thons rouges qui leur étaient alloués. Ils ont aussi lancé un cri d'alarme en faveur de la sauvegarde du thon rouge qui sera à jamais perdu pour la Méditerranée si aucune action n'est entreprise.

Les quotas officiels affectés à la France pour la pêche au thon rouge de Méditerranée étaient fixés à 6,192 tonnes en 2005. Mais les flottes françaises ont déclaré officiellement 9 455 tonnes. Ce qui signifie qu'en 2005, elles ont capturé plus de 3000 tonnes de thons rouges dans l'illégalité. En juillet dernier, le WWF avait déjà alerté l'Union Européenne d'une surpêche illégale pratiquée en 2004 par les pêcheries françaises (à peu près dans les mêmes proportions que celle constatée en 2005). Parmi les flottes européennes qui pêchent le thon, la France bénéficie d'un des quotas de pêche les plus importants. Cette surpêche française risque donc fort de se traduire par un dépassement notoire du quota global de l'UE.

« En clair, les pêcheries françaises annoncent officiellement pêcher illégalement. Nous soupçonnons que les autres flottes européennes, comme la flotte italienne par exemple, ne déclarent pas leur capture réelle. L'ICCAT a le devoir de stopper cette piraterie » a déclaré Paolo Lombardi, responsable du WWF Méditerranée. « C'est un exemple de plus qui atteste des comportements qui ont conduit à la grave menace d'effondrement que nous connaissons aujourd'hui »

Les réunions à Madrid ont largement été marquées par l'intervention de scientifiques en faveur de la sauvegarde du thon rouge. Sa disparition prochaine a été évoquée à plusieurs reprises si la gestion de la pêcherie n'était pas assainie. Les scientifiques ont adressé une série de recommandations fortes à L'ICCAT dont les responsables doivent se rencontrer en Novembre prochain en Croatie afin de prendre des mesures de recouvrement du stock.

Les scientifiques de l'ICCAT plaident pour l'extension de la période de fermeture saisonnière de la pêche afin de protéger l'espèce pendant toute la période de frai (de Mai à juillet) et également en faveur d'une augmentation significative de la taille minimale de capture (30 kilos au lieu de 10 Kilos). Ils précisent que ces deux mesures ne pourront à elles seules endiguer l'effondrement et permettre le renouvellement des stocks. Pour les années à venir, les scientifiques pensent que les captures dans le cadre d'une gestion de pêche durable devraient être limitées 15 000 tonnes de thons rouges pêchés par an, soit moins d'1/3 des prises actuelles.

Le WWF salue les scientifiques pour leur prise de position courageuse, mais demande à tous les membres de l'ICCAT qui doivent se rencontrer en Novembre - et en particulier à la Commission Européenne qui représentera tous les pays membres de l'UE - de soutenir les recommandations avancées à Madrid par les scientifiques.

« N'oublions pas que tant qu'on ne limitera pas la capacité des fermes d'engraissement du thon au niveau des quotas autorisés de pêche, on incitera les flottes à pêcher plus que leur quota » a précisé par ailleurs Serge Orru, Directeur du WWF- France. « Il n'y a absolument plus aucun doute sur ce qu'il doit être fait s'il l'on veut vraiment sauver notre thon » a indiqué Dr Sergi Tudela, Responsable Pêche du WWF Méditerranée. « La délégation européenne sera tenue pour responsable de la disparition du thon rouge si elle ne soutient pas fermement une politique de recouvrement du stock. »

canardos
 
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Message par canardos » 25 Nov 2006, 08:13

dans le Figaro:

a écrit :

[center]Thons rouges : la conférence de l'Iccat dans l'impasse[/center]

YVES MISEREY. Publié le 25 novembre 2006

La commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Iccat) ne parvient pas à un consensus pour limiter la pêche. Verdict ce dimanche.

LE PESSIMISME dominait hier à Dubrovnik (Croatie) où se déroulent depuis une semaine des négociations internationales afin de fixer de nouvelles mesures de limitation de la pêche au thon rouge. Les discussions doivent se prolonger jusqu'à dimanche. « À moins d'un miracle, l'Iccat (commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique) et le thon rouge vont à la catastrophe », pronostiquait Alain Fonteneau, de l'IRD (Institut de recherche pour le développement).

Deux camps s'affrontent depuis le début. On trouve d'un côté des pays comme les États-Unis, le Canada, la Norvège et l'Islande qui veulent faire adopter les recommandations du comité scientifique de l'Iccat. Présentées en octobre dernier, celles-ci prévoient le plafonnement des captures à 15 000 tonnes dans tout l'Atlantique Nord et la ­Méditerranée ainsi que l'interdiction de la pêche durant la période de reproduction. Pour le thon rouge, elle correspond au mois de juin et, durant cette période, les poissons remontent à la surface et sont faciles à capturer.

Le chiffre de 15 000 tonnes était déjà celui préconisé par WWF et Greenpeace, dont le Rainbow Warrior mouille depuis une semaine au large de Dubrovnik. En août dernier, les pêcheurs de thon français avaient refusé l'accès du port de Marseille au navire de l'association qui avait choisi de lancer une campagne d'information sur les menaces que la surpêche fait peser sur la survie de cette espèce embléma­tique.

De l'autre côté, on trouve les pays qui comme l'Union européenne voudraient conserver les quotas actuels fixés à 32 000 tonnes. Ce chiffre est jugé beaucoup trop élevé par les scientifiques de l'Iccat. Ils soulignent en effet que, pendant des années, la totalité des captures (légales et illégales) a été en réalité de 50 000 tonnes et que les populations pourraient connaître un ­effondrement brutal si les prélèvements ne sont pas drastiquement revus à la baisse. « C'est ce qui est ­arrivé avec le thon rouge du Sud, explique Alain Fonteneau. Les limitations ont été trop tardives et, depuis quinze ans, les captures annuelles ne parviennent plus à remonter. »

Le Japon en première ligne

À la surprise de tous, le Japon, qui est le principal importateur de thon rouge de l'Atlantique, a adopté une position en flèche. Ses représentants ont en effet annoncé que si les mesures de limitation préconisées par l'Iccat ne sont pas adoptées, leur pays était prêt à stopper tout achat de thons rouges pendant un an. Sur le marché de Tokyo, des spécimens pêchés et engraissés en Méditerranée se commercialisent entre 100 000 euros et 150 000 euros.

Si le quota global de pêche de 15 000 tonnes est adopté dimanche, les négociations pour se partager ensuite le gâteau promettent d'être ardues. Les pays de l'Union européenne comme la France auront du mal à faire comprendre aux pêcheurs qu'ils doivent abandonner leur bateau, après avoir aidé à leur financement. Notre pays a la première flottille de pêche au thon ­rouge avec 32 senneurs.

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Message par canardos » 27 Nov 2006, 14:20

a écrit :

[center]L'accord international sur la pêche au thon accueilli avec scepticisme[/center]

LEMONDE.FR avec AFP | 27.11.06 |

Sluées par la Commission européenne, critiquées par la France, les mesures adoptées dimanche 26 novembre à Dubrovnik (Croatie) par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Iccat) afin de freiner la surpêche des thons rouges d'Atlantique et de Méditerranée sont loin de faire l'unanimité.

Le ministre de l'agriculture et de la pêche français, Dominique Bussereau, a exprimé lundi matin ses "fortes réserves" sur l'accord lié à la réduction des quotas de la pêche au thon. Le ministre juge qu'il"ne remplit pas les conditions d'une lutte suffisamment efficace contre la pêche illicite" et que les mesures "vont toucher très durement la flotte pêchant légalement, tout particulièrement la flotte française, sans avoir d'impact réel sur la pêche illégale". Dominique Bussereau "exprime ses fortes réserves, et constate que l'accord trouvé risque de demeurer insuffisant pour préserver la ressource, alors que sa mise en œuvre demandera un effort très important à la flottille française".

Les 42 participants de la réunion de l'Iccat ont notamment accepté de réduire les quotas de pêche à 29 500 tonnes en 2007 et jusqu'à 25 500 tonnes en 2010, contre 32 000 tonnes cette année. Par ailleurs, la Commission a décidé l'extension des saisons de fermeture de la pêche et la révision à la hausse de la taille minimale des prises autorisées.

SURCAPACITÉ DES FLOTTES ET INSUFFISANTE APPLICATION DES LOIS

Du côté de l'Union européenne, on a salué la conclusion de cet accord qui vise à offrir un avenir pérenne à l'industrie de la pêche au thon rouge.

Mais les scientifiques ne partagent pas cet optimisme. Pour nombre d'entre eux, le nombre actuel de prises est trois fois supérieur à celui qui permettrait un renouvellement optimal de l'espèce. Sergi Tudela, du Fonds mondial pour la nature (WWF), voit dans l'accord de Dubrovnik un "plan d'effondrement du thon rouge [plutôt qu'] un plan de sauvegarde". Pour Stéphan Beaucher, de Greenpeace, "la réduction des quotas n'est pas à la mesure des enjeux. D'autant qu'ils ne seront pas plus respectés que les précédents".


Au Japon, si les journaux – qui titrent massivement sur le sujet – reconnaissent qu'un tel accord était nécessaire, les consommateurs s'attendent à voir le prix des sushis et des sashimis grimper. "Le danger d'un épuisement des ressources reste grave", s'inquiétait l'Asahi Shimbun, notant que les nouveaux quotas restent très supérieurs aux 15 000 tonnes par an recommandées par le comité scientifique de l'Iccat. Selon le journal, ce sont les pressions de l'Europe qui ont empêché la conclusion d'un accord plus important.

La réduction de quotas "va sûrement affecter le prix du thon même si cela ne sera pas forcément spectaculaire", explique un porte-parole de l'Agence des pêches nippone. Passant outre le possible mécontentement des 127 millions d'habitants de l'Archipel, le gouvernement japonais a soutenu la décision de Dubrovnik.


canardos
 
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Message par canardos » 27 Nov 2006, 16:33

a écrit :

[center]Menacé par la surpêche, le thon rouge n'est pas suffisamment protégé[/center]

LE MONDE | 27.11.06 |


Le thon rouge, menacé par la surpêche, vit peut-être ses dernières années en Atlantique et en Méditerranée. Scientifiques et écologistes craignent en effet que les mesures adoptées, dimanche 26 novembre à Dubrovnik (Croatie), par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta), ne préviennent pas l'effondrement redouté des stocks. La Cicta, organisation multilatérale composée de 43 Etats membres et chargée, depuis quarante ans, de la gestion partagée des stocks de thonidés, a débattu pendant près de dix jours des mesures à prendre pour sauvegarder cette ressource menacée par la surpêche - la France dispose ainsi d'une flottille d'une capacité de 12 000 tonnes par an, alors que son quota est de 6 000 tonnes.


Le comité scientifique de la Cicta avait donc été clair : pour assurer la pérennité du thon rouge dans la zone est de l'Atlantique et en Méditerranée, il faudrait limiter les prises à 15 000 tonnes par an, alors que les quotas alloués pour la période de 2002 à 2006 étaient de 32 000 tonnes et que l'intensité réelle de la pêche, compte tenu des prises illégales, se situe à près de 50 000 tonnes. Craignant pour leurs thons, qui vont pour partie se reproduire en Méditerranée, les Etats-Unis étaient disposés à suivre des recommandations sévères. La Commission européenne, placée sous l'oeil des pêcheurs, venus en nombre à Dubrovnik, y était beaucoup moins favorable.


PAS DE CONSENSUS


La Cicta n'est finalement pas parvenue à établir un consensus et a dû se résigner, pour la première fois de son histoire, à passer au vote. Celui-ci établit de nouveaux quotas, qui passeront de 29 500 tonnes en 2007 à 25 000 tonnes en 2010. La masse minimale des thons est désormais fixée à 30 kg, et non plus à 10 kg. La pêche sera fermée du 1er juillet au 31 décembre. Enfin, les dépassements de quotas passés ont été "amnistiés".

La Commission européenne saluait dimanche "la conclusion d'un accord international sur le durcissement des règles de la pêche au thon rouge visant à offrir un avenir pérenne à cette industrie". Mais, pour Sergi Tuleda, du Fonds mondial pour la nature (WWF), il s'agit plus d'un "plan d'effondrement du thon rouge que d'un plan de sauvegarde". Pour Stéphan Beaucher, de Greenpeace, "la réduction des quotas n'est pas à la mesure des enjeux. D'autant qu'ils ne seront pas plus respectés que les précédents".

L'augmentation de la taille minimale, qui permettra à un plus grand nombre d'individus d'arriver à la maturité sexuelle, ne contrebalancera pas l'effet surpêche, juge-t-il. Enfin, la pêche reste ouverte pendant la période de reproduction, lorsque les bancs sont les plus faciles à localiser. "Les pêcheurs industriels sont les grands vainqueurs de cette négociation", constate Stéphan Beaucher. Celui-ci place désormais ses espoirs dans la position du Japon, qui a menacé de fermer son marché. Le Japon, qui est le plus gros consommateur mondial de thon rouge, dispose d'environ deux années de stocks en entrepôts frigorifiques. Or cette réserve "stratégique" arrive à péremption au bout de deux ans environ...



Hervé Morin

--------------------------------------------------------------------------------
CHIFFRES

29 500 tonnes : quota de pêche au thon rouge autorisé en 2007 dans la zone l'Atlantique est et la Méditerranée.

15 000 tonnes : niveau de prise au-delà duquel le renouvellement du stock de thon rouge n'est pas assuré.

50 000 tonnes : niveau de prise estimé, pêche illégale comprise. L'essentiel va engraisser dans des fermes marines.

40 000 tonnes : estimation du stock japonais, pour une consommation annuelle de 18 000 tonnes environ.



canardos
 
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Message par canardos » 25 Jan 2007, 14:50

Dans Futura Sciences:

a écrit :

[center]Thon : l’heure des choix[/center]

Source : WWF, le 25/01/2007

L’actualité récente a mis en lumière les menaces qui pèsent sur la population de Thon rouge méditerranéen et sur la filière qui l’exploite. Deux réunions au Japon vont décider de l’avenir des populations de thon et de leurs pêcheries (du 29 au 31 janvier pour le thon rouge, du 22 au 26 pour toutes les espèces de thon).

Sur la période 2003-2006, l’exploitation du thon rouge de Méditerranée était limitée par un quota de 32 000 tonnes. Or, les scientifiques de la Commission Internationale de Conservation des Thonidés d’Atlantique (CICTA) ont évalué les captures effectives à 50 000 tonnes, renchérissant les chiffres avancés par le WWF dans son rapport du 5 juillet 2006.

Le dépassement relève de la routine pour la plupart des flottilles nationales. La France n’est pas en reste : l’IFREMER estime que « la capacité de pêche fluctue depuis le milieu des années 90 entre 8 et 15 000 tonnes », un chiffre à comparer aux 6 200 tonnes allouées sur la période 2003-2006. Ce dépassement a même été officialisé par la Direction des Pêches Maritimes et de l’Aquaculture qui annonçait 9 455 tonnes de captures réelles pour la même période.

En octobre 2006, le comité scientifique de la CICTA dressait un constat sans appel de surexploitation de la population. Ses recommandations étaient claires : quota de 15 000 tonnes, taille minimale de capture de 30 kg (correspondant à la taille de maturité sexuelle), et fermeture de la pêcherie pendant la période de reproduction de l’espèce (de mai à juillet inclus). Le WWF appelait alors les responsables politiques à préserver l’avenir de l’espèce, celui de la filière et à respecter enfin l’avis scientifique.

Malheureusement, la réunion cruciale de la CICTA (du 17 au 26 novembre 2006 à Dubrovnik en Croatie), a avalisé la poursuite de la surexploitation du thon rouge et a condamné cette pêcherie à court terme.

Pour des raisons inconnues, le Conseil des Ministres des Pêches de l’UE, réuni en décembre dernier, n’a pas ratifié ce plan. « Nous évoluons aujourd’hui en pleine confusion : soit on ratifie un plan qui est un plan d’effondrement, soit on ne le ratifie pas et la pêche au thon rouge ne sera plus réglementée du tout », affirme Serge Orru, Directeur du WWF-France.

La prochaine réunion de la CICTA, qui se tiendra le lundi 29 janvier à Tokyo marquera-t elle la dernière étape d’une série noire ? C’est un ultime espoir. « Comme cela est prévu dans les règlements de la CICTA, nous demandons que les gouvernements proposent un nouveau plan. S’il est naïf, cet espoir est en tous cas le dernier que nous avons pour sauver l’espèce et l’avenir de la pêche au thon. Nos représentants doivent mettre de coté les intérêts particuliers et mettre sur pied un plan des populations de stock », souligne Serge Orru du WWF-France.

La pêcherie du thon rouge est une triste illustration de ce qui passe partout dans le monde pour les autres pêcheries de thon. C’est le constat que dresse le WWF dans un nouveau rapport sorti hier qui dénonce la pêche illégale, les quotas non respectés et la course à la pêche au thon à laquelle se livre une flotte de bateaux en surcapacité par rapport aux populations. « Les pêcheries de thon peuvent mettre sur pied une gestion durable de la pêche dans la mesure où il y a une volonté, mais les gouvernements préfèrent passer outre les recommandations des scientifiques, ne parviennent pas à appliquer les mesures de conservation et de gestion et regardent ailleurs dès qu’ il s’agit de pêche illégale ou de lancer des poursuites à l’encontre de ceux qui transgressent les règles » affirme le Docteur Simon Cripps, Directeur du programme marin du WWF- International.

Du 22 au 26 janvier, les 5 Organisations Régionales de Pêches (ORP ou RFMO en Anglais) qui gèrent les populations de thon (le thon rouge mais aussi le listao, l’albacore, le germon, le thon obèse et le thon à nageoires jaunes) se réunissent justement à Kobé, au Japon.

« Plus que jamais, nous sommes à l’heure des actes écologiques », conclut Serge Orru du WWF-France.

Note

Les ORP constituent le principal mécanisme de gestion des pêches en haute mer. Aujourd’hui, il y a 16 organisations de gestion des pêcheries régionales (RFMO). 5 d’entre elles ont été dédiées à la conservation et à la gestion durable des stocks de thon à travers les différents océans. Parmi elles, la CICTA, Commission Internationale de Conservation des Thonidés d’Atlantique.

Les chiffres du thon rouge en 2006

- Les frayères occidentales de la Méditerranée ont été mises à sac : au large des îles Baléares, les prises de thon rouge représentent maintenant 15% de ce qu’elles étaient il y a dix ans. En 1995, ce sont 14 699 tonnes qui sont pêchées par les flottes françaises et espagnoles alors que seulement 2270 tonnes ont été prises cette année dans les mêmes eaux.

- La quantité totale de thon rouge mises en cages cette année est de 24,020 T.

- Parmi le thon vivant mis en cage cette année, au moins 8730 T ont été pêchées par la flotte française (y compris par les 9 bateaux libianisés sous contrôles français).

- Pour 2006, le quota cumulé de la France, l’Italie et de la Lybie était de 10 390 Tonnes. Les captures des flottes de ces trois pays s’élèvent à 19 102 T.

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Message par canardos » 08 Mai 2007, 06:50

Dans Libération:

a écrit :

Pêche. L'UE veut réduire le prélèvement de cette espèce menacée.
Les quotas de thon rouge en question

Par Alexandra SCHWARTZBROD
QUOTIDIEN : mardi 8 mai 2007

Le thon rouge revient sur la table et, une fois de plus, il risque de ne pas y en avoir pour tout le monde. Réunis depuis hier à Bruxelles, les ministres de l'Agriculture et de la Pêche des vingt-sept Etats membres de l'UE doivent s'entendre aujourd'hui sur les quotas de pêche de ce poisson extrêmement menacé car victime, entre autres, d'un engouement mondial pour les sushis. Des quotas qui, de réunions d'experts en délibérations de la Commission européenne, ne cessent de baisser au fil des ans ­ prise de conscience oblige ­, mais pas assez vite affirment écologistes et scientifiques. Le gros morceau de la réunion, cette semaine, est la Libye dont les eaux, ouvertes depuis six ans seulement, concentrent 60 % du stock de la Méditerranée et de l'Atlantique est.

«Cette zone a été si exploitée ces dernières années que, en 2006, pour la première fois, 40 % des prises étaient constituées de "petits" thons (moins de 60 kg), explique Stephan Beaucher, chargé de la campagne Océans au sein de Greenpeace France.

L'an dernier, cent vingt bateaux de pêche ont sillonné les eaux libyennes en quête de thon rouge ; cette année, on en attend près de deux cents ! Il y a urgence !» Consciente du problème, la Commission européenne a remis le 17 avril aux ambassadeurs permanents des Etats membres une lettre (dont Greenpeace s'est procuré copie) dans laquelle elle demande à ceux-ci d'interdire à leurs flottilles de thoniers d'opérer dans les eaux libyennes ou de collaborer avec un bateau libyen, et de refuser tout thon pêché par un bateau libyen dans les fermes d'engraissement. Seuls petits problèmes : les thoniers, en Méditerranée, sont déjà partis (certains depuis plus d'un mois) ; et la lettre de la Commission est non comminatoire.



mais il n'y a pas que le thon


toujours dans Libération:

a écrit :

[center]L'anguille aussi...[/center]

QUOTIDIEN : mardi 8 mai 2007

Les anguilles sont également menacées d'extinction dans l'UE pour cause de surpêche. Aussi la Commission doit-elle débattre d'un plan de restauration des stocks basé sur deux mesures : laisser s'échapper au moins 40 % des anguilles des rivières vers l'Atlantique où elles vont se reproduire, et réserver au repeuplement des rivières européennes jusqu'à 60 % des juvéniles (moins de 25 cm) capturées. Cette pêche est très lucrative, ce qui explique que Paris et Madrid (les deux gros producteurs de l'UE) rechignent à limiter leurs prises : les très jeunes anguilles se vendent plus de 1 000 euros le kilo en Asie.



canardos
 
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Message par canardos » 07 Juin 2007, 07:36

dans le Figaro:

a écrit :

[center]Pêche illégale au thon au large des côtes françaises[/center]

YVES MISEREY. Publié le 05 juin 2007


Une vidéo sur Internet dévoile le laxisme des autorités françaises en la matière.


La vidéo circule sur Internet depuis plus d'une semaine. On y voit des pêcheurs français en train de treuiller sur leur bateau un filet dérivant avec des thons rouges pris dans les mailles. Ce type d'en­gin de pêche est interdit depuis quatre ans en Méditerranée parce qu'il attrape des dauphins. La scène a été filmée entre Porquerolles et Marseille, par un homme embarqué à bord de l'Oceana, un navire appartenant à une ONG active dans la protection des océans. Assez vite, les pêcheurs français encerclent le navire et lancent une fusée de détresse. C'est la panique à bord. Pour marquer leur hostilité, plusieurs pêcheurs baissent leur culotte et montrent leurs fesses. À la fin, l'arrivée d'un hélicoptère des douanes disperse les assaillants. Ces derniers accusent maintenant l'équipage de l'Oceana d'avoir endommagé leurs filets.


À une semaine du conseil européen des pêches, la vidéo dévoile le laxisme des autorités françaises. L'in­quiétude est grande pour l'avenir du thon rouge, une espèce menacée de disparition en Méditerranée à cause de la surpêche. En effet, même si les prises des filets dérivants sont globalement modestes (500 tonnes par an pour le marché local), on peut se demander si les senneurs français qui capturent plus de 30 000 tonnes de thons rouges par an pour le marché japonais, respectent vraiment leurs quotas de pêche.


canardos
 
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Message par canardos » 11 Juin 2007, 14:59

a écrit :

[center]L'Union européenne a adopté un plan de sauvegarde des thons rouges[/center]

LEMONDE.FR avec AFP | 11.06.07 |

Les ministres européens de l'agriculture et de la pêche, réunis à Luxembourg, ont adopté, lundi 11 juin, un plan de sauvegarde des thons rouges, une espèce menacée d'extinction par une pêche excessive.

D'une durée de quinze ans, ce plan d'action, qui s'inscrit dans un effort mondial décidé au Japon, en janvier, vise à restaurer les stocks de thon rouge, en Méditerranée notamment. Les mesures principales pour l'UE consistent à diminuer de 10 % les quotas de pêche de ses Etats membres dès cette année, à limiter les sorties en mer à six mois dans l'année, et à augmenter de 10 à 30 kg la taille minimale des prises, pour laisser aux thons le temps de se reproduire. Des mesures susceptibles d'être durcies à l'avenir si nécessaire, avec notamment des réductions plus importantes des quotas de pêche.

UNE ESPÈCE VICTIME DE SON SUCCÈS

D'après les scientifiques et les organisations de défense de la nature comme le WWF, les captures actuelles sont trois fois trop importantes et les stocks de thon s'effondrent dans tous les océans.


Le thon rouge, une espèce de forte valeur commerciale, est traditionnellement prisé en Asie, et en particulier au Japon, qui consomme un quart de la production mondiale. Mais les consommateurs occidentaux, sensibles à l'argument diététique, ont succombé, ces dernières années, à la mode du poisson cru en sushi et sashimi.


canardos
 
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