pour enfoncer le clou sur le fait que le rapport du GIEC peche plus par optimisme que par pessimisme, un autre article du Monde:
a écrit :
[center]Les prévisions passées étaient un peu trop optimistes[/center]
LE MONDE | 02.02.07 |
Sur l'évolution de la concentration atmosphérique en dioxyde de carbone (CO2), l'élévation du niveau des mers et l'augmentation des températures, les prévisions du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) ont été jusqu'à maintenant fiables – mais légèrement optimistes. Celles figurant dans le troisième rapport (publié en 2001) viennent d'être comparées, par des chercheurs américains et européens, aux observations et aux mesures réalisées entre 1990 et 2006.
Leurs résultats, publiés vendredi 2 février dans la revue Science, indiquent que, sur cette période, la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone (CO2) "suit presque exactement les projections" du GIEC. Quant à l'augmentation des températures observée depuis seize ans, elle a été de 0,33 °C selon les mesures de la NASA et du Met Office britannique. Elle se situe dans la fourchette haute des projections du GIEC.
Pourquoi, alors que l'accroissement du CO2 a été parfaitement anticipé, le réchauffement observé est-il sur le dessus des courbes ? "Etant donné qu'une période de seizeans est assez courte, écrivent les auteurs, il est difficile d'établir les raisons de ce réchauffement relativement rapide, mais il n'y a que peu de possibilités." La première serait une variabilité intrinsèque du système climatique, sans rapport direct avec l'homme. La seconde un effet moindre des particules aérosols émises par certaines activités humaines et qui contribuent à réfléchir une part du rayonnement solaire. La troisième possibilité est plus inquiétante. Il pourrait s'agir, selon les auteurs, "d'une sous-estimation de la sensibilité du climat au CO2". Selon les modèles, celle-ci correspond, pour un doublement de la teneur atmosphérique, à une augmentation de température de 1,7 °C à 4,2 °C – avec une moyenne de 3 °C.
Autre mesure comparée aux projections : celle du niveau des mers. Depuis 1990, celui-ci "s'élève plus rapidement que prévu par les modèles", écrivent les auteurs. Entre 1993 et 2006, le niveau des océans s'est élevé de 3,3 mm par an en moyenne alors que les modèles du GIEC donnaient une valeur probable autour de 2 mm par an. Une des explications à cette augmentation plus rapide que prévu est l'effondrement des glaciers du Groënland et de l'Antarctique, lesquels, outre la fonte des glaces due à la hausse des températures, avancent et s'écroulent littéralement dans la mer.
Or ce processus, récent, n'est pas pris en compte par les modèles numériques. "Cependant, nous ne savons pas encore si l'emballement que nous observons depuis quelques années est un phénomène transitoire, voué à cesser dans quelques décennies, où si, au contraire, il est représentatif d'une tendance à long terme", explique Anny Cazenave (Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales), coauteur du comparatif. Dans son dernier rapport, le GIEC tient compte de ce phénomène. S'il se poursuivait, il faudrait réviser les chiffres pour 2100, qui, selon les derniers calculs des experts, prévoient une hausse du niveau des océans comprise entre 28 cm et 43 cm, avec un maximum possible à 58 cm.
Stéphane Foucart