L'insulte en politique : une étude scientifique

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Louis » 24 Fév 2006, 23:32

on ne saurait trop recommander le site qu'on écrit les spécialistes de l'université de Bourgogne

ATIP (ACTION TEMPORAIRE INCITATIVE SUR PROGRAMME) : "L'assaut verbal en politique. L'insulte en Europe et en Amérique latine, de la fin du XVIIIe siècle à nos jours."


Ce sont toutes sortes de noms d'oiseaux désobligeants, dévalorisants, humiliants, lancés aux tribunes des assemblées ou devant les caméras de télévision, en français, en anglais ou en espagnol, insultes vite étouffées ou contrecarrées par d'autres insultes, relayées dans la presse, gonflées par la rumeur publique, tranchées en duel, prétextes à procès.
Sur cet ingrédient si caractéristique de la vie politique contemporaine, notre recherche est interdisciplinaire (histoire, histoire du droit, science politique, mais aussi linguistique, sociologie ou anthropologie).

La prise en compte d'espaces dont les histoires sont liées sans pour autant se mêler, en Europe et en Amérique latine (France, Royaume-Uni, Espagne, Argentine, Pérou, Venezuela) pendant un peu plus de deux siècles, doit permettre de saisir des mécanismes et des circulations multiples. A l'entrecroisement du verbal, du gestuel et de l'écrit, l'insulte est une pratique politique peu étudiée pour elle-même, qui renseigne sur les codes de l'honneur ou de la convenance, sur les relations et les stratégies des hommes et des groupes politiques. Elle permet de saisir sous un angle original des logiques de violence, des modalités d'engagement qui passent par des formes particulières d'expression. Elle engage à s'interroger sur les contours du politique : comment l'insulte en politique devient-elle insulte politique ? Existe-t-il des politiques de l'insulte ?
Autant que des formes, ce sont des mécanismes qu'il s'agit d'élucider, en fonction de quelques orientations de méthode simples : confrontation régulière de nos pratiques disciplinaires respectives, analyses croisées à partir d'un repérage rigoureux d'occurrences et de situations d'insulte, va-et-vient entre études de cas et mises en évidence d'axes forts.

L'ensemble débouchera sur deux publications scientifiques complémentaires : les actes d'un colloque qui clôturera les travaux, et un cédérom dont la conception et la réalisation accompagneront l'ensemble de la recherche. On espère ainsi montrer que dans une vie politique où résonnent aujourd'hui encore les insultes, quelques éléments de décryptage et de mise en perspective peuvent être utiles.

L'équipe du projet


* Fabrice BENSIMON ( université Paris X)
* Thomas BOUCHET (université de Bourgogne, UMR CNRS 5605)
* Joëlle CHASSIN (UMR CNRS 8565 )
* Maxime DURY (université de Bourgogne)
* Stéphane GACON ( Lycée Carnot, Dijon, UMR CNRS 5605 )
* Véronique HEBRARD ( université Paris I )
* Richard HOCQUELLET ( UMR CNRS 8565 )
* Anne JOLLET ( université de Poitiers )
* Franck LAIDIÉ (université de Franche-Comté, UMR CNRS 5605)
* Matthew LEGGETT ( université Paris X)
* Olivier LE COUR GRANDMAISON ( université d'Evry )
* Geneviève VERDO ( Collège de France )
* Jean VIGREUX (université de Bourgogne, UMR CNRS 5605)



Le site sur l'insulte en politique

De cet ensemble de textes tous intéressants, un texte a retenu plus particulierement mon intéret, celui consacré a Jules Moch (qui portait bien son nom) Et pour moi un scoop : le "crs ss" des étudiants de mai 68 avait été inventé bien avant eux...




Jules Moch, couvert d'insultes (complément 1)

Dans les souvenirs qu'il publie en 1976 ( Une si longue vie , p. 281), Jules Moch revient sur la violence qu'il a subie comme ministre de l'Intérieur au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Il insiste en particulier sur de très pénibles séances à l'Assemblée : « constamment sur la brèche au banc des ministres, je suis abreuvé d'injures par les communistes ».
C'est le 22 novembre 1947 qu'il obtient l'Intérieur dans le gouvernement Robert Schuman alors qu'il n'était que ministre des Travaux publics dans les précédents gouvernements Ramadier, Blum, Bidault, Gouin et de Gaulle. La fonction qu'il assume jusqu'en février 1950, le rôle majeur dans la répression des grandes grèves de 1947-1948 et de toute forme d'agitation communiste et cégétiste lui valent, longtemps après les faits, une réputation sulfureuse, et sur le moment des torrents d'insultes dont voici un infime échantillon.

29 novembre 1947
« Chiens couchants ! », « Vous avez soif de sang ! », « Américanisé ! », « émule de Goebbels et de Philippe Henriot » sont quelques-uns des épithètes hurlés à l'encontre de Jules Moch et de ses collègues ministres ou députés. Le débat à l'Assemblée, protégée par l'armée, porte sur les projets de loi « pour la défense de la République et la liberté du travail » que le Parti communiste français assimile aussitôt à des « lois scélérates ». Remontent au fil des heures de nombreuses réminiscences historiques telles la Sainte-Alliance, les ordonnances de Charles X, Napoléon le Petit, les Versaillais, etc., selon un processus de mobilisation mémorielle bien connu. Les 250 pages de débat sont reproduites dans le Journal officiel en font foi

6 décembre 1947
« L'histoire stigmatisera la conduite de ce perroquet vaniteux, technocrate et synarque que les honteux lauriers du chien sanglant Noske font rêver » (Pierre Hervé, dans L'Humanité )

30 octobre 1948
« Comme au temps des pelotons d'exécution commandés par les Waffen SS [.] le massacreur J. Moch fait tirer ses CRS sur des poitrines françaises. » ( France nouvelle, numéro 150)

4 novembre 1948

« Tous les Français dignes de ce nom vous haïssent [.] vous plus que tout autre Jules Moch qui faites pire que les nazis. Mais comme les boches, vous serez battu par les mineurs [.]. » Ainsi s'exprime, dans un article en première page de L'Humanité intitulé « Jules Moch joue au nazi ! », le secrétaire de la Fédération du Sous-Sol CGT Henri Martel. Il qualifie aussi le ministre de « social-massacreur [.] aux mains tachées de sang des ouvriers » La référence patriotique et anti-fasciste renvoie Jules Moch à un épisode de l'Occupation, la grande grève des mineurs du Nord, entre le 27 mai et le 10 juin 1941, matée par l'intervention des troupes allemandes sur les carreaux des mines.

5 novembre 1948
Dans un billet intitulé « Les C.R.S.S », Simone Téry oppose le courage des mineurs et de leurs familles aux hommes du ministère de l'Intérieur, ceux que « dès le premier jour, la population a appelés les C.R.S.S. et, le second jour tout simplement les S.S. » ( L'Humanité ).

25 novembre 1948
A l'Assemblée, Malleret-Joinville évoque « les étudiants qui commémoraient leur geste héroïque de 1940 [et qui trouvent] en face d'eux, comme en 1940, les SS, des hommes casqués et armés, les CRS de M. Jules Moch »

Début septembre 1949
Un dessin de Mitelberg montre, sous le titre « CRSS », les deux lettres infamantes « SS » calligraphiées comme les insignes sur le col des uniformes des SS allemands, Jules Moch, bouche grande ouverte sur une dentition pointue, lâchant trois chiens policiers eux aussi gueules grandes ouvertes. Cette caricature fait suite à un épisode survenu à Marseille le 24 août 1949, où les forces de l'ordre auraient utilisé des chiens contre des ouvriers ( Action , n° 257, 1-7 septembre)

Et puis :
Pendant plusieurs années, Jules Moch apparaît dans des dizaines de caricatures : en paillasson, en valet, en porteur, en groom, en prostituée, en chien policier, en gangster, en cow-boy, en marionnette, etc. Il focalise ainsi sur sa personne quasiment toute la gamme des procédés dévalorisants anti-américains.
« S. Signe des temps » (caricature de Robert Fuzier, où les deux lettres odieuses sont accolées à des policiers réprimant une manifestation d'anciens déportés, dans Regards , le 23 février 1951)
« Jules Moch ministre du roi-dollar » (Jean Cathala, en titre d'un article dans France Nouvelle , n° 283, 19 mai 1951)

Pour en savoir plus :
Article de Christian Beuvain dans L'Insulte (en) politique .
Georgette Elgey, Histoire de la IV e République. La République des illusions (1945-1951), Paris, Fayard, 1993.
Danielle Tartakowsky, Les manifestations de rue en France 1918-1968 , Paris, Publications de la Sorbonne, 1998.
Eric Méchoulan, Jules Moch, un socialiste dérangeant , Bruxelles-Paris, LGDJ, 1999.



25 novembre 1948
A l'Assemblée, Malleret-Joinville évoque « les étudiants qui commémoraient leur geste héroïque de 1940 [et qui trouvent] en face d'eux, comme en 1940, les SS, des hommes casqués et armés, les CRS de M. Jules Moch »

Début septembre 1949
Un dessin de Mitelberg montre, sous le titre « CRSS », les deux lettres infamantes « SS » calligraphiées comme les insignes sur le col des uniformes des SS allemands, Jules Moch, bouche grande ouverte sur une dentition pointue, lâchant trois chiens policiers eux aussi gueules grandes ouvertes. Cette caricature fait suite à un épisode survenu à Marseille le 24 août 1949, où les forces de l'ordre auraient utilisé des chiens contre des ouvriers ( Action , n° 257, 1-7 septembre)

Et puis :
Pendant plusieurs années, Jules Moch apparaît dans des dizaines de caricatures : en paillasson, en valet, en porteur, en groom, en prostituée, en chien policier, en gangster, en cow-boy, en marionnette, etc. Il focalise ainsi sur sa personne quasiment toute la gamme des procédés dévalorisants anti-américains.
« S. Signe des temps » (caricature de Robert Fuzier, où les deux lettres odieuses sont accolées à des policiers réprimant une manifestation d'anciens déportés, dans Regards , le 23 février 1951)
« Jules Moch ministre du roi-dollar » (Jean Cathala, en titre d'un article dans France Nouvelle , n° 283, 19 mai 1951)

Pour en savoir plus :
Article de Christian Beuvain dans L'Insulte (en) politique .
Georgette Elgey, Histoire de la IV e République. La République des illusions (1945-1951), Paris, Fayard, 1993.
Danielle Tartakowsky, Les manifestations de rue en France 1918-1968 , Paris, Publications de la Sorbonne, 1998.
Eric Méchoulan, Jules Moch, un socialiste dérangeant , Bruxelles-Paris, LGDJ, 1999.

Louis
 
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Message par canardos » 24 Fév 2006, 23:39

ma foi, sans adherer aux insultes staliennes chauvines et ridicules contre jules moch, je m'associe personnelement pleinement au mépris et aux crachats contre cet assassin d'ouvrier, ce "chien sanglant" du capitalisme pour reprendre l'expression que le social démocrate Noske s'appliqait à lui meme avec fierté pour sa participation à l'écrasement de la révolution allemande
canardos
 
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Message par Louis » 25 Fév 2006, 00:22

oui, c'était la partie "agréable" du site =D>

Mais y'a nous aussi :
a écrit :

"Les trotskystes et l’insulte. Un florilège " (complétement 1)

Petite histoire de « trotskyste »

Le mot « trotskyste » (ou trotskiste, voire trotzkiste) apparaît dans la culture communiste au milieu des années 1920. Ce mot dénie aux partisans de Lev Davidovitch Bronstein (dit Trotsky) le droit d'utiliser l'adjectif « communiste ». Le Parti communiste bolchevique d'URSS et le Komintern séparent « le grain de l'ivraie » en utilisant cette insulte. A de nombreuses reprises les tenants du Komintern vont chercher dans l'œuvre de Lénine, puis de Staline, une justification de ces propos ; Trotsky et les trotskystes deviennent des « liquidateurs du parti prolétarien », des « contre-révolutionnaires », etc. Dans un premier temps, les partisans de Trotsky se veulent les continuateurs de Lénine et utilisent les termes de bolchevik, bolchevik-léniniste. Mais l'usage, la pratique et la violence qui vont jusqu'à l'assassinat de Léon Trotsky, font que le mot est finalement revendiqué par ses partisans. Car une insulte peut être détournée et prendre un sens positif ; c’est alors que les familles politiques héritières de Léon Trotsky dénient aux « frères rivaux », le droit d'utiliser le mot « trotskyste » ; ainsi naissent les adjectifs « lambertistes », « pablistes », « posadistes », etc.

Voici, à suivre, un parcours en forme de florilège dans cette histoire politique des mots et des noms, sur les traces de Jean-Guillaume Lanuque :

Contre les ennemis de l’extérieur

    * « bourgeois », « capitalistes », « impérialistes »
    * « brigands », « larbins », « valets », « suppôts de l’impérialisme », « agents des trusts patronaux », [certains de ces termes apparaissaient déjà sous la plume des « rouges » face aux « blancs » durant la Guerre civile russe]
    * « gestapo française » (contre les troupes coloniales françaises en Indochine), « nazis » (contre les dirigeants des Etats-Unis durant la guerre du Vietnam).
    * « fascistes », « réactionnaires » (contre l’extrême-droite).
    * « staliniens » (contre les dirigeants des partis analysés comme ouvriers). « faussaires », « calomniateurs », « traîtres [à la cause du socialisme] », « gangsters », « terroristes », « provocateurs », « délateurs », etc. (en une sorte de symétrie avec les insultes proférées contre les trotskystes par ces mêmes adversaires) ; « Etat ouvrier bureaucratiquement dégénéré » (contre l’URSS, selon Trotsky et la plupart de ses successeurs).
    * «  sociaux traîtres » (contre les dirigeants socialistes) ; « fossoyeurs de la révolution », « saboteurs de grèves », « appareils-traîtres », « Versaillais », adeptes du « crétinisme parlementaire », « social-patriotes », « capitulards [devant la bourgeoisie] », « pseudo-communistes », « pseudo-socialistes » ; « collaborateurs de classe », parfois « jaunes ». Et très souvent « contre-révolutionnaires ».



Contre les proches (les organisations se revendiquant d’une authenticité révolutionnaire retrouvée) 

    * « centristes » (aussi bien contre le PSOP, Parti socialiste ouvrier et paysan de la fin des années 30 que le PSU, Parti socialiste unifié des années 60 et 70).
    * « petits-bourgeois », « anarchistes » [militants désorganisés, peu sérieux, peu efficaces] (contre les anarchistes).
    * « mao-staliniens » (contre les militants de L’Humanité rouge), « gauchistes » voire « ultra-gauchistes », « populistes » ou « petits-bourgeois », membres du « plus petit-bourgeois des courants petit-bourgeois », « sectaires dogmatiques staliniens » (contre les maoïstes dans les années 70).
    * « sectes pseudo-révolutionnaires », « gauchistes décomposés » (contre l’ultra-gauche, selon l’OCI).



Contre les presque semblables

    * « clowns », « puristes sectaires », « intégristes », « gardiens du temple », « charognards », voire « gangsters », « secte politiquement dégénérée » ou même « l’extrême-droite de l’extrême-gauche » (contre le courant représenté par l’OCI, selon LO, Lutte ouvrière, et la Ligue, Ligue communiste, puis Ligue communiste révolutionnaire).
    * « révisionnisme liquidateur » (contre la LC selon l’OCI), « aventuriste » (contre le SU, Secrétariat unifié de la IV e Internationale lorsqu’il défend la lutte armée en Amérique latine selon l’OCI), « crypto-staliniens propulsés par la bourgeoisie » et « centristes réactionnaires » (contre les candidats LO-LCR aux élections législatives de 1973 selon l’OCI), « la ligue des rats » (contre la LC de 1971 dans un poème de l’AJS, Alliance des jeunes pour le socialisme).
    * « pablisme » (en 1951 au cours de la discussion sur le nouveau cours proposé par Pablo), « lambertisme » (avec l’évolution du PCI français exclu de la IVe Internationale). Selon le CCI (Courant communiste internationaliste) du PT (Parti des travailleurs), le « pablisme » est synonyme de capitulation devant l’ennemi de classe, que ce soit la bureaucratie soviétique ou la bourgeoisie internationale ; pour la LCR, le « lambertisme » est une méthode qui concilie sectarisme apparent sur le plan de l’orthodoxie politique et affairisme opportuniste dans le fonctionnement sous-jacent de l’organisation.



Retour sur quelques registres de l’insulte trotskyste

    * Médical : le sectarisme est un « cancer » ou une « gangrène », le gauchisme un « virus », la bureaucratie une « tumeur et une dégénérescence » « pourrie jusqu’à la moelle » (selon Trotsky), le stalinisme « la syphilis [ou la vérole] du mouvement ouvrier », les organisations trotskystes rivales sont « stériles » ou « parasitaires » ; « tumeur extirpée » (Stéphane Just, à l’occasion de l’exclusion du trésorier de l’OCI Charles Berg à la fin des années 70).
    * Criminel : « renégats », « traîtres », « flics », « gangsters » (anciens membres de l’organisation), « agents de la CIA et du KGB » (Varga, exclu de l’OCI dans les années 70).
    * Politique : « gauchiste », « aventuriste », « substitutiste », « fétichiste », « sectaire » (dérive vers la gauche) ; « opportuniste », « suiviste », « confusionniste », « réformiste », « parlementariste », « capitulard » (dérive vers la droite) ; « centrisme » (double dérive). Ces insultes sont assez régulièrement complétées par une caractérisation sociale qui a vocation à les expliciter, celles de « petit-bourgeois », « bureaucrate », « arriviste » (caractérisation politico-sociale).



Mais aussi, comme en miroir…, les insultes subies par les trotskystes

Les attaques du stalinisme. D’abord analysé par Staline comme une déviation social-démocrate et petite-bourgeoise lors de la lutte de la « troïka » contre Trotsky, le trotskysme devient en 1927 « antiprolétarien, antisoviétique et contre-révolutionnaire », et finit par être un « détachement d’avant-garde de la bourgeoisie contre-révolutionnaire ».Après 1935, en URSS, l’attaque et l’insulte dans le discours communiste gagnent encore en intensité. La théorisation de Staline (la lutte des classes ne cesse de s’intensifier au fur et à mesure de l’édification de la société socialiste) légitime d’un point de vue doctrinaire des insultes dont la violence annonce et banalise la sentence finale. Le trotskisme est devenu l’ennemi politique emblématique qui justifie la répression la plus impitoyable. L’insulte fait partie du processus de discrédit qui légitime ensuite la liquidation physique. Le processus comporte deux volets. Staline lui donne personnellement sa formulation théorique dans  « Pour une formation bolchevique », le rapport qu’il présente à l’Assemblée plénière du Comité central du PC( 8) R le 3 mars 1937 :
 

« Le trotskisme a cessé d’être un courant politique dans la classe ouvrière ; de courant politique qu’il était sept ou huit ans plus tôt, le trotskisme est devenu une bande forcenée et sans principes de saboteurs, d’agents de diversion et d’assassins agissant sur ordre des services d’espionnage des Etats étrangers. »

Dès le début 1937, L’Humanité relaie les analyses soviétiques et titre : «  Le procès des trotskistes de la Gestapo. Pour les dix-sept traîtres la peine de mort est requise… » (19 janvier). Couplés à cette dénomination, on trouve ensuite une grande diversité de qualificatifs : « provocateurs », « aventuriers », « antiléninistes » et « anticommunistes », « faux révolutionnaires » et « petits-bourgeois gauchistes », en particulier lors des événements de Mai 68. L’insulte la plus infamante est sans doute celle d’« hitléro-trotskyste », qui connaît son heure de gloire des années 30 aux années 50 pour dénoncer la complicité et la proximité de nature entre les trotskystes et les ennemis acharnés de l’URSS. En 1978, Gilles Martinet va jusqu’à parler de l’antitrotskysme, dont les communistes ont été le principal vecteur, comme de « l’antisémitisme du mouvement ouvrier » (Rouge, n°659, 30 mai 1978). Actuellement, le PCF a pratiquement renoncé à insulter les trotskystes.

Les insultes à caractère religieux. Elles restent aujourd’hui d’actualité. « Sectaires », « fanatiques », « gardiens du temple », « gourous » (Hardy, Lambert), « Torquemada du trotskisme » (Arlette Laguiller) ; « Chapelles », « […] dernier cercle de l’enfer où s’agite en monologuant la multitude confuse des sectateurs livrés à leurs obsessions » (les organisations trotskystes du début des années 70 selon le maoïste Kostas Mavrakis).



Pour en savoir plus

    * Contribution de Jean-Guillaume Lanuque dans L’Insulte en politique
    * Jean-Guillaume Lanuque, « Le mouvement trotskyste et la question coloniale : le cas de l’Indochine, 1945-1954 », mémoire de maîtrise d’Histoire, Université Nancy 2, 1995.
    * Jean-Paul Salles, « La ligue communiste révolutionnaire et ses militant(e)s (1968-1981). Etude d’une organisation et d’un milieu militant. Contribution à l’histoire de l’extrême gauche en France dans l’après-mai 1968 », thèse de doctorat d’Histoire, Université de Paris I, 2004.
    * Jean-Pierre Hirou, Du trotskysme au communisme libertaire. Itinéraire d’un militant révolutionnaire, La Bussière, Acratie, 2003.
    * D. Avenas et A. Brossat, De l’antitrotskysme. Eléments d’histoire et de théorie, Paris, Maspéro, 1971.
    * Emmanuel Brandely, « L'OCI-PCI de 1965 à 1985 : Contribution à l’histoire nationale d’une organisation trotskyste », mémoire de maîtrise d’Histoire, Université de Bourgogne, 2001.

J.G.L.

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Message par canardos » 25 Fév 2006, 00:33

mais tout ce que tu as à nous balancer comme exemple, c'est ça?

d'abord les insultes du PCF contre une authentique crapule, dont certaines d'ailleurs ne sont pas des insultes mais des caractérisations plus ou moins exactes.....

ensuite un texte sur les insultes dans le mouvement trotskiste qui assimile toute une série d'expressions totalement exactes sur la bourgeoisie, les partis bourgeois, les sociaux democrates et les partis staliniens, imperialisme, capitalisme bourgeois, social-tratres staliniens, à des insultes, qui confond les certaines dérives internes dans la discussion au sein du mouvement trotskyste avec l'ensemble des définitions simplement marxistes.....

franchement c'est de la provoc pure et simple.....
canardos
 
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Message par Louis » 25 Fév 2006, 00:47

non : ce qui est de la provocation pure et simple, c'est de dire que cela est du "travail scientifique" Pourtant le cnrs et l'université de bourgogne y participent, d'éminents chercheurs et scientifiques du cnrs aussi, ils publient,etc...

Sinon, une insulte peut etre vraie ! Bien entendu... Sinon, ce n'est plus une insulte, mais une calomnie... Mais quand on dit que XXXXX (automodéré) est une crapule, c'est peut etre vrai, ça n'en reste pas moins une crapule... N'empéche que va falloir faire gaffe a ce qu'on ne s'insulte pas par forum interposé, sinon on va se retrouver illico presto dans les petits papiers de l'université de Bourgogne :w00t:
Louis
 
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Message par Sterd » 25 Fév 2006, 08:42

Qu'est ce que ça fait dans le forum science ? :huh:
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Message par Bertrand » 25 Fév 2006, 08:50

C'est une étude scientifique (?). :hinhin:
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Message par Louis » 25 Fév 2006, 14:40

ben oui ! Avec comité de pilotage, publication dans la revue "ad oc" -ce qui fait monter d'un cran l'universitaire qui a monté ce machin... Comme quoi qu'il n'y a pas que "social text" pour publier des aneries... Mais disons que a la différence de "social text", il y a ici un "comité de lecture" (le comité de lecture est censé "garantir" le caractére "scientifique" du travail) et que les propos publiés sont compréhensibles "du plus grand nombre"...
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Message par faupatronim » 27 Fév 2006, 18:24

(LouisChristianRené @ samedi 25 février 2006 à 00:22 a écrit :
a écrit :
    * « clowns », « puristes sectaires », « intégristes », « gardiens du temple », « charognards », voire « gangsters », « secte politiquement dégénérée » ou même « l’extrême-droite de l’extrême-gauche » (contre le courant représenté par l’OCI, selon LO, Lutte ouvrière, et la Ligue, Ligue communiste, puis Ligue communiste révolutionnaire).

Où ce monsieur a t il lu ce genre de choses sous la plume de LO ? :wacko:
Il faudrait qu'il cite ses sources certainement très scientifiques...
faupatronim
 
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