supprimer les mauvais souvenirs

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 18 Nov 2007, 11:04

a écrit :

[center]Supprimer les mauvais souvenirs[/center]

LE MONDE | 22.09.07 |


Le patient est confortablement allongé sur un canapé. "Vous allez maintenant vous rappeler aussi précisément que possible les circonstances de cet accident, explique le psychiatre. En particulier les moments les plus pénibles. Quand vous serez prêt, faites-moi juste un signe de la main et j'injecterai le Memerase..." La scène pourrait se dérouler à peu près ainsi, dans quelques années, si les recherches actuelles sur l'effacement de la mémoire tiennent leurs promesses.

Valérie Doyère, chargée de recherche au laboratoire de neurobiologie de l'apprentissage, de la mémoire et de la communication du CNRS et de l'université Paris-Sud, en collaboration avec Joseph Ledoux à l'université de New York, vient de franchir un pas significatif dans cette direction. Les travaux de son équipe, publiés dans la revue Nature Neuroscience, démontrent qu'il est possible d'effacer un souvenir précis dans la mémoire d'un rat. Pour cela, les chercheurs ont associé deux sons différents à une douleur provoquée par une décharge électrique. Ce qui conduit le rat à avoir peur dès qu'il entend l'un ou l'autre des sons. L'équipe a ensuite injecté une drogue dans l'amygdale de l'animal, une région du cerveau impliquée dans la mémoire émotionnelle, juste après l'émission de l'un des deux sons. Le résultat est pour le moins spectaculaire puisque ce traitement efface la mémoire du rat de façon très sélective. L'un des sons continue à provoquer la même peur. L'autre n'a plus aucun effet sur l'animal.

"Nous exploitons la plasticité du cerveau et le fait que la remémoration s'accompagne d'une fragilisation du souvenir", explique Valérie Doyère. En effet, lorsque le rat entend un son associé à une douleur, la réactivation de ce souvenir impose un processus de réenregistrement, qui permet de le réinscrire dans la mémoire à long terme. C'est ce réenregistrement que bloque la drogue injectée. Les mesures réalisées par les chercheurs montrent que trois heures après l'injection, les deux sons sont encore associés à la douleur. Mais vingt-quatre heures plus tard, il n'en reste plus qu'un.

Une telle expérience ouvre de vastes perspectives en matière de compréhension du fonctionnement de la mémoire. "Pour l'instant, nous nous sommes intéressés à deux régions du cerveau, l'amygdale et le thalamus auditif", note Valérie Doyère qui estime que le mécanisme de "remise à zéro" mis en évidence pourrait servir à effacer de mauvais souvenirs précis liés à différents traumatismes. "Avec cette approche, les effets bénéfiques pourraient être plus durables qu'avec les psychothérapies actuelles", précise-t-elle.

Néanmoins, le chemin à parcourir avant d'appliquer cette méthode à l'homme apparaît encore bien long et Valérie Doyère évite de s'engager sur un délai. Les psychanalystes ont donc encore quelques années devant eux.

Michel Alberganti



j'en profite pour faire à nouveau de la pub pour l'excellentissime et tres pédagogique "neurobiologie de la personnalité" de joseph ledoux aux éditions odile jacob.

Ledoux dirige un centre de recherche mondialement connu sur la peur et l'anxiété à new-york.

sur le site web de son labo, vous pouvez suivre ses recherches et télécharger ses travaux ICI



canardos
 
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Message par Matrok » 18 Nov 2007, 12:07

C'est certaines utilisations qui peuvent être faites d'une découverte scientifique qui foutent la trouille. Ce n'est pas la mesmerase qui devrait faire peur, c'est plutôt les futurs Brejnev... Si la mesmerase permet juste à des victimes d'un traumatisme de re-vivre une vie à peu près normale, ce n'est pas si mauvais. Par contre la même drogue dans les mains d'un tyran, ça serait autre chose ! Enfin bon, le problème n'est pas nouveau (l'énergie nucléaire, c'est EDF ou Hiroshima ?)

Bizarrement, cette histoire d'"effacer les souvenirs" m'a rappellé tout de suite un petit film bien sympa, "Eternal Sunshine of the Spotless Mind" (de M. Gondry)...
Matrok
 
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Message par canardos » 18 Nov 2007, 23:52

a écrit :

Que cherchez-vous ?. Valérie Doyère, neurobiologiste

[center]«Je veux savoir comment on oublie»[/center]

Recueilli par  Corinne BENSIMON
Libération : mardi 16 octobre 2007


«Je veux savoir si l’oubli existe. Si les souvenirs disparaissent à jamais de notre mémoire. S’il y a, dans le cerveau, un processus qui les efface pour toujours, comme un chiffon efface les lettres écrites à la craie. Ou s’ils demeurent stockés, prêts à être réactivés, remémorés. Et si tel est le cas, alors, tous les souvenirs ont-ils le même statut, sont-ils tous accessibles de la même façon à des opérations de réactivation ? Et en quoi consistent ces opérations ?

«C’est le mystère de la madeleine de Proust. Mais les outils d’investigation de l’activité cérébrale, via l’imagerie, la découverte de drogues aux effets particuliers sur le cerveau et les connaissances accumulées par la neurobiologie permettent de revisiter le problème.

«Cette question de l’oubli intéresse beaucoup de monde, la recherche médicale qui tente de comprendre et traiter des maladies tel Alzheimer, et bien évidemment les psychanalystes. Et des neurobiologistes, dont je suis, qui veulent savoir comment marche la mémoire. «Alors, à travers des expériences utilisant des rats (ils ont une excellente mémoire), je cherche à découvrir les bases biologiques de l’oubli. Récemment, j’ai publié avec des Américains des travaux qui montrent pour la première fois qu’on peut effacer avec une drogue un souvenir et un seul, de façon sélective. Un mauvais souvenir, en l’occurrence.

«L’expérience était la suivante : on avait appris à des rats à associer deux sons à l’imminence d’un choc électrique. Résultat, chaque fois qu’ils entendaient ce son, ils se souvenaient du choc à venir et manifestaient de la peur, chose confirmée par l’imagerie cérébrale qui montrait une activation de l’amygdale, le centre de l’émotion. Puis on leur a fait entendre l’un des sons tout en leur inoculant une drogue connue pour perturber la mémorisation. La suite de l’expérience a montré que la drogue avait provoqué l’oubli total d’un souvenir : la peur associée à ce son, et celui-là seulement. Plus de trace d’émotion au plan comportemental et en imagerie. La drogue a effacé un trauma…

«Est-ce à dire que, dans la vraie vie, des processus neurobiologiques produisent cet oubli sélectif ? L’expérience ne permet pas de le conclure. Mais elle montre que la mémoire est malléable de façon très précise, que le cerveau peut effacer un souvenir.

«C’est là un outil qui va me permettre de faire d’autres expériences d’oubli sélectif, disséquer les strates des souvenirs.» 




et un lien vers l'article dans nature neurosciences

ICI
canardos
 
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Message par canardos » 19 Nov 2007, 00:05

sur ces questions de mémorisation et d'oubli je renvoie à un article de vulgarisation de la revue "pour la science":

les mécanismes de la mémoire
canardos
 
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Message par canardos » 19 Nov 2007, 00:23

j'en profite pour mettre un lien vers une série de conférences téléchargeables à regarder avec real player:

neurosciences et apprentissage

a écrit :

Corinne Demarcy
Maitre de conférence en psychologie cognitive,
IUFM de Versailles

Qu'est-ce qu'apprendre? Où en sommes-nous avec l'apprentissage?


  Serge Laroche
Directeur du laboratoire Neurobiologie de l'apprentissage, de la mémoire et de la cognition,
CNRS, Université Paris-Sud, Orsay

Mécanismes fondamentaux de la mémoire et de l'apprentissage


Peter Dominey
Directeur de recherche,
Neurologie de la cognition séquentielle
Institut des sciences cognitives, Lyon Bron

Mémoire, apprentissage et langage:
aspects cognitifs



Scania De Schonen
Directrice de recherche CNRS,
Laboratoire Cognition et développement, CNRS,
Université Paris-5

L'Attention



Philippe Pinel
Ingénieur de recherche INSERM
Unité de Neuro-imagerie cognitive
Service Hospitalier Frédéric Joliot, CEA, Orsay

Nombre, cerveau et apprentissage




Pierre Roubertoux
Professeur émérite de Génétique et
Neurosciences de l'université Marseille-2

Gènes, cerveau et cognition

                                               

Christophe Pallier
Chargé de recherche CNRS
Unité de Neuro-imagerie cognitive
Service Hospitalier Frédéric Joliot, CEA, Orsay

Imagerie cérébrale, bilinguisme et apprentissage des langues




Mireille besson
Institut de Neurosciences cognitives de la méditerranée

Influence de l'apprentissage de la musique sur le traitement du langage:
importance pour la remédiation de la dyslexie





et un deuxieme lien vers d'autres conferences:

neurosciences et apprentissage 2

a écrit :

Jean-Pierre TERNAUX

Voir le cerveau fonctionner
Historique de la synesthésie



Habib BENALI

Réseaux cérébraux et apprentissage moteur

 

François-Xavier ALARIO

Le choix des mots


Patrick VERSTICHEL

Les structures nerveuses du langage
Cas cliniques d'aphasie : apport à la connaissance des structures du langage



 
Pascal BARONE

Intermodalités sensorielles
Compréhension de la parole chez les implantés cochléaires



Jean-Michel HUPE

Neurobiologie de la synesthésie, synesthésie et éducation


Annie MAGNAN et Jean ECALLE

Approche cognitive de l'apprentissage de la lecture chez l'enfant

   

Anne-Marie Chartier

Apprentissage de l'orthographe
 

Carinne ROYER

Apprentissage de la lecture, lien entre théorie et pratique


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