(charpital @ mardi 3 juin 2008 à 20:00 a écrit : a écrit :Ce qui correspond d'ailleurs à la volonté, dès ces années-là, de la petite bourgeoisie noire de singer la bourgeoisie blanche.
Je pense qu'il n'y a pas "une" petite bourgeoisie noire, mais plusieurs. Peut être qu'une partie d'entre elle effectivement avait comme caractéristique de "singer" la Bourgeoisie blanche. Mais une partie aussi était tournée vers le prolétariat noirs (et pas vers le prolétariat blanc uniquement en raison du racisme avéré d'une partie du mouvement ouvrier aux USA)
Je suis bien d'accord avec toi : la bourgeoisie et la petite bourgeoisie noires ne sont pas plus homogènes que la bourgeoisie blanche, et il n'y a aucune raison qu'il en soit autrement.
Toutefois, cette volonté d'imiter la bourgeoisie blanche, de lui plaire, et d'espèrer ainsi plus facilement s'intégrer, être accepté et devenir des Américains à part entière, est tout de même un des traits caractéristiques d'une partie des petits bourgeois noirs. ET ce phénomène a nécessairement marqué l'expression artistique et le jazz. Ainis, si le negro spiritual et le blues ont été un moyen pour exprimer sa souffrance (c'est plus marqué me semble-t-il par la lamentation et la prière que par la révolte, voire par une certaine résignation), le Dixieland et le New Orleans ont été considérés comme une musique de distraction, voire une musique d'"Oncles Tom", dont Amstrong a été un des représentants : il était une sorte d'amabassadeur itinérant artistique des Etats Unis, à l'époque d'Eisenhower, c'est à dire de la ségrégation, de la guerre de Corée etc ! Et ce n'est en effet que dans les années 60, avec la montée des luttes pour les droits civiques, que les musiciens de jazz, souvent engagés dans cette lutte, on voulu exprimer la révolte dans leur musique, avec le free notamment. Puis il y a eu la période suivante, avec la Blackexploitation et les musiques et films qui l'accompagnaient. Ce qui n'empechait pas d'autres parties de la petites bourgeoisie noire de rechercher l'intégration autrement, notamment encore par l'imitation de la bourgeoisie blanche.
Tout ça n'est pas mécanique et les différentes tendances artistiques se chevauchent et se mélangent bien entendu. Luc, qui semble bien connaître le sujet et s'y intéresser, me corrigera peut-etre sur certains points...
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Sinon, à propos de cette volonté de la bourgeoisie noire d'imiter la bourgeoisie blanche, il y a un film de Clint Eastwood,
Dans le jardin du bien et du mal, qui comporte une scène d'anthologie : le bal des débutantes noires, avec des bourgeois noirs hyper guindés.