(redaxe @ mardi 28 juin 2011 à 11:36 a écrit : (redaxe @ mardi 28 juin 2011 à 00:13) a écrit :ben ça me confirme que tu te goures. Dans Buffy rien de tout ça.
a écrit :Euh, là, c'est de l'ironie, hein ?
(parce que Buffy est quand même un très mauvais exemple)
Non c'est pas de l'ironie!
Mas si tu prends la peine de développer ta remarque j'essaierai quand j'aurai plus le temps de montrer en quoi la série encourage des qualités "subversives".
Buffy, subversive. Lénine relève toi, ils sont devenus fous.
Bon, j'énumère rapidement parce que j'ai quand même un travail, pas comme cette feignasse de Dr No qui ne parle même pas français et qui voudrait nous envoyer tous aux goulags et qui j'en suis sûr ne contribue même pas à reproduire l'espèce puisqu'il est contre toutes les formes de plaisir. (Ca va, j'ai bon ?)
Buffy, donc :
- dépolitisation : réduction des conflits sociaux à des oppositions interpersonnelles psychologiques (fâcheries, trahisons, réconciliations, machinations individuelles etc.)
- dépolitisation (2) : l'homosexualité est présentée comme quelque chose à respecter, certes, mais est vidé de sa charge politique "subversive" contre le modèle dominant (mariage-famille-enfant-autorité patriarcale etc.). La position de déviance représentée par les homos n'est jamais envisagée comme une remise en question de la norme mais uniquement sur le plan de la souffrance qu'ils éprouvent à ne pas être exactement un couple "comme les autres".
- défense de l'ordre établi : propagation d'une vision dysfonctionnelle de la société qui inculque le respect de l'ordre établi, qui n'est pas à renverser puisqu'il est globalement bon et les problèmes ne sont pas structurels mais viennent de quelque individus isolés (les monstres en l’occurrence). Sous entends que le problème vient de dysfonctionnements ponctuels du système et non du système lui-même.
- dépolitisation (3) : disparition de la guerre de classe au profit d'une lutte morale entre "le bien" et "le mal"
- vision essentialiste : la série reprend à son compte la partition sociale entre des individu ordinaire et une classe par essence supérieure (représentée par les héros qui ont des pouvoirs que les autres n'ont pas). C'est l'un des fondements de l'idéologie dominante et la justification des privilèges de classe des riches (or la série nous habitue à valider ce mode de pensée)
- vision essentialiste (2) : thématique de l'élue et de la destinée : naturalisation/essentialisation du parcours social et occultation des déterminismes sociaux dans les trajectoires individuelles
- défense de l'ordre établi (2) : mythe de l'homme providentiel, qui seul peut vaincre le mal (valide la nécessité d'un leader donc de la hiérarchie). Au début tout le monde à part l'héroïne fait un peu tapisserie. Mais même, le fait qu'il puisse y avoir plusieurs homme ou femmes fortes, n’empêche pas que jamais ce sont les hommes ordinaires qui s'organisent collectivement pour repousser les vampires (bon il y a peut-être un moment où ça peut arriver ponctuellement, et généralement cela se fait en se rangeant sous la bannière du héros/leader). ainsi nous habitue-t-on à trouver "naturelle" la présence d'un leader.
- défense de l'ordre établi (3) : respect des figures de l'autorité (chef, famille) : il peut y avoir des conflits (entre Buffy et son "observateur" ou sa mère) mais se sont souvent des disputes (aspect psy) ou des désaccords ponctuels sur un point précis mais ils ne durent jamais et la hiérarchie et le principe même de la soumission à une autorité n'est jamais fondamentalement remis en cause.
Bon je m'arrête là, et encore c'est sur le vif, de mémoire avec plusieurs années de recul. Il ne serait pas difficile en prenant des notes pendant le visionnage de pondre un mémoire plus détaillé.
Et c'est la même chose pour d'autres séries citées ici, comme Spartacus (le héros devient un homme individualiste qui n'agit que pour son intérêt personnel et par amour pour la femme qu'il aime, seule et unique chose qui compte dans la vie, le sort des autre l'indiffère) ou Twin Peaks (dépolitisation, respect des figures de l'autorité, lutte bien/mal etc.).
Encore une fois, on pourrait en écrire des kilomètres. Ce qui me surprends moi c'est que l'on puisse soutenir le contraire et je serais curieux de savoir avec quels arguments autre que "le génie créatif de l'artiste" (qui peut se concevoir sur le plan esthétique mais n'a rien à voir sur le plan politique). Qui est d'ailleurs un sophisme puisque simple tautologisme qui ne démontre rien : la série est bien puisque l'auteur est génial (CQFD)
Concernant Buffy j'ajoute que la thèse génie créatif qui peut faire passer une "vision personnelle" néglige un aspect essentiel, là aussi évoqué pour les informations par Chomsky et Hermann : pour qu'au sein d'une industrie aussi verrouillée des employés parviennent à des postes où ils sont susceptibles de s'exprimer "librement", ils sont passés par un certains nombre de filtres (cooptation par des responsables qui les ont reconnus comme "dignes de confiance"...) qui assurent à peu près leur orthodoxie idéologique. En outre la difficultés à réunir chez la même personne une conscience politique aigue et un savoir faire technique pointu rend peu probable une production culturelle politiquement subversive.
Sans compter que Josh Whedon, créateur de Buffy et un type de droite, très à droite même. Voir son autre "oeuvre", Firefly, manifeste "libertarien" explicite où il critique l'état et vente la beauté du libéralisme (des hommes unis par un contrat librement négocié sans interférence de l'état) même pour la prostitution. Dans Firefly on a également une critique du communisme ("l'alliance", qui régit l'univers où évolue les héros, commet un génocide en voulant faire le bonheur des gens malgré eux, se déplace dans de grosse bases spaciales massives, éclairées aux néons blafards, encombrées de fonctionnaire tatillons et deshumanisés en uniforme, lance des agents secrets qui enlèvent les gens, expérimentent sur leur cerveau... bon, suivez mon regard) opposé à l'individualisme des héros qui souhaitent juste mener leur vie comme il l'entendent.
Comment concevoir, même a priori qu'un type pareil puisse pondre une oeuvre subversive, ça me laisse pantois. Et qu'on me soutienne mordicus (là aussi pas toi en particulier, faut faire attention aux susceptibilités ici) que tout cela n'est que fantasme, théorie sans objet et abstraite, ou théories vulgaires ne fait que rajouter à l'étonnement.