(piter @ mardi 10 juin 2008 à 15:07 a écrit : en passant, il y a un texte de Lénine ou il critique l'usage de termes étrangers à la place de termes russes, il semble que Lénine voyait ça comme une sorte de snobisme, un "tics" de journaleux ou de littérateurs voulant paraitre "au gout dujour", " "a la mode".
curieux mais anecdotique...
on sait que Lénine avait du reste des gouts assez conservateur en littérature, ou disons qu'il appréciait plutot les "classiques". il disait cependant ne pas etre suffisemment qualifiés pour en parler avec autorité.
Salut,
personnellement, j'ai fait des études de langues vivantes, et je maîtrise les rudiments d'un certain nombre. Je suis donc assez attaché à la diversité linguistique...
Et je suis d'accord avec toi (et du même coup avec Lénine

) sur le fait que l'emprunt de certains mots relève du snobisme pur et simple, en gros, pour avoir l'air cultivé dans certains milieux cadres ou journaliste.. qu'apporte le mot 'benchmarking' par rapport à 'banc d'essai' par exemple.
De plus, je suis d'accord avec com 71 sur le fait que certains entreprises emploient délibérément du jargon "anglo-saxon" ou "globich" pour asseoir la domination de l'encadrement sur les salariés modestes.
L'argument de dire "toutes les langues se sont toujours mélangées" n'empêche pas de se demander dans quelles conditions elles doivent se mélanger, dans quelles conditions elle ne le doivent pas.
A mon avis, un emprunt n'est souhaitable que si aucun mot ne veut dire la même chose dans la langue d'accueil.
Soit dit en passant, certains mots anglais qui paraissent du dernier branché à une époque deviennent ringards dans la période qui suit. On ne dit plus guère walkman, hit-parade, bath, etc... même "look" est souvent remplacé par "dégaine" ou "apparence"... Le premier mot était d'ailleurs une marque déposé de Sony.
Pour ce qui est du problème de la langue véhiculaire, il faut s'y faire, c'est l'anglais. Je suis allé en Pologne récemment, sans parler polonais, car c'est une langue trèx compliquée que l'on ne peut pas baragouiner en l'apprenant quelques mois. Evidemment pas d'autre choix que de parler anglais pour communiquer.
Mais il faut rester conscient que la communication en anglais entre deux locuteurs dont ce n'est pas la langue maternelle appauvrit considérablement l'échange, car il est exceptionnel que les deux locuteurs la maîtrisent correctement, sans parler de la parler comme une langue maternelle.
Parfois, je me dis que c'est l'anglais qui a le plus à perdre de sa propre domination... on dit parfois que les gens parlent globish, pas anglais. Parfois quand j'entends le sabir parlé dans le milieu de la recherche par exemple, je lève les yeux au ciel et je me dis "pauvre Shakespeare"

.
D'autre part, il est dommage d'employer l'anglais entre deux locuteurs de langues proches. Entre un francophone et un sinophone, ça paraît normal. Mais entre un français et un espagnol, c'est dommage car ils peuvent se comprendre dans leur langue maternelle respective avec relativement peu d'efforts supplémentaires.
Bien entendu, cela ne change rien au fait que les défenseurs du français peuvent être de fieffés nationalistes. Mais cela n'empêche pas de se demander si sous certains aspects, ils n'y a pas du vrai dans ce qu'ils disent.
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