par eruditrotsk » 10 Fév 2005, 15:37
J'aimerai quelques précisions sur ce qui est évoqué à Melun, le fait qu'elle ne cédait pas ... à quoi exactement ?
J'ai une impression assez mitigé à son sujet. J'ai eu l'occasion de faire un travail professionnel avec elle, en 1986, nous avions donc pu discuter. Elle était alors vice-présidente du musée d'Orsay qui était en gestation.
Même si elle avait une indiscutable érudition (elle récitait les titres de thèses universitaires existant sur des multiples aspects de l'histoire du mouvement, comme d'autres vous réciteraient l'annuaire. Le principal problème, à mes yeux, était, comme la plupart des historiens du mouvement ouvrier malheureusement, qu'elle ne croyait pas au futur politique du prolétariat. Pour elle, mettre en avant l'idée que "seul le prolétariat est une classe révolutionnaire" et que sa lutte seule peut faire avancer l'humanité, c'était du "guedisme" (et à ses yeux, comme elle me l'avait dit, les militants de LO étaient des "guesdistes"). Plus ou moins inconsciemment, sa vision de la classe ouvrière aujourd'hui était influencée par celle des intellectuels qui avaient dit "adieu au prolétariat" ces dernières années.
Une petite anecdote. Nous avions des rendez-vous dans une grande brasserie parisienne en face d'une gare parisienne pour discuter de ce qui nous occupait en commun. C'était le genre d'endroit, avec des boxes bien séparé les uns des autres, où un cadre moyen donne discrètement rendez-vous à sa secrétaire de 5 à 7 (j'avais observé ce manège quand j'étais lycéen), avant que l'un et l'autre ne retournent dans leurs familles respectives. Elle avait voulu y voir "un vrai bistrot de cheminot"... J'avais d'obrd cru qu'elle plaisantait mais, à l'évidence, elle ne pouvait pas imaginer que bien des cheminots fréquentent... des bouges inimaginables pour une directrice scientifique de musée.
Mais il est vrai qu'elle avait fréquenté des écoles particulièrement déformantes : le PCF et le PSU...