Questions sur les prisons françaises aujourd'hui

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Vérié » 17 Oct 2007, 10:35

1) La Télé : ce sont les détenus qui paient la télé. Ils sont obligés de la louer et n'ont pas le droit de l'acheter. Ils paient environ 40/50 € par mois, ce qui est énorme pour beaucoup de détenus. Dans certains, c'est cleui qui paie la télé qui fait la loi dans la cellule. Au début, les gardiens étaient horrifiés par l'idée que les détenus aient la télé, mais maintenant ils trouvent ça très bien. Pendant ce temps-là, ils nous f la paix.

2) Les fenètres, c'est très, très variables. Dans les prisons modernes les fenètres sont plus grandes, mais elles n'ouvrent pas : les barreaux sont remplacés par un verre (enfin un plastique) très, très épais. Les détenus n'apprécient pas. Il n'y a qu'au mitard où il n'y a pas de fenètre du tout.

3) Le problème du travail, c'est que le chomage sévit en prison comme ailleurs. Seuls les condamnés peuvent travailler, les prévenus (pas encore jugés) ne travaillent pas. Mais c'est souvent un privilège de travailler. Il y a deux catégories de travaux : travail en atelier pour un concessionnaire (ou dans la cellule genre bourrer des ours en peluche) et service général (cuisines, coiffeur, plomberie, informatique et comptabilité - les escrocs occupent généralement ces derniers postes.) Le service général est moins bien payé, mais c'est peinard et ça permet de se déplacer, de combiner etc. Et aussi de mieux manger (aux cuisines).
Il faut savoir qu'un détenu touche moins de 50 % de ce qu'il gagne, le reste va à l'administration et au remboursement des victimes.

Au final, ce qui reste au détenu qui a du travail va entre 80 euros 300/350 euros pour ceux qui ont les meilleurs boulots (assez rares, généralement en centrale où la population est "stable" en raison des longues peines.) Les patrons-concessionnaires sont en effet découragés par la faible productivité des détenus et l'instabilité de cette main d'oeuvre.

Il faut savoir qu'en prison, tout se paie : papier toilette, brosse à dents, savon, plats cantinés pour améliorer l'ordinaire. Un détenu sans le sou est considéré comme un clochard.

4) Il n'y a qu'en centrale (longues peines) que les détenus sont seuls. Partout ailleurs, il y a surpopulation. Les cellules prévues pour deux sont occupées par quatre ou six selon les cas. Exception pour les VIP qui disposent de cellules plus vastes et un peu plus confortables, notamment à la santé.

5) La promenade (non obligatoire : certains ne sortent pas pour éviter de se faire agresser et dépouiller) est d'au moins une heure. Il y a d'autres activités, comme le sport, les cours (obligatoires pour les mineurs) mais leur exercice dépend des possibilités concrètes. Pas assez de place pour tous.

6) Pour obtenir un droit de visite il faut une autorisation du JAP (juge d'application des peines). C'est difficile pour des gens qui ne sont pas membres de la famille, mais pas impossible. Il faut effectuer une demande, justifier. Il y a une enquete sommaire sur la personne qui fait cette demande etc. Sinon, pour les familles, il y a des heures de visites assez strictes qui varient d'un établissement à l'autre.
Vérié
 
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Message par Gaby » 17 Oct 2007, 15:37

*edit, msg effacé, je disais simplement que je ne comprends pas qu'on puisse s'émouvoir de Mesrine, il fait un bien mauvais prétexte contre les conditions d'emprisonnement...à la limite c'est méprisant pour ceux qui contrairement à lui, sont en prison et n'ont pas été des assassins intéressés...*
Gaby
 
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Message par jeug » 17 Oct 2007, 16:00

Merci pour tes explications Vérié.
Pour ce qui concerne les finances, je n'ai pas bien compris.
Tu dis en gros :
"Les prévenus ne travaillent pas ... en prison tout se paie ... les détenus sans le sous sont considérés comme des clochards."
J'en conclus : les prévenus sont clochardisés.
Qui ne travaille pas en prison ? C'est en fonction des qualifications (en dehors des prévenus) ? Est-ce l'offre et la demande qui font la loi ?
Comment sont fixés les salaires ?
Sont-ce des journées de 8h ? Ou à la demande ?
Instabilité de la main d'oeuvre, à cause des départs ou parce qu'il y en a qui laissent tomber ?
Faible productivité ça veut dire quoi ?
jeug
 
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Message par Vérié » 17 Oct 2007, 16:13

Non, les prévenus ne sont pas considérés comme des clochards en règle générale.
Sauf s'ils sont vraiment très démunis. Mais les prévenus sont en général plus soutenus par leurs proches que les condamnés, car soutenir financièrement quelqu'un pendant des années, c'est long. De plus, il leur reste souvent un peu d'argent. (L'argent ne circule pas en prison, on n'a pas le droit d'en posséder. Il est mis sur le compte du détenu qui va "cantiner", c'est à dire acheter à la cantine :
objets de première nécessité, mais aussi poste de radio, ordinateur etc. (L'administration prend souvent sa dime au passage.)

Oui, pour le travail, c'est la loi de l'offre et la demande. Certains peuvent faire 8 heures comme à l'usine, d'ailleurs Fleury Mérogis est une véritable usine : on fabrique des pièces pour Peugeot, Renault, pour des entreprises d'appareils médicaux, pour... Pif gadget etc. D'autres ne feront que quatre heures.
Les salaires et conditions de travail sont négociés entre l'administration pénitentiaire et les concessionnaires (patrons privés qui veulent bénéficier de cette main d'oeuvre bon marché... concurrencé par celle des pays à faible salaire.)
L'instabilité est liée au fait que les détenus sont mutés d'une prison à l'autre, sont libérés etc. Et aussi au fait qu'un détenu va etre demandé en cours de journée pour se rendre au parloir, parce qu'il est convoqué par le juge etc, Tout cela crée un certain désordre et diminue la productivité. C'est pourquoi le travail est plus stable en Centrale (longues peines), où les gens peuvent passer 5, 10, 20 ans et ne sont plus que rarement interrompus en cours de journée. Ils peuvent acquérir une vraie qualification et leur productivité est bien meilleure que celle des détenus de maison d'arret qui restent un ou deux ans, voire quelques mois.

Enfin, les controles (portiques, fouilles etc) sont très contraignants et font perdre du temps.

Pour ces diverses raisons, il est souvent difficile de trouver du travail en prison. Le travail est évidemment attribué par l'administration. Souvent comme une récompense, surtout quand c'est bien payé. (En plus on s'emmerde moins à l'atelier qu'en cellule tout seul, surtout quand on n'est pas intello !) Il y a des magouilles, du piston etc pour avoir du boulot.
Vérié
 
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Message par jeug » 17 Oct 2007, 16:38

Merci
Les salaires sont-ils tout de même "règlementés" en dehors de cette négociation ?
Par ailleurs, je n'ai pas compris ta phrase "ce qui reste au détenu qui a du travail va entre 80 euros 300/350 euros pour ceux qui ont les meilleurs boulots"
C'est pour un "temps complet" et c'est par mois ??
300 pour un temps complet et 80 pour ceux qui ont les plus petits temps partiels ?

Par ailleurs, pour ceux qui n'ont pas de revenus extérieurs ont-il une priorité pour un boulot ? Sinon, comment font-ils pour les papier toilette, brosse à dents, savon, etc. ?
jeug
 
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Message par Gaby » 17 Oct 2007, 17:13

(Zelda @ mercredi 17 octobre 2007 à 18:07 a écrit :
(Gaby @ mercredi 17 octobre 2007 à 16:37 a écrit : *edit, msg effacé, je disais simplement que je ne comprends pas qu'on puisse s'émouvoir de Mesrine, il fait un bien mauvais prétexte contre les conditions d'emprisonnement...à la limite c'est méprisant pour ceux qui contrairement à lui, sont en prison et n'ont pas été des assassins intéressés...*

Quand on dit qu'on est contre la peine de mort, c'est pour tout le monde, pas seulement contre la peine de mort contre les innocents.

La peine de mort, en général et la plupart du temps, elle est appliquée à des assassins, je n'en connais pas de gentils.
Bien sûr, mais je parlais de la chanson et de l'incarcération. Trust (et un paquet d'autres groupes, notamment de rap) auraient très bien pu choisir de parler du sort d'anonymes qui se retrouvent en prisons pour une responsabilité sans pareille mesure, plutôt que d'une figure aussi sulfureuse que celle-ci. Mais bon, Mesrine, c'est le Scarface français, et il y a toujours une fascination pour les gangsters-idiots utiles du capitalisme, qui adoptent le système bien plus qu'ils ne le croient, dans certains milieux.
Gaby
 
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