par Valiere » 22 Oct 2004, 22:04
Je ne vais pas vous inonder de textes voici le dernier émanant des sections Uet A de Bretagne... Ensuite place au débat
FSU BRETAGNE
CODE Concernant la demande d'affiliation du SNUDEC et du SUNDEP à la FSU, la coordination propose d'envoyer la contribution jointe pour publication dans "Pour Infos" et communication à tous les SD de France. Ce texte est déjà signés par tous les secrétaires de SD de Bretagne et par nombreux responsables académiques et départementaux de nos syndicats en Bretagne (pas encore tous). Que les militants qui veulent se joindre à cet appel, répondent en urgence (en indiquant leur syndicat d'appartenance).
AVANT SAMEDI 23 à 12 h !
Merci
Jean Luc
Pourquoi nous considérons que la FSU ne peut pas accueillir le SNUDEC et le SUNDEP…
Deux syndicats de l’enseignement privé, le SNUDEC( Syndicat National Unitaire pour la Défense des Enseignants Contractuels), et le SUNDEP( Syndicat Unitaire National Démocratique des personnels de l’Enseignement et de la formation Privés), sollicitent leur affiliation à la FSU.
Lors du CDFN des 28 et 29 septembre 2004 les représentants de ces deux syndicats sont venus présenter le sens de leur demande auprès des militants de la FSU
Sur un sujet aussi important, il nous apparaît qu’aucune décision ne peut être prise « à l’insu » des adhérents, au détour de rencontres informelles où des collègues non explicitement mandatés sur la question, parleraient au nom de la Fédération et par là même engageraient son avenir sur des chemins périlleux.
Nous affirmons en préalable à ce débat, qu’il n’est pas question que la partie se joue sur de faux arguments entendus depuis le congrès FSU de Perpignan: 1) ceux qui seraient opposés à cette affiliation ne verraient que leurs préoccupations locales (en gros les départements à forte concurrence), et seraient donc incapables de concevoir le véritable enjeu pour l’avenir de la Fédération, 2) s’opposer reposerait sur « l’affectivité » héritée du passé.
Disons aussi d’emblée que la sincérité des personnels du privé qui expriment cette demande n’est pas en cause. Dire que l’on revendique les valeurs du Service public et Laïque d’Education quand on exerce dans un établissement privé n’est pas une chose aisée. Que des salariés réfléchissent d’autre part à la meilleure manière de faire avancer leurs revendications et distancier le pouvoir hiérarchique qui pèse quotidiennement sur eux nous paraît être dans l’ordre des choses.
Il faut donc bien prendre l’affaire sur le fond pour comprendre pourquoi, dans le moment présent, cette demande conduit à une impasse et à des conflits lourds dans la Fédération.
Une contradiction impossible à assumer : comment porter à la fois les revendications des personnels attachés aux missions nationales de service public et laïque, et défendre dans le même temps l’avenir d’établissements, dont les responsables affirment clairement que leur fonction principale est « le respect du caractère propre, fondé sur le fait religieux ».
Chacun sait que les établissements privés sont placés sous la responsabilité d’Organismes de gestion (le plus souvent d’écoles catholiques), qui exercent dans ceux-ci un pouvoir absolu, qu’il est difficile de contester, surtout dans le premier degré, compte tenu de tous les leviers de verrouillage mis pour faire perdurer le pouvoir établi, et contrer toute velléité de démocratie, qu’elle vienne des personnels ou des parents. Quand l’adhésion des personnels du privé s’est exprimée pour entrer dans la FEN, en 1981/1982, la proposition a abouti, au terme de débats intenses, parce que les adhérents de la fédération étaient fondés à penser que la perspective d’un grand service public laïque et unifié était crédible au regard des réalités politique du moment. Qui peut prétendre aujourd’hui que cette perspective est réaliste à court ou moyen terme, compte tenu des choix des partis politiques ? Et ce ne sont pas les syndicats qui demandent leur affiliation qui peuvent faire bouger les choses compte tenu de leur très faible représentativité.Or si nous sommes sérieux, un syndicat réellement préoccupé des revendications de ses mandants, doit répondre en terme d’engagement à défendre les conditions de travail des adhérents. De ces réalités découlent un constat : au terme de l’affiliation, la FSU pourrait se trouver interpellée pour défendre un poste dans un établissement concurrent du service public, établissement porteur de valeurs que nous estimons non compatibles avec une mission de service public. L’idée que nous avons du service public n’est pas compatible avec le concept de caractère propre, qu’il soit déterminé par la religion, ou par une forme « d’ethnicisation sociale » qui s’étend aujourd’hui pour sélectionner les élèves accueillis, ou par une préoccupation commerciale. Dans tous les cas on est face à une logique de communautarisme ou « d’évitement social », inacceptable l’un et l’autre. Or, à la lecture des revendications des personnels syndiqués au SNUDEC et au SUNDEP, n’apparaît pas clairement la revendication du passage des établissements dans un service public national et laïque, même s’il est bien reconnu que 90% de l’argent du privé est de l’argent public. Par exemple, quand le SUNDEP revendique « la transparence des négociations avec le ministère de l’Education Nationale, la consultation des personnels sur le projet en cours, le respect de la laïcité, la garantie de l’emploi à temps complet par les autorités publiques… », on est bien dans le cadre maintenu d’un établissement privé à caractère propre. Si ces revendications sont légitimes du point de vue du salarié, on ne voit pas comment elles pourraient être portées par la FSU, sauf à admettre que perdure la concurrence. Nos syndiqués actuels, supportent les distorsions des deux types d’enseignement : contraintes de la carte scolaire pour l’école publique quand le privé peut choisir qui elle accueille, prise en charge des élèves en difficulté rejetés par les établissements privés en cours de parcours et soumis à l’obligation scolaire, contrôle sévère des effectifs de maternelle dans le public, libéralités dans le privé…Cette concurrence déloyale n’est pas, certes, le choix des personnels des deux syndicats concernés. Il n’empêche qu’elle perdurera tant que la Loi Debré et les lois qui ont suivi seront en place. Le syndicalisme que nous portons n’est pas seulement un syndicalisme pour faire progresser les droits individuels de chacun, il est consubstantiel à certaines valeurs de démocratie, d’humanisme, de respect des libertés individuelles et collectives.
La question replacée dans le contexte de la décentralisation et du positionnement sur l’avenir des services publics et de l’Europe :
Le CDFN des 28 et 29 septembre rappelle, à juste titre, à propos du projet de constitution européenne, la conception minimaliste qui y apparaît pour l’avenir des services publics en précisant : « Cette conception est aggravée par l’idée qu’une mission de service public peut être aussi bien assurée par un opérateur privé que publique ». Nous considérons que cette évolution dans la conception des services publics porte effectivement en germe leur disparition. C’est le constat que l’on peut faire en regardant la suppression des bureaux de poste, de services hospitaliers, de certaines lignes de train jugées non rentables… C’est le risque majeur qui apparaît derrière la décentralisation des personnels de l’Education Nationale. La modification du vocabulaire n’est jamais innocente. Le remplacement des services publics par des « services au public », puis des « services d’intérêt généraux », la proposition faite au secteur commercial de prendre en charge cette « mission » (par exemple quand une épicerie vend les timbres de la poste), conduit de fait à faire disparaître le service public, pour la raison simple que le secteur marchand ne prend que ce qui lui rapporte. Au moment où les organisations fédérées au sein de la FSU luttent pour le maintien de ces services publics, les adhérents ne comprendraient pas qu’on se précipite pour syndiquer les personnels d’établissements concurrents. Si demain la SODEXHO, se substitue à des personnels TOS pour assurer la restauration dans un collège ou un lycée à la demande d’une collectivité, prétendant par là même assurer une mission de service public, faudra-il considérer que ses personnels peuvent être syndiqués par la FSU, au sortir des luttes que nous aurons menées ?
La question posée au regard des décisions d’extension des champs de syndicalisation de la FSU :
Sous le prétexte de l’extension des champs de syndicalisation de la FSU certains sont portés à considérer que le terrain est sans bornes et qu’on peut donc tenter toutes les conquêtes possibles. Il serait hautement préjudiciable à la fédération de s’engager sur la voie du « une cotisation, c’est une cotisation… ».
Ce n’est pas la conception qui est sortie selon nous du congrès de Perpignan. Sauf à considérer que nous nous comporterions comme une confédé supplémentaire, mais sans l’avouer.
Qu’on le veuille ou non, on ne peut pas non plus considérer comme négligeable le rapport à l’évolution du syndicalisme dans le monde enseignant, au cours des dernières années. Une réponse à une question aussi complexe, suppose que le débat soit mené avec les adhérents, en prenant le temps d’écouter tout le monde. Qu’on mesure aussi les conséquences inégales sur le territoire, même si nous insistons pour dire que la présence de l’école privée interroge à l’échelle de tout le territoire national, et sans doute de plus en plus dans les zones urbaines de faible implantation traditionnelle du privé.
La demande d’affiliation du SNUDEC et du SUNDEP, pose la question de l’usage de l’argent public. Dire que cette affiliation n’est pas possible dans le contexte du moment, n’exclut pas de poursuivre le débat pour construire un grand service public, national, unifié, laïque, à condition de poser en même temps l’avenir des personnels et des structures.