Les classes moyennes

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Jacquemart » 16 Jan 2008, 23:05

Je ne sais pas si cela répond à ta demande, en tout cas le texte n'est pas très long. Trotsky pose très exactement la question à plusieurs reprises à propos de la situation en France dans les années trente :

Où va la France ?
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Jacquemart
 
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Message par Puig Antich » 16 Jan 2008, 23:07

a écrit :Mais la petite bourgeoisie peut aussi trouver son chef dans la personne du prolétariat. Elle l'a trouvé en Russie, partiellement en Espagne. Elle y tendit en Italie, en Allemagne et en Autriche. Malheureusement les partis du prolétariat ne s'y montrèrent pas à la hauteur de leur tâche historique. Pour gagner la petite bourgeoisie, le prolétariat doit conquérir sa confiance. Il faut pour cela qu'il ait lui-même confiance en sa propre force. Il lui faut un programme d'action clair et une détermination à lutter pour le pouvoir par tous les moyens. Soudé par son parti révolutionnaire, pour une lutte décisive et impitoyable, le prolétariat dit aux paysans et aux petites gens des villes: "Je lutte pour le pouvoir. Voici mon programme: je suis prêt à m'entendre avec vous pour en modifier tel ou tel point. Je n'emploierai la force que contre le grand capital et ses laquais; avec vous, travailleurs, je veux conclure une alliance sur la base d'un programme donné." Un tel langage, le paysan le comprendra. Il suffit qu'il ait confiance dans la capacité du prolétariat de s'emparer du pouvoir. Mais il faut pour cela épurer le Front unique de toute équivoque, de toute indécision, de toutes les phrases creuses : il faut comprendre la situation et se mettre sérieusement sur la voie de la lutte révolutionnaire.


Il est fort ce Trotsky. Où va la France en particulier est un chef d'oeuvre :smile: Il eût fallu l'éditer sous forme de "petit livre rouge" !


Tiens au fait ...

a écrit :UNE ALLIANCE AVEC LES RADICAUX SERAIT UNE ALLIANCE CONTRE LES CLASSES MOYENNES.


:whistling_notes:
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Message par Puig Antich » 16 Jan 2008, 23:09

Tiens, je vais relire Ou va la France pour combler mon désoeuvrement de ce soir :smile:
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Message par Bello » 16 Jan 2008, 23:25

Les copains, il faut relire sans doute plein de choses, mais il faut aussi 'analyser la société que nous avons actuellement en 2008. Ce n'est pas si simple que cela, d'accord, il y a des ouvriers, des petits bourgeois et des capitalistes, mais en quel proportion, redéfinir sérieusement ceterme de petit bourgeois. Une infirmière, un cadre à temps partiel et mal payé, etc...Ce qui manque séeieusement aujourd'hui c'est une analyse un peu plus fine de la société. Le travail à temps partiel qui touche même les petits bourgeois, les millions de précaires, c'est quoi des ouvriers etc...Trostky c'est bien mais il faut le replacer dans son contexte.
Bello
 
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Message par Ottokar » 17 Jan 2008, 07:49

comme d'habitude, Bello pose des questions sans apporter de réponses. Moi je n'en discute pas, cela n'a aucun intérêt, sauf à discuter de sous-entendus.
a écrit :Ce qui manque séeieusement aujourd'hui c'est une analyse un peu plus fine de la société
Je t'en prie, livre-la nous, nous qui sommes sans doute trop grossiers. Alleluila, Marx est ressuscité !
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Message par jb_ » 17 Jan 2008, 10:41

Si je peux me permettre une remarque/question, il serait bon - je crois - de définir clairement la "classe moyenne". Assimiler la classe moyenne à la petite bourgeoisie est peut-être un raccourcis un peu rapide ?
Pour moi, la petite bourgeoisie correspond aux artisans et aux "petits patrons" (encore un terme bien vague ...).
Certes, la petite bourgeoisie est un sous-ensemble de la "classe moyenne" mais que fait-on du "prolétariat embourgeoisé" ?
C'est un de mes néologisme qui désigne surtout les cadres et tous les salariés aisés.

Si l'on considère que la classe moyenne est fomée de ces deux entités, je dirais qu'il est difficile de réaliser un programme qui convienne à tous les intéressés. Le prolétariat embourgeoisé étant totalement acquis à la bourgeoisie - je dirais même qu'il croit y appartenir - il sera impossible de mettre en mouvement cette partie de la population. Pour la petite bourgeoisie, la question est beaucoup plus complexe et je ne prétends pas y apporter une réponse ...

C'était mon premier post sur le forum, j'espère qu'il ne sera pas totalement inutile ;) . Il contient peut-être des erreurs théorico-historique, si c'est le cas, je suis évidemment près à continuer le débat.
jb_
 
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Message par Vérié » 17 Jan 2008, 11:26

(jb_ @ jeudi 17 janvier 2008 à 10:41 a écrit : Si je peux me permettre une remarque/question, il serait bon - je crois - de définir clairement la "classe moyenne". Assimiler la classe moyenne à la petite bourgeoisie est peut-être un raccourcis un peu rapide ?

Les "classes moyennes", ce n'est pas un concept marxiste. C'est une notion fourre-tout de sociologues, d'économistes et de journalistes bourgeois. Cette notion floue présente pour eux l'avantage de masquer les véritables différenciations de classe.
Par exemple, en ce qui concerne les pays du tiers-monde, ces gens-là parlent volontiers de "classe moyenne" pour désigner la bourgeoise, petite, moyenne et grande.

La notion de moyenne ne veut en effet pas dire grand chose. Si on prend par exemple comme critère le salaire (ou le revenu pour les non salariés), on voit bien ce caractère fourre-tout. Un ouvrier professionnel peut gagner davantage qu'un petit commerçant ou qu'un intellectuel précaire, il n'appartient pourtant pas à la
même classe sociale.

Ce qui permet de définir les classes sociales, d'un point de vue marxiste, ce sont d'une part les rapports de propriété et la place dans les rapports de production.
Les rapports de propriété sont simples : il y a ceux qui possèdent leurs moyens de production (bourgeois petits et grands) et ceux qui n'ont que leur force de travail à vendre.

La place dans les rapports de production est plus complexe. (Il y a déjà un fil sur le sujet dans les tribunes libres.) En effet, toute une petite bourgeoisie salariée s'est développée au cours des dernières décennies et elle remplace en grande partie la petite bourgeoisie traditionnelle de propriétaires de champs, de boutiques et d'ateliers d'artisans, en voie de disparition. Cette petite bourgeoisie salariée est composée de cadres, de directeurs, de commerciaux etc, dont les plus haut placés se rattachent même à la bourgeoisie. La frontière entre cette petite bourgeoisie salariée et le prolétariat n'est certes pas toujours facile à déterminer. Mais on peut considérer que tous ceux qui organisent, dirigent, élaborent se distinguent de ceux qui exécutent. Un directeur de Carrefour salarié se rattache à la petite bourgeoisie, une caissière du même magasin au prolétariat.

Quant aux "prolétaires embourgeoisés qui croient appartenir à la bourgeoisie", ce n'est pas ces illusions qui déterminent leur appartenance de classe. La classe ouvrière, comme la petite bourgeoisie, n'est pas homogène. Elle est divisée en couches, catégories et sous-catégories. Néanmoins, les interets fondamentaux de toutes ces catégories sont les mêmes, du moins d'un point de vue historique ; alors que les privilèges des catégories bourgeoises et petites bourgeoises sont davantage liées au système capitaliste - bien que beaucoup d'entre elles pourraient
sasn doute bénéficier d'une vie meilleure dans une société socialiste. En tout cas les bourgeois et petits bourgeois ont en commun d'avoir des biens et/ou des privilèges à perdre, ce qui n'est pas le cas du prolétariat, même de son aristocratie. (Même cette notion d'aristocratie ouvrière est à nuancer et à manier avec prudence, car les différentes catégories de travailleurs ne sont certainement plus les mêmes qu'en 1914...)
Vérié
 
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Message par Ottokar » 17 Jan 2008, 11:26

Désolé, je n'ai pas le temps de te répondre comme ta remarque le mériterait mais d'autres le feront. Bienvenue en tout cas !

édit : grillé par Vérié, l'homme qui dégaine son post plus vite que son ombre... :D
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Message par jb_ » 17 Jan 2008, 11:48

Y'a pas de mal Ottokar :smile: .

Merci pour ta réponse Vérié, la "classe moyenne" est bien un concept fourre-tout comme je le pensais. Si l'on définit strictement des classes (grâce aux rapports de propriété), il ne peut y avoir que des deux classes : prolétariat & bourgeoisie.
Il y a évidemment un grand nombre de sous-classes.
Dans une partie de la brochure "Où va la France ?" de Trotsky, il assimile la petite bourgeoisie au concept de "classe moyenne". Personnellement, j'ai l'impression que c'est une sorte de "méta-classe", elle est composée de personnes qui n'ont pas fait de choix et qui pourtant, par leur situation dans les rapports de propriété, appartiennent forcement à une des deux classes principales.
Autant je comprends la définition bourgeoise du terme (des personnes ayant un salaire entre X et Y, même si ça n'a guère de sens) mais d'un point de vue marxiste, la petite bourgeoisie n'existe pas vraiment. Les éléments de la petite bourgeoisie rejoignent forcement - tôt ou tard - un des deux camps. La petite bourgeoisie serait alors composée d'éléments "de passage" ? Ce serait une sorte de classe de transition pour une partie de la population ?

EDIT : C'est la folie des posts à la même minute !
jb_
 
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