Je ne sais pas si cela répond à ta demande, en tout cas le texte n'est pas très long. Trotsky pose très exactement la question à plusieurs reprises à propos de la situation en France dans les années trente :
Où va la France ?
a écrit :Mais la petite bourgeoisie peut aussi trouver son chef dans la personne du prolétariat. Elle l'a trouvé en Russie, partiellement en Espagne. Elle y tendit en Italie, en Allemagne et en Autriche. Malheureusement les partis du prolétariat ne s'y montrèrent pas à la hauteur de leur tâche historique. Pour gagner la petite bourgeoisie, le prolétariat doit conquérir sa confiance. Il faut pour cela qu'il ait lui-même confiance en sa propre force. Il lui faut un programme d'action clair et une détermination à lutter pour le pouvoir par tous les moyens. Soudé par son parti révolutionnaire, pour une lutte décisive et impitoyable, le prolétariat dit aux paysans et aux petites gens des villes: "Je lutte pour le pouvoir. Voici mon programme: je suis prêt à m'entendre avec vous pour en modifier tel ou tel point. Je n'emploierai la force que contre le grand capital et ses laquais; avec vous, travailleurs, je veux conclure une alliance sur la base d'un programme donné." Un tel langage, le paysan le comprendra. Il suffit qu'il ait confiance dans la capacité du prolétariat de s'emparer du pouvoir. Mais il faut pour cela épurer le Front unique de toute équivoque, de toute indécision, de toutes les phrases creuses : il faut comprendre la situation et se mettre sérieusement sur la voie de la lutte révolutionnaire.
a écrit :UNE ALLIANCE AVEC LES RADICAUX SERAIT UNE ALLIANCE CONTRE LES CLASSES MOYENNES.
Je t'en prie, livre-la nous, nous qui sommes sans doute trop grossiers. Alleluila, Marx est ressuscité !a écrit :Ce qui manque séeieusement aujourd'hui c'est une analyse un peu plus fine de la société
(jb_ @ jeudi 17 janvier 2008 à 10:41 a écrit : Si je peux me permettre une remarque/question, il serait bon - je crois - de définir clairement la "classe moyenne". Assimiler la classe moyenne à la petite bourgeoisie est peut-être un raccourcis un peu rapide ?
Les "classes moyennes", ce n'est pas un concept marxiste. C'est une notion fourre-tout de sociologues, d'économistes et de journalistes bourgeois. Cette notion floue présente pour eux l'avantage de masquer les véritables différenciations de classe.
Par exemple, en ce qui concerne les pays du tiers-monde, ces gens-là parlent volontiers de "classe moyenne" pour désigner la bourgeoise, petite, moyenne et grande.
La notion de moyenne ne veut en effet pas dire grand chose. Si on prend par exemple comme critère le salaire (ou le revenu pour les non salariés), on voit bien ce caractère fourre-tout. Un ouvrier professionnel peut gagner davantage qu'un petit commerçant ou qu'un intellectuel précaire, il n'appartient pourtant pas à la
même classe sociale.
Ce qui permet de définir les classes sociales, d'un point de vue marxiste, ce sont d'une part les rapports de propriété et la place dans les rapports de production.
Les rapports de propriété sont simples : il y a ceux qui possèdent leurs moyens de production (bourgeois petits et grands) et ceux qui n'ont que leur force de travail à vendre.
La place dans les rapports de production est plus complexe. (Il y a déjà un fil sur le sujet dans les tribunes libres.) En effet, toute une petite bourgeoisie salariée s'est développée au cours des dernières décennies et elle remplace en grande partie la petite bourgeoisie traditionnelle de propriétaires de champs, de boutiques et d'ateliers d'artisans, en voie de disparition. Cette petite bourgeoisie salariée est composée de cadres, de directeurs, de commerciaux etc, dont les plus haut placés se rattachent même à la bourgeoisie. La frontière entre cette petite bourgeoisie salariée et le prolétariat n'est certes pas toujours facile à déterminer. Mais on peut considérer que tous ceux qui organisent, dirigent, élaborent se distinguent de ceux qui exécutent. Un directeur de Carrefour salarié se rattache à la petite bourgeoisie, une caissière du même magasin au prolétariat.
Quant aux "prolétaires embourgeoisés qui croient appartenir à la bourgeoisie", ce n'est pas ces illusions qui déterminent leur appartenance de classe. La classe ouvrière, comme la petite bourgeoisie, n'est pas homogène. Elle est divisée en couches, catégories et sous-catégories. Néanmoins, les interets fondamentaux de toutes ces catégories sont les mêmes, du moins d'un point de vue historique ; alors que les privilèges des catégories bourgeoises et petites bourgeoises sont davantage liées au système capitaliste - bien que beaucoup d'entre elles pourraient
sasn doute bénéficier d'une vie meilleure dans une société socialiste. En tout cas les bourgeois et petits bourgeois ont en commun d'avoir des biens et/ou des privilèges à perdre, ce qui n'est pas le cas du prolétariat, même de son aristocratie. (Même cette notion d'aristocratie ouvrière est à nuancer et à manier avec prudence, car les différentes catégories de travailleurs ne sont certainement plus les mêmes qu'en 1914...)
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