Avant de répondre, lisons un peu Trotsky :
(Lettre à Jules Guesde @ 11 octobre 1916 a écrit :
Toute une nouvelle génération de la jeunesse ouvrière française, de nouveaux millions de travailleurs éveillés moralement pour la première fois par les foudres de la guerre, n'apprennent que ce que veut bien leur en dire le livre jaune de MM. Delcassé, Poincaré, Briand. Devant ce nouvel Evangile des peuples, vous, vieux chef du prolétariat, vous êtes tombé à genoux et vous avez renié tout ce que vous avez appris et enseigné à l'école de la lutte de classes.
Le socialisme français, avec son passé inépuisable, sa magnifique phalange de penseurs, de lutteurs et de martyrs, trouve enfin - quelle chute et quelle honte ! - un Renaudel pour traduire au jour le jour, à l'époque la plus tragique de l'histoire, les hautes pensées du livre jaune en une langue de la presse de même couleur.
Le socialisme de Babeuf, de Saint-Simon, de Fourier, de Blanqui, de la Commune, de Jaurès et de Jules Guesde - oui, de Jules Guesde aussi ! - trouva enfin son Albert Thomas, pour délibérer avec Romanoff sur les plus sûrs moyens de s'emparer de Constantinople ; son Marcel Sembat pour promener son je m'en fichisme de dilettante au-dessus des cadavres et des ruines de la civilisation française ; et son Jules Guesde pour suivre, lui aussi, le char du triomphateur Briand.
Et vous avez cru, vous avez espéré que le prolétariat français qui, dans cette guerre sans idée et sans issue, est saigné à blanc par le crime des classes dirigeantes, supportera silencieusement jusqu'au bout ce pacte honteux passé entre le socialisme officiel et ses pires ennemis. Vous vous êtes trompé. Une opposition surgit. En dépit de l'état de siège et des fureurs du nationalisme qui, sous des formes diverses : royaliste, radical ou socialiste, conserve sa substance capitaliste toujours la même, l'opposition révolutionnaire avance pas à pas et gagne chaque jour du terrain.
"Notre Parole", journal que vous avez étranglé, vivait et respirait dans l'atmosphère du socialisme français qui se réveillait. Arraché du sol russe par la volonté de la contre-révolution, triomphante grâce au concours de la Bourse française - que vous, Jules Guesde, servez actuellement - le groupe de "Notre Parole" était heureux de refléter, même aussi incomplètement que nous le permettait votre censure, la voix de la section française de la nouvelle Internationale, surgissant au milieu des horreurs de la guerre fratricide.
[...]
Expulsé par vous, je quitte la France avec une foi profonde dans notre triomphe. Par-dessus votre tête, j'envoie un salut fraternel au prolétariat français qui s'éveille aux grandes destinées. Sans vous et contre vous, vive la France socialiste !
Et lisons aussi sa femme, Natalia :
a écrit :
C’est en 1927 que Trotski, dans une réponse à une question déloyale qu'on lui posa au Bureau politique, exprima ses positions comme suit : Pour la patrie socialiste, oui ! Pour le régime stalinien, non ! C’était en 1927 ! Aujourd’hui, vingt-trois ans après, Staline n’a rien laissé de la patrie socialiste. Elle a été remplacée par l’asservissement et la dégradation du peuple par l’autocratie stalinienne. C’est cet État que vous vous proposez de défendre dans la guerre, que vous défendez déjà en Corse. Je sais très bien que vous dites souvent que vous critiquez le stalinisme et que vous le combattez. Mais le fait est que votre critique et votre lutte perdent leur valeur et ne peuvent donner de résultats parce qu’elles sont déterminées par votre position de la défense de l'État stalinien et subordonnées à celle-ci. Quiconque défend ce régime d’oppression barbare, abandonne, indépendamment de ses motifs, les principes du socialisme et de l’internationalisme.
(Source :
http://www.marxists.org/francais/4int/urss/natalia.htm)
(logan @ le mercredi 2 juin 2004 à 12:52 a écrit :
C'est au nom de la patrie que les travailleurs sont allés à la boucherie de 1914
"Les prolétaires n'ont pas de patrie" comme disait Marx dans le manifeste.
Ce sont les bourgeois qui en ont une.
Jaurès a été assassiné pour la patrie alors ? Les bourgeois ont fondé l'UE et l'ONU par patriotisme ? Ils délocalisent aussi par patriotisme ? Vont dans les paradis fiscaux par patriotisme ? Vont se prendre des vacances à l'étranger par patriotisme ?
(Nadia @ mercredi 2 juin 2004 à 15:11 a écrit :
Maël, en général, ceux qui parlent le plus de "patrie", ils ont un discours très nationaliste. Je suis d'accord, ya plusieurs nationalismes (= "patriotismes" par euphémisme ou sentimentalisme), mais aucun d'eux n'est ma tasse de thé.
Quant à faire une pétition, je n'en vois pas trop l'intérêt. Eventuellement, tu organises une bande pour attaquer ce groupe raciste et gagner la bataille, et fini, ou alors tu fais comme la plupart : rien. Tu peux aussi organiser un autre centre d'accueil pour SDF. Mais en gros, ce n'est pas la peine de faire une montagne d'une dixaine de militants qui nourrissent une vingtaine de SDF. C'est peanuts dans notre société.
Pourquoi n'a-t-on eu qu'une poignée de Zimmerwaldien-ne-s alors tandis que la majorité des auto-proclamés "internationalistes" ont trahi leurs idéaux (comme Jules Guesde) ?
Pourquoi aller attaquer cette bande dangereuse, protégée par les policier-e-s, ce qui est encore plus dangereux, et risquer sa vie ?
Pourquoi tomber dans le défaitisme et ne rien faire (ou "faire rien" comme tu veux) ?
Pourquoi gaspiller son énergie militante en créant un autre point de distribution de nourriture pour les SDF (je ne suis pas contre, mais j'ai autre chose à faire), ce qui ne règleras rien vu que l'autre centre tournera toujours comme la misère est immense ?
Pourquoi dire que cette bande, c'est "peanuts" et soutenir dans le même temps, comme l'a fait et pratiqué Lénine, qu'une poignée de militant-e-s révolutionnaires peut jouer un grand rôle ? Une attaque contre un est une attaque contre tous. Une atteinte à la liberté, à l'égalité, à la fraternité contre une personne, est une atteinte à la liberté, à l'égalité et à la fraternité pour toute la société.