par Puig Antich » 19 Mai 2006, 13:20
Interluttant tu réfléchis dans l'abstrait. Bien évidemment que dans tout scrutin bourgeois dont s'emparent les travailleurs, il y a une part d'illusion ; et que si le prolétariat était trés conscient et organisé il n'aurait pas besoin d'avant-garde révolutionnaire pour s'engager dans la grève générale insurrectionnelle immédiatement.
Mais la réalité concrète est différente de la théorie. On part de cette gauche-là dans cette société-ci, avec un gouvernement particulier et une histoire particulière. A un moment X, la plupart des militants de gauche, suivant un mouvement qui comporte une part d'illusion et une part de volonté de combat, ont embrayé une campagne sur le NON. Ils l'ont gagné, et ont vécu ça, à juste titre dans une certaine mesure, comme une victoire partielle face au gouvernement et tout à la fois face à ce qu'ils appellent, pour la plupart, l' "idéologie libérale".
Hé bien, si ils avaient perdu, un autre rapport se serait créé. Ce n'est plus la base, mais la direction de la CGT qui aurait été contente, elle aurait pu poursuivre plus facilement son offensive contre les secteurs "lutte de classe" dans le syndicat. Dans le PS et ceux qui s'y retrouvent, ç'aurait été les éléments qui défendent le plus ouvertement la société capitaliste qui aurait tenu le haut du pavé, et ce se serait traduit par exemple par une démoralisation, dans une organisation comme l'UNEF qui a joué tout de même son rôle dans la mobilisation contre le C.P.E.
Le gouvernement aurait été bien content, et sûr de son emprise sur la société il aurait continué son offensive, peut-être encore plus vite que ce qu'il a fait.
Mais de même que pour le référendum, l'abrogation du C.P.E. ne met pas un coup d'arrêt à la bourgeoisie, qui doit avancer. On a juste un nouveau point d'appui, et de taille, en terme de conscience et d'organisation, etc.
Tout celà est bien dérisoire de notre point de vue de révolutionnaires internationalistes qui voulons la destruction de la société capitaliste, mais le problème c'est que pour l'instant tout celà constitue à la fois les limites et les points d'appui réels sur lesquels s'appuient, à juste titre ou non, les militants et les organisations telles qu'ils existent, et pas tels qu'il faudrait qu'ils soient si il y avait un parti révolutionnaire de masse et une situation pré-insurrectionnelle....
Voilà... Aprés c'est pas une raison pour ressortir le 29 mai à toutes les sauces comme une formidable victoire populaire etc., comme le font le PC et la LCR.