a écrit :Sur tout ceci il y a contradiction logique;
On ne peut pas dire qu'en 1924 la "bureaucratie" avait débarquée "l'opposition de gauche"...
et dire juste après qu'en 1939 la purge de la bureaucratie s'est attaqué "aux vieux bolchéviques".
Ou les "vieux bolchéviques" avaient rejoint les rangs de la "bureaucratie" (et par la cessé d'être des communistes de gauche) ou l'affirmation est absurde.
Déjà, pour certains, la "promotion Lénine" (1924) sentait le souffre...comment faire donc pour la transformer en "vieux bolchévique" persécutée en 1939 par Staline...
La lutte et la liquidation des trotskystes je veux bien, et cela est bien une lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie (la bureaucratie petite-bourgeoise); mais la liquidation des cadres bureaucrates en 1939 c'est une mesure destinée à lutter contre la corruption au sein même de la bureaucratie.
Cela ne sert à rien de tout mélanger.
Il n'y a pas de contradiction : en 1924 l'opposition de gauche a été marginalisée au sein de l'appareil ses membres n'ont pas été liquidés physiquement. Nombre de ses partisans capitulèrent par la suite devant Staline (on peut citer parmi les plus connus Radek ou Préobrajensky, mais il y en avait beaucoup d'autres parmi les cadres intermédiaires. D'autre part nombre des partisans de Staline à ce moment pouvaient tout à fait se targuer du titre de "vieux bolchevik", à commencer par Staline lui-même. Bref c'est pour ça que je dis qu'en 1924 dans la bureaucratie il y a pas mal de personnel tsariste qui survit, côte à côte avec des communistes plus ou moins solides. (je n'ai pas parlé de l'opposition de gauche tu confonds peut-être avec quelqu'un d'autre).
En tout cas, qu'il s'agisse de staliniens de la première heure ou de capitulards, c'est un fait qu'il y a encore pas mal de vieux bolcheviks dans l'appareil en 1934 et jusqu'aux grandes purges de 37-38.
Là encore on peut citer des tas de noms connus : Boukharine, Zinoviev, etc. et là encore il y a des tas de moins connus derrière. Après 37-38 en revanche on peut dire que la génération qui a fait la révolution est anéantie dans l'appareil.
Broué :
a écrit : L'établissement d'une liste complète des militants et dirigeants bolcheviques, cadres de la révolution et de l'Etat soviétique du temps de Lénine, exécutés pendant la grande terreur est une tâche irréalisable aujourd'hui. Une simple énumération, pourtant, s'impose, en soi déjà terriblement significative. Les plus connus des vieux-bolcheviks, Zinoviev, Kamenev, Boukharine, ont disparu, exécutés après leurs procès : ils étaient, avec Staline et Trotsky, les survivants du bureau politique du temps de Lénine. Nous avons vu que les condamnés des grands procès étaient parmi les hommes les plus représentatifs de la vieille garde bolchevique : Bakaiev dirigeait la Tcheka, Racovski Ivan Smirnov, Sérébriakov, Piatakov étaient membres du comité central pendant la guerre civile et tous les hommes cités par le testament de Lénine, sauf Staline et Trotsky ont été exécutés, comme traîtres. En ce qui concerne les hommes qui ont disparu en prison, Jugés « à huis-clos » ou abattus sans procès, nous nous contenterons d'énumérer les noms des principaux bolcheviks cités au cours de ce travail les ex-« trotskystes » Smilga, Préobrajenski, Beloborodov, Sapronov, V. Kossior, V. Ivanov, Sosnovski, Kotzioubinski, les ex-« zinovievistes » Kaïourov, Safarov, Vardine, Zaloutski, Koukline, Vouyovitch, les anciens de lopposition ouvrière Chliapnikov et Medvedev, les anciens « droitiers » Ouglanov, Rioutine, Slepkov, Schmidt, Maretski, Eichenwald, les anciens opposants à des dates diverses, Riazanov, Milioutine, Lomov, Krylenko, Téodorovitch, Syrtsov, Lominadzé, Chatskine, Tchapline: au même titre que des hommes qui, depuis le début, avaient été les « compagnons d'armes », de Staline, les S. Kossior, Roudzoutak, Postychev, Tchoubar, Eikhe, Solts, Gamrnik, Ounschlicht, Mejlauk, Goussev, les survivants de l'époque pré-bolchevique Steklov et Nevski, l'ancien président de la Société des vieux-bolcheviks. Avec eux disparaissent les membres de leurs familles : le deuxième fils de Trotsky, Serge Sédov, pourtant apolitique, ses deux gendres, anciens de la guerre civile, Man-Nevelson et Platon Volkov, sa première femme Alexandra Bronstein, les femmes de Kamenev, Toukhatchevski, leurs sœurs, la fille de Boukharine, la femme de Solntsev, la femme et l'enfant de Joffé.
Les militants disparaissent par pans entiers : ainsi, d'un seul coup, tous les communistes russes, techniciens ou diplomates ayant joué un rôle en Espagne, Antonov-Ovseenko comme Rosenberg, le général Berzine et Stachevskl comme Michel Koltsov, l'envoyé spécial de la Pravda. Presque tous les communistes étrangers réfugiés à Moscou sont frappés. Ainsi disparaîtront les Allemands Heinz Neumann, Remmele, Fritz Heckert, vétéran spartakiste, le spécialiste des questions militaires Kiepenberger, et d'autres noms connus, toute la vieille garde du parti communiste polonais, Warski, l'ami de Rosa Luxembourg, Wera Kostrzewa, déjà citée, Lenski et Bronski, combattants de la révolution russe, les Hongrois dont la liste s'allonge aujourd'hui à la fin des œuvres rééditées de Béla Kun: et d'abord Béla Kun lui-même. Dans son rapport au comité central de la ligue des communistes de Yougoslavie, le 19 avril 1959, Tito parlera de « plus de cent communistes authentiques [ ... ] qui trouvèrent la mort dans les prisons et les camps de Staline » : encore, seul survivant ou presque d'une purge qui l'amena à succéder, à la tête du parti communiste yougoslave à Gorkitch, exécuté sans procès, dose-t-il soigneusement ses réhabilitations, taisant jusqu'au nom de Voya Vouyovitch, dans la liste des militants exécutés.
(...)
Un rapport au XVIII° congrès révèle qu'en 1938 31 % des membres des comités locaux, 41 % des membres de comités de districts, 60 % des membres des comités régionaux sont élus pour la première fois. Sur 333 secrétaires du parti des Républiques et des régions, 80,5 % ont adhéré au parti après la mort de Lénine, 91 % ont moins de quarante ans et n'ont pas vécu 1917 ni la guerre civile en militants communistes. Sur les 10 902 secrétaires des comités de district et locaux, 92 % ont moins de quarante ans, 93,5 % ont adhéré après 1924. Staline déclare avec satisfaction que, pendant les trais années de purge, 500 000 « jeunes bolcheviks » ont été promus à des postes responsables [7]. En fait, le parti a été entièrement renouvelé par cette effusion de sang, suivie d'une transfusion. La génération révolutionnaire a été exterminée.