(Nadia @ jeudi 18 novembre 2004 à 13:55 a écrit :Tiens, là, je suis parfaitement d'accord avec le canard :roll: . Il a l'air très bien, ce Seralini. Moi aussi je m'inquiète de l'usage intensif des pesticides au détriment de la santé des populations.
(canardos @ jeudi 18 novembre 2004 à 13:43 a écrit : j'en reviens à Seralini que justedepassage a cité plus haut.
Seralini va beaucoup moins loin que justedepassage. il souhaite un moratoire sur la commercialisation des ogm, pas un moratoiresur l'experimentation, les tests et les essais en champs.! Au contraire!
...
a écrit :Caen, le 26 mai 1999
CONTRIBUTION PERSONNELLE AU RAPPORT ANNUEL 1998 DE LA CGB
Préambule
Le but de bon nombre de scientifiques est de continuer à faire évoluer la réglementation et les contrôles des OGM, afin de les adapter au rythme soutenu du développement des biotechnologies.
Quasiment toutes les plantes d’intérêt agroalimentaire ont leur variété transgénique en essai ou en commercialisation de par le monde. Les microorganismes, les poissons, les arbres et les animaux de ferme transgéniques étant aussi réalisés, c’est le marché mondial de l’alimentation et de l’agriculture, mais aussi des médicaments, qui se trouve concerné. En corollaire, la prise de brevets sur le vivant explique une précipitation certaine des importations, ou des cultures autorisées, avant la loi sur l’étiquetage, par exemple.
Je suis de ceux qui pensent que les contrôles actuels sont très insuffisants pour prévenir sérieusement les risques environnementaux et de santé publique. Puisqu’il est admis par tous que le risque zéro n’existe pas, il est d’autant plus important de cerner les risques par des études de toxicité à long terme avant la mise sur le marché, et par l’identification précise d’une filière OGM, afin de pouvoir retirer des lots en cas d’effets indésirables sur la santé. Il apparaît impossible de penser qu’une technique aussi puissante, pouvant altérer de manière imprévisible le fonctionnement des gènes de l’organisme receveur, ne recèle jamais aucun risque grave.
Au contraire des aliments traditionnels, nous n’avons pas de recul dans l’utilisation des OGM en alimentation industrielle, et leur dissémination sur des dizaines de millions d’hectares de la planète, couplée à la puissance de diffusion du marché international, s’accomplit à une vitesse inégalée dans l’histoire de la transformation permanente de l’agriculture. A cause de la prédominance fort discutable d’un principe d’équivalence en substance, les OGM ne sont, en règle générale, pas du tout évalués quant à leur toxicité chronique potentielle, dont le bien fondé divise les scientifiques.
Quelles expériences commander avant de juger un OGM ou ses produits dérivés bons pour les rayons de supermarchés ? Faut-il avoir une vision minimaliste, c’est-à-dire se contenter d’une équivalence en substance, sous prétexte que les gènes ont toujours été mélangés, et l’alimentation toujours manipulée dans l’histoire, ou faut-il procéder rigoureusement en laboratoire comme pour l’évaluation des médicaments ? Peut-on se priver au moins momentanément d’un développement technique, peut-être profitable à une certaine agriculture industrielle, le temps de faire tous ces contrôles ?
En effet, les OGM d’aujourd’hui ont intégré artificiellement des séquences de gènes de résistance à des antibiotiques, ou de gènes de virus, parce que l’utilisation de ces techniques est plus facile et plus rapide au laboratoire. Les résidus technologiques de ce type dans la plante modifiée sont inutiles au niveau agronomique, et dépassés sur le plan scientifique. Peut-on se passer de l’évaluation de leur toxicité sur la santé, sous prétexte, comme le disent certains, que ces séquences sont déjà présentes quelque part dans l’environnement ? Fonce-t-on dans un brouillard dont on estime mal la densité, sous prétexte que quelqu’un dans le bus a une bonne raison d’être pressé ?
Où s’arrête l’évaluation scientifique pour ne pas retarder ou peser sur les intérêts d’un industriel, ne pas différer l’essai en serre avec un végétal qui doit être planté librement au printemps ? Je préfère toujours la précaution, l’avantage général, à l’intérêt particulier, surtout dans un contexte où l’OGM n’offre aucun avantage à l’utilisateur final, qu’est le consommateur. De plus, l’OGM s’impose sans identification claire.
La thérapie génique par des OGM microbiens ou cellulaires est réservée à une infime minorité de patients consentants, elle est encore à l’expérimentation, et rigoureusement encadrée sur le plan médical. Elle est donc loin de poser avec la même ampleur les problèmes rencontrés dans l’alimentation modifiée, destinée à des consommateurs non informés et souvent non consentants de tous les âges, et dans divers états physiologiques et pathologiques.
Il est clair que la plupart des OGM agricoles d’aujourd’hui sont des brouillons du point de vue de la génétique moléculaire, mal faits, construits comme nous l’avons indiqué avec des gènes marqueurs agronomiquement inutiles, et parfois porteurs en plus de séquences non géniques dites de vecteurs d’ADN. Ainsi le premier maïs transgénique commercialisé en France est un exemple frappant : il relève d’une technologie dépassée. Ensuite, il a été mal évalué : il s’agit d’une plante conçue pour avoir des propriétés d’insecticide, et il n’a pas été testé selon les procédures appliquées à un insecticide courant. Enfin, il est mal suivi dans la chaîne alimentaire, donc ses produits sont mal ou pas étiquetés dans le commerce, malgré un loi récente. Il est, pour moi chercheur en biologie moléculaire, le plus mauvais service qui ait été rendu aux OGM. Je dis, notamment pour ces raisons, que la phase qui a précédé la mise sur le marché de ce maïs a été conçue avec beaucoup moins de rigueur conceptuelle et pratique que celle exigée pour une recherche de laboratoire, que son évaluation critique s’est située très en deçà de ce que requiert une publication scientifique courante.
Je souhaite continuer les évaluations sans manque de rigueur. Car ce phénomène est excessivement grave, le sujet ayant plus d’impact sur la population qu’une publication de plus. Il convient de préciser que les auteurs scientifiques ne choisissent d’ailleurs pas leurs expert-évaluateurs, au contraire de la pratique des industriels pétitionnaires. Ceux-ci indiquent un critique extérieur parmi trois personnes proposées par le secrétariat de la CGB, cette personne est ensuite la seule à être rémunérée pour cela, et les membres de la CGB ne sont pas consultés sur ce choix.
Un jour, les présidents et membres de commissions devront répondre publiquement de la qualité scientifique des dossiers pour lesquels ils donnent un avis favorable de dissémination. Si l’on diffusait sur Internet des évaluations de toxicologie des OGM qui ont donné lieu à des avis pour commercialisation en Europe, la communauté scientifique aurait des sourires aigres face aux trois vaches ou aux dix rats traités pour lesquels on nous présente des expérimentations incomplètes et à court terme. Tout cela doit évoluer, vite, fort, et bien, et pour le permettre vraiment, je crois qu'il faut un moratoire général à la commercialisation ; ce sera là le vrai progrès, surtout s’il est soumis à un avis des citoyens. Car de nos jours, nous ne pouvons plus croire que tout développement
technique constitue mécaniquement un progrès pour l’humanité.
REMARQUES DETAILLEES ET PROPOSITIONS
Fonctionnement général
(1) En 1998, les remboursements de déplacements des membres de la CGB ont tardé plusieurs mois.
L’association qui remboursait ces frais datait du fonctionnement présidé par A. Kahn. Aujourd’hui, cela est un peu amélioré. Cependant, ces avances mensuelles de frais faites par les membres non parisiens de la CGB, ajoutées à l’absence de décharge de service d’enseignement à l’Université (lorsque l’expert a une charge d’enseignement, d’administration, et de recherche par ailleurs), constituent des difficultés. L’expertise sérieuse, la plus complète possible, et contradictoire des nombreux dossiers de la CGB, et les réunions, peuvent occuper plusieurs centaines d’heures par an. Cela ajouté aux charges précitées qui ne s’allègent pas, favorise les membres de la CGB pour lesquels le développement des OGM fait partie de leur métier. Je propose donc de décharger au moins partiellement les enseignants-chercheurs de leur service d’enseignement universitaire, lorsqu’ils sont nommés à une commission gouvernementale de ce type.
(2) En 1998, il est arrivé plusieurs fois que l’on reçoive les dossiers à expertiser quelques jours seulement avant la date de la réunion. Aujourd’hui, cela est amélioré et le temps de lecture porté sur notre demande à deux ou trois semaines en général. C’est toujours peu pour une expertise de la bibliographie, par exemple, de lourds dossiers de plusieurs centaines de pages en partie C, avant commercialisation. Cela ne favorise pas non plus une expertise indépendante contradictoire, même si c’est la réglementation des OGM et non le secrétariat de la commission qui est responsable de cesdélais trop courts.
(3) L’organisation de la réunion conjointe CGG-CGB sur les gènes marqueurs de résistance aux antibiotiques n’a pas été satisfaisante. Lorsque le Secrétariat de la CGB m’a averti que j’avais été nommé dans le Comité de Pilotage avec M. COURVALIN, les présidents des commissions respectives, M. ZALTA et M. FELLOUS, avaient déjà convenu d’une date pour la réunion finale et d’une première liste d’intervenants. M. COURVALIN et moi-même nous sommes alors retirés de ce comité. Il n’était pas possible d’envisager sereinement dans ces conditions une réunion
contradictoire sans pouvoir vérifier la disponibilité d’experts que nous connaissions, dont nous aurions établi la liste au préalable tous ensemble au Comité de Pilotage. La façon de faire a été pour le moins forcée. Il n’était pas envisageable non plus à mon sens d’isoler le point de vue de M. COURVALIN, qui se trouve de fait majoritaire dans la communauté scientifique internationale de la spécialité. Les conclusions d’une telle réunion ne peuvent donc être que partielles voire partiales.
(4) La qualité scientifique des dossiers en parties B et C des OGM agricoles est en général très pauvre. Il n’y a en général peu ou pas de lisibilité des figures de biologie moléculaire, de nombreuses erreurs dans les Southern blots, pas de discussion fouillée en partie B (et très peu en partie C) de la bibliographie toxicologique récente ou adéquate, pas de séquençage des gènes après insertions dans les plantes, pas d’expérimentation sérieuse pour évaluer la toxicité possible, surtout chronique, des OGM. Le principe d’équivalence en substance est prépondérant, ce n’est pas un
principe scientifique sérieux à mon avis, seulement une indication intéressante, et forcément incomplète. Les membres de la CGB n’ont pas, sauf exception, dans les dossiers en partie B, les localisations des parcelles plantées en OGM, ni la description de leur environnement pour évaluation (falaise ou vallée, sens du vent, identification des autres cultures à proximité, présence de rivières, de ruches, etc.). La toxicité potentielle du pollen transgénique des cultures expérimentales sur abeilles, sur papillons, sur la faune dite « non cible » en général, ou l’allergénécité des produits d’OGM consommés après commercialisation, sont des points peu ou non discutés, malgré mes demandes. La protéine Bt est prétendue non toxique au niveau chronique à cause de l’utilisation dite courante et sans problème du microorganisme Bt en agriculture biologique. La lutte biologique, réalisée par un microorganisme ou ses protéines cristallines, n’est pas assimilable pour l’évaluation scientifique à l’utilisation d’une protéine recombinante, dans ce cas une toxine activée (raccourcie au niveau de sa séquence par rapport à la protoxine du microorganisme) qui est synthétisée par la plupart des cellules de la plante. Les résidus d’herbicides dans les plantes tolérantes ne sont pas indiqués aux membres de la CGB, cela est normalement du ressort de la Commission des toxiques, dont le Président semble préconiser un conservatisme maximal. Dans les évaluations d’équivalence en substance par la CGB, il est même difficile de savoir si les plantes OGM ont été traitées aux herbicides, ce qui modifie leur métabolisme. Je ne suis toujours pas certain que les publications de toxicité les plus récentes soient prises en compte dans l’évaluation réglementaire des herbicides sur OGM, et j’ai fait part de mes remarques critiques au Comité de biovigilance, toujours provisoire depuis avril 1998. Certaines évaluations sont en cours en France (Soja ou Roundup) alors que les produits de cette plante sont déjà importés.
(5) Les membres de la CGB ont dans leur vaste majorité un a priori bien favorable aux OGM, craignant de retarder la recherche ou les biotechnologies s'ils demandent des contrôles supplémentaires, organisant l’ordre du jour en fonction des impératifs climatiques pour ensemencer (printemps). Par contre, une discussion du règlement intérieur avant son vote « à la hussarde » n’a pas été réalisée faute de temps, et cette discussion après le vote d’un règlement admis comme provisoire n’a jamais été remise à l’ordre du jour (remarque faite en mai 99, valable depuis 98) malgré, d’une part, la promesse de le faire et, d’autre part, les notes que j’avais apportées par écrit, par la
suite, notamment sur la question de l’indépendance des membres.
(6) Sur 18 membres dans la CGB, au moins 9 : soit travaillent sur la transgénèse végétale, soit sont associés professionnellement à des programmes de tests ou de développements agricoles d’OGM, soit sont cités dans les dossiers de développement des OGM comme experts associés ou conseils, et quelques-uns se sentent liés par les avis favorables de la précédente CGB dont ils ont fait partie.
En plus, au moins un expert développe directement des OGM pour thérapie génique, ce que l’on peut comprendre. Mais au final, cela ne favorise pas la pluridisciplinarité scientifique complète. Les décisions sont souvent votées en présence d’une dizaine de membres.
(7) Les experts extérieurs proposés au pétitionnaire, industriel ou organisme de recherche développant des OGM, le sont uniquement par le secrétariat, et non par les membres de la CGB. Le pétitionnaire choisit lui-même parmi trois proposés. L’expert extérieur à la CGB est ensuite le seul expert à être rémunéré par le Ministère de l’Agriculture. A part cela, l’expert extérieur déclare à la Commission ne pas avoir d’autre lien direct avec le projet. Ce système ne favorise pas l’expertise contradictoire. De plus, cet expert extérieur peut, par exemple, n’évaluer que la partie agronomique du dossier et le dire, de par ses compétences. Ce système ferait sourire, s’il ne s’agissait pas d’un enjeu environnemental et de santé publique important.
(8) Dans les rapports avec les médias, le Président demande que nous ne parlions pas à l’extérieur en tant que membres de la CGB, afin de préserver notre image d’experts par une voix unique. Si nous nous exprimons en tant que citoyens, il demande que nos interventions lui soient rapportées par nous-mêmes. Pourtant dans les biotechnologies comme ailleurs, il devrait être naturel de penser que les experts ont parfois des avis divergents !
Ces remarques et ces notes n’ont aucun but polémique, je les déclare publiquement sur l’honneur car je pense qu’elles peuvent contribuer à faire avancer un débat nécessaire, et pour plus de transparence vis-à-vis du gouvernement, des élus, des citoyens, de la communauté européenne.
Gilles-Eric Séralini
a écrit :Gilles Eric Séralini est professeur des universités en biologie moléculaire à l'université de Caen, et ses recherches portent sur les relations entre hormones de la reproduction, polluants et cancer. Cela l'a amené à s'intéresser aux pesticides, qui pour certains ont un mode de fonctionnement très voisin des hormones. De là, il s'est aussi intéressé aux OGM, qui sont, pour l'essentiel, des plantes contenant des pesticides.
Expert depuis 1998 au sein de deux commissions gouvernementales françaises chargées d'évaluer les OGM avant et après leur commercialisation, il préside aussi le conseil scientifique du comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique (CRII-GEN), consulté par les autorités de nombreux pays.
Le grand tournant de la science actuelle est la possibilité de modifier le patrimoine héréditaire des espèces vivantes, y compris en faisant fi de la barrière des espèces (par exemple introduire un gène originaire du patrimoine génétique du chien dans le patrimoine génétique du maïs). La grande question est alors comment gérer cette technologie ?
Deux positions s'affrontent, y compris dans le monde scientifique. La première, apparue au début des années 80 est la théorie réductionniste. La création d'OGM est alors considérée comme la même chose que l'hybridation effectuée depuis la nuit des temps, mais par d'autres moyens. Il en résulte qu'il n'est pas nécessaire de faire des tests spécifiques en matière de sécurité sanitaire. C'est aussi la position défendue notamment par les USA. L'autre théorie, dite " à complexité intégrée " est apparue au début des années 1990. Pour elle, la modification du patrimoine héréditaire par des moyens de génie génétique conduit à créer quelque chose de nouveau. Le produit obtenu doit donc faire l'objet de toutes sortes d'évaluations, notamment en termes de sécurité sanitaire. Cette position est proche de celle défendue par l'Union Européenne.
L'enjeu est important et est lié aux débats sur la traçabilité, les tests, l'étiquetage …
La conférence porte non pas sur la technique de fabrication des OGM, mais sur à quoi ça sert.
La fabrication d'un OGM repose toujours sur une agression de la cellule de départ, en la perforant et en y introduisant des segments d'ADN étrangers. Ces segments d'ADN vont être utilisés par la cellule agressée, et vont se placer au hasard dans le génome de la cellule abîmée. Les segments d'ADN introduits ne sont pas directement des segments d'ADN extraits dans une autre espèce. Ils sont toujours modifiés de la main de l'homme, ce qui permet le brevetage des gènes concernés (incidence économique). Si le gène introduit est bien maîtrisé, les techniques utilisées ne permettent pas encore de cibler l'endroit où ces gènes vont se positionner dans la cellule d'origine. La technique est donc assez rudimentaire, très peu précise et très aléatoire.
Que sont les OGM aujourd'hui ?
Il faut distinguer les OGM que l'on qualifiera de " publicitaires ", des OGM réels. Les OGM " publicitaires " sont ceux qui permettraient de lutter contre la faim dans le monde, avec des plantes qui résisteront à la sécheresse, qui pourront pousser dans des terres salées, etc… On parle dans ce cas de projets de recherche, et en aucun cas de réalisations.
Les OGM réels sont de deux ordres. Une très petite partie concerne la production de médicaments, pour produire des molécules qui sont testées comme des médicaments, avant d'être mises sur le marché. Ces cultures sont conduites en milieu confiné. L'essentiel des OGM dont on parle, au contraire, est cultivé en milieu ouvert, et est destiné à nourrir surtout les animaux d'élevage des pays riches (on est donc assez loin de la problématique de la faim dans le monde).
Quatre cultures OGM principalement sont diffusées dans l'environnement : 60% du soja cultivé dans le monde sont OGM, 20% du maïs, une partie du coton et du colza. Soja et maïs constituent 80% des cultures OGM mondiales. Ces cultures sont la base de l'agriculture américaine, et sont aussi la base de l'alimentation animale. Toutefois, soja et maïs sont aussi très utilisés en alimentation humaine (lécithine de soja, amidon de maïs).
Géographiquement, 94% des surfaces cultivées en OGM sont situées en Amérique, surtout aux USA, mais aussi au Canada, en Argentine et au Brésil. Environ 5% sont en Chine, et les autres pays représentent 1% des cultures OGM dans le monde.
A quoi servent les OGM aujourd'hui ?
Les OGM " médicaments " sont cultivés en milieu confiné, sauf quelques essais de plein champ. Leur importance est marginale, et ce ne sont pas eux qui posent problème, tant qu'ils ne sont pas cultivés en milieu ouvert. Le but est de produire des médicaments à meilleur marché, ce qui ne veut pas dire qu'ils seront vendus moins cher.
Les OGM massivement cultivés possèdent deux caractéristiques essentielles. La tolérance à un herbicide est utilisée dans 70 à 75% des cas ; un caractère insecticide est utilisé dans 15 à 18% des cas ; et 8% des plantes OGM sur le marché combinent ces deux caractères. Les OGM " médicaux " représentent moins de 1% des cultures OGM totales.
La tolérance à un herbicide : La plante est modifiée pour supporter l'épandage d'herbicide (le plus souvent le glyphosate, matière active du Roundupâ), sans en mourir. En d'autres termes, la plante absorbe l'herbicide épandu, mais n'est pas détruite. La plante s'imbibe ainsi de l'herbicide en question, et il est possible (probable) que des résidus restent dans la plante, ou dans les parties qui seront utilisées pour la consommation humaine ou animale. D'autre part, ces OGM ne permettent pas à l'agriculture de s'affranchir du traitement herbicide, mais seulement de certains traitements herbicides plus sélectifs.
Le caractère insecticide : Dans ce cas, la plante est modifiée pour produire en permanence un insecticide, lequel est efficace contre une famille d'insectes (mais pas contre tous les insectes). En gros, la plante s'y prend comme un médecin qui voudrait vacciner les insectes contre l'insecticide. Les apparitions d'insectes résistants sont effectivement observées. D'autre part, la plante mise sur le marché est chargée d'insecticide, puisque c'est elle qui le produit en permanence.
Voilà quels sont les deux caractères les plus utilisés dans les plantes OGM actuelles. Pour le reste, les OGM " publicitaires ", ceux-ci n'auront aucune réalité avant au moins dix ans.
Pourquoi y aurait-il des risques pour la santé ?
Les plantes OGM contiennent des pesticides, d'une part, et il s'agit d'une technique totalement nouvelle d'autre part. Cela doit justifier la réalisation des tests de toxicité.
En 1998, quand le Soja OGM est arrivé massivement dans la consommation animale et humaine, aucun test de toxicité de trois mois sur des rats n'avait été effectué. Les USA justifient cette absence de tests par le fait que le génie génétique n'est pas différent de l'hybridation classique. Une autre raison peut être avancée : pour un nouveau médicament, les tests coûtent 200 millions d'euros. Il est impossible de dépenser autant d'argent pour tester des semences qui ont une durée de vie moins longue que les médicaments, qui sont vendues moins cher, et qui n'apportent rien au consommateur. Ce qui fait que si des tests doivent être réalisés, alors les OGM cessent d'être rentables. Par contre, si les tests ne sont pas faits, ou moins bien faits, alors les OGM peuvent être rentables pour une certaine forme d'agriculture intensive.
La position prise par l'Union Européenne est d'exiger des tests de toxicité de trois mois sur des rats, assortie d'une obligation d'étiquetage. Cette réglementation est actuellement la plus stricte au monde. Elle est reprise par une cinquantaine de pays.
Il faut aussi mentionner les effets possibles sur la santé d'une faible exposition aux pesticides, de façon prolongée dans le temps. Des recherches font apparaître, dans le cas du glyphosate, des dommages sur certains organes (foie) chez les rats et souris, des dommages aux globules rouges, une diminution de la synthèse des hormones sexuelles chez l'homme, une augmentation de la mortalité de cellules embryonnaires humaines …
Ces plantes OGM ont-elles un intérêt ?
En limitant les apports d'insecticides sur la plante, et les passages d'herbicides, les OGM sont souvent présentés comme ayant un intérêt écologique. Il n'en est rien. D'abord les pesticides sont présents dans la plante de façon encore plus certaine que s'ils étaient épandus. D'autre part, diverses études montrent que la consommation de pesticides est plus élevée sur les plantes OGM que sur les plantes classiques. Les ventes d'herbicides au Canada ont augmenté de 41% entre 1994 et 2000. Aux USA, la quantité de pesticides épandus sur plantes OGM est supérieure de 15 millions de tonnes par rapport à ce qui serait apporté sur des semences classiques. Cela doit-il nous surprendre, quand on sait que ce sont les mêmes firmes qui vendent les pesticides que celles qui développent les semences OGM …
Ce dernier élément montre aussi que l'intérêt économique pour le producteur est loin d'être évident. Selon une étude européenne, le soja OGM rapporterait finalement moins au producteur que le soja non OGM.
Les plantes OGM n'ont finalement aucun intérêt pour le consommateur, ni pour le producteur (sauf peut-être dans des cas très particuliers d'agriculture intensive sur de grandes surfaces, où elle permettent, à court terme, des économies d'échelle). Elles n'ont d'intérêt que pour les firmes qui les produisent.
Quels sont les principaux risques liés aux OGM ?
Non seulement les OGM sont inutiles, mais de plus ils présentent des risques qui sont au moins de deux ordres.
Les risques pour la santé humaine sont d'abord des risques d'allergies, mais aussi des risques liés à une exposition permanente à des pesticides et à leurs dérivés, avec des effets que l'on commence à mesurer sur l'incidence de certaines maladies (cancer notamment).
Les risques environnementaux concernent la biodiversité. 99% des OGM actuellement cultivés ne servent que l'agriculture intensive, qui en elle-même nuit à la biodiversité. Les OGM concernent seulement quatre plantes dans le monde, alors que plus de 200 plantes sont utilisées en alimentation. Les caractères développés par les OGM ne sont qu'au nombre de deux, et ce sont des caractères envahisseurs (tolérance à un herbicide, et effet insecticide, sont des avantages sélectifs pour les plantes porteuses).
En conclusion, il est vital pour notre société de refuser les OGM et de promouvoir des formes d'agriculture plus respectueuses de l'environnement, comme l'agriculture biologique.
Résumé réalisé par Pierre Perreau
Je comprends que ce chercheur est pour un moratoire sur la commercialisation et dénonce un grave manque d'expérimentation préalable.a écrit :Un jour, les présidents et membres de commissions devront répondre publiquement de la qualité scientifique des dossiers pour lesquels ils donnent un avis favorable de dissémination. Si l’on diffusait sur Internet des évaluations de toxicologie des OGM qui ont donné lieu à des avis pour commercialisation en Europe, la communauté scientifique aurait des sourires aigres face aux trois vaches ou aux dix rats traités pour lesquels on nous présente des expérimentations incomplètes et à court terme. Tout cela doit évoluer, vite, fort, et bien, et pour le permettre vraiment, je crois qu'il faut un moratoire général à la commercialisation ; ce sera là le vrai progrès, surtout s’il est soumis à un avis des citoyens. Car de nos jours, nous ne pouvons plus croire que tout développement technique constitue mécaniquement un progrès pour l’humanité.
(Nadia @ jeudi 18 novembre 2004 à 15:35 a écrit : Au milieu du 1er texte posté par justedepassage, je lisJe comprends que ce chercheur est pour un moratoire sur la commercialisation et dénonce un grave manque d'expérimentation préalable.a écrit :Un jour, les présidents et membres de commissions devront répondre publiquement de la qualité scientifique des dossiers pour lesquels ils donnent un avis favorable de dissémination. Si l’on diffusait sur Internet des évaluations de toxicologie des OGM qui ont donné lieu à des avis pour commercialisation en Europe, la communauté scientifique aurait des sourires aigres face aux trois vaches ou aux dix rats traités pour lesquels on nous présente des expérimentations incomplètes et à court terme. Tout cela doit évoluer, vite, fort, et bien, et pour le permettre vraiment, je crois qu'il faut un moratoire général à la commercialisation ; ce sera là le vrai progrès, surtout s’il est soumis à un avis des citoyens. Car de nos jours, nous ne pouvons plus croire que tout développement technique constitue mécaniquement un progrès pour l’humanité.
C'est ce qu'a écrit Canardos.
Ensuite, Seralini se prononce contre les OGM non par principe, mais parce que 90% des OGM servent uniquement à vendre plus de pesticides et herbicides (nocifs à la santé à long terme).
Sinon il n'a rien contre les quelques % d'OGM qui servent à produire des médicaments ou qui serviraient à adapter des plantes à la sècheresse (ou autres) pour les pays pauvres.
ON est donc d'accord, non ?
Nous ne sommes pas d'accord du tout. Vous persistez à vouloir ré-écrire conformément à vos aspirations ce que penserait G.E. Séralini.
Le Professeur Seralini exprime la parfaite inutilité des OGM en Afrique, notamment, et contrairement aux propos que vous prêtez !
Laissez le lecteur apprécier les citations chronologiques diverses, multiples, complémentaires et entières du Professeur Seralini. Le lecteur est parfaitement à même de porter ses propres jugements sur des informations non empruntes de déformations.
"La guerre au vivant : OGM et mystifications scientifiques", Jean-Pierre Berlan, H.Hansen, Paul Lannoye, GE Seralini. Éditions Lagone, 2001.
Paru le 10/11/03. "Génétiquement incorrect", un regard critique sur les OGM. G-E Seralinia écrit :A l'heure où le débat sur les OGM reprend de plus belle en Europe avec notamment une possible levée du moratoire en place depuis 1999, le livre de Gilles-Eric Séralini, "Génétiquement incorrect", en librairie le 10 novembre 2003, se pose en premier bilan scientifique depuis le décryptage du génome humain. Il se veut un appel à se prémunir "contre des pratiques qui se font passer pour génétiquement correctes, en se garantissant au passage un quadruple pouvoir: scientifique, économique, militaire et politique".
Les industries du vivant nous promettent depuis quelques années un avenir radieux: les thérapies géniques devraient bientôt pouvoir soigner les maladies génétiques mais aussi le cancer; les manipulations génétiques nous faire vivre mieux et plus longtemps; les OGM préserver de la famine les populations des régions les plus défavorisées. En dépit des annonces fracassantes qui donnent l'impression que les scientifiques maîtrisent déjà la connaissance du génome, que sait-on de ces gènes ? Imprévisibles, ils fonctionnent en réseaux, mutent, se taisent, sautent, se déplacent, vieillissent et meurent bref, ils échappent très souvent à nos pronostics.
Un nouveau paradigme divise les scientifiques, qui met au premier plan la plasticité du génome. Car les gènes ne vivent pas dans un théâtre fermé où régneraient à la fois hasard et prédétermination. Ils sont en interaction constante avec l'environnement, qui exerce une influence capitale sur leur évolution. Sans prendre en compte cette interaction fondamentale avec l'environnement, il est impossible de comprendre la genèse des maladies, d'envisager leur prévention et leur traitement.a écrit :Aucun problème agronomique ni alimentaire ne requiert de solution transgénique. Au contraire, ces dernières tournent le dos aux solutions durables. Au Canada, il a fallu cinq ans à peine pour qu’apparaissent des colzas tolérants aux principaux herbicides, le Roundup de Monsanto, le Liberty d’Aventis, le Pursuit de Cyanamid. Contrôler les repousses exige maintenant des herbicides plus toxiques. De même, les ravageurs acquerront rapidement les résistances aux insecticides que les biotechnologistes font produire par les plantes. Leur réponse est toute prête : introduire d’autres insecticides dans les plantes (et donc, soulignons-le, dans la chaîne alimentaire…), selon le principe bien connu d’intégrer l’obsolescence dans les innovations elles-mêmes. Loin d’aller vers une agriculture durable, nous allons, selon l’expression de Gilles-Eric Seralini, vers une agriculture jetable.
Source ( Berlan.rtf : "économie politique des OGM" ) : http://www.fwn.org.uk/landmark/Berlan.rtf
...
- justedepassage
- Message(s) : 0
- Inscription : 15 Oct 2003, 10:49
Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 0 invité(s)