Oh la la, oh la la !
a écrit :Lechatcompact lundi 13 décembre 2004 à 14:57
on nous force a parler francais
Le français tel qu'on ne le parlait pas !Jean Racine, en voyage en France, écrit à un autre Jean, à La Fontaine, en 1661 : «
J'avais commencé dès Lyon à ne plus guère entendre le langage du pays, et à n'être plus intelligible moi-même. » Et La Fontaine lui-même en voyage dans le Limousin a la mauvaise idée de s'égarer du coté de Bellac au milieu de «
gens qui ne connaissent ni la langue, ni le pays. »
On a oublié (mais est ce que Lechatconpact l'a appris ?) une vérité toute bête : peu (très peu) de citoyens du royaume de France parlaient français.
Au moment de la Révolution française, l'abbé Grégoire fait une enquête sur l'usage de la langue française telle qu'on ne la parle pas : on en déduit que seulement un français sur huit parlait la langue française, et que trois sur quatre ne la comprenaient pas du tout ! L'abbé Grégoire constate, comme séquelle des provinces féodales, qu'il reste «
trente patois qui font trente peuples au lieu d'un. »
Si trois français sur quatre ne comprenaient pas le français, imaginons comment ils pouvaient se comprendre entre eux…
Les révolutionnaires bourgeois français auront l'ambition (mais uniquement l'ambition, à l'époque) de créer une école "primaire" dans chaque commune pour que soit enseigné le français :
«
Les écoles primaires vont mettre fin à cette étrange inégalité : la langue de la Constitution et des lois sera enseignée à tous et cette foule de dialectes corrompus, dernier reste de la féodalité, sera contrainte de disparaître : la force des choses le commande. » [Rapport de Tayllerand-Périgord, ancien évêque d'Autun, 10 sept. 1791].
Il faut être aveuglé par un nationalisme bretonnant réactionnaire pour ne pas voir que le français fut imposé à 75% de la population de la République française, et que les bretons ne font aucunement exception !Lechatconpact nous raconte là encore des balivernes. Un nationaliste ment toujours à un moment ou un autre – et cette attitude me répugne.
La lutte contre les dialectes et les patois fut menée avec une certaine vigueur, et parfois même avec un zèle douteux. L'école primaire joua un rôle majeur mais il ne faut pas oublier aussi le rôle joué par le service militaire obligatoire. Dans la France rurale le patois perdurait encore dans les régiments de la première Guerre Mondiale, et encore même dans les années 1950.
Pendant qu'on y est, une nation berrichonne (?!?!!!)Dans ma province, j'suis du Berry, mon gas, on n'a pas eu ces problèmes, puisque nous parlions le français de Rabelais, mais la lutte contre le patois fut aussi vigoureuse qu'ailleurs. Les berrichons seraient donc les descendants de la "nation" des Bituriges (le peuple Roi-du-Monde) qui avait comme capitale Avarich, la plus belle ville des Gaules (les combats contre les armées romaines, en 52 av JC, se sont passées à 500 mètres à vol d'oiseau de mon ordinateur). Tite-Live cite d'ailleurs la devise des Bituriges : "
La suprême puissance appartient aux Bituriges".
Si on avait un berlot genre Lechatconpact dans le coin, ils nous concocterait une nation berrichonne ?… Pitoyable.
Et il militerait pour qu'on recause berrichon ?
«
T'entends bin ! T'tâcheras d'pas t'dépatter les dents anc' ton coutiau quand j's'rons à la fête de la Lutte Ouvrière ! »