par Puig Antich » 22 Déc 2004, 17:28
Vous avez raison en partie ; en partie tort. Effectivement, l'isolation et - mais il faut nuancer - la faiblesse dans l'organisation, sont des points faibles de l'ultra-gauche. Même si il est vrai que les syndicats restent des organisations ouvrières - je n'ai pas dit le contraire, combien d'organisations ouvrières ont-elles participé à la gestion du capital, à ses guerres, etc ? - ils sont en même temps des rouages de l'Etat, et des médiations entre le capital et le travail, qui ont une fonction, des intérêts de caste, bien précis.
Dire que les syndicats sont les premiers endroits où se forge la conscience de classe est à mon avis faux : ils y participent peut-être, ils sont des armes souvent - surtout dans la défense des petits intérêts quotidiens, mais pas des grands - c'est vrai aussi historiquement, qu'ils sont les premières organisations de la classe ouvrière - mais la conscience de classe, c'est avant tout le produit direct de l'experience quotidienne du rapport capitaliste et de l'exploitation, et des stratégies collectives et individuelles pour le limiter, le détourner, etc.. (communication entre travailleurs, économie d'énergie physique ou intellectuelle, non respect des réglementations absurdes du patronat, etc.) c'est là que tout commence à mon avis, les syndicats viennent aprés, ce n'est pas les tracts de la CGT qui donne une conscience de classe aux ouvriers - le prétendre c'est mépriser la classe ouvrière !
Tout celà étant dit, je pense qu'il faut tout de même y militer, les animer et même en créer là où ils n'en existent pas : mais il faut surtout être prêts à rompre avec eux, avec les directions locales, fédérales, nationales ; dénoncer sans cesse leur politique, ouvertement, et ne pas avoir peur, dans un mouvement, d'agir sans leur consentement et contre leur politique - ils sont incapables de gagner une grève générale, car ils ne veulent pas ouvrir de crise, leur fonction est de la prévenir. A partir de là, comment s'organiser ? Dans, mais aussi hors des syndicats ; ouvrir aux non-syndiqués la porte des décisions exécutives réelles lors des mouvements, et ça aussi ça signifie rompre avec les directions, et parler directement de leur politique devant tous.
Seul 3 % des travailleurs sont syndiqués aujourd'hui, si je me souviens bien des chiffres ; une partie est syndiquée à la CFDT, qui est un syndicat qui ne se référe même pas à la lutte de classe ; et ceux qui sont à FO, à la CGT, restent sans points d'appui réels contre les bureaucraties dirigeantes... Dans ce paysage, comment ne pas voir que le plus probable est que le débordement des bureaucrates viendra d'en-dehors des syndicats ; même si nous devons le préparer dedans ; ?... Comment négliger le rôle de la spontanéité, et pourquoi l'opposer à celui de l'organisation ? (la dialectique bordel !)
Pour toutes ces raisons je pense que l'analyse ultra-gauche des syndicats reste une référence - avec les textes trotskistes, ou syndicalistes révolutionnaires - à ne pas négliger - mais aussi, certes, à critiquer...
Sinon Valiere, tu parlais d'une difficulté à se diriger et des multiples oscillations de l'ultra-gauche : mais quel courant, exactement, peut dire qu'il s'est comporté de façon complétement irréprochable au cours du siècle passé ?