L'"Ultra Gauche"

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par ianovka » 20 Déc 2004, 21:04

Je ne crois pas l'avoir lu quelque part, tu appartient à une organisation Puig Antich ? Si oui laquelle ?
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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Message par Puig Antich » 20 Déc 2004, 21:28

Aucune ; celà ne veut pas dire que je ne crois pas en la nécessité d'une organisation révolutionnaire, de masse. Je fais ce que je peux, à mon modeste niveau...

Et toi ? Tu es de Lutte Ouvrière donc ? Enchanté ! :roll:
Puig Antich
 
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Message par Valiere » 20 Déc 2004, 22:39

L'ultra gauche a plusieurs figures, certes mais souvent reste isolée et sans perspective ou sans boussole oscillant sans cesse... C'est une réalité et non un rejet a-priori.
Valiere
 
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Message par finimore » 22 Déc 2004, 14:35

Puig Antich
a écrit :Les syndicats sont des rouages de l'Etat ; luttons contre leur politique sans illusion, préparons la grève générale


Il est très facile d’avoir un discours contre tel ou tel syndicat ou contre le syndicalisme en général. Mai en quoi cette démarche gauchiste fait elle avancer la conscience de classe ? en quoi fait-elle avancer l’organisation des ouvriers ?
Rejeter les syndicats et le syndicalisme sous prétexte qu’ils sont intégrés au système ou qu’ils en sont des rouages, c’est ne rien comprendre à la démarche dialectique.
Les usines ou les syndicats sont absents favorise-t-elles les luttes ouvrières ?

De toutes façons ce débat a été tranché par la réalité, car c’est justement dans les entreprises ou il n’y a pas de syndicats aujourd'hui que l’exploitation des travailleurs est la plus féroce, bas salaires, flexibilté etc… ce qui ne veut pas dire que l’exploitation n’existe pas lorsqu’il y a des syndicats.

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Message par Gaby » 22 Déc 2004, 15:11

De par son positionnement même et sa démarche, le syndicat est effectivement un organe réformiste.
Cependant, le syndicat c'est littéralement l'armement du prolétariat, le chemin vers la prise de conscience de ses intérêts de classe et le premier coup porté dans une vague offensive. La tâche de révolutionnaires est de défendre dans le cadre du mouvement le seul objectif socialiste : l'abolition de la propriété privée des moyens de production par la prise du pouvoir des ouvriers.

Cette foi aveugle dans la spontanéité des mouvements de travailleurs, coupée du travail organisationnel, c'est certainement la plus grande faiblesse des penseurs d'ultra gauche comme Pannekoek.
Gaby
 
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Message par Puig Antich » 22 Déc 2004, 17:28

Vous avez raison en partie ; en partie tort. Effectivement, l'isolation et - mais il faut nuancer - la faiblesse dans l'organisation, sont des points faibles de l'ultra-gauche. Même si il est vrai que les syndicats restent des organisations ouvrières - je n'ai pas dit le contraire, combien d'organisations ouvrières ont-elles participé à la gestion du capital, à ses guerres, etc ? - ils sont en même temps des rouages de l'Etat, et des médiations entre le capital et le travail, qui ont une fonction, des intérêts de caste, bien précis.

Dire que les syndicats sont les premiers endroits où se forge la conscience de classe est à mon avis faux : ils y participent peut-être, ils sont des armes souvent - surtout dans la défense des petits intérêts quotidiens, mais pas des grands - c'est vrai aussi historiquement, qu'ils sont les premières organisations de la classe ouvrière - mais la conscience de classe, c'est avant tout le produit direct de l'experience quotidienne du rapport capitaliste et de l'exploitation, et des stratégies collectives et individuelles pour le limiter, le détourner, etc.. (communication entre travailleurs, économie d'énergie physique ou intellectuelle, non respect des réglementations absurdes du patronat, etc.) c'est là que tout commence à mon avis, les syndicats viennent aprés, ce n'est pas les tracts de la CGT qui donne une conscience de classe aux ouvriers - le prétendre c'est mépriser la classe ouvrière !

Tout celà étant dit, je pense qu'il faut tout de même y militer, les animer et même en créer là où ils n'en existent pas : mais il faut surtout être prêts à rompre avec eux, avec les directions locales, fédérales, nationales ; dénoncer sans cesse leur politique, ouvertement, et ne pas avoir peur, dans un mouvement, d'agir sans leur consentement et contre leur politique - ils sont incapables de gagner une grève générale, car ils ne veulent pas ouvrir de crise, leur fonction est de la prévenir. A partir de là, comment s'organiser ? Dans, mais aussi hors des syndicats ; ouvrir aux non-syndiqués la porte des décisions exécutives réelles lors des mouvements, et ça aussi ça signifie rompre avec les directions, et parler directement de leur politique devant tous.

Seul 3 % des travailleurs sont syndiqués aujourd'hui, si je me souviens bien des chiffres ; une partie est syndiquée à la CFDT, qui est un syndicat qui ne se référe même pas à la lutte de classe ; et ceux qui sont à FO, à la CGT, restent sans points d'appui réels contre les bureaucraties dirigeantes... Dans ce paysage, comment ne pas voir que le plus probable est que le débordement des bureaucrates viendra d'en-dehors des syndicats ; même si nous devons le préparer dedans ; ?... Comment négliger le rôle de la spontanéité, et pourquoi l'opposer à celui de l'organisation ? (la dialectique bordel !)

Pour toutes ces raisons je pense que l'analyse ultra-gauche des syndicats reste une référence - avec les textes trotskistes, ou syndicalistes révolutionnaires - à ne pas négliger - mais aussi, certes, à critiquer...


Sinon Valiere, tu parlais d'une difficulté à se diriger et des multiples oscillations de l'ultra-gauche : mais quel courant, exactement, peut dire qu'il s'est comporté de façon complétement irréprochable au cours du siècle passé ?
Puig Antich
 
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Message par Gaby » 22 Déc 2004, 18:04

C'est un sujet qui m'intéresse d'autant plus qu'il n'y a pas si longtemps, j'étais drôlement interloqué par le conseillisme. Le capitalisme d'état était une thèse qui me donnait un semblant de réponse crédible à mes interrogations sur l'URSS, et par ailleurs, Pannekoek se présentait comme un théoricien intéressant, critique de Lénine. Tout s'est écroulé quand j'ai étudié l'histoire de la révolution d'Octobre.

Seulement avec Pannekoek, une fois que je me suis rendu compte que l'essentiel de ses critiques étaient évasives et revenaient à dire "il faut retourner à Kant et Avenarius", et bien j'ai laissé tomber. Bon j'y reviendrai sûrement plus tard, mais je crains que je ne puisse y voir autre chose qu'un milk-shake impressionant mais terriblement indigeste tant il mêle ce qui n'a rien à voir pour servir un argumentaire brouillon. Bon, y'a des passages très sympas dans "Lénine philosophe", mais sincèrement... malgré tous les efforts du monde, y'a de belles conneries aussi. A vrai dire, je retournerais presque les critiques qu'il fait à Lénine, disant que son matérialisme est bourgeois et en fait, idéaliste. La vérité c'est que c'est lui qui pêche par idéalisme : à son gout, 1917 marque une nouvelle ère révolutionnaire, le préambule du véritable changement des mentalités et ensuite, d'une vague révolutionnaire spontanée, débarassée des dogmes bourgeois et de l'organisation. C'est vraiment prendre le problème à l'envers, intéressé par les idéologies avant d'étudier le rapport de force.
Bon là c'est rapide, on peut en parler en détail à l'occasion, il y a pire interlocuteur que Pannekoek.

Mais pour revenir à des considérations plus clairement matérielles, la question de l'organisation du prolétariat est central dans cette discussion. Trotsky avait tout à fait raison quand il caractérisait politiquement l'ultra-gauche : elle regroupe les tendances qui oscillent entre socialisme et anarchisme. Et c'est tout à fait ça, Pannekoek se refuse d'organiser le prolétariat autrement qu'au sein du parti... Et là on peut retourner toutes les critiques que les marxistes font à la stratégie anarchiste, ce qui ne date pas du XXème siècle.
Il faut trouver la position adéquate pour défendre l'intérêt des travailleurs, méfiant vis-à-vis de l'aile conservatrice des syndicats mais tout de même en ayant conscience qu'il s'agit de l'arme du prolétariat pour lutter, regroupés et non isolés de façon sectaire. Le programme de Transition de Trotsky présente la démarche la plus juste à suivre notamment sur la question syndicale, et aussi une claire distanciation vis-à-vis du réformisme qui ne devrait pas te déplaire...
Gaby
 
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Message par Puig Antich » 22 Déc 2004, 18:16

Le programme de transition est un de mes livres de chevet ;) (avec, en ce moment, Sun Tzu et Chahdortt Djavann)
Puig Antich
 
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Message par Puig Antich » 22 Déc 2004, 18:25

Aprés, justement, Trotsky ne rejette pas le réformisme en tant que tel : il dit qu'être réformiste est impossible sans être révolutionnaire, à notre époque ; et donc que les sociaux-démocrates et les staliniens sont des courants réformistes sans réformes. Il ne parle pas non plus d'"aile conservatrice" dans les syndicats, mais de police politique de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier, pour caractériser les appareils soc-dem/stals... Il dit également, dans le même texte, qu'il ne faut pas avoir peur de rompre ouvertement avec la bureaucratie, et donc y compris avec le syndicat si il n'est plus possible de faire autrement, au cours du mouvement.

Tout celà reste ouvert à la discussion et à l'interprétation :smile:
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Message par Gaby » 22 Déc 2004, 18:33

(Puig Antich @ mercredi 22 décembre 2004 à 18:25 a écrit : Il ne parle pas non plus d'"aile conservatrice" dans les syndicats, mais de police politique de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier, pour caractériser les appareils soc-dem/stals... Il dit également, dans le même texte, qu'il ne faut pas avoir peur de rompre ouvertement avec la bureaucratie, et donc y compris avec le syndicat si il n'est plus possible de faire autrement, au cours du mouvement.

Autant le citer dans la 5ème partie du prog' :
a écrit :C'est pourquoi les sections de la IV° Internationale doivent constamment s'efforcer, non seulement de renouveler l'appareil des syndicats, en proposant hardiment et résolument dans les moments critiques de nouveaux leaders prêts à la lutte à la place des fonctionnaires routiniers et des carriéristes, mais encore de créer, dans tous les cas où c'est possible, des organisations de combat autonomes qui répondent mieux aux tâches de la lutte des masses contre la société bourgeoise, sans même s'arrêter, si c'est nécessaire, devant une rupture ouverte avec l'appareil conservateur des syndicats.


a écrit :Tout celà reste ouvert à la discussion et à l'interprétation

Boarf tu vas pas nous faire le coup du mec plus royaliste que le roi ?
C'est pas que je sois particulièrement attaché à la propriété ou que l'extrème gauche est abilitée à décerner des brevets de trotskisme, mais faut quand même pas prendre des libertés avec les écrits de Trotsky au point de croire qu'il faut relativiser une "interprétation"...
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