La conception matérialiste de l'histoire

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Tiro » 15 Déc 2004, 22:47

J'ai déjà lu des écrits sur la conception matérialiste de l'histoire mais je voulais savoir dans quel ouvrage Marx définit clairement, pour la première fois, cette notion ?
Tiro
 
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Message par Gaby » 15 Déc 2004, 23:21

Sauf bourde de ma part, les démonstrations du matérialisme historique à proprement parler transparaissent clairement dès L'idéologie allemande, un des ouvrages majeurs de l'oeuvre du jeune Marx, même si le matérialisme de Marx est plus vieux, déjà abordé dans les manuscrits de 1844 (qui n'est pas tout à fait une oeuvre). Seulement on ne peut vraiment pas conseiller ce bouquin seul pour comprendre cette conception de l'histoire, tant le matérialisme historique qui a guidé le travail de Marx tout au long de sa vie n'a pas fait l'objet d'un bouquin majeur qui lui soit uniquement dédié.

J'imagine que tu as déjà lu la brochure de Plekhanov sur le matérialisme historique.
Gaby
 
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Message par Jacquemart » 16 Déc 2004, 09:57

Et classiquement, le texte dans lequel Marx explique en quelques lignes sa conception est la Préface de la Contribution à la Critique de l'Economie Politique, de 1859 (mais ce n'était peut-être pas ta question ? Tant pis, je le copie-colle tout de même) :

a écrit :Le résultat général auquel j'arrivai et qui, une fois acquis, servit de fil conducteur à mes études, peut brièvement se formuler ainsi : dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rap­ports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui corres­pondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives maté­rielles. L'ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base concrète sur laquelle s'élève une superstructure juridique et politique et à la­quel­le correspondent des formes de conscience sociales déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur être; c'est inversement leur être social qui détermine leur conscience. À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n'en est que l'expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s'étaient mues jusqu'alors. De formes de développement des forces productives qu'ils étaient ces rapports en deviennent des entraves. Alors s'ouvre une époque de révolution sociale. Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement toute l'énorme superstructure. Lorsqu'on considère de tels bouleversements, il faut toujours distin­guer entre le bouleversement matériel - qu'on peut constater d'une manière scientifiquement rigoureuse - des conditions de production économiques et les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le mènent jusqu'au bout. Pas plus qu'on ne juge un individu sur l'idée qu'il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de boule­ver­se­ment sur sa conscience de soi; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives socia­les et les rapports de production. Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu'elle est assez large pour contenir, jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s'y substituent avant que les conditions d'existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein même de la vieille société. C'est pourquoi l'humanité ne se pose jamais que des problèmes qu'elle peut résoudre, car, à y regarder de plus près, il se trouvera toujours, que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir. À grands traits, les modes de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne peuvent être qualifiés d'époques progressives de la formation sociale économique. Les rap­ports de production bourgeois sont la dernière forme contradictoire du processus de produc­tion sociale, contradictoire non pas dans le sens d'une contradiction individuelle, mais d'une contradiction qui naît des conditions d'existence sociale des individus; cependant les forces productives qui se développent au sein de la société bourgeoise créent en même temps les conditions matérielles pour résoudre cette contradiction. Avec cette formation sociale s'achè­ve donc la préhistoire de la société humaine.
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Message par madec » 17 Déc 2004, 16:00

:blink: il est raide ce texte.Moi je le trouve trop theorique,trop résumer.Je me
demande bien a qui Marx pouvait s'adresser pour ecrire ce genre de textes.
Personnellement je n'ai lu de Marx que le manifeste et ce genre de texte ne me donne pas vraiment envie d'en lire autre chose.C'est un texte qui devrait etre
expliquer point par point pour etre compris par les prolos.Cela pose la question ,
comment rendre le marxisme plus accessible?Les bouquins que j'avais quand j'ai passer mon BEP je les est garder et ils me servent encore aujourd'hui.Pourquoi?
parce qu'ils etaient concrets et accessible.Je trouve que ca serait bien si LO
editait un peu comme les CLT des brochures qui vulgarise,qui rendent plus accessible le marxisme.
madec
 
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Message par Tiro » 17 Déc 2004, 23:49

Ce texte, celui que cite Jacquemart, figure dans l'exposé de Plékanov, que l'on peut d'ailleurs consulter sur le site de La Riposte(d'ailleurs, au passage, quelle est la position d'LO sur ce groupe du PCF) :
http://www.lariposte.com/theorie/Plekhanov...%27histoire.htm

Madec, d'ailleurs, je te le conseille si tu ne l'as pas déjà lu. Il revient sur le passage de Marx cité par Jacquemart en le commentant.

Donc en fait, il n'y a pas un ouvrage dédié uniquement à la conception de l'histoire de Marx, c'est ce que je voulais savoir en fait. Merci pour vos réponses.
Tiro
 
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Message par Jacquemart » 18 Déc 2004, 18:17

Madec,

C'est vrai que ce texte n'est pas facile, et pour comprendre les idées de Marx, mieux vaut ne pas commencer par ce genre de prose ! Marx lui-même a écrit certains textes plus faciles, comme "travail salarié et capital" ou "salaires prix et profits" (entre autres). Mais tu te trompes en pensant que les écrits de Marx, même quand ils étaient compliqués, n'étaient pas destinés aux ouvriers.

En se politisant, les travailleurs ont toujours fait des efforts considérables pour se cultiver, et du temps de Marx, comme par la suite, bien des ouvriers lisaient et étudiaient ce genre de livres (sans parler de certains qui sont même devenus d'authentiques intellectuels, comme Bebel, un des dirigeants du parti social-démocrate allemand, qui non seulement lisait des livres... mais en écrivait !)

Là aussi, ce sont certaines habitudes qui ont tendance à se perdre avec la dépolitisation ambiante. Mais fut un temps où même le PC, à sa manière, transmettait chez ses militants ouvriers la fierté de lire, de s'instruire, et d'en savoir plus long que bien des petits-bourgeois (j'ai personnellement le souvenir d'avoir accroché un militant PC dans les années 80 qui sortait de l'usine avec "l'idéologie allemande" sous le bras, bouquin de Marx qui n'est pas franchement le plus rigolo à se taper...)

Alors, que LO écrive des brochures de vulgarisation, pourquoi pas, mais pour que ce soit bien fait, ça n'est pas du tout facile, et là, c'est nous, LO, qui n'en avons pas forcément les compétences. Alors, on préfère utiliser les brochures ou les livres de vulgarisation qui ont été écrits dans le passé - comme par exemple, le "programme socialiste" de Kautsky - que pondre nous-mêmes des choses qui risqueraient d'être de moins bonne qualité...
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Message par madec » 19 Déc 2004, 14:12

Jacquemart,tu me donnes les exemples de Bebel ou des militants du PCF a une certaine epoque,ok, mais il faut bien ce rendre compte que la situation a changer
aujourd'hui.Al'epoque dont tu parle,il y avait des partis ouvrier de masses.Les syndicats,les associations,les clubs sportifs organisaient largement la classe ouvrière.Ils prenaient une personne a sa naissance et le conduisaient jusqu'a sa mort en repondant a l'ensemble de ses préoccupation materielle et spirituelle.
Au début du 20 eme siecle, le SPD ,le parti de Bebel, possedait 89 quotidiens,ainsi que plusieurs revues theoriques et culturelles qui avaient environ 1,5 millions d'abonnées avant 14.Il est incontestable que le parti allemand(premier violon de l'internationale) est eleve le niveau intellectuel de la classe ouvrière,ainsi que sa conscience de classe.Les débats sur le marxisme devaient y etre riches et nombreux.Ceci dit ,j'ai lu dans un bouquin d'un historien(Droz)que les catalogues
des bibliothèques populaires de l'epoque montrent que les ouvrier(es) etaient plus attirés par les romans et les nouvelles,au détriment des ouvrages plus politique ou scientifique.Des classiques du socialisme,la classe ouvrière allemande ne connaissait que "la femme et le socialisme"mais les textes de Marx ou sur Marx
etaient peu demandés.
Alors aujourd'hui,ces partis n'existent plus,lePCF agonise.La conscience de classe
disparrait peu a peu.Le monde du travail est devenue un no man's land de la politique (a part le PCF;LO...et la LCR).
Oui , c'est sur que cela doit etre mieux de lire Marx pour comprendre le marxisme.
Mais moi je crois que c'est pas a la portée de tout le monde,et surtout pas des prolos.Quand je dis ca s'est pas pour denigrer les prolos ,mais c'est un fait que
les travailleurs dans leurs ensemble lisent peu ou pas du tout.Dans ma famille,
par exemple,il n'y avait pas un romans sur les etageres ,juste une encyclopedie en plusieurs volumes(et encore y avait beaucoup d'images dedans)
madec
 
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Message par madec » 19 Déc 2004, 14:32

Pour revenir a la question que je posais,"comment rendre le marxisme plus accessible?"J'ai un element de reponse.En ce momment je lis la derniere LDC de
décembre , et dans les textes sur la situation économique et les delocalisations,je
trouve que LO arrive a la fois a decrire la situation telle quelle est aujourd'hui, tout en faisant réference a ce qu'avais deja decrit en leur temps Marx,Lenine ou Trotsky.Et je trouve cela très bien,c'est ainsi qu'on peut comprendre le marxisme,
c'est plus concret et plus vivant que lire un bouquin de Marx a mon avis.Rien que le nom du bouquin"l'ideologie allemande", moi ca me refroidit,ca a l'air barbant.
Tout cela pour dire,que j'aimerais bien que LO ecrivent plus de textes comme cela
qui aborde d'autres sujet comme par exemples le materialisme dialectique , la conception du parti,les classes sociales....voila!
madec
 
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Message par madec » 22 Déc 2004, 10:20

:whistling_notes: peu d'interventions sur ce sujet,c'est surprenant.Surtout pour des participants marxistes du forum. :33:
madec
 
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Message par logan » 22 Déc 2004, 10:59

Madec>
Tu peux développer ce que tu ne comprends pas du texte hyper-condensé de Marx sur sa vision de l'histoire?
logan
 
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