La Chute (film sur la fin de Hitler)

[lenzo]

delpla :

Citez-moi donc, en dehors du naissant conflit israélo-palestinien, un seul Juif tué pendant la SGM pour la simple raison de son appartenance ethnique, à l'instigation d'un autre pouvoir que le gouvernement allemand.Si vous séchez et m'accordez ce point(...)

Pour quelqu’un qui se pique de connaissances historiques il y a là une lacune béante. Des centaines d’ouvrages, la mémoire collective, font part de pogromes ayant eu lieu en tous temps et en tout lieu ou presque. Qu’il y en ait eu moins en 39-45 alors que les difficultés politiques intérieures des Etats étaient détournées vers un autre champ d’action que l’antisémitisme ordinaire, évidemment.

On dirait que l’état de béatitude avancée touche certains sur le personnage du représentant le plus connu du nazisme quand il est entouré de son chien ou de sa secrétaire. :altharion: Hitler était le produit d’une époque, la mentalité des gens n’était pas en cause, le fascisme est à comprendre avec le capitalisme.

[François Delpla]

Les pogroms en Europe étaient y compris au début du 20me siècle une tradition qui n'avait rien d'allemande, évidemment en Europe de l'est, en Russie.

Mais ces pogroms faisaient assez peu de morts. Ils ne ressemblaient ni de près ni de loin à une extermination.

En France on a eu un courant persistant d'antisémitisme et la police française a livré des juifs sans attendre les "ordres" de Berlin.

Bien sûr que si !
Le voyage de Heydrich à Paris le 5 mai 1942 marque le déclenchement du processus.

[François Delpla]

Deux de notre ami Wolf (que serait-ce s'il n'était pas zen ?)

Je voudraisbien savoir pourmapart comment le film restitue, ou pas, le régime de terreur atroce fondé sur l'ansétimitime qu'était le nazisme.

Enfin surle film, si vous l'avez vu, pourriez vous répondre à a question que je pose? Merci.

Il ne "restitue" pas grand-chose de cet ordre. Le génocide fait l'objet d'une mention écrite à la fin. Pour le reste, il faut le lire en filigrane de quelques propos vengeurs du dictateur.

Cela dit, je ne parlerai pas pour ma part d'un "régime de terreur atroce fondé sur l'ansétimitime" mais (pour aller vite) d'une combinaison de terreur et de séduction. L'antisémitisme, ainsi, était central dans l'idéologie du régime et ses ressorts profonds, mais non dans sa propagande.

[François Delpla]

De Lenzo :

Pour quelqu’un qui se pique de connaissances historiques il y a là une lacune béante. Des centaines d’ouvrages, la mémoire collective, font part de pogromes ayant eu lieu en tous temps et en tout lieu ou presque. Qu’il y en ait eu moins en 39-45 alors que les difficultés politiques intérieures des Etats étaient détournées vers un autre champ d’action que l’antisémitisme ordinaire, évidemment.

Oh, je ne me pique de rien du tout et plus j'avance dans l'étude et l'écriture de l'histoire, plus je mesure mon ignorance.

Le pogrom est, comme son nom l'indique, et l'apparition du mot en français en 1907, surtout (on est prié de lire ce mot) une spécialité d'Europe orientale à la fin du XIXème siècle et au début du suivant. Le Robert ajoute qu'il est "souvent meurtrier", ce qui suffit à le situer à des années-lumière du génocide systématique nazi. Mieux, le premier texte antisémite connu de Hitler (une lettre du 16 septembre 1919) condamne expressément les pogroms comme des manifestations d'un antisémitisme "sentimental", qu'il s'agit à présent de rendre "rationnel".

[François Delpla]

Mais bon sang de sort, il faudrait aussi lire un peu ce que j'écris, ne serait-ce que sur ce forum !

Evidemment que le très habile Hitler, pour faire passer son antisémitisme à bien des égards unique, s'appuie sur celui des autres !
Cela dit, l'époque était-elle plus raciste qu'une autre ? Je me permettrai de vous rappeler à un peu plus de dialectique.
Il y a dans les trois premières décennies du XXème siècle et malgré les régressions de 14-18 et du stalinisme des progrès formidables de la démocratie (il suffit de penser au vote des femmes... en Russie et ailleurs), donc des bases nouvelles pour l'antiracisme. Le colonialisme lui-même est obligé de se parer, le plus souvent, des oripeaux de l'égalitarisme. Ce n'est pas la supériorité biologique des Blancs qui lui sert de justification, mais le désir de "civiliser les sauvages", ce qui a le mérite d'affirmer que c'est possible... et qui fait enrager un Hitler.

[François Delpla]

Autre question sur le film, si possible.

Coment les représentants de la hiérarchie militaire y sont-ils représentés (politiquement je veux dire?).

Ils renâclent devant les ordres volontaristes du chef mais les exécutent ou, du moins, font semblant.