Bon ! Excusez-moi, je viens un peu comme un cheveu sur la soupe mais je commence enfin à répondre à Canardos
Comportementalisme et évaluations Il faudrait trouver des articles des neuropsychologues qui critiquent les thérapies comportementales pour leur manque d’assise scientifique. Mais je ne me suis pas assez intéressé à la question. On devrait le faire car elles nous envahissent de plus en plus, sans grande justification scientifique à part leurs statistiques de réussite qui elle-même sont loin d’être probantes.
Le problème ne tient pas tant au fait que leurs résultats positifs ne tiendraient pas longtemps, ce qui n’est pas toujours le cas. Si on a envie d’arrêter de fumer, on a plus de chance de réussir en allant voir un comportementaliste qu’en commençant une analyse. Et après, qui peut jurer qu’il ne refumera plus ?
Les analystes critiquent les thérapies comportementales qui, en promettant la levée d’un symptôme, risquent de faire surgir un autre symptôme ailleurs car il était nécessaire à la structure psychique sous-jacente. Mais les comportementalistes répondent que ce n’est pas le cas, statistiques à l’appui encore une fois. Ils reconnaissent néanmoins que lorsque les symptômes réapparaissent, la seconde cure sera plus difficile et avec un taux moins bon de réussite.
Quelles sont donc leurs statistiques de réussite ?
Par exemple pour les TOC ; c’est vraiment très à la mode.
Canardos nous a donné une étude le, 16 juillet, dans l’article « divan le terrible » (une mine, cet article ! ça m’a rappelé les 100.000.000 de morts dû au communisme ! la psychanalyse, c’est moins méchant…). On y donne : 30% de régression ou rémission et dans une que j’ai trouvée sur le Netle chiffre est de 50, 50% (30% ne tiennent pas le coup et seulement 76% de ceux qui restent seraient améliorés) ; ce sont des patients qui ont une « atténuation importante et durable de leurs symptômes obsessifs et compulsifs ». Ce n’est quand même pas la grande réussite, mais surtout, cela fait 50 à 70% de patients à qui l’on dit « vous pouvez rentrer chez vous, on ne peut rien pour vous. Attendez les progrès de la science. »
le seul traitement prometteur est La stimulation cérébrale profonde (SCP) (cf l’article que nous a donné Canardos)
Et bien c’est le reproche central qu’on doit leur faire aux conportementalistes : que deviennent ceux pour qui ça ratte ? on les renvoie chez eux ! Sans métaphore. C’est même le contrat de départ. A eux de se trouver alors un suivi autre pour vivre leur handicape comme dirait Canardos. Et je vous assure, ce n’est pas de la calomnie, on les congédie vraiment. Allez voir au CHU de Saint Anne à Paris.
De plus, pour faciliter les évaluations, on est en train d’amener la psychiatrie à fonctionner en « groupes homogènes de malades » comme en médecine. Au nom du non mélange des pathologies car chacune aurait un protocole thérapeutique défini, et bientôt au nom de la séparation entre les héréditaires ou organiques et les autres, on est en train de parquer les « incurables » et ouvrir des services sous spécialisés en « toc », « phobies », « troubles de l’alimentation » (anorexie boulimie), « troubles bi-polaires » (ceux qui oscillent entre dépression et surexcitation).
Bref, les thérapies comportementales et la logique de l’évaluation reposent sur un puit sans fond où sont sacrifiés les plus fragiles, les plus malades.
Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas tenter de traiter rapidement des symptômes par une technique qui peut marcher ; cela signifie à mon goût qu’il faut refuser que ceux qui ne promettent rien d’autre que de rester là, à accompagner la personne le temps qu’il le faudra, dans les meilleures conditions possible d’écoute de sa souffrance, soient pointés du doigt pour refus de se conformer au codage pseudo scientifique que sont les évaluations.
Je pense surtout, excusez-moi camarades, que ce n’est pas aux révolutionnaires de porter main forte aux évaluateurs dans ce débat, voire cette bataille.
C’est cette logique de l’exclusion qui est actuellement condamnable dans le comportementalisme. Mais c’est pour la même raison que le comportementalisme est tellement dans l’air du temps…
Et c’est pourquoi, quoique vous le pensiez rojo et Canardos (cf une discussion avec les deux lcr au mois de juillet dernier), la question du remplacement de la psychanalyse, même aliénée, même embourgeoisée, par ces nouveaux gadgets est vraiment à l’ordre du jour du côté de nos gestionnaires. Et pas seulement la psychanalyse. Un siècle de psychiatrie allemande et française, cinquante ans de travail de « secteur psychiatrique », sont en trains d’être détruits pour ces multiples gadgets.
On peut être critique sur la façon dont les analystes ont travaillé dans les services de psychiatrie sans s’occuper du fonctionnement scandaleux de ceux-ci, mais pas au nom de refus du mélange des pathologies, ni avec la meute des évaluateurs.
Si un jour, un de vos proches a une maladie psychique que les positivistes promettent de guérir en quelques mois, assurez vous que quelqu’un pourra prendre la relève s’ils se retrouve trois ou six mois plus tard avec son symptôme et en plus, l’humiliation de ne pas avoir été capable d’être dans les 50% de réussite.
Qu’est-ce qu’un chômeur longue durée a à foutre des statistiques (de plus mensongères !) qui racontent que le chômage baisse d’1 ou 2 points si lui, il est comme tous ses proches, toujours dans la même galère ?
Ce n’est pas aux technocrates à évaluer quoique ce soit, si la sanction de leur évaluation, est de laisser tomber ceux — parfois une minorité, mais souvent une majorité des cas —, qui n’ont pas réussi à guérir après le protocole prévu.
Les comportementalistes prétendent aussi rééduquer le délirant, mais avec les même protocoles à durée limitée.
Ceci dit, vous me rétorquerez que l’on n’a pas besoin d’être analyste pour suivre des patients qui ne peuvent vivre sans le soutien d’un thérapeute au long court et encore moins si l’on accompagne un psychotique.
OK, mais on retombe alors sur ma question initiale : a-t-on le droit de se forger, à partir d’une pratique de l’écoute, une théorie de l’appareil psychique qui ne soit pas traitée de dérive idéaliste, mais au contraire aide à s’y retrouver dans ces suivis thérapeutiques ?
Car, si une thérapie peut aider les gens à vivre, même sans guérir leur symptôme, c’est qu’il doit bien se passer quelque chose entre le thérapeute et le patient qui a des effets sur le fonctionnement mental, donc, neuronal.
Devinez, au hasard comment on peut nommer cet effet ? le transfert…
Canardos le 16 juillet tiré de "Divan le terrible"
a écrit :
Évolution et pronostic: 1/3: régression et rémission 1/3: fluctuations 1/3: aggravation progressive Les traitements (médicaments, thérapies spécifiques) n'ont que des effets partiels mais évitent les principales complications
Des chiffres que j’ai trouvés sur le net (j’ai perdu la page !)
a écrit : Quels sont les traitements psychologiques utilisés pour traiter le TOC?
Depuis le début des années 1970, la recherche démontre que la thérapie comportementale constitue le traitement le plus efficace pour la plupart des types de TOC. Elle suppose l’expérimentation des situations effrayantes qui déclenchent l’obsession (exposition) et prévoit des étapes pour prévenir les comportements compulsifs ou les rituels (prévention de la réponse). Ces études ont fait ressortir que 76 % des personnes qui terminent le traitement (13-20 séances) connaîtront une atténuation importante et durable de leurs symptômes obsessifs et compulsifs. Lorsqu’on compare la thérapie comportementale à d’autres méthodes de traitements, tels que la médication, on constate que celle-ci amène souvent des améliorations plus marquées et plus durables. En réalité, il serait légèrement plus bénéfique de combiner thérapie comportementale et médication, compte tenu des effets évidents du traitement psychologique.
Par contre, plus de 30 % des personnes qui souffrent du TOC refusent de suivre une thérapie comportementale ou abandonnent prématurément le traitement. Une des raisons principales qui explique cette réalité vient du fait que les personnes hésitent à affronter le malaise qui ne va pas sans l’exposition à des situations qu’elles redoutent. De plus, il arrive que certains types de TOC, comme l’amassement ou la rumination sans compulsion apparente, ne répondent pas aussi bien à la thérapie comportementale.
Dernièrement, les psychologues ont ajouté des interventions cognitives aux traitements qui font appel, dans le cadre de la thérapie comportementale, à l’exposition et à la prévention de la réponse. Connue sous le nom de thérapie cognitivo-comportementale, cette approche aide les personnes à modifier leurs pensées et leurs croyances qui peuvent aggraver les symptômes obsessifs et compulsifs. Cette nouvelle approche, lorsque jumelée à l’exposition et à la prévention de la réponse, s’avère efficace car elle donne de l’espoir aux personnes qui souffrent du TOC.