a écrit :Le succès de la grève à la SNCF confortent les syndicats
Wed January 19, 2005 4:38 PM CET
PARIS (Reuters) - La grève à la SNCF contre le projet de budget 2005 a été suivie mercredi par plus d'un tiers des cheminots, perturbant fortement le trafic ferroviaire et confortant les syndicats qui revendiquent un "succès".
Au lendemain d'une grève des postiers inégalement suivie, les organisations syndicales estiment avoir largement atteint leur objectif et lancé un "sérieux avertissement" au gouvernement et à la direction de l'entreprise publique.
La direction de la SNCF a fait état de 36,9% de grévistes à midi. Les syndicats CGT et Force ouvrière ont revendiqué 40% de grévistes à la même heure. La participation à une précédente grève sur les mêmes thèmes, en janvier 2004, était de 29,4%.
"C'est un camouflet pour le gouvernement et les ultralibéraux qui n'ont fait que fustiger cette grève", a estimé Didier Le Reste, secrétaire national des cheminots CGT.
"Par ce succès, les cheminots montrent à la direction et au gouvernement leur opposition au budget de grande rigueur pour 2005", a déclaré FO, précisant qu'elle proposerait une nouvelle étape de mobilisation si les cheminots n'étaient pas entendus.
Les syndicats de la SNCF dénoncent notamment 3.600 suppressions d'emplois à un moment où le budget est bénéficiaire.
Pour Bernard Aubin, responsable de la CFDT, la mobilisation "signe l'échec" de ceux qui avaient "trop tôt enterré vivants les cheminots, dernier bastion social français". "L'action engagée doit se poursuivre sur le terrain et à long terme", a-t-il dit.
La journée de mercredi a été également marquée par des arrêts de travail à EDF-GDF, un mouvement des chirurgiens et une grève symbolique d'une partie des magistrats.
Jean-Claude Mailly, dirigeant de Force ouvrière, a prédit une mobilisation allant crescendo dans les semaines qui viennent.
"Le syndicalisme est en train de retrouver, après la période 2003, une capacité de mobilisation", a-t-il dit.
La grève des cheminots sera suivie jeudi de grèves et de manifestations dans la fonction publique, notamment à l'Education nationale, et, le 5 février, d'une journée de mobilisation pour la défense des 35 heures.
Le trafic devait reprendre jeudi matin d'une manière normale en dehors d'éventuelles "perturbations ponctuelles", a précisé la SNCF.
"ACCES DE FIEVRE"
Le ministre des Transports, Gilles de Robien, a appelé les cheminots à ne pas gâcher "la bonne santé" de la SNCF "par un accès de fièvre".
"Je crois que la meilleure réponse qu'on puisse donner aux agents de la SNCF aujourd'hui, c'est de leur dire: le gouvernement aide comme il n'a jamais aidé la SNCF, 800 millions d'euros sont disponibles pour la SNCF et notamment pour le plan fret et deuxièmement, la SNCF est en train de retrouver une bonne santé générale", a-t-il dit.
La direction de la SNCF, dont le budget a été approuvé mercredi par le conseil d'administration, a souligné que les perturbations étaient "strictement conformes à ses prévisions".
Dans la journée, seulement un TGV sur trois circulait sur l'ensemble du territoire, un train Corail sur quatre et entre 16% et 30% des RER en banlieue parisienne.
La SNCF a estimé que sa campagne d'information, notamment la publication de listes de trains en circulation, avec numéro et horaires, avait permis de limiter les effets de la grève pour les usagers.
Sur les 150 trains grandes lignes annoncés pour la journée, hors TER et Transilien en Ile-de-France, une quarantaine circulaient mercredi matin. En revanche, le trafic des TER était très disparate d'une région à l'autre.
A Saint-Lazare, où la direction prévoyait environ 25% du trafic, un train sur trois circulait mercredi matin et le trafic du RER B était très fortement perturbé.
Des perturbations étaient prévues pour les Thalys, avec dix trains supprimés sur 70 mais l'Eurostar a circulé normalement.
Sept syndicats sur huit - CGT, CFDT, CFTC, FO, Unsa, FGAAC et Sud-Rail - ont appelé à des arrêts de travail pour dénoncer le projet de budget de la SNCF présenté au conseil d'administration de l'entreprise. Sud-Rail prônait, lui, une grève "illimitée".
Prédisant une mobilisation de "haut niveau", dans l'esprit de la manifestation de novembre 2004 qui avait rassemblé 50.000 cheminots à Paris, les organisations considéraient avant la grève qu'un taux de 30% de grévistes serait un succès.
Un peu partout en France, les cheminots ont organisé des rassemblements. A Bordeaux, ils étaient 400 rassemblés en fin de matinée devant le siège de la direction régionale pour dénoncer "la politique de casse du service public".
Les syndicats critiquent le budget 2005 qui, bien que bénéficiaire, prévoit 3.600 suppressions d'emplois. Une logique que récusent les syndicalistes. "Pour la direction de la SNCF, le progrès s'est toujours lu à travers les suppressions d'emploi", déplore Bernard Aubin.
Les effectifs de la SNCF, qui étaient de 500.000 après la guerre, sont aujourd'hui de 170.000.