par iko » 25 Jan 2005, 23:00
c'est quoi un psychiatre psy-quelquechose ?
Bon, j’ai enfin pu lire le nouveau fil sur les définitions.
J’ai hurlé de rire en lisant la première page ! ça recommençait comme le fil précédent et aucune définition n’arrivait.
Alors psychiatre, psychologue, / psychothérapeute, psychanalyste.
Les deux premiers sont des diplômes universitaires, les deux seconds sont des fonctions. Cyrano et Caupo l’ont bien expliqué Pourquoi en effet faire de la redondance alors qu’un psychiatre ou un psychologue clinicien sont de fait psychothérapeutes tant qu’ils restent dans les règles de l’éthique de leur profession.
Il y a un effet de mode, ce contre quoi râle Rojo. Dans un certain sens il n’a pas tort, car les petits bourgeois adorent se donner des titres ronflants. Là où Rojo se trompe c’est quand il les met dans le même sac que les homéopathes. Parce que la grande différence, c’est qu’un homéopathe ne sait pas pourquoi et comment il soigne, car s’il le savait, il ne serait plus homéopathe, étant donné que ça n’a aucune validité scientifique en double aveugle.
En revanche la plupart des thérapeutes ne savent pas forcément grand chose du pourquoi ça marche et pourquoi leurs patients se sentent mieux, mais ils essayent de saisir en quoi leur position subjective a un effet sur les cures. Pas besoin de fausse substance extérieure pour expliquer les guérisons ou les mieux êtres.
Mais il y a une autre raison qui fait fleurir les doublons voire triplettes sur les plaques (psychiatre-psychothérapeute-psychanalyste). C’est une sorte de mépris pour la psychiatrie (pour un certain nombre de psychiatres psychanalystes), ou pour les plus honnêtes une division arbitraire de la spécialité.
Le psychiatre donnerait des médicaments, le thérapeute soignerait par la parole. Dans un certain sens, au regard des formations universitaires, ce n’est pas totalement faux. Surtout depuis un certain temps. Vous avez des internes en psychiatrie qui finissent leur internat, ont souvent fait des diplômes latéraux sur les neurosciences, et ont une peur bleue de s’installer en ville quand l’hôpital les congédie. Une vraie peur, car il ne savent pas quoi faire avec les patients à part bricoler des médicaments qui se ressemblent tous. Et ce qui tombe bien avec les thérapies comportementales c’est qu’elles théorisent elle-même qu’elles sont de courte durée, réussies ou ratées.
Le mythe de la psychiatrie scientifique, c’est que les mots seraient comme en médecine, juste nécessaires pour rendre compte de la souffrance et des symptômes. A ce rythme, on va arriver à la situation que les psychiatres verrons leur patient une fois par mois pour vérifier le traitement et renverront les chez eux en leur conseillant de trouver un thérapeute, s’ils ont besoin de parler plus. C’’est ce qui se joue actuellement dans la volonté du gouvernement de trouver un statut de thérapeute (cf. l’affaire de l’amendement Accoyer)
Les nouveaux psychiatres dont rêvent certains seront désormais avant tout des prescripteurs
Mais il y a un bluff incroyable à ce sujet depuis une vingtaine d’année. Et Rojo et Canardos qui lisent les revues scientifiques se sont fait bluffer par cette idéologie montante. On n’a rien trouvé de vraiment nouveau au niveau des médicaments. Ou vraiment pas grand chose. Les antidépresseurs de référence sont toujours les tricycliques qu’on a découverts en 1956. Et l’haldol et le largactil, neuroleptiques, c’est-à-dire médicaments anti psychotiques, ont été découvert au début des années 50 et on a peu de médicaments qui marchent mieux.
La seule nouveauté se situe au niveau des effets secondaires qui sont un peu moins lourds et de la compréhension plus fine de leur niveau d’action biochimique.
IL y a aussi les nouvelles indications qui ont un peu évoluées. Par exemple, les antidépresseurs sont devenus le traitement de fond des sujets angoissés, et chaque labo essaie de faire reconnaître sa molécule comme ayant une efficacité sur les TOC. Mais c’est vraiment très minime et vu qu’un labo n’est pas obligé de publier toutes les études qu’ils fait, à la longue, ils finissent bien par en avoir deux qui leur donne le feu vert de l’habilitation.
On se retrouve encore devant la même question : pour écouter un patient durant des années si cela le nécessite, il faut bien avoir des outils théoriques qui permettent de se retrouver un peu dans la relation thérapeutique.
Il faudra bien qu’on débâte de ce qui a été appelé transfert, et que Canardos a déjà jeté aux gémonies avec l’inconscient freudien (cf. un de ces messages sur ce fil).