J'ai relu mes trois messages sur les actes manqués et l'interprétation qu'en donnait Freud dans "Introduction à la psychanalyse". Ça me semble sinon convaincant, du moins pouvant susciter un intérêt du genre : Ah ? Oui, y'a peut-être quelque chose à creuser.
Ces messages s'appuyaient sur des conférences, je le rappelle, à des étudiants en médecine, je crois (du coup, un copain m'a emprunté le bouquin, et je ne l'ai plus sous la main – bref ! J'ai perdu ma béquille !). Dans le bouquin, le texte des conférences prend 60 pages… Imaginez si j'avais scanné et balancé 60 pages à lire… Ceci pour dire que Freud avançait lentement, en balisant soigneusement ses propositions.
Alors, répondre ici, résumer un argumentaire serré, précautionneux, pas simple. Et que ce soit moi-même en plus : si ce que j'ai écris laisse Shadoko perplexe, comment le même âne pourrait-il trouver d'autres arguments ? D'ailleurs, je vais même en reprendre certains.
Ces précautions oratoires prises… l'âne va essayer de répondre un peu (Sigmund, si je dis des conneries, j'espère votre indulgence – les autres aussi…)
Si y'en a qu'ont pas suivi :
Pour relire mes messages sur les actes manqués, c'est ici, en page 7.
C'est ici qu'on clique...
D'abord, la remarque de Shadoko sur mes trois messages concernant les lapsus.
a écrit :Ecrit par : shadoko le mercredi 26 janvier 2005 à 23:45
Le long post de Cyrano, par exemple, sur les manifestations de l'inconscient dans le quotidient par des lapsus, laisse un goût mitigé. Oui, ces lapsus existent bien. Mais on ne voit pas bien en quoi l'explication est satisfaisante. On a presque envie de répondre: ça pourrait bien être le fruit du hasard, et ne rien refléter du tout. Un éclair tombe pratiquement tout le temps sur le paratonnerre, et une fois de temps en temps à côté. Pour expliquer ça, la science avance des probabilités. Point. Si ça se trouve, ton lapsus, c'est tout simplement un claquage électrique dans un neurone (je dis ça au pif, j'y connais rien, c'est pour donner une idée). Alors, quelqu'un a-t-il sous la main une série d'expérience menées sur des êtres humains, qui "démontrent" que ces lapsus ne sont pas le fruit du hasard, par exemple (ou tout autre phénomène découlant de l'inconscient selon ses défenseurs). Si la théorie est juste, je suis sûr qu'on doit pouvoir (et qu'on a) monté ça.
Ensuite, Shadoko répond à Caupo au sujet de l'interprétation du lapsus d'iko :
a écrit :Ecrit par : shadoko le vendredi 28 janvier 2005 à 11:15
je voudrais qu'on m'explique:1. Si l'inconscient, c'est seulement une grosse boite noire dont on se sert pour dire qu'elle produit "tout ce qu'on a pas fait exprès", c'est bien, mais ce n'est pas très utile.2. Si on prétend que cet "inconscient" se comporte différemment d'un générateur de bourdes au hasard, pourraît-on tenter de le montrer? Sur l'exemple qui précède, je ne vois pas du tout pourquoi tu as sorti cette interprétation et pas une autre, et en fait, je ne vois même pas vraiment pourquoi on est à peu près sûr qu'il y a "une interprétation" à donner, qu'il ne s'est pas trompé juste parce qu'il a un peu de mal avec ces mots qui sont homonymes; de temps en temps l'un sort, et pas le bon.Si quelqu'un a des éléments...
Et comme j'avais plus ou moins comparé un bug informatique et la manifestation de l'intention qui provoque le lapsus :
a écrit :Ecrit par : shadoko le samedi 29 janvier 2005 à 01:54
Poussons l'analogie un peu plus loin. Supposons qu'on ait aucune idée du fonctionnement interne d'un ordinateur. Un bug, dans un programme, est reproductible (même si c'est parfois difficile de le reproduire). Si on remet la machine et le programme dans le même état, le bug se reproduit. C'est donc assez facile de montrer que ce bug n'est pas dû au hasard. Pour les lapsus, c'est plus difficile, de "remettre la machine dans le même état"... [...] Je vais donner une idée de ce que j'entends par là, en citant un exemple tiré de l'étude des peintures rupestres par Leroy-Gouran, éminent préhistorien (si, si, vous allez comprendre).Avant son intervention sur le sujet, on disposait de tas d'interprétations sur le pourquoi du dessin de tel ou tel animal dans une grotte (pourquoi ici un cerf et là un ours, etc...),[...] La démarche de Leroy-Gouran a été la suivante: il a compté la proportion d'apparitions de certains animaux dans les dessins. Il s'est aperçu que certains animaux apparaissent très fréquemment soit ensemble sur le même dessin, soit ni l'un ni l'autre, alors qu'il n'ont aucun rapport particulier entre eux dans la nature.Il en a déduit la chose suivante: les hommes préhistoriques qui ont peint ces dessins ont "fait exprès" de les dessiner ensembles, et qu'ils y mettaient un sens spécial. Entendons-nous bien. Il n'a pas découvert ce sens spécial. Mais il a mis en évidence son existence.Et bien, je voudrais qu'on me montre la même chose avec les lapsus. Je ne demande pas d'interprétation poussée. Je dis simplement: si ce n'est pas le hasard, ça doit bien pouvoir se montrer. Des "expériences", des comptages, des "ce que vous voulez" ont bien dû être faits par les psychanalystes pour ça.
Et encore en répondant à Caupo :
a écrit :Ecrit par : shadoko le samedi 29 janvier 2005 à 13:58
Mon problème n'est pas de savoir si les lapsus existent. Mon problème est de savoir qu'ils ne sont pas dus au hasard (mon problème n'est pas de savoir si les pommes tombent, mais si elles tombent suivant des règles, et accessoirement celles que Newton a formulées). [...]
Ce que cet exemple semble montrer (pour peu qu'il soit significatif) est que le mot qui vient remplacer le mot qu'on aurait dû prononcer dans le lapsus n'est pas pris au hasard, mais parmi les autres choses qu'on a envie de dire. Rien ne permet d'en tirer que le lapsus se produit à cause d'une "volonté inconsciente". Pour faire encore une analogie, si tu ne vois pas ce que je veux dire: supposons que je te donne un sac rempli de boules de couleur, et qu'une machine en tire une.Si au bout d'un certain nombre de répétitions de l'expérience, tu n'as tiré pratiquement que des noires, sauf très rarement des blanches, tu en concluras qu'il n'y a très probablement que des boules noires et blanches dans le sac (pas des bleues), mais tu n'en concluras pas encore que la machine a une volonté, et que quand elle tire une blanche, il y a une bonne raison.
Bon, bin, j'ai beau reculer, reculer, c'est à moi de taper au clavier… Word va finir par pisser l'huile…