une perspective neuropsychologique

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Wapi » 01 Mars 2005, 02:02

On lit dans ce post.

[quote=" "]
il explique la comment la cognition et le comportement de l'homme sont le produit de l'adaptation darwinienne et pourquoi [b]tous ceux qui cherchent un rubicon, une barriere infranchissable entre l'homme et les autres primates dans le langage, la conscience, l'utilisation des outils etc ne font que projeter leurs croyances pour masquer la réalité[/b] car ces aptitudes se sont developpées progressivement au cours de l'évolution des mammiferes puis des primates[/quote]


En toute honnêteté, moi j'en suis resté à ce qui suit de la "rupture infranchissable entre l'homme et l'animal", bien que j'ai eu l'occasion de me livrer plus d'une fois à l'observation attentive des quadrumanes de quelques espèces.

Je mets quelques textes de Marx, à quelques années de distance toutefois :

[quote=" "]


  En produisant pratiquement un monde d'objets, en façonnant la nature non organique, l'homme s'affirme comme un être générique conscient, c'est-à-dire un être qui se rapporte à l'espèce comme à sa propre nature, ou à lui-même comme être générique. Certes, l'animal aussi produit. Il construit son nid, son habitation, tels l'abeille, le castor, la fourmi, etc. Mais il produit seulement ce dont il a immédiatement besoin pour lui et pour sa progéniture ; il produit d'une façon partielle, quand l'homme produit d'une façon universelle ; il ne produit que sous l'empire du besoin physique immédiat, tandis que l'homme produit alors même qu'il est libéré du besoin physique, et il ne produit vraiment que lorsqu'il en est libéré. L'animal ne produit que lui-même, tandis que l'homme reproduit toute la nature.
      Le produit de l'animal fait, comme tel, partie de son corps physique, tandis que l'homme se dresse librement face à son produit. L'animal ne crée qu'à la mesure et selon les besoins de son espèce, tandis que l'homme sait produire à la mesure de toutes les espèces, il sait appliquer à tout objet sa mesure inhérente ; aussi sait-il créer selon les lois de la beauté. C'est précisément en façonnant le monde des objets que l'homme commence à s'affirmer comme un être générique. Cette production est sa vie générique créatrice. Grâce à cette production, la nature apparaît comme son oeuvre et sa réalité. L'objet du travail est donc la réalisation de la vie générique de l'homme. L'homme ne se recrée pas seulement d'une façon intellectuelle, dans sa conscience, mais activement, réellement, et il se contemple lui-même dans un monde de sa création.

MARX
Manuscrits de 1844

[/quote]

[quote=" "]
<>.

K. MARX, Le Capital, livre I, 3e section, c. 7 [/quote]

dans un chapître ultérieur, "inédit de 1867"

[url=http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/classiques/Marx_karl/capital_chapitre_inedit/capital_chapitre_inedit.html]http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiqu...tre_inedit.html[/url]

[quote=" "]
Les éléments généraux du procès de travail tels que nous les avons exposés au chapitre II (3e section) ** - par exemple, la division des conditions objectives du travail en matière et moyens de production en opposition à l'activité vivante de l'ouvrier - sont indépendants de chacun des caractères spécifiquement historiques et sociaux du procès de production, et sont donc valables pour toutes les formes pos-sibles de déve-lop-pe-ment du procès de travail. Ce sont, en fait, les conditions natu-relles, invariables, du travail humain, comme on le constate d'une manière frappante au simple fait qu'elles existent même pour les hommes travaillant indépendamment les uns des autres en un rapport d'échange, non pas avec la société, mais avec la nature, tel Robinson. Ce sont donc les déterminations absolues du travail humain en général, sitôt qu'il s'est dégagé de son caractère purement animal.[/quote]

[quote=" "]
L'homme se distingue de toutes les autres espèces animales par ce que ses besoins n'ont pas de limites et sont parfaitement extensibles: nul autre animal ne peut comprimer ses besoins de manière aussi extraordinaire, et limiter ses conditions de vie à un tel minimum. Bref, il n'est pas d'animal ayant autant de disposition à l'irlandisation. Dans la valeur de la force de travail, il n'y a pas à considérer ce minimum physiologique d'existence.[/quote]


Mais bon, c'est peut-être à revisiter ? Ou alors c'est que la neuroscience ne change rien à l'affaire ?
Wapi
 
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Message par Wapi » 05 Mars 2005, 14:54

a écrit :mais plus generalement wapi, tu as pour separer les primates des hommes une conception que je qualifierai de biblique....


Comme tu es gentil Canardos de reprendre ainsi le contact... alors que je ne désespère pas de penser que nous pourrons peut-être travailler un jour de concert...

"au commencement était le verbe ?" mais figure toi que ta maman (au moins) parlait déjà de toi bien avant ta naissance.... alors, au commencement de quoi ?

Par exemple "je veux un enfant", c'est du verbe "au commencement"...(de l'enfant)...

a écrit :alors lis cet ouvrage avant de critiquer...


Critiquer quoi ? J'ai posté quelques textes de Marx, où il était question de quelque chose "qui appartient exclusivement à l'homme", dont j'extrais à nouveau ceci en 1867 :

A propos de la distiction entre moyens et matière dans la production :

a écrit :Ce sont, en fait, les conditions naturelles, invariables, du travail humain, comme on le constate d'une manière frappante au simple fait qu'elles existent même pour les hommes travaillant indépendamment les uns des autres en un rapport d'échange, non pas avec la société, mais avec la nature, tel Robinson. Ce sont donc les déterminations absolues du travail humain en général, sitôt qu'il s'est dégagé de son caractère purement animal.


Et auxquels tu réponds ceci :

a écrit :l'homme a évolué dans des groupes sociaux qui ne connaissaient pas la notion de travail. fondée sur la seule valeur d'usage.

les sociétés d'homo sapiens pendant pres de 200 000 ans ont chassé et cueilli pour vivre et non pour échanger...

la coopération humaine comme la cooperation animale n'était pas fondée sur la mesure du travail....


Faut-il en déduire que le texte de Marx serait "périmé" ? Honnêtement, je n'ai pas les moyens de juger... j'en appelle aux connoisseurs...

Et en plus Canardos, je viens de trouver deux ouvrages sur "la révolution des sciences cognitives" dont la lecture m'occuppe un peu en ce moment... je n'ai pas non plus oublié ton autre livre sur les origines de l'humanité...(tome 2)...

PS : As-tu lu le livre de G. Pommier "comment les neurosciences démontrent la psychanalyse" ?

PPS : As-tu entendu parler du "great apes project" ? C'est là...

http://www.cahiers-antispecistes.org/artic...3?id_article=61
Wapi
 
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Message par Wapi » 06 Mars 2005, 02:34

[quote=" "]
en traçant une limite absolue entre l'homme et les animaux pris en bloc,[/quote]

il faut vraiment être bien zen pour continuer à répondre...

Un petit rappel de ce que Freud pensait de Darwin... déjà posté...

[quote=" "]
Dans le cours des siècles, la science a infligé à l'égoïsme naïf de l'humanité deux graves démentis.

La première fois, ce fut lorsqu'elle a montré que la Terre, loin d'être le centre de l'univers, ne forme qu'une parcelle insignifiante du système solaire dont nous pouvons à peine nous représenter la grandeur.....

[b]Le second démenti fut infligé à l'humanité par la recherche biologique, lorsqu'elle a réduit à rien les prétentions de l'homme à une place privilégiée dans l'ordre de la création, en établissant sa descendance du règne animal et en montrant l'indestructibilité de sa nature animale. Cette dernière révolution, s'est accomplie de nos jours à la suite des travaux de Ch.Darwin, de Wallace, et de leurs prédécesseurs, travaux qui ont provoqué la résistance la plus acharnée des contemporains.[/b]

Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours, qui se propose de montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter des renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe en-dehors de sa conscience dans sa vie psychique.

Les psychanalistes ne sont ni les premiers ni les seuls qui aient lancé cet appel à la modestie et au receuillement, mais c'est à eux que semble échoir la mission d'étendre cette manière de voir avec le plus d'ardeur et de produire à son appui des matériaux empruntés à l'experience et accessibles à tous. D'où la levé générale de boucliers contre notre science, l'oubli de toutes les régles académiques, le déchainement d'une opposition qui secoue toutes les entraves d'une logique impartiale.

Introduction à la psychanhalyse, 1922
[/quote]

[quote=" "]
ensuite, tu te fiches de moi en me renvoyant sur un site pour l'égalité des animaux....
[/quote]

le "great ape project" a été initié par quelques célèbres observateurs des grands singes, comme Jane Goddall, et je ne me fichais pas de toi.

le site officiel est là : [url=http://www.greatapeproject.org/]http://www.greatapeproject.org/[/url]

[quote=" "]
fais attention wapi, quand on en est réduit à ce genre de rhéthorique, c'est qu'on a plus guere d'arguments solides.....
[/quote]

Rojo (et Gaby sur l'autre fil) auront-t-ils l'honneur de recervoir une telle mise en garde au vu de leurs derniers posts ?
Wapi
 
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Message par Wapi » 06 Mars 2005, 19:10

Une interview de Gérard Pommier dans Télérama de la semaine dernière

[quote=" "]


[b]Et si la neurobiologie, loin d'invalider la psychanalyse, confirmait ses découvertes ?[/b]


Notre époque est le théâtre d'une vaste confrontation entre deux points de vue sur l'homme. A ma droite, les sciences dures, mues par le secret espoir de découvrir un jour les gènes de tout ce qui fait souffrir les êtres humains : l'alcoolisme, les psychoses, la pulsion de meurtre, l'anorexie ou même... l'homosexualité (!). A ma gauche, la psychanalyse : une vieille dame de 100 ans, qui, après quelques erreurs et tâtonnements, a assuré ses théories et sa méthode, élargi son champ d'investigation et postule depuis Freud que le corps est bien autre chose qu'une machine dont il suffirait de démonter les rouages. La confrontation entre ces deux disciplines - qui rejoue l'éternel débat entre le corps et l'esprit, l'inné et l'acquis - vient d'être relancée par Gérard Pommier dans un ouvrage au titre explicite :
Comment les neurosciences démontrent la psychanalyse.

Télérama : De quelle façon les neurosciences et la psychanalyse se sont-elles opposées ?

Gérard Pommier : Depuis une vingtaine d'années, certains scientifiques avancent l'idée que les sentiments, les émotions, les désirs de l'être humain seraient programmés à l'avance par l'organisme. Finis l'amour, la poésie, les rêves ! Notre corps serait en pilotage automatique permanent et se comporterait, pour reprendre une théorie du XVIIIe siècle, comme une véritable machine. Cette thèse organiciste aurait eu pour effet d'invalider les travaux de Freud - qui postulait que l'individu est d'abord un être de langage (un « parlêtre », dira Jacques Lacan) ; qu'il est sujet de désirs ; et qu'il se construit au cours d'une histoire qui lui est propre. Les espoirs des neuroscientifiques sont moins neufs que leurs découvertes : Freud, lui aussi, essaya d'abord de comprendre l'homme grâce au fonctionnement des nerfs et du cerveau, et il fut en son temps un neurologue illustre. Mais il abandonna rapidement cette voie qui lui était apparue comme une impasse...

Télérama : Mais l'état du savoir n'était pas le même qu'aujourd'hui ! Nous avons beaucoup avancé dans nos connaissances sur le fonctionnement du système nerveux, la donne génétique, le génome humain...

Gérard Pommier : Certes, nous avons acquis des connaissances immenses. Mais la question fondamentale n'en a pas été changée pour autant : le corps humain se régit-il lui-même comme une horloge, de façon autonome, à partir de données génétiques fixées une fois pour toutes ? Ou, au contraire, se construit-il grâce à son entourage - parental d'abord, puis social et culturel ? Ce débat est en cours au moins depuis le XVIIIe siècle, et il a été entretenu par la découverte d'« enfants sauvages », qui auraient été abandonnés et élevés par des animaux à l'état de nature, en dehors de tout contexte humain... Or, il n'a jamais existé aucune preuve probante de cette éducation en dehors de la société. Aucun individu ne se construit en dehors d'un cadre familial, social, culturel. Pour se nourrir, se mettre sur ses jambes, parler, il entre dans un processus d'identification grâce aux personnes qui l'entourent et l'aiment. Chez l'être humain, même l'acte de manger n'est pas spontané à la naissance. Certains enfants (voyez, par exemple, l'anorexie mentale du nourrisson) refusent le lait jusqu'à mettre leur vie en danger, parce qu'ils sentent l'angoisse de leur mère. D'ailleurs, l'appétit leur revient dès que leur mère va mieux !

Télérama : Les neurosciences font-elles vraiment l'économie de ce débat inné/acquis, nature/culture ?

Gérard Pommier : Elles croient peut-être l'éviter, mais, en réalité, loin d'invalider la psychanalyse, les neurosciences démontrent au contraire l'importance des parents et du langage pour la croissance du corps ! Les travaux du neurologue Jean-Pierre Changeux - entre autres - ont prouvé que la survie d'un neurone, après la naissance, dépend de son utilisation. C'est vrai pour un muscle, mais c'est vrai aussi pour les sons de la langue. Les possibilités d'audition et de phonation des enfants dépassent ainsi largement celles que leur langue maternelle utilise. Prenez un bambin japonais de quelques mois : ses neurones vont grandir en fonction de sa langue, qui ne différencie pas les phonèmes « ra » et « la », « ri » et « li », « ru » et « lu », etc. Très vite, il ne pourra plus les apprendre ni les prononcer. Les neurosciences affirment ainsi que le premier groupe de neurones du langage ne se développe qu'au contact d'un environnement - la mère, le père, la famille, la société, la culture. Or, le sujet qui apprend à parler est celui qui peut agir. De sorte que le développement des neurones du langage précède et conditionne tous les autres apprentissages.

Télérama : Pourtant, de nombreux neuroscientifiques affirment que la donne génétique et neuronale est fondamentale...

Gérard Pommier : Et ils ont raison ! Elle est fondamentale, mais pas suffisante, car encore faut-il qu'il y ait un sujet qui mette en route cette donne génétique ! Un sujet humain est un sujet du langage, qui se définit par ce rapport à la parole, inversant complètement le processus génétique. Pour l'homme, sans le système d'information langagière, les gènes ne s'activent pas et leurs potentialités restent lettre morte. Un cerveau a-t-il jamais été autre chose qu'un ensemble de possibilités, inefficientes en dehors de la culture ?

Télérama : Comment, alors, expliquer cette résistance des neuroscientifiques aux thèses défendues par la psychanalyse ?

Gérard Pommier : Aujourd'hui, elle vient seulement de certains d'entre eux. Mais, vous savez, rien n'est plus désagréable que l'idée d'un inconscient qui travaille en nous malgré nous et nous révèle des désirs souvent peu avouables. L'idée d'un corps-machine est donc la bienvenue, car elle innocente le sujet. C'est tellement plus rassurant de penser qu'on va pouvoir, par exemple, agir sur un gène pour soigner n'importe quelle maladie plutôt que de s'apercevoir que ce sont parfois nos désirs les plus intimes qui nous rendent malades.

Télérama : Etre le jouet de sa donne génétique ou de son inconscient, n'est-ce pas, au fond, un peu la même chose ?

Gérard Pommier : Non, ce n'est pas la même chose ! Si vous êtes programmé comme un ordinateur, vous êtes dès la naissance honnête ou assassin, ouvrier ou patron, sérieux ou fantaisiste, hétéro ou homosexuel. C'est mécanique, il n'y a plus de liberté. Avec l'inconscient, notre marge de liberté reste complète, même s'il s'agit d'une liberté contrainte. Comme les pulsions qui animent l'inconscient sont toujours contradictoires - prenez, par exemple, les sentiments ambivalents par rapport à la figure du père, à la fois amour et haine, désir de meurtre -, plusieurs options s'offrent à nous et nous sommes toujours obligés de choisir. Heureusement, parce que s'il n'y avait pas cette liberté du sujet, la psychanalyse ne servirait à rien du tout, sinon à prendre son mal en patience.

Télérama : Que répondez-vous à ceux qui pensent que, pour guérir d'une affection ou d'un symptôme, il vaut mieux parier sur le savoir moderne que sur la psychanalyse ?

Gérard Pommier : La guérison est au cœur des préoccupations de la psychanalyse, mais pas de la même façon que pour la médecine. Guérir, du point de vue médical, c'est combattre victorieusement un symptôme et recouvrer la santé antérieure. Dans la cure analytique, le patient ne retourne pas à l'état antérieur. Il arpente ses rêves, évoque ses lapsus, ses difficultés familiales ou amoureuses, ses problèmes sexuels. En parlant d'autre chose, la guérison physique vient « de surcroît », comme disait Lacan. Il se trouve brusquement soulagé de plusieurs petites misères, qu'il n'identifiait même pas comme des symptômes : migraines, angines à répétition, cystites, gastrites, ces désagréments pour lesquels il allait plutôt consulter un médecin. Ce soulagement du corps donne au sujet une liberté qu'il n'avait jamais connue avant, car c'est souvent depuis l'enfance qu'il vivait en dessous de ses possibilités. Prenez la « dépression », qui occasionne des dépenses de santé extraordinaires en France. Lorsque quelqu'un est triste, c'est à cause d'un traumatisme, d'un deuil, d'un amour malheureux, etc. Or, le plus souvent, il refoule et oublie ce qui l'a choqué. Si vous ne lui donnez que des médicaments, il n'arrivera jamais à retrouver l'origine de son traumatisme. Il devra prendre des antidépresseurs toute sa vie. Oui, en ce sens, la psychanalyse est plus économique !

Propos recueillis par Xavier Lacavalerie

Télérama n° 2876 - 24 février 2005
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